En piste pour le journal de la classe
Marie-Ève Collard-Thivillier
Écrire « pour de vrai ».
Pourquoi cette piste ?
Pour donner du sens à l’écrit. Écrire pour être lu. Écrire pour communiquer, pour informer, pour faire rêver, pour chercher, comprendre, apprendre… Je n’arrivais pas à admettre qu’un élève raconte ses vacances, invente une recette de cuisine ou crée une carte de vœu dans un cahier du jour que personne ne lirait jamais. J’avais longtemps utilisé des moyens détournés pour que les écrits des élèves aient un destinataire : écrire une carte de vœux aux personnels de cantine, inventer des questions pour des cartes à jouer, écrire un texte pour le spectacle de fin d’année… Écrire POUR DE VRAI ! Mais c’était insuffisant et difficile à gérer. Et puis, quand les personnels de cantine et d’entretien recevaient vingt-cinq cartes, les élèves étaient les premiers à trouver que ça n’avait pas grand sens.
Comment faire concrètement ?
Partir du Quoi de neuf et des textes libres. Prendre des photos. Demander des dessins. Avec cela, il y a la matière première.
– Le Quoi de neuf : au début, c’est moi qui prends en photo l’enfant qui a présenté quelque chose. Au fil de l’année, ce seront les élèves qui deviendront photographes. Et je demande à l’élève s’il veut faire un article pour le journal. Alors il écrira quelques mots, ou un texte entier.
– Les textes libres. Matériellement : les élèves ont un cahier d’écrivain ou d’écrivaine, genre travaux pratiques. Ils dessinent et écrivent. Je passe corriger, c’est-à-dire que je réécris les mots au-dessus des erreurs. Parfois, je réécris la phrase en entier sous le texte. Je fais reformuler pour certains. Je me débrouille toujours pour que l’élève ait encore une recherche à faire : un mot que j’ai laissé en blanc. Il doit aller le chercher seul en utilisant des outils édités par PEMF (Photimot, Chouette j’écris…) et ODILON (P’tit dico, Mémo, Mes Mots…) et des imagiers que j’ai créés par thèmes (On mange, L’école, Le sport…). Certains sont capables de recopier totalement au propre sur leur cahier. Pour d’autres, ce sera un ou deux mots. Quand le texte est prêt, l’élève le saisit, souvent avec l’aide d’un camarade qui lui dicte et l’aide à se repérer sur le clavier. Pour finir, la classe en grand groupe relit le texte projeté à l’écran. Et là, les questions fusent ! Il est ainsi arrivé de discuter un quart d’heure sur la place d’une virgule…
Qu’est-ce que ça a changé ?
– L’envie d’écrire. L’idée d’être publié motive vraiment les élèves. Surtout si leur dessin ou leur photo illustre leur écrit. « Je suis dans le journal ! » : c’est une fierté. Et les progrès en orthographe et grammaire sont réels.
– L’ouverture de la classe au monde. Tout devient prétexte. Et celui qui dit : « Je n’ai pas d’idée pour le texte libre » sera en revanche motivé pour aller enquêter et interroger les ouvriers qui réparent la chaudière. La classe sort de ses murs. On s’arrête sur le chemin de la bibliothèque pour questionner les maraichers, l’éboueur ou le policier. On se demande constamment : « Comment ça se passe ? », « Qu’est-ce que c’est ? »
– La relation aux familles. Elles savent ce qui se passe en classe. Je les invite à écrire elles aussi dans le journal (par exemple au retour d’une sortie).
marie-eve.thivillier@wanadoo.fr

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