L’école que nous
voulons
Jean
Lesage, Hélène Lonza, Marcel Thorel
Utopia,
mars 2022
Catherine Cortesi,
Françoise Vassort
Les auteurs proposent un
projet d’école qui s’appuie sur leur expérience
d’enseignants, notamment à l’école Freinet de
Mons-en-Baroeul1. Un projet
d’éducation qui apporte des réponses à la crise de l’école
publique figée dans la reproduction des inégalités sociales
et aux défis socioéconomiques, démocratiques et écologiques
d’aujourd’hui.
Ils en expliquent les
principes avec rigueur. Car ce qui frappe d’abord dans ce
livre, c’est la clarté du propos. Si le raisonnement
s’appuie sur des recherches en psychopédagogie, en
didactique ou dans les neurosciences et ne manque pas de
s’y référer2, les
auteurs ont à cœur d’en rendre le contenu accessible à tous
et toutes, dans leur détermination à diffuser la pédagogie
Freinet.
Le livre montre un système
dont tous les éléments sont étroitement imbriqués les uns
dans les autres : une pédagogie qui prend comme point de
départ les évènements de la vie des enfants, la « pédagogie
évènementielle ». Une pédagogie où le maitre-mot est le
travail, « activité créatrice qui libère parce qu’elle nous
ouvre à la compréhension du monde et qu’elle provoque en
chacun un sentiment d’une élévation de puissance ».
La classe y est « une
communauté de recherche coopérative » où les activités
s’organisent autour de trois pôles, étroitement imbriqués
et dépendants les uns des autres : l’expression, la
recherche, et la communication. L’expression libre fait
entrer la vie dans la classe, portée par le « désir »,
l’envie de grandir et d’apprendre. À partir du
questionnement et de la problématisation des individus et
de la classe, la recherche par expérience tâtonnée permet
d’entrer dans le travail, puis dans l’acquisition
personnalisée de techniques et de savoirs.
La démarche
d’apprentissage est inversée : d’abord une « intention
de travail libre et négociée », puis la recherche sur des
problèmes que les individus et la classe se posent, enfin
l’acquisition des outils nécessaires pour les
résoudre.
Les auteurs mettent en
garde contre le risque de passer à côté des objectifs
d’émancipation en privilégiant un pôle au détriment de
l’autre, par exemple le développement de compétences
personnelles hors d’un cadre coopératif. Ils soulignent ce
qui distingue la pédagogie Freinet des pédagogies actives :
l’élève dans une classe Freinet est « auteur », à la fois
celui qui s’autorise à faire preuve de créativité – et pas
seulement dans le domaine artistique – et celui qui
est à l’origine d’un projet de travail authentique avec une
intention qu’il apprend à élucider et à préciser. Il n’a
donc pas besoin d’une « gratification externe » – ni
jeu ni notes. Son travail lui suffit pour vivre
« l’expérience cruciale » de la recherche.
Il ne faut pas oublier
l’évocation détaillée des techniques, comme l’entretien, le
texte libre ou la correspondance, qui sera très utile à
celles et ceux qui se lancent en pédagogie Freinet et un
chapitre sur la formation souhaitée des enseignants. On
pourra enfin lire avec profit, en annexes, l’analyse des
résultats des enquêtes comme PISA, qui confortent notre
pédagogie.
catherine.mazurie@icem-freinet.org
francoise.vassort@wanadoo.fr
En 2001,
une équipe d’enseignants et d’enseignantes de l’ICEM a pu
rejoindre le groupe scolaire Concorde (école maternelle
Anne Franck et école élémentaire Hélène Boucher) pour
mettre en œuvre la pédagogie Freinet.
Notamment
Yves Reuter (sous la direction de), Une école Freinet,
Fonctionnements et effets d’une pédagogie alternative en
milieu populaire,
L’Harmattan, 2007.