Oser danser

Aude Madec, Cécile Parnet, Sylvie Pralong, Gwen Tanguy, pour le groupe de l’atelier danse

D’un atelier danse en stage ICEM régional à des pratiques en classe.

Nous participons à un stage organisé par la Fédération régionale de l’école moderne – Grand Ouest, au cours duquel deux enseignantes proposent, durant trois séances, de partager leur pratique et leurs réflexions en danse à partir d’un vécu scolaire et d’un travail approfondi en groupe départemental. Dix stagiaires se lancent dans l’aventure : pratiquer la danse à notre niveau, croiser les expériences en classe, réfléchir sur ces actions durant deux heures pendant trois jours… Et se produire en fin de stage devant l’ensemble des stagiaires lors des présentations des travaux menés en ateliers longs.

Première séance

Nous enlevons nos chaussures et nous mettons en cercle pour écouter les consignes de danse. Puis nous écoutons un morceau de musique, sans bouger et, en fin d’écoute, nous nous exprimons sur nos ressentis. Ensuite, nous réécoutons le morceau, cette fois en dansant librement. Lorsque la musique s’arrête, nous nous asseyons en cercle et nous exprimons sur nos émotions, nos difficultés, nos surprises. Nous sommes amenées à montrer un geste que nous avons aimé faire ou voir, puis nous recommençons à danser en utilisant les « bonnes idées » mises en valeur. Nous effectuons une troisième et dernière improvisation et finissons par un échange autour de l’ensemble de la séance.

Deuxième séance

Cette fois, surprise, pas de musique pour démarrer ! Dans un premier temps, les verbes d’action, les gestes sont à explorer, et même à exagérer. À tour de rôle, nous prononçons une consigne qui peut concerner le mode de déplacement, la manière de bouger une partie du corps, ou les échanges de regards. Le relai de consignes s’effectue en touchant légèrement l’épaule de la participante appelée à mener le jeu.

Ensuite, différents exercices/jeux nous permettent de travailler sur le temps, l’espace, le regard, la segmentation des gestes à partir de nos articulations.

Nous terminons cette séance par un moment de danse sans écoute préalable. Nous scindons le groupe en deux ; les danseuses, les spectatrices. Nous échangeons avant de changer de rôle.

Troisième séance

Nous écoutons plusieurs morceaux afin d’en choisir un qui ne soit ni trop lent, ni trop rythmé et nous nous mettons en deux groupes : spectatrices, danseuses. Nous faisons plusieurs jeux : danser groupées, danser éparpillées, danser avec une chaise dans l’espace de danse.

Nous terminons en décidant de nous faire confiance et de laisser les animatrices choisir une musique pour la présentation de l’atelier. Nous précisons uniquement deux choses : notre position de départ, l’utilisation du jeu du poisson-pilote au signal de l’une d’entre nous selon son bon vouloir.

Représentation

Comme pour la toute première séance, nos corps ignorent ce sur quoi ils vont être appelés à danser. De la concentration, du réinvestissement de tous les gestes, de toutes les connivences développées au fur et à mesure de la semaine. Les spectateurs et spectatrices s’étonnent ensuite du fait que nous ne connaissions pas le morceau et que notre danse libre n’était point du tout chorégraphiée ! Nous comprenons que ce « stage long » a réussi à déve-lopper une cohésion de groupe forte. Notre spectacle était fluide, comme si nous nous étions préparées à effectuer des gestes précis.

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Ce que nous retenons

Danser plusieurs fois consécutives sur la même musique apporte une libération des mouvements, mais aussi un enrichissement par la vision des gestes des autres, même si la musique peut s’avérer « soulante » pour certaines.

Les commentaires des spectateurs permettent de mettre en évidence les mouvements qui apportent le plus d’émotion, de rupture, d’harmonie, etc. et aident les danseurs à varier leur gestuelle.

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Nous soulevons la question de la gêne. Deux postures ont été remarquées : on en fait abstraction ; on se dit que l’autre groupe a dansé devant nous et cela minimise l’embarras. Nous pensons que danser avec les élèves peut leur permettre de réduire leur angoisse.

Il faut penser à faire régulièrement un « état des lieux » des gestes à conserver et des idées à explorer pour les danses libres suivantes. On peut garder des traces par des schémas ou des mots suivant l’âge des enfants.

Le chorégraphe regarde le vide entre les corps comme le musicien écoute les silences.

Il est important de mettre en place une pratique régulière, les enfants ont besoin de temps pour s’approprier l’espace… et danser avec les autres. L’objectif n’est pas forcément de créer une chorégraphie, mais de danser pour le plaisir.

Pour permettre un ensemble, on doit penser, pour chaque danseur, danseuse, à une entrée et une sortie, à une position de début et une de fin : « une majuscule et un point ».

Des paramètres à explorer : l’espace (haut/bas) ; le mouvement (fluide/saccadé) ; le volume (ample/ étriqué) ; la répartition dans l’espace (regroupé/espacé) ; la vitesse (lent/ rapide).

Alors, oui, osons danser avec les enfants, avec ou sans musique, avec ou sans matériel, prenons du plaisir avec elles et eux !

Sylvie

sylvie.pralong@icem-freinet.org




Musique, émotions et danse

Nathalie Lozinguez

L’écoute fine en Maternelle (PS/MS/GS) pour construire la culture de la classe.

Chaque année, souvent à partir de la deuxième période, je demande à mes élèves d’apporter à l’école le morceau de musique qu’ils préfèrent. Comme ce sont des élèves de Maternelle, je fais aussi passer un mot dans le cahier de liaison pour les parents.

Au moins deux fois par semaine, lors du regroupement, nous écoutons un morceau. Les questions que l’on peut se poser : « Est-ce qu’on entend des personnes chanter ? Est-ce qu’elles chantent en français ? Est-ce qu’on reconnait des instruments ? D’autres choses ? La musique est-elle rapide ou lente ? Quelles émotions cette écoute nous procure-t-elle (joie, tristesse…) ? Qu’est-ce qu’on imagine ? Cette musique nous donne-t-elle envie de bouger ? »

Les musiques sont très variées sur l’ensemble de la classe. Les genres sont en général assez bien identifiables : chansons enfantines, rock, pop, rap, punk, électro, classique…

À chaque nouvelle séance, l’écoute s’affine, les remarques sont de plus en plus pertinentes. La culture de la classe s’enrichit.

En parallèle, lors des séances d’Activités physiques et sportives, je passe un morceau écouté en classe et les élèves trouvent de bonnes idées pour danser dessus. En fonction du morceau, de ce qui a été dit lors de l’écoute, les gestes, les trouvailles seront différentes. Par exemple, une musique country leur donne envie de se balancer ou de marcher. Les élèves trouvent différentes façons de se balancer ou de marcher sur ce fond musical. Une autre, avec son changement de rythme, donne envie de sauter, de voler, une autre encore de tourner… C’est grâce à l’écoute fine réalisée en classe que les élèves peuvent plus facilement se concentrer sur la musique, se laisser porter, éprouver des émotions, sentir vibrer cette musique dans leur corps et danser.

Les explorations en danse aboutissent à une chorégraphie qui sera montrée ensuite aux autres classes et, selon les années, aux parents.

nathalie.lozinguez@icem-freinet.org