La rentrée : démarrer une nouvelle année, comment, pour que déjà les premières heures soient les prémisses d'une année passionnante et enrichissante, tant pour les enfants que pour le maître.

dessin d'enfant



Ce mini-dossier rend compte du forum de la rentrée 1998 à l'initiative de l'Institut Départemental de l'École Moderne-Pédagogie Freinet du Haut-Rhin (IDEM 68) et de Chantiers Pédagogiques de l'Est. Il est paru dans Chantiers Pédagogiques de l'Est n° 292-293 d'août septembre 1998.








Sommaire de ce dossier compte-rendu du forum de la rentrée 1998

La rentrée : démarrer une nouvelle année

L'école sera-t-elle chantier ? Célestin Freinet, "Les dits de Mathieu"


  1. Introduction

    1. ... parce que nous avons d'autres ambitions pour l'école et les enfants. La rentrée... un moment très fort pour nous tous

    2. Ce que je ne veux pas... Ce que je souhaite...


  2. Compte-rendus du travail des ateliers

    1. Comment faire émerger un projet (en classe maternelle)

    2. Se connaître et se mettre au travail (CP/CE)

    3. Agir avec ses mains (tous niveaux)

    4. Comment faire émerger un projet dès le premier jour (CE/CM)

    5. Le premier jour de classe dans un cours moyen


  3. Témoignages

    1. L'organisation de la classe pour que l'enfant se sente accueilli par Claudine Braun

    2. Comment je démarre une nouvelle année scolaire par Martine Dubail

    3. Le bonhomme-bonheur par Annie Delarochelambert

    4. Un fil rouge pour relier travail, plaisir, apprentissage par Anne-Marie Mislin

    5. Démarrer l'année scolaire avec un travail réussi Marguerite Bialas

    6. Points de vue sur la rentrée Claire Marijon

  4. Le nécessaire bilan en fin de journée de classe Annie Delarochelambert


  5. Documents

    1. "...jusqu'à ce que la classe devienne un lieu tranquille..." Bernard Collot

    2. Extraits de "Une enfance créole II, Chemin d'école" Patrick Chamoiseau



  6. La réunion des parents organisée par les élèves, une contribution de Josiane Ferraretto datant de septembre 2006




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L'école sera-t-elle chantier ?

Vous trouvez, je sais, que le mot de chantier, comme celui de travail dont je vante la noblesse, est trop chargé de peines, de souffrances et d'injustes sacrifices.

Et pourtant, regardez si vos enfants, quand ils ne sont pas sous votre dépendance, n'organisent pas des chantiers de travail : pour dévier le cours d'un ruisseau et remplir une mare ou attraper des poissons ; pour aménager un tas de sable en place forte ; pour construire un village d'Indiens... Et quel enthousiasme, là, quel acharnement ! et quelle activité ! ah ! ils ne ménagent pas leur peine ni leur sueur ! Ils vont jusqu'à la limite de leurs forces, toujours. Parce qu'ils est dans la nature humaine de se surpasser... Ils en oublient même de manger !...

Leur effort ne s'accomplit pas forcément dans une ambiance de rires et de chants - qui ne sont qu'une des manifestations, et pas la plus courante, du vrai travail - Il y a la souffrance et des grincements de dents... Il y a la vie !

Et l'enfant rêve la nuit de son chantier et attend avec impatience le jour nouveau pour recommencer...

Ne croyez pas que si l'École devenait un chantier aussi, enthousiasmant autant que la montagne de sable ou la cabane d'Indiens ; si vos élèves en rêvaient la nuit ; s'ils se donnaient à 100%, muscles tendus et dents serrées, à leur travail - il y aurait quelque chose de changé dans l'atmosphère de vos classes et dans le rendement de vos efforts ?

Impossible ! disaient les vieux pédagogues... parlez-leur de jouer, oui, mais ils n'aiment pas le travail.

Ils n'aiment pas le travail, ni le chantier - et les adultes réagissent de même - tant que l'effort qu'il nécessitent n'est pas lié à leur vie profonde, à tout leur comportement, non seulement économique et social, mais psychique aussi.

Mais organisez la coopérative scolaire, cette société d'enfants qui naît spontanément lorsqu'il s'agit de construire la cabane d'Indiens ; donnez à vos élèves des outils de travail, une imprimerie, du linoléum à graver, des couleurs pour dessiner, des fiches illustrées à consulter et à classer, des livres à lire, un jardin et un clapier, sans oublier le théâtre et le guignol - l'École sera ce chantier où le mot travail prend toute sa splendeur à la fois manuelle, intellectuelle et sociale, au sein duquel l'enfant ne se lasse jamais de chercher, de réaliser, d'expérimenter, de connaître et de monter, concentré, sérieux, réfléchi, humain !

Et c'est l'éducateur alors qui se fera à son image.

Célestin FREINET
"Les dits de Mathieu"
Une pédagogie du bon sens




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  1. Introduction
    1. Claudine BRAUN, déléguée départementale

      ... parce que nous avons d'autres ambitions pour l'école et les enfants ...

      Nous voici réunis pour un nouveau forum de la rentrée du groupe départemental de l'ICEM Pédagogie Freinet. Il y a parmi nous des personnes qui connaissent bien le Mouvement Freinet, qui y sont engagés depuis plus ou moins longtemps et à des degrés différents. D'autres sont de tout nouveaux professeurs des écoles, plein d'envies de faire mais aussi d'interrogations, qui connaissent peut-être un peu le Mouvement ou pas du tout. Que nous soyons ainsi divers est très bien parce que sûrement enrichissant pour tout le monde. C'est en travaillant ensemble et en échangeant que nous nous connaîtrons mieux, que nous aurons ou non l'envie de continuer à réfléchir ensemble et à mieux comprendre ce qui rassemble les gens à l'I.C.E.M.

      En tout cas, si nous sommes réunis aujourd'hui, alors que nous pourrions encore profiter d'un jour de vacances, c'est sûrement parce que nous ne voulons pas être de simples applicateurs de programmes, même aidés des meilleurs manuels, mais que nous avons sans doute d'autres ambitions pour l'école et les enfants, ambitions se basant sur les valeurs universelles des Droits de l'Homme, à savoir avant tout l'apprentissage de la démocratie, du respect de l'autre et de soi-même. C'est ce qu'a impulsé Célestin Freinet en reconnaissant à chaque enfant le droit à l'expression, à la création, en prenant en compte le vécu familial et sociale et le savoir acquis dans le milieu d'origine.

      Tout cela ne nous dit pas encore ce que nous allons faire le premier jour de la rentrée mais je crois qu'il était important de situer dans quel état d'esprit et sur quelles bases nous avons préparé cette journée.

      la rentrée ... un moment très fort pour nous tous.

      La coupure est importante. Nous savons qu'il nous faudra mobiliser pas mal d'énergie.

      Parfois nous sommes dans une continuité, nous connaissons les élèves, des projets sont en cours mais il va falloir les redynamiser. Bien souvent, ce sont des enfants et des parents inconnus. Alors que prévoir ? Que mettre en place avant la prise de contact ?

      Selon le tempérament de chacun, il y aura plus ou moins d'aménagements avant la rentrée. Il y aura des séances préparées ou non. Mais je pense qu'il y aura surtout un foisonnement d'idées plus ou moins précises, des envies et des rêves. On a chaque fois envie de faire mieux, autrement, pour aider chaque enfant à devenir autonome et le voir s'émanciper, pour que l'espace soit organisé et fonctionnel, pour que le lieu de vie soit structuré avec des règles élaborées ensemble, pour que les échanges dans le groupe soient fructifiants, pour clarifier aussi notre rôle dans la classe.

      Beaucoup d'enfants arrivent très demandeurs, très curieux, très contents d'être un peu plus grands, très investis aussi de la demande et de l'anxiété des parents.

      Il s'agit pour nous de ne pas entraver ce dynamisme, de mettre les enfants «dans le coup». Dès le premier jour, de nourrir très vite et constamment le désir de savoir et la volonté d'apprendre.

      Certains parmi nous, aujourd'hui, ont déjà vécu la rentrée, ils ont une petite avance sur nous ... ils ont au moins pris la température. Les autres ont sûrement quelques projets dans l'une ou l'autre discipline ou de manière plus transversale.

      En échangeant nos rêves, nos envies, nos projets, en mettant en mots ce que nous souhaitons pour nos classes et aussi ce que nous ne voulons surtout pas, chacun arrivera à construire quelque chose de concret pour démarrer la semaine prochaine.

      C'est en tout cas l'objectif que nous nous sommes fixés en organisant cette journée.





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    3. Au cours de ce temps d'introduction aux travaux du forum, l'équipe de préparation s'est présentée ainsi que tous les participants, Claudine a explicité le programme de la journée, puis chacun a été invité à essayer de dire sa vision de la rentrée :
    4. Maintenant chacun est invité à dire sa vision de la rentrée, c'est à dire du premier jour mais aussi des suivants, et ceci à travers deux aspects :
      - d'une part ce que je souhaite faire ou ce que je souhaite qu'il se passe dans la classe (on a le droit de rêver, de « déIirer » ... c'est la meilleure façon de brasser des idées et d'être créatifs !)
      - d'autre part, ce que je ne veux pas. Cela peut être lié à des vécus, à nos propres rentrées en tant qu'élève.

      Ce que je ne veux pas ... (chaque intervenant a donné son accord sur la formulation, au tableau, de son intervention mais les noms des intervenants n'ont pas été notés)

      - je ne veux pas qu'un enfant pleure à la reprise de l'après-midi ou du lendemain («pleurs» pour les petits, «appréhension, blocage» pour les plus âgés),
      - je ne veux pas d'exercices d'évaluation, ni sanctions, notations,
      - je ne veux pas que les enfants éprouvent un sentiment de rupture par rapport à la maternelle (dit une collègue chargée d'un CP),
      - je ne veux surtout pas qu'ils aient l'impression de continuer à fonctionner comme l'année précédente (intervient une collègue chargée d'un CM2),
      - je ne veux pas que les enfants s'ennuient, qu'ils aient l'impression de n'avoir rien fait.

      Ce que je souhaite ...

      - dès le premier jour, je souhaite entendre la voix de chaque enfant et qu'il soit entendu par tous,
      - je souhaite que les enfants reviennent le second jour avec l'envie de faire quelque chose,
      - que chaque enfant découvre dès le premier jour un enfant qu'il ne connaissait pas,
      - que chacun puisse dire ses attentes,
      - qu'à la fin de la première journée ils aient l'impression d'avoir déjà travaillé et qu'ils puissent en parler à leurs parents dès le premier soir,
      - que l'enfant quitte l'école avec un livre qu'il aura choisi et qu'on lira par la suite,
      - que chaque enfant puisse découvrir sa classe et l'école et qu'il s'y sente bien,
      - je souhaite réussir à créer une dynamique, une motivation,
      - je souhaite former un «groupe-classe» et que chacun s'y sente bien, intégré, accepté,
      - je souhaite que chacun ait envie de revenir en classe,
      - que chaque enfant puisse se réapproprier le projet mis en place,
      - je souhaite mettre en place des ateliers dès le premier jour,
      - je souhaite qu'ils écrivent dès le premier jour,
      - que les enfants perçoivent un regard positif de l'adulte,
      - je souhaite donner des repères positifs aux enfants,
      - je souhaite qu'ils aient, dès le premier jour, un contact avec l'art et qu'il y ait les premières créations,
      - je souhaite pouvoir donner le maximum de cohérence à tout ce qui est fait et ceci dès le premier jour,
      - je souhaite donner du sens à ce qui est proposé,
      - je souhaite que l'enfant ait une idée de ce qu'il va apprendre (moyen de motivation),
      - que les enfants soient des participants actifs à la classe,
      - je souhaite, moi instit, être et rester sereine,
      - je souhaite qu'il y ait un réel travail d'équipe au niveau des enseignants, ne pas travailler dans l'isolement,
      - je souhaite que dès le premier jour apparaisse la notion de plaisir, chez les enfants et chez le maître,
      - que les parents se sentent accueillis.

      De ces souhaits nous avons dégagé des pistes de travail pour les ateliers de la journée comment faire émerger un projet, comment apprendre à se connaître pour former un groupe, comment se mettre au travail sans se sentir évalué, jugé, comment faire émerger les attentes, les désirs de chacun, comment «faire avec ses mains» (agir pour apprendre). Sans oublier, la prise en compte pour chacune de ces pistes l'organisation matérielle indispensable, le climat de confiance et de respect, la nécessité d'un bilan en fin de journée.





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  2. Compte-rendus du travail des ateliers
    1. Comment faire émerger un projet (en classe maternelle)
    2. Le jour de la rentrée on évoque ce qu'on a fait pendant les vacances. On propose aux enfants d'apporter un objet, ou des objets, en lien avec leurs vacances (un coquillage, un objet-souvenir,... ou un objet de chez lui si l'enfant n'est pas parti).

      Ces objets donnent lieu à des manipulations, discussions, exposition.

      Deux pistes possibles, selon deux axes, au choix, ou à explorer l'une après l'autre, sur plusieurs semaines.





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    3. Se connaître et se mettre au travail (au niveau CP/CEI)
    4. Les parents
      - sont accueillis en classe
      Au CP, les parents sont invités à entrer dans la classe avec les enfants, à les aider à s'installer et à signaler d'éventuels problèmes particuliers (santé...)
      - reçoivent «la lettre de rentrée»
      Le premier jour, l'enseignant adresse une lettre aux parents, par le biais du «cahier de liaison», dans laquelle il se présente, situe la classe dans l'école (salle numéro . .., à l'étage ... ), les invite à parler avec leur enfant de ce qui se passe en classe, à venir visiter la classe,... et annonce une réunion ultérieure.

      Les enfants
      - découvrent l'espace de la salle de classe
      Choisir une place et un voisin : chaque enfant choisit une place et ses voisins. Il est important d'être à l'aise avec ses voisins. Mais l'enseignant se réserve le droit d'effectuer des changements en fonction des comportements des enfants.
      - découvrent les autres
      (dans «l'espace regroupement» prévu dans la salle de classe)
      chacun se présente
      (nom, prénom, dit quels sont ses copains présents dans la classe, ce qu'il aimerait faire à l'école) l'enseignant se présente (très important)
      On peut pratiquer quelques jeux de reconnaissance des prénoms à l'aide d'étiquettes. (L'adulte se donne les moyens pour reconnaître rapidement chaque enfant.)
      - découvrent l'école
      Visite des locaux, dire bonjour aux autres classes, repérer les toilettes,... Après-midi visite de la B.C.D. et premier emprunt de livres.

      Se mettre au travail
      - dessiner et écrire
      se dessiner, écrire son prénom, exprimer ses envies : je voudrais dessiner, je voudrais lire une histoire, ..., dessiner et/ou écrire par rapport à un thème)
      - ces premiers travaux peuvent donner lieu
      à une présentation orale à la classe,
      à une lecture,
      à un affichage,
      à une première page dans le «cahier de vie»,
      faire l'objet d'activités mathématiques (comptages, classements, .)
      Il est essentiel de montrer aux enfants que ce travail s'inscrit, dès le départ, dans une dynamique d'apprentissage.





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    5. Agir avec ses mains (tous niveaux : du CP au CM)
    6. Démarche
      Le maître annonce : «Je vous propose de faire un dessin animé.» Le matériel nécessaire, modeste, aura évidemment été préparé. (voir ci-dessous la fiche-guide de réalisation)

      Deux démarches sont ensuite possibles ou bien :
      donner la fiche-guide, inviter les enfants à la lire, puis à passer à la réalisation ou bien:
      donner la fiche, inviter les enfants à la lire, puis à poser éventuellement des questions, inviter les enfants à chercher le maximum de réponses dans la fiche même ; ne passer à la réalisation que lorsqu'il est clair que la compréhension de la fiche-guide est acquise.

      La réalisation
      - faire en sorte que les enfants qui souhaitent travailler à deux puissent le faire,
      - susciter les questionnements et laisser tâtonner, échanger,
      - on ne laisse pas un enfant en situation d'échec : s'il est bloqué dans sa réalisation, le groupe l'aide (les comportements d'entraide doivent se mettre en place dès le premier jour, quitte à spécifier plus tard leurs conditions).

      Bilan, mise en commun
      - L'activité a-t-elle plu : un peu ? beaucoup ?
      - Y a-t-il eu des difficultés ? Lesquelles ? À quoi sont-elles dues ? (noter les améliorations proposées ou nécessaires, dire aux enfants que la fiche sera améliorée avec leurs observations)

      Évolution de l'atelier
      - Le premier jour : tout le monde fait le même bricolage
      - Par la suite: les enfants acquièrent de l'autonomie par rapport au matériel, par rapport à la réalisation et par rapport au choix d'une réalisation.

      Objectifs de cette activité
      - faire quelque chose avec ses mains
      - lire pour agir (sens de la lecture, complémentarité texte et image)
      démarche scientifique (questionnement : pourquoi ? comment ? tâtonnement expérimental) échanges entre enfants (communiquer, argumenter)

      Cette fabrication est intéressante pour tous les niveaux, peut-être même surtout pour les plus grands: elle peut être au départ de recherches sur les effets ou illusions optiques, la vision, etc.

      Quelques autres activités «agir avec ses mains» susceptibles d'être proposées dès le jour de la rentrée - des mini-livrets - des cartes ou livres animés théâtre d'ombre - personnages en papier collé - objets à fabriquer : instruments de musique ...


      Fiche-guide de réalisation





      un crayon
      une bande de papier


      Plie la bande de papier en deux.


      Déplie, et à l'intérieur, dessine un bonhomme qui joue du yoyo.


      Replie le papier.


      Place la feuille pliée sur la vitre d'une fenêtre. Tu vois le dessin du dessin en transparence.


      Repasse sur le dessin. Dessine le yoyo plus haut (ou plus bas)


      Roule la demi-feuille du dessus autour du crayon.


      Bouge vite le crayon de gauche à droite. Regarde le bonhomme...




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    7. Comment faire émerger un projet dès le premier jour
    8. Avant l'élaboration d'un projet, des préalables s'imposent





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    9. Le premier jour de classe dans un cours moyen
    10. Prise de contact
      Entrée en classe. Mise en place. Rangement des sacs, des casiers (quelques explications seront nécessaires)


      Les présentations Récréation.
      Après la récréation

      Un projet de travail autour du livre

      Comment savoir à quelle page on s'est arrêté dans sa lecture ? Non pas en cornant les pages (car je respecte les livres !) mais en utilisant des marque-pages ... que nous fabriquerons l'après-midi.


      Après-midi :

      Ateliers de fabrication de marque-pages
      Différentes techniques sont possibles et proposées par atelier - collage, marbrures, encre de Chine, dessins géométriques, tête d'animal, etc.. Le matériel nécessaire à chaque atelier a été préparé ainsi que deux ou trois marque-pages « modèles ». Le nombre d'enfants par atelier est limité. (Les enfants qui travaillent rapidement, et qui le souhaitent, peuvent créer un autre marque-page dans un autre atelier ... s'il y a de la place !) Inscrire très soigneusement son prénom sur le marque-page avant de le plastifier.

      Rangement du matériel.

      Bilan de cette première journée et pistes pour le lendemain :

      Pour finir cette journée, l'enseignant lit à haute voix un conte, le début d'un roman .





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  3. Témoignages
    1. L'organisation de la classe pour que l'enfant se sente accueilli
    2. Claudine BRAUN

      J'ai un CE l pour la quatrième année consécutive (ma 5ème année dans cette école à Rouffach).

      Beaucoup d'enfants me connaissent, leurs frères ou soeurs sont venus dans la classe. Ils ont eu l'occasion de venir quand ils étaient en maternelle (échanges lecture), le C.A.T.E. (« La maîtresse qui aime les livres»). Donc, certains enfants viennent en confiance ou au moins avec des idées sur ce qui va se passer.

      Malgré mes 28 ou 30 élèves, j'organise la classe de manière à disposer d'un coin pour le regroupement : un tapis de 3,30 m sur 2,00 m, avec de coussins et des petites chaises. L'enfant qui parle est assis sur une petite chaise (sauf pour les interventions ponctuelles). Chaque enfant peut ainsi se faire entendre, même avec une toute petite voix.

      C'est aussi le lieu de décisions, le coin bibliothèque et le lieu où l'on trouve des traces des années précédentes : des albums photos où ils pourront retrouver des enfants qu'ils connaissent, qui sourient, qui ont l'air heureux dans la classe, des petits livrets ou des cahiers avec des histoires inventées les autres années, des albums.

      Dès le premier jour, lorsque chaque enfant a trouvé sa place, s'est installé, a rangé ses affaires, nous nous regroupons et j'explique un peu le rôle de cet endroit. A d'autres moments dans la journée et dans les jours suivants, les enfants y vont seul ou à plusieurs.

      À chaque regroupement collectif, j'invite les enfants à dire ce qu'ils ont vu d'intéressant. Progressivement nous découvrons donc J MAGAZINE, GRAND J, LA GERBE DES HISTOIRES D'ENFANTS, des livres qui viennent de la B.C.D., le Classeur de poésie, des dictionnaires, des images, des albums, des documents des correspondants.

      Les enfants investissent le lieu, découvrent les richesses et les possibles.

      Parce que l'enfant n'est pas forcément prêt à prendre la parole, à exprimer des idées et des envie de faire, il lui faut des supports et des situations qui feront naître des envies d'apprendre.

      Lors de ces premières prises de parole, l'enfant pourra tester l'écoute qu'on lui réserve (la maîtresse et les autres enfants) et l'intérêt que suscite ce qu'il dit (là, mon rôle est important).

      Dans le coin regroupement sont affichées aussi les règles de vie de la classe. Il y en a trois dès la rentrée, non négociables,
      «Je ne me moque pas.»
      «Je lève la main pour demander la parole. »
      «J'écoute celui qui parle.»
      qui favoriseront le climat de respect que je souhaite instaurer dès la rentrée.

      Claudine





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    3. Comment je démarre une nouvelle année scolaire
    4. Martine DUBAIL
      (cours préparatoire)

      Objectifs des premiers jours.

      Chaque année, au troisième trimestre, nous pratiquons des ateliers-échanges avec la Maternelle, pour prendre contact. Nous échangeons, à chaque fois, seulement une partie de la classe afin que mes élèves puissent «montrer» aux nouveaux aussi bien l'organisation générale que les fonctionnements et techniques précises des diverses activités. Cela fait que, lors de la rentrée, les nouveaux venus ont déjà vu la classe et son fonctionnement. Les années où j'ai deux cours, ou bien SG et CP ou bien CP et CE1, cela facilite aussi la mise en route puisque les aînés servent de guides et d'initiateurs.

      Cela fait que les entretiens et les différentes réunions sont efficaces dès les premières fois ainsi que l'organisation des plannings et des répartitions en ateliers, etc...


      8 heures 15 : arrivée des enfants

      Faire connaissance :
      Chercher son casier (pour ses affaires personnelles : pantoufles, mouchoirs, gobelet, goûter, autres...) choisir sa table, y déposer son sac d'école.
      Aller sur le banc de l'espace-réunion.
      Je fais l'appel en disant «bonjour» à chacun.
      Je demande qui a quelque chose à dire ou une question à poser sur l'école, la classe. On discute : c'est le premier entretien.
      Si l'entretien est court (personne n'a rien à dire), je prends ma flûte et on chante les chansons apprises par les enfants l'année précédente.

      S'installer : On déballe les affaires et on regarde le matériel individuel. Je distribue les différents cahiers et j'explique à quoi ils serviront. Les enfants les emportent à la maison pour les montrer aux parents.

      On colle dans le « cahier de la maison » : le calendrier du mois en cours que l'on coche chaque jour, la première circulaire aux parents ...

      Se familiariser avec la classe :
      On fait un dessin pour les parents (à emporter à la maison, tout de suite à 1lh30) ; consigne : écrire son nom, raconter l'histoire (dictée au maître, écrite sur le dessin). Puis au fur et à mesure les enfants prennent des jeux sur les étagères. Je fais le tour et j'explique à chacun comment inscrire le jeu dans son «cahier de bilan». En même temps je parle à chacun, pose des questions, écoute les commentaires.

      On range les jeux à la place exacte où on les a pris (en regardant l'étiquette sur la boîte et la même sur l'étagère.)

      10 heures :
      Goûter, récréation. Mise au point des règles de la cour, au fur et à mesure.

      10 heures 30 :
      Dans l'espace réunion : activité collective apparentée aux activités faites à l'école maternelle pour donner un air familier à ce moment collectif et que chacun se retrouve en réussite. L'important ce n'est pas le contenu de l'activité mais la mise en place d'un fonctionnement et de relations. Jeux sur les prénoms (oral/écrit).

      11 heures 30 :
      Retour à la maison.

      13 heures 15 : reprise
      Sur le banc. Reprise de contact individuel. Petit entretien. Chants.

      Bibliothèque:
      On va s'asseoir dans la bibliothèque.
      J'en présente l'organisation. On joue à trouver, chercher, connaître ...
      Je lis un livre.
      Je mets en route le prêt à la maison : je présente quelques livres, les enfants choisissent les livres qu'ils veulent emporter. Je les inscris dans le «classeur de prêt».

      14 heures 30 :
      Goûter, récréation.

      15 heures :
      Ateliers, dits "simples".
      Ce sont des activités demandant rapidement de l'autonomie aux enfants : peinture, pâte à modeler, découpages, ordinateur, bibliothèque, déguisement ...
      À la fin de la séance, on met les productions sur la table, au centre de l'espace-réunion, et chacun explique ce qu'il a fait. Tous doivent prendre la parole ne serait-ce que pour dire « je n'ai rien à dire ».
      Le but est d'apprendre à se débrouiller pour l'atelier lui-même (préparation, rangement), pour s'inscrire dans le «cahier du bilan». Dans ce but, lors du bilan, je pose des questions comme  : qu'est-ce que tu as fait, comment as-tu fait, comment cela s'est-il passé, comment on peut faire la prochaine fois, quels ateliers on garde ...
      À chaque séance d'ateliers il y aura, par la suite, des ateliers particuliers demandant un apprentissage technique (imprimerie, arts plastiques, ... ou une présence adulte plus constante (cuisine, ...).

      Prendre conscience du travail qu'on a fait
      Toutes les activités des ateliers ont une dénomination liée à un domaine scolaire: atelier de lecture, écriture, calcul, maths, arts plastiques, etc... En général après chaque activité, de groupe ou individuelle, on se retrouve sur les bancs de l'espace-réunion et on fait un échange-bilan et la préparation de la séance suivante... C'est toujours selon le même canevas : qu'est-ce que j'ai fait ? Comment j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai appris ? Qu'est-ce que je peux communiquer aux autres pour les aider ? Qu'est-ce qui n'est pas allé ? Comment je peux améliorer l'approche ?
      À 16 heures, lors de la préparation du sac, on discute de ce qu'il faut
      - emporter à la maison (ne pas oublier le livre de bibliothèque que les parents liront avec eux)
      - montrer aux parents le «cahier de la maison»
      - et leur expliquer ce qu'on a fait, ce qu'on a appris.

      Martine





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    5. Le bonhomme-bonheur
    6. Anne DELAROCHELAMBERT
      (cours moyen, deuxième année)

      Mon objectif
      Lorsque je propose une activité le premier jour, après avoir fixé le cadre, les limites sous la forme des règles élémentaires («Je ne me moque pas », « Je respecte toutes les personnes, enfants et adultes... », «Je ne coupe pas la parole...»), mon objectif est que cette activité donne une image de ce que sera le reste de l'année.
      Le premier jour doit être en cohérence avec les jours suivants et mettre les enfants en situation de projet, leur mettre en quelque sorte le pied à l'étrier. Les activités proposées sont pluridisciplinaires, interdisciplinaires, mettent les enfants en situation de communication, d'expression, de recherche et laissent une part à la réalisation pratique et au plaisir.
      Enfin, dès la fin de la journée, chaque enfant aura la joie de rapporter chez lui une réalisation.

      Réalisation proposée à la rentrée 97
      Lors du Forum de la Rentrée 1997, Lucien nous a distribué une carte animée invitant les collègues à participer à la Gerbe d'histoires d'enfants.

      Cela m'a donné l'envie de faire réaliser par chaque enfant une carte animée semblable où apparaîtraient ses envies, ses désirs, ses attentes, ses goûts. Cette carte constituerait en quelque sorte une «carte de bonne rentrée et de bonne année scolaire» que chaque enfant s'adresserait.
      Il faut préciser qu'il s'agit d'une classe d'enfants que j'avais déjà l'année précédente.


      Phase d'expression

      1. Discussion en grand groupe
        L'année dernière, j'ai aimé, je me rappelle
        Cette année, j'ai envie, j'aimerais ...
        À l'école, ce qui m'intéresse c'est
        Je désirerais ...

      2. Écriture
        Dans le cahier d'essais, individuellement, chacun écrit ce qui lui parait le plus important pour lui, ce quoi il tient le plus.

      3. Mise en commun
        Je note les idées exprimées au tableau, en les structurant.
        C'est le moment où je précise l'orthographe, où nous rappelons quelques notions importantes, où les enfants posent des questions ...


      Phase de réalisation pratique

      1. Dessin en symétrie - Tracer.
        Je distribue à chacun une photocopie.
        Problèmes :
        • Comment dessiner l'autre partie du bonhomme ?
          Prendre des points de repère, mesurer
          Découverte par tâtonnement de la symétrie, notion qui sera reprise en séance de géométrie, les jours suivants.

        • Comment reproduire les cercles ?
          Recherche : comment trouver le centre, le diamètre.
          Rappel rapide de ces notions qui seront elles aussi reprises [se servir des outils appropriés pour tracer (le compas), pour mesurer (la règle), pour tracer les perpendiculaires par rapport à l'axe de symétrie (l'équerre)]


      2. Découper et comprendre le pliage qui permet à la tête de s'animer à l'ouverture de la carte.


      3. Coller en centrant la feuille blanche sur une carte canson de couleur de dimensions supérieures. Pour y parvenir, tâtonnement en pliant, en mesurant, en calculant.


      4. Mettre en couleur les balles, le bonhomme.


      5. Transcrire ses désirs, ses souhaits... dans les balles

      Mise en commun
      Les enfants regardent, lisent les cartes. Remarques ...

      Bilan
      Aujourd'hui j'ai fait, j'ai appris.





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    7. Un fil rouge pour relier travail, plaisir, apprentissage
    8. Anne-Marie MISLIN:
      (cours préparatoire)

      Quelle peut être l'attente d'un enfant qui entre au cours préparatoire à qui les parents parlent de l'école comme d'un lieu où il faut se taire, obéir, écouter, travailler... Lorsqu'en plus il a vécu une maternelle où il n' a pas eu le loisir de s'exprimer réellement ...
      Dans ces conditions je n'avais pas envie, ce jour de rentrée, de lui demander ce qu'il attend de l'école, mais plutôt de lui proposer quelques activités dans lesquelles il trouverait du plaisir tout en entrant déjà dans les apprentissages.

      Un de ces matins de rentrée, après nous être tous présentés, que chacun ait déballé son matériel neuf, je choisis de dire ce poème de Jean FOLLAIN



      Un coin vert

      parfois reste une bête
      douce et triste en un coin vert
      personne ne sait
      d'où elle vient
      de ses pattes à doigts griffus
      elle foule une fleur très petite
      sans la voir
      puis la nuit recouvre tout.



      Je lis une seule fois le texte, lentement, devant l'auditoire silencieux, à l'écoute, surpris sans doute, se demandant peut-être ce que nous étions entrain de faire ...

      Après la lecture, je marque un temps d'arrêt avant de demander aux enfants de dire ce qu'ils ont entendu. Ils diront : « une bête », « les doigts griffus », « une petite fleur », « la nuit », « personne », « triste » ... Je note tout ce qui se dit.

      Dans ce premier temps, tous les enfants ne s'expriment pas. Je relis le poème et là, de nouveaux doigts se lèvent. J'accepte qu'on puisse répéter ce que d'autres ont dit auparavant. Je continue de noter.

      Je relis mes notes, très lentement, à haute voix, en nommant et en regardant chaque enfant concerné. Des doutes s'expriment par rapport aux mot restitués : « J'avais pas entendu ça. », «Moi j'crois pas que y avait le mot "personne " ... »

      Cela nous oblige à écouter une nouvelle fois le texte. Étonnements ! Ce phénomène « d'écoute sélective » nous intrigue. Nous aurons l'occasion d'y revenir plus tard.

      Puis je mets à la disposition des enfants des feuilles de formats différents. Chacun en choisit une et je leur demande de dessiner, après les avoir redits, les mots qu'ils avaient retenus de ce texte.

      Ce travail est suivi de la première mise en commun de l'année : nous prenons le temps de nous arrêter sur chaque dessin. Je veille à ce qu'on n'émette pas de jugements de valeur, mais on est libre de donner des appréciations personnelles (« j'aime », « je n'aime pas », ... ) Je garde les dessins et cette activité s'arrête là, momentanément.

      Pour l'après-midi du même jour, je recopie sous chaque dessin les mots retenus lors de la lecture du poème. J'écris ces mêmes mots sur une étiquette. Je polycopie également, pour chacun, le texte intégral de Jean Follain.

      L'après-midi nous évoquons le déroulement de cette activité de la matinée, comment sont nés ces dessins. Je donne à chaque enfant le texte de Follain et l'étiquette sur laquelle j'ai écrit ce qu'il avait, lui, retenu du poème. Ceux qui le veulent, et le peuvent, encadrent dans le texte complet ce qui se trouve sur leur étiquette. Déjà une petite voix dit: «Oui, mais maintenant je sais encore des autres mots (du texte)... » À force d'en parler, de brasser les mots et expression de Follain, de réécouter le texte, certains le connaîtront déjà un peu avec leur coeur ...

      Le lendemain, nous reprenons les dessins et à ce moment, certains enfants se mettent spontané ment à raconter « p1us » que les mots de Follain.

      C'est contagieux, presque tout le monde s'y met. Je prends à nouveau des notes. Et voilà nos premiers textes ! Provoqués par l'écoute du poème de J. Follain, ils contiennent néanmoins déjà une touche personnelle. Ils sont emprunts de ce charme, ce merveilleux, ce réalisme, cette fraîcheur qui caractérisent les textes des enfants. Cela s'est fait naturellement.

      Et tout aussi naturellement les enfants sont entrés dans la lecture. J'avais préparé pour cette deuxième matinée, de grandes étiquettes de couleur à l'identique des petites. Le poème entier est écrit sur une grande feuille, et nous plaçons les grandes étiquettes sur le texte. Cette phase donne lieu à des activités de lecture très riches pour un tout début d'année scolaire. (Je pense notamment à la sonorité en «f» des mots «griffus, foule, fleur et aussi Fôllain». Ces deux vers furent l'occasion d'un travail de prononciation et de diction fort intéressant. Et quand, dans la classe, se trouve une petite Fatima ... )

      Le soir même, les traces de ce travail sont réunies en un album solidement relié et plastifié. Il sera manipulé très souvent. Peut-être que la première activité de l'année, dans laquelle chacun se reconnaît parce qu'il s'y trouve nommément, revêt une importance particulière. Il est donc important qu'elle soit animée de valeurs qui fondent la pédagogie Freinet : l'expression, la comminication, le respect mutuel ...

      Anne-Marie


      P. S.

      1 /Le lecteur aura compris que nous n'avons pas fait que cela durant ces deux premiers jours ...

      2 /Voici des exemples de textes (à quelques mots près) commentant leurs dessins :
      La fleur est petite et elle a peur de la bête.
      Même si elle a des griffes, la bête n'est pas méchante.
      La bête vient de loin, elle vient de la forêt
      Quand vient la nuit la bête sort de la forêt en criant.

      3 /Nous sommes revenus souvent sur ce texte de Jean Follain au cours de l'année, nous l'avons creusé comme un sol riche, nous l'avons dit et redit inlassablement, cherchant à le comprendre toujours mieux. Il faut dire que la compréhension s'est affinée mais que des énigmes sont restées, telles que : comment, pourquoi, une bête douce et triste va fouler une fleur très petite ... ? Est-ce qu'elle ne la voit pas ou elle ne la regarde pas ? D'où venait-elle ? Ce lieu mystérieux, chacun l'a investi à sa manière, paisible ou hostile, selon son tempérament.
      Je participais du même intérêt, partageant leurs interrogations ... Je garde ce texte encore dans ma mémoire. J'ai beaucoup appris et aimé en même temps que les enfants.
      Le poème a donné lieu à un spectacle de marionnettes d'ombres. J'en vois encore les doigts griffus de la bête et la petite fleur !

      A.-M.





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    9. Démarrer une année scolaire avec un travail réussi
    10. Marguerite BIALAS (classe unique)

      J'ai pris l'habitude de démarrer l'année scolaire par une sortie-observations. Comme je suis de plus en plus persuadée des effets bénéfiques de cette sortie, j'ai envie de vous expliquer comment cela se passe.

      1. Préparatifs

        C'est le matin qu'on prévoit la sortie pour l'après-midi. On rappelle ensemble tout ce qu'il faut :

        • porter des vêtements et chaussures qui ne risquent rien,
        • se munir d'un sac en plastique,
        • et des planchettes individuelles : carton épais auquel on fixe de nouvelles feuilles de papier avec un trombone.

        On rappelle les règles à respecter pendant la sortie :

        • dans la rue, on reste groupé et on ne crie pas,
        • dans les champs, on reste à portée de voix de la maîtresse,
        • certains enfants auront la charge d'un autre (c'est-à-dire que seront pris en charge les 5 ans, nouveaux arrivés dans la classe, et éventuellement un enfant plus âgé qui n'aurait pas encore prouvé qu'il ne pose pas de problème en sortie.


        Nous décidons également quel tour nous ferons : pour les sorties de ce type -nous n'avons pas un but précis- cela peut être n'importe quel itinéraire.

      2. Pendant la sortie

        La consigne est : «J'OBSERVE, JE REGARDE, JE RESPIRE, J'ÉCOUTE, ... »
        Nous ramassons ou cueillons éventuellement, mais avec prudence pour ne pas abîmer ou détruire, sachant que n'importe quel petit cadavre a sa place dans son écosystème. (C'est ainsi qu'un jour, nous avions repéré le cadavre d'un hérisson. Des mois plus tard, nous avions retrouvé les os et les piquants. Depuis, nous ne manquons jamais d'aller voir ce qui reste de «notre» hérisson quand nous passons par là-bas.)

        Ce témoignage a été publié une première fois dans C.P.E. en 1985 (n° 135-136-137 daté de juillet-août-septembre, pages 9 à 11)

        De temps en temps, nous nous arrêtons pour faire un inventaire de tout ce que l'on peut observer à cet endroit. Et je vous garantis que, quel que soit l'endroit, les enfants font toujours une foule d'observations (étant entendu qu'il n'y a rien d'inintéressant). Certains enfants prennent des notes, dessinent quelque chose.

      3. De retour en classe
        1. Je note au tableau, en vrac, tout ce que les enfants disent avoir vu, entendu ou senti. Si on a rapporté des plantes, elles sont mises tout de suite sous presse (le lendemain ce serait trop tard).

          Le soir, à la maison les enfants du cours moyen essaieront de représenter l'itinéraire parcouru.

        2. Le lendemain et les jours suivants, nous répartissons ce qui est inscrit au tableau entre les enfants : j'inscris le nom de celui qui va faire un texte descriptif ou un dessin. Et chacun se met au travail. Les textes écrits au brouillon et les dessins sont soumis à la classe qui, éventuellement, rectifie, fait préciser ou complète.

          Nous corrigeons également les cartes faites par les enfants :
          - comparaison avec la carte d'état-major,
          - choix d'une échelle,
          - l'orientation, le nord,
          - les courbes de niveaux.

          Là, ma «part du maître» est peut-être plus importante, encore que la répétition de ce genre de travail donne un certain nombre d'automatismes. On ne part jamais de zéro.

        3. Mise en forme de l'album ; je polycopie la carte avec l'itinéraire: un exemplaire pour chaque élève + un par observation.

          Les enfants recopient leur texte au propre sur des feuilles volantes qui seront découpées puis collées dans l'album avec la carte sur laquelle l'enfant repère son observation. On ajoute un dessin s'il y en a. En première page de l'album, et aussi dans chaque classeur, on donne la liste des observations et leurs repérages reportés sur une seule carte.

      4. Pourquoi je tiens à cette sortie

        Placée au début de l'année scolaire, cette sortie nous permet d'avoir très vite un vécu collectif générateur de travail dans la classe, tout en ne demandant pas une préparation aussi poussée qu'une visite précise.

        Les descriptions et les dessins doivent correspondre le plus possible à la réalité : ce n'est pas un moment d'expression libre. Par contrecoup, cela donne un sens aux moments où l'on peut écrire ou dessiner librement, inventer, imaginer...

        Le repérage des observations sur la carte est un travail très intéressant :

        • les enfants apprennent à se servir d'une carte en s'appuyant sur ce qu'ils ont vécu avec leur corps et qui les a intéressés,
        • la carte sert de référence, de base, par la suite, quand je suis amenée à leur donner d'autres cartes (l'Alsace, la France, ... ) où finalement, les seules choses qui changent, ce sont l'échelle et le type de renseignements qu'on peut y lire.

        Ce travail permet aussi à chacun de réussir, quel que soit son niveau (j'ai une classe unique). Or, démarrer l'année scolaire avec un travail réussi, c'est stimulant. Sans doute aussi que le fait que toutes les observations sont acceptées, prises en compte, ça doit donner l'idée quelque part que l'enfant tout entier est accepté tel qu'il est, qu'on travaille à partir de ce qu'il est et non pas d'une idée qu'on se ferait de lui.

        Je suis mes élèves pendant plusieurs années. Et pourtant ce travail n'est pas monotone, l'itinéraire n'étant jamais le même, les possibilités des enfants non plus. La richesse des observations n'est pas liée à l'endroit, mais plutôt à l'esprit de curiosité dont nous faisons preuve. Cela s'apprend et se cultive.

      5. Marguerite BIALAS Hohatzenheim, Bas-Rhin

        (Les passages en caractères gras sont ainsi soulignés par CPE.)

        indexation de cet article. Mots clés : la rentrée - réussite - observation - sortie enquête - vécu collectif - carte - compte-rendu.

      Quelques-unes des observations faites ce jour-là

      1. Les rejets de tilleul : on a vu les rejets d'un tilleul coupé il y a deux ans. Ils étaient hauts de 50 cm à 1 m.
      2. Le maïs : le mais mesure 2 m et plus. il n'est pas encore bon pour l'ensilage, mais les épis sont formés. Il y avait un champ qui était coupé; dans un autre champ, trois rangées étaient coupées.
      3. La boue: j'ai marché dans la boue.
      4. L'avion : on a entendu un avion à réaction qui était très haut. mais on ne voyait pas l'avion, on voyait une traînée blanche.
      5. L'ombre : le soleil s'est caché derrière un nuage gris et on était à l'ombre. Mais de l'autre côté du chemin, le champ était au soleil.
      6. La machine à houblon: on a vu la machine à houblon de M. Zahn. Un homme accrochait le bout du houblon à un crochet qui entraînait le houblon dans la machine. Un autre homme et une femme sortaient les feuilles qui étaient restées dans le houblon. Un homme chargeait des sacs de houblon sec sur une charrette.
      7. Le pommier : le pommier était chargé de pommes (dessin)
      8. Le tabac : j'ai observé le tabac qui sèche dans le séchoir. Le tabac qui est très sec est brun, mais quand on vient de le cueillir, il est encore vert.
      9. Le cheval : on a vu une charrette tirée par un cheval. La charrette avait des pneus et le monsieur tenait un fouet. On ne les connaît pas.
      10. Le garage : M. Cotin était en train de construire son garage. Il posait la 9ème rangée de parpaings.

      11. On a senti:
      12. L'odeur du houblon environ 100 mètres avant la ferme
      13. Le purin et le tas de fumier
      14. L'odeur du tabac séché
      15. Le parfum des fleurs de trèfle dans les champs.

      M.B.





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  4. Points de vue sur la rentrée...
  5. Claire MARIJON, CE2-CM1

    Le jour de la rentrée est un jour particulièrement-clef qui, selon moi, doit être un condensé de tous les jours à venir (posture de l'enseignant, accueil des élèves, ambiance de travail,...). C'est aussi un jour au terme duquel chacun doit pouvoir rentrer chez lui avec « quelque chose » de concret : un nouveau savoir, une nouvelle interrogation, un objet, une confiance en soi renouvelée, un projet à plus ou moins court terme. Mais pour cela, il faut avoir des idées... Heureusement, cette année encore, le Forum de la rentrée de l'IDEM 68 m'y a aidée ! Merci donc à Lucien qui nous a fait réaliser un petit livret de papier de 8 pages */ : il a été le noyau autour duquel notre journée de rentrée a gravité !

    Après les traditionnelles activités d'un jour de rentrée (appel des enfants, découverte de la classe, échanges oraux...), chacun des 4 groupes de 6 enfants ( nous étions 24 en début d'année, nombre d'or à l'école !) s'est vu remettre «une voix» tirée de «Histoire à quatre voix» **/ d'Anthony Brown, aux éditions L'école des loisirs.

    Après lecture silencieuse et discussion en groupe sur le discours (qui parle ? à qui ? de quoi ? quand ?), les textes ont été lus à l'ensemble du groupe-classe. Lors de cette mise en commun, chacun a perçu des similitudes avec le texte qu'il avait en main, des informations se recoupant et se complétant. La mise en évidence d'actions similaires a permis aux enfants de conclure qu'il s'agissait d'une même histoire narrée du point de vue de chacun des 4 personnages.

    Un projet d'écriture a tout naturellement vu le jour : réaliser chacun un livre (la maîtresse y compris !). Il s'agissait de relater un même moment (le matin de la rentrée) du point de vue de soi, de la maîtresse et d'un membre de la famille (parents, fratrie, voire même animal ...). Non seulement les enfants se sont investis, mais chacun a réussi à prendre suffisamment de recul pour se mettre «à la place de» et utiliser la première personne du singulier ...

    Le projet a pris trois semaines (écriture, réécriture, copie et illustrations) ; cela a aussi été l'occasion d'aller en B.C.D. pour (re)travailler sur les informations figurant sur la couverture (auteur, titre, éditeur, typographie) ainsi que sur la cote.


    */ voir CPE n° 389-390, septembre-octobre 2006, pages 21 à 25
    **/ Quatre personnages racontent chacun un même moment (une promende dans un jardin public) de leur point de vue. Le lecteur découvre ainsi le caractère et l'état d'esprit de chaque personnage.

    Une histoire à trois voix

    Première voix : moi.

    «Dring» le réveil a sonné, je me suis levée. «Ah» : j'ai baillé, je me suis habillée. J'ai vite pris mon petit déjeuner. J'étais impatiente, alors j'ai mis mon sac sur le dos. Et c'était parti pour l'école. Ah, j'étais vraiment heureuse mais je me demandais quel instituteur j'aurais. Alors quand j'ai su que j'étais avec la maîtresse de l'année dernière, j'ai été si heureuse que j'ai sauté de joie. On est arrivé devant la grande pancarte : «Bienvenue à la classe de CE2-CM1» (la maîtresse avait des idées très astucieuses). Après, on est entré en classe.

    Deuxième voix : la maîtresse

    Ah, je me suis levée, j'étais vraiment très heureuse et très impatiente de voir mes élèves. J'avais le trac et je devais déposer Esther à l'école. J'ai couru car j'avais deux minutes de retard. Puis j'ai vu mes élèves de l'année dernière.

    Troisième voix : Pilou, le poisson de Camélia

    «Dring», «Ah !», quel est ce bruit ? C'est le réveil de Camélia. À travers mes bulles, je la vois qui mange son petit déjeuner à toute vitesse. Elle se coiffe, se dépêche de mettre ses chaussures. Enfin, la porte se ferme et le calme revient. Alors je me remets à faire des bulles.

    Camélia, CE2, Ecole «Les Romains», Rixheim





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  6. Le nécessaire bilan en fin de la journée de classe
  7. Annie DELAROCHELAMBERT

    La pratique du «bilan de la journée» peut être proposée aux enfants dès le premier jour de l'année scolaire.
    En effet, après la classe, et notamment celle du jour de la rentrée, les parents demandent souvent à leur enfant «Qu'as-tu fait, aujourd'hui, à l'école ?»
    Si les choses n'ont pas été dites clairement en classe, juste avant la sonnerie, en fin de journée, si les enfants n'ont pas été amenés, au cours d'un moment « bilan »à formuler ce qu'ils ont fait, appris, réalisé pendant la journée, si aucun support n'est prévu, ils ne peuvent pas, ils ne savent pas répondre valablement à cette question qui, a priori, paraît simple.
    Le «bilan» a donc pour but de donner à l'enfant les mots nécessaires pour être capable de s'exprimer sur son vécu : voilà ce que j'ai fait, voilà ce que j'ai appris - et donc de valoriser son travail à l'école.
    Il permet de le protéger des conclusions hâtives, voire négatives, des parents à son égard mais également à l'égard du maître. Par voie de conséquence il protège le maître et lui permet de communiquer sa démarche notamment lorsque sa pratique sort des sentiers traditionnels de l'école qu'ont connu les parents (ou telle qu'ils l'ont perçue, même à tort).

    Au cours du moment «bilan de la Journée», les enfants sont amenés à réaliser une opération mentale, un retour mental sur les activités de la journée qui permet d'exercer la mémoire immédiate. Tout apprentissage est d'abord contextuel, lié à un vécu, à des sensations, des émotions. L'apprentissage ultime n'est pas le but. La prise de conscience du processus d'apprentissage est tout aussi importante.

    Chaque nouvel apprentissage est un outil qui permet de répondre à des questions et de progresser.

    La pratique du bilan amène également les enfants à formuler de nouvelles questions, à définir des besoins et des perspectives et d'envisager la journée du lendemain et la suite des activités. Elle met ainsi la classe en état de projet.

    Concrètement:

    Comment pratiquer le bilan ? Y a-t-il une organisation de la classe à envisager, des outils à fabriquer ? Quelles traces écrites à envisager, quels supports pour permettre au bilan d'apparaître dans les cahiers des enfants ou dans les documents de classe ?

    Les différents témoignages de ce Forum ont laissé entrevoir, à ce propos, quelques pratiques. Mais il est certain que le « bilan de la journée », est un point sur lequel beaucoup d'entre nous sont en recherche de pratiques efficientes.

    Et nous vous invitons à nous rejoindre dans cet effort.

    Nous ne vous proposons pas une pédagogie toute faite, où tout est dit une fois pour toutes, mais au contraire, une pédagogie où la recherche à même la classe est intense, où la communication, les échanges et la créativité coopérative des praticiens permettent de créer les outils et mettre au point les pratiques qui sont nécessaires à l'école d'aujourd'hui.

    C'est cet esprit de recherche, de confrontation et de coopération qui anime les praticiens qui se reconnaissent dans le Mouvement École Moderne Pédagogie Freinet.





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  8. Témoignages
    1. «... jusqu'à ce que la classe devienne un lieu tranquille.»
    2. Lorsqu'on arrive dans sa classe pour la première fois, et même si cette première fois est la cinquième ou la quinzième, on a l'impression qu'il va falloir tout engager à la fois, la lecture, les maths, le programme, des progressions, les futures évaluations... bref, tout se bouscule dès les premiers jours.
      Dès les premiers jours, on voudrait que la classe soit déjà ce qu'elle sera tout au long de l'année.

      Prenez d'abord le temps. Cet indispensable temps sans lequel rien ne sera possible. Et prenez-le pour que s'instaure l'élément indispensable qui permettra tous les possibles : LA TRANQUILLITÉ

      Personne, adulte ou enfant, ne se lancera efficacement dans un apprentissage quelconque hors de la tranquillité. C'est elle seule qui permettra la disponibilité. Il n'y a pas besoin de "sortir des sciences de l'éducation » pour comprendre cela, ce n'est que du simple bon sens.

      Mais arriver à ce que s'instaure la tranquillité dans le groupe n'est pas aussi simple que cela. Cela l'est encore moins quand on se trouve dans une école à cinq ou six classes ou plus, quand il n'y a pas de place ou que les locaux sont réduits à un parallélépipède d'une cinquantaine de mètres carrés, ou que toute l'école explose au moment de la récréation dans la même cour goudronnée.

      Alors il va falloir faire preuve de toute son ingéniosité pour essayer, malgré tout, de créer une oasis où la tranquillité sera la plus grande possible. Et savoir que vous perdrez votre temps (et le leur) à vouloir qu'un enfant ou un groupe tendu et excité rentre dans un processus d'apprentissage quelconque. La première tâche, le premier travail professionnel d'un enseignant est donc d'arriver à la quiétude.

      Pendant longtemps, le premier jour de la rentrée je ne rentrais pas en classe. Nous allions pîque-niquer. D'une part cela atténuait la rupture entre la liberté d'action, de mobilité, d'autonomie de la période de vacances et les contraintes physiques, d'espace, de promiscuité inhérentes à la période scolaire.

      L'essentiel de mes premières journées ou premières semaines était consacré à nous installer. Que la classe devienne "chez nous". Ah ! les petites écoles qui disposent de place ont de la chance.

      En multipliant les coins, en brisant l'espace vous brisez aussi les interpellations directes et croisées qui font monter l'agressivité.

      En multipliant les choses à respecter en tant que tel (des plantes, un aquarium, une lampe de chevet, la présence d'un chat ... vous étendez ce respect à l'ensemble du groupe.

      Utilisez la musique : rentrer le matin dans un local où il y a de la musique change souvent beaucoup de choses.

      Utilisez les odeurs, les couleurs : un bâton d'encens au parfum bien choisi a des pouvoirs étonnants comme le mariage des couleurs des panneaux d'affichage qui ne devrait pas être laissé au hasard.

      Et même si le vase ou les vases de fleurs doivent être cassées plusieurs fois, persévérez jusqu'au moment où plus personne ne pourra s'en passer.

      N'obligez pas tout le monde à rentrer ensemble, au commandement de la sonnerie (supprimez celle-ci, elle provoque une montée d'adrénaline même chez les plus stoïques).

      Installez un « atelier terre » important. C'est bien connu, le contact avec l'argile est apaisant.

      Essayez de mettre en place assez tôt des ateliers de peinture, lecture, pleins de BD, Légos, jeux individuels.

      Faites construire des marionnettes à gaine et laissez-les aux enfants.

      Faites, dehors, régulièrement du théâtre libre.

      N'exigez que de petites choses et peu dans les premières journées. N'exigez d'abord d'un enfant que ce dont vous êtes sûr qu'il pourra faire facilement.

      Laissez cette organisation, ces repères se mettre en place peu à peu ... Jusqu'à ce que la classe, si possible l'école, devienne un lieu tranquille, jusqu'à ce que tout le monde ou presque se mette à aimer la tranquillité.

      Alors, seulement alors, vous pourrez faire de la pédagogie et penser beaucoup plus aux programmes.

      Je sais bien que dans certaines écoles atteindre un semblant de tranquillité semble de l'ordre du rêve. Pourtant sans elle rien n'est vraiment possible. Ces conditions d'existence devraient faire le premier objet de nos revendications, le premier objet des travaux d'un conseil d'école.

      Bernard COLLOT
      article paru dans la revue "École rurale, École nouvelle... Communautés nouvelles» puis repris dans le numéro 100 de "Le Nouvel Éducateur" juin 1998)





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    3. En ces temps de rentrée, offrons-nous le plaisir de quelques pages extraites de Patrick Chamoiseau
      UNE ENFANCE CRÉOLE II
      Chemin d'école
    4. édité chez Gallimard (1994, 1996) disponible à petit prix dans la collection poche Folio

      À l'école maternelle...

      (les petites personnes ou petites gens, les enfants : Man Ninotte, la mère du négrillon (Patrick Chamoiseau); Man Salinière, la maîtresse de l'école maternelle) L'école était douce. Il y allait en courant, Man Salinière la transformait en fête. C'était une autre manière de Man Ninotte, aussi douce, aussi prodigue en disponible tendresse. Sa sévérité n'était pas une menace mais une tutelle compacte. Sa colère n'était qu'un mouvement de sourcil. Et elle ne punissait que par l'indifférence. Le négrillon avait désormais deux manmans, ou plutôt, de Man Ninotte à Man Salinière il glissait sans angoisse. Elle semblait, en fait, à l'école des petites-personnes. Il avait l'impression que c'est lui qui lui apprenait des choses, il pouvait l'émerveiller en lui traçant une lettre, en lui miaulant le Do Ré Mi Fa Sol, en lui dessinant une sorcière, un sapin, un pommier, un flocon de neige, en lui trouvant une couleur dans le mélange de deux autres couleurs. Elle était emballée de le voir découper avec des ciseaux, coller des images, colorier, effacer. Tous ces actes étaient beaux, forts, vaillants. L'ennui c'est que ceux des autres enfants (de sombres attardés que le négrillon trouvait le plus souvent impioks) étaient tout aussi beux, forts, vaillants. Quand il avait le sentiment de commettre une bêtise, Man Salinière ne le voyait jamais, ne l'entendait jamais : dans son monde, les bêtises ne rapportaient rien. Il les réserva donc en grande partie pour sa maison où ça fleurissait bien. (pages 41-42)

      À l'école élémentaire

      La classe était immense. Le tableau démesuré. L'ensemble était effrayant, sonore, plus dépouillé, plus anonyme. On était loin de la quiète atmosphère de chez Man Salinière. Là rien ni personne ne faisait manman. Coeur dégringolé, le négrillon, pas fol, évita les premiers bancs et se réfugia au fondoc de la classe. s'adosser au mur le protégeait d'un côté et lui permettait de disposer d'une vue large de l'inquiétante situation. sourcils amarrés, joues aspirées et langue âcre : il se sentait barré à l'arrière-fond d'une nasse.

      Les autres petites-gens n'étaient pas mieux loties. Il percevait leur inquiétude suintante. Le troupeau s'entredévisageait et dévisageait le Maître à l'oblique en tâchant d'éviter son regard. Il allait-venait autour de son bureau avec un registre d'appel. Il soratait vérifier on ne sait quoi, revenait, signanit des feuilles, ressortait sdans s'occuper de ses captifs rigidifiés. La grande bâtisse résonnait de la montée des Grands vers les étages... Le Maître qui en avait terminé de ses vérifications se planta devant eux, et leur dit d'un ton raide : Permettez-moi sans plus attendrre, nonobstant les aléas du moment, de vous souhaiter bine le bonjourr, messieurs... On se sentit mal. (pages 50-51)

      La sonnerie... C'était la récréation. Quelque petit bougre-fou eut le malheur de se lever-flap. Le Maître bondit sur lui comme une guêpe rouge :Qui vous a dit de vous lever ? C'est vous le chef ici ? Assis, chenapan, graine de galapiat, germe d'escarrpe, bourrgeon de sacrré sacrré-sacrripant !... Ils apprirent dans la sidération que, capitaine à bord de droit divin, le Maître était le seul à régenter les actes. Se mettre debout, c'était lui-même. S'asseoir, c'était lui-même. Ouvrir sa bouche, c'était lui-même. S'asseoir, c'était lui-même. Quand il parlait, les regards et les oreilles devaient se nouer sur lui-même. La mine de chacun se devait d'être attentive, le maintien droit, l'oeil aiguisé. Il fallait lui épargner les mâchouillements de lapin, les bâillements de boeuf au soleil, les sourires d'âne bâté devant du sirop-de-batterie, les caquètements de poules à l'en-bas des pupitres. Avant d'entrer dans son sanctuaire, il y avait l'obligation de s'évacuer la vessie et les tuyaux avoisinants en sorte de n'avoir rien à demander qui ne relève du pur savoir. Le doigt que l'on lève devrait être l'Annonciation terrestre d'une étincelle de l'esprit et non celle toujours navrante d'une urgence scatologique. Pas une mouche ne se devait de voler. Quand la classe avait commencé nul n'avait plus rien à dire ni à soi-même, ni au diable ni au Bondieu et surtout aps à son voisin. Savoirr et bacchanale ne font pas bon ménage, messieurs ! ... Ordrre ! Discipline ! Rrespect ! Maintenant, le prremier rang se lève et sorrt en silence, en orrdrre et discipline. Bien. Maintenant le deuxième rang... (page 59)





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  9. Réunion des parents, réunion des enfants ? ou la réunion des parents organisée par les élèves
  10. Josiane FERRARETTO
    CM1-CM2, école de Durrenentzen, Haut-Rhin

    Suite à un témoignage de Claudine Braun lors d’une rencontre de notre groupe départemental, j'organise chaque année la réunion des parents de la rentrée, un samedi matin, pendant les heures de classe avec l'aide des élèves et ce sont eux qui présentent en partie leur école.
    Cette réunion est annoncée aux parents dès la première semaine mais n'a lieu que fin octobre lorsque les enfants ont pris leurs repères dans la classe.

    Dans un premier temps, chaque élève présente (seul ou par groupe de deux, trois) quelque chose de la classe aux parents, cela peut être du matériel (fonctionnement du lexidata, cahier de vie...) une organisation (les responsables, le travail personnel...) ou un événement vécu (exercice d'évacuation avec les pompiers, notre présence au monument aux morts lors d'un dépôt de gerbe...), chacun d'entre eux interviendra au moins une fois.
    Puis nous passons à une partie plus ludique, l'interprétation d'un sketch, de chants, de poésies.

    Lorsque cette partie est terminée, les enfants (soulagés!) sortent avec ma collègue pour des activités dans la cour ou en BCD pendant que je reste en classe pour répondre aux questions des parents et leur transmettre quelques informations. Nous sommes deux enseignantes pour la classe, mais si ce n'était pas le cas, je demanderais à la collègue de l'autre classe de s'occuper exceptionnellement des deux classes pendant une demi-heure. L'expérience m'a montré qu'il était important que l'ensemble de la réunion se passe pendant les heures de classe et dans la même pièce, pour éviter que les parents ne s'en aillent avant la fin.
    Cette partie de la réunion ne dure en général pas très longtemps, les enfants leur ayant déjà expliqué un certain nombre de choses.
    En général, les parents qui se retrouvent en réunion ont du mal à poser leurs questions, mais là, le fait d'avoir ri ensemble avant, leur permet certainement de se lancer plus facilement et l'ambiance est propice aux échanges. A chaque fois les parents nous remercient d'abord pour le bon moment qu'ils ont passé et parlent de leur joie d'avoir assisté à une réunion où ils ne se sont pas ennuyés. Cette façon de se rencontrer calme également les angoisses de certains d'entre eux face à la scolarité de leurs enfants.

    Préparation de la réunion

    Environ trois semaines avant la réunion, j'explique aux enfants comment nous allons procéder.
    Dans un premier temps, collectivement, nous commençons à lister ce dont ils ont envie de parler à leurs parents. Cette liste évoluera tout au long de la période de préparation, certains thèmes seront abandonnés parce que finalement, il n'y a pas grand chose à en dire et d'autres seront rajoutés parce que cela leur paraîtra important.
    Puis les enfants choisiront un des thèmes et par petits groupes prépareront un texte de présentation. Ce premier jet, en général très sommaire, sera lu à la classe qui donnera son avis. A ce stade de l'année, les enfants n'ont pas encore l'habitude de réagir aux textes des autres ou de se mettre à la place d'un public, c'est donc essentiellement moi qui leur explique les incohérences de leur texte tout en sollicitant constamment l'avis de leurs camarades et c'est ainsi que petit à petit ils finissent par intervenir également. Nous y reviendrons chaque jour jusqu'à ce que les textes soient tous «présentables» (ce qui ne veut pas dire parfaits, mais qu'ils expliquent ce que les élèves veulent présenter, de manière suffisamment claire pour être compris par un public extérieur à la classe !) Tout en préparant cette réunion, nous abordons, comme à chaque fois d'ailleurs que nous effectuons collectivement des corrections de textes, de nombreux points du programme : les synonymes pour éviter des répétions, les différents registres de langage, les pronoms et leur utilisation correcte, le registre lexical : choix du terme exact...
    A la fin de cette préparation, les enfants ont donc découvert (ou revu) plein de notions de français sans s'en rendre compte. Ils ont d'ailleurs l'impression de ne pas avoir «travaillé» c'est pourquoi avant même la réunion, il est important d'en faire le bilan avec eux pour leur faire prendre conscience de leurs apprentissages.

    Pour la deuxième partie de la réunion, il n'est pas difficile de trouver des textes que les enfants puissent théâtraliser. L'essentiel est que chacun ait un rôle, grand ou petit suivant son envie et sa capacité à s'investir.
    Certains n'ayant qu'un petit rôle, se révéleront d'autre part d'excellents organisateurs et assureront un déroulement sans faille du spectacle en préparant tout le matériel nécessaire au fur et à mesure. La discussion en classe après la réunion leur fera prendre conscience que la réussite est due à la conjugaison de tous les talents.
    Je demande aux enfants de ne pas en parler aux parents avant la réunion afin de ménager la surprise. La plupart s'y tiendra et fera preuve d'imagination pour trouver de l'aide pour répéter en cachette, sans faire appel aux parents.

    Les textes utilisés font l'objet (ou viennent en complément) d'un travail. Par exemple, en littérature, suite à l'étude d'une fable de La Fontaine, les enfants ont présenté un petit sketch intitulé «le renard et les trois corbeaux» ainsi que des parodies de la fable «le corbeau et le renard».
    Suite à l'étude de contes traditionnels, ils ont interprété « le procès du loup » et se sont posé beaucoup de questions sur le fonctionnement de la justice.
    La présentation du sketch «La mauvaise note» ou les treize manières d'annoncer une mauvaise note en douceur à la maison, a permis de discuter sur le rôle de l'école et des évaluations...

    Deux jours avant la réunion

    les enfants se répartissent les parties de textes à lire au sein de chaque groupe, puis s'entraînent devant la classe. Chacun repère à quel moment et avec qui il doit intervenir. Ils s'entraînent également à anticiper leur intervention en se préparant discrètement pour être prêts à enchaîner dès que leurs camarades ont terminé. En général les jours de répétition sont assez animées et on se dit que ça ne marchera jamais. Pourtant le jour de la réunion, l'attention (la tension?) est telle qu'il n'y a pas un bruit dans la classe et que les interventions se suivent sans aucun temps mort et en dehors de toute ingérence de l'enseignant qui après avoir accueilli les parents sera presque un spectateur comme les autres.

    Le jour de la réunion

    Ce jour-là, les enfants sortent en récréation vers 9h45. Quelques volontaires restent en classe pour aider à déménager des chaises et des bancs pour les parents qui se serreront au fond de la classe.
    Les parents sont invités pour 10h
    A la fin de la récréation, les enfants rentrent en classe et préparent ce qu'il leur faut pour la présentation de la classe et le spectacle, quand tous seront installés, quelqu'un ira chercher les parents. Presque toutes les familles sont représentées, souvent les parents viennent à deux.
    L'ensemble de la réunion dure en général une heure dont 30 à 40 minutes pour la partie avec les enfants. La réunion se prolonge souvent par des discussions avec quelques parents dont certains en profitent pour prendre un rendez-vous

    Bilan de la réunion

    Après une très courte discussion sur la réunion, juste de quoi amorcer, je note une série de questions au tableau (qu'avez-vous pensé de la réunion? Que ressentiez-vous pendant, après la réunion? en avez-vous discuté avec vos parents ? Pensez-vous avoir appris quelque chose pendant cette réunion? Si oui, quoi? ...) et je demande à chacun de répondre par écrit. Pendant ce temps, je passe dans les rangs pour aider ceux qui ont du mal à se lancer ou encourager certains à préciser leur réponse.
    Ensuite ceux qui le souhaitent lisent leurs réponses. Les autres peuvent intervenir pour donner leur avis, demander une précision...
    A la fin de ce moment de bilan, je ramasse les feuilles après leur avoir laissé un moment pour rajouter une idée qui leur est venue, une réaction avec laquelle ils sont d'accord et à laquelle ils n'avaient pas pensé, la réponse à une question qui leur a été posée...
    Ces bilans individuels seront mis au propre et collés dans leur cahier de vie ainsi que les textes de présentation de la classe qu'ils ont préparés.

    À la place d'une réunion (maintenant imposée par l'Administration ) qui est une corvée et pour nombre d'enseignants et pour nombre de parents, et dont les enfants, pourtant principaux intéressés sont généralement tenus à l'écart, je préfère cette façon de présenter la classe aux parents ; en accord avec nos choix éducatifs fondamentaux, elle leur permet de constater que dans cette classe les enfants apprennent à s'exprimer, qu'ils sont invités à assumer des responsabilités, que les apprentissages se font dans la coopération et l'entraide, et qu'on peut prendre plaisir à travailler.






    En annexe :

    1. Des textes d’enfants présentant les activités de la classe

    2. Des bilans de la réunion rédigés par les enfants

    3. Un texte d’un parent d’élève

    1. Textes d’enfants présentant les activités de la classe

      • Notre maîtresse principale est madame Ferraretto .
        Les lundis et certains samedis, madame Steinlé est notre enseignante.
        Avec madame Steinlé le matin nous apprenons différentes chansons, en tout premier nous avons chanté Amstrong de Claude Nougaro et en deuxième « la ville que j'ai tant aimée » de Try Ann. L'après midi nous faisons du sport et quand on a fini de courir, nous rentrons et nous faisons de l'histoire. Avec elle nous apprenons aussi la conjugaison, nous révisons les tables de multiplication et nous apprenons à résoudre des problèmes.
        Avec madame Ferraretto, nous travaillons en géométrie et en maths, en géographie, en arts plastiques, en littérature, poésie, observation de la langue française, en sciences et techno, expression écrite, nous nous entraînons à taper des textes.

        Eva



      • L‘allemand

        Nous travaillons en deux groupes.

        Notre professeur d’allemand s‘appelle Frau Véra Graff, elle vient le mardi après-midi et le Vendredi après-midi pour nous apprendre l'allemand.
        Pour faire allemand nous allons dans une salle du bâtiment préfabriqué.
        Pendant que le premier groupe va en allemand, les autres font du travail personnel en classe. Puis on échange, le deuxième va en Allemand et le premier groupe fait du travail personnel .
        En ce moment, on apprend à dire les noms des fruits et légumes.
        La classe aime plus ou moins l’allemand.

        Magali, Elisa



      • Les correspondants

        Nous avons des correspondants de Rixheim.
        Quand nous avons reçu les premières lettres, nous les avons lues, c'était surprenant et impressionnant, elles étaient bien pliées et bien décorées.
        C'était émouvant parce que c'était la première fois que nous avions des correspondants. C'était dur de choisir notre correspondant, presque toutes les lettres nous plaisaient. Quand nous les avons lues, nous avons choisi un correspondant qui avait un peu les mêmes goûts que nous.
        Dans notre réponse nous nous sommes présentés en disant ce que nous aimons, ce que nous n'aimons pas, ce que nous détestons etc. Après nous l'avons assemblé comme un livret et pour faire plus drôle nous avons coupé toutes les pages en deux et tout notre texte peut se mélanger.

        Maxime et Sambre



      • La Gerbe d’histoire d’enfants

        C’est un petit livret avec beaucoup de textes.
        La Gerbe paraît 5 ou 6 fois par an.
        Plusieurs écoles envoient des textes à la Gerbe pour qu’ils soient publiés.
        Dans la classe, il y a 2 responsables de la Gerbe. Ils lisent la Gerbe, trouvent des textes intéressants et nous les lisent.
        «- Ce n’est pas facile de choisir les textes, ils sont tous très bien.» nous a dit Ludivine (responsable)
        Léo semble dire tout à fait le contraire : «C’est facile, il faut choisir un ou deux textes et savoir pourquoi on l’a choisi ! Etre responsable c’est super !»
        15 écoles environ y participent.

        Nous écrivons des textes, puis choisissons ceux qui sont drôles, poétiques, bien écrits ou avec des rimes... et de temps en temps nous les envoyons à ceux qui s'occupent de la Gerbe.

        Marine et Nancy



      • Le bus

        Le bus emmène les enfants dans les 3 écoles du RPI.
        Les premiers montent dans le bus à Widensolen.
        Nous descendons du bus rang par rang.
        A Widensolen quand Monique siffle nous savons que c'est l'heure de monter dans le bus.
        Monique nous a appris à descendre rapidement, grâce à elle nous avons été prêts pour l'exercice d'évacuation.
        Pour que le bus reste propre, nous ne devons ni manger ni boire dans le car.
        Dans le bus nous devons respecter ces consignes:
        ne pas crier mais chuchoter
        ne pas toucher aux vitres ni aux cendriers
        ne pas se lever tant que le bus roule
        ne rien laisser traîner dans le passage
        ne pas gêner ceux qui descendent ou ceux qui montent

        Philippe et Brenda



      • Les responsables

        Pour que la classe fonctionne mieux, pour que tout le monde participe à la vie de la classe, pour éviter qu'il n'y ait du désordre, pour être plus efficace et pour avoir une classe agréable, nous avons des responsables qui s'occupent de certains services.
        Les responsables du cochon d'Inde changent la cage, lui donnent à manger et lui tiennent compagnie.
        Les responsables des ordinateurs les allument quand on veut y travailler et les éteignent après.
        Les responsables de distribution doivent distribuer les cahiers et feuilles ou les ramasser.
        Le responsable du tableau doit l'effacer, écrire la date... et que ça brille!
        Les responsables de la Gerbe doivent choisir des textes (qui ont été écrits par différentes classes) et les présenter à toute la classe, .
        Les responsables des jeux doivent sortir et ranger les jeux pendant les récréations pour les deux classes.
        Les responsables du sommaire doivent écrire ce que nous étudions : Si nous étudions l' histoire ils doivent marquer H1, H2 et tout le reste.

        Wendy et Ludivine



      • Les ordinateurs

        Dans la classe nous avons six ordinateurs, nous y tapons souvent des textes, nous utilisons Lectra un logiciel qui nous permet de travailler les autodictées. Nous avons aussi un logiciel pour les calculs.
        Les institutrices nous préparent aussi des travaux pour quand nous avons du temps libre.
        Nous avons aussi préparé des textes pour les correspondants sur les ordinateurs. Les responsables des ordinateurs les allument et les éteignent.
        Dans le préfabriqué se trouvent aussi plus d'ordinateurs, ce qui est bien utile pour nous...
        Bref... nous nous servons souvent des ordinateurs.

        Pauline et Clémence



      • Le cochon d'Inde

        Notre cochon d'Inde s'appelle Black, c'est un nom Anglais qui veut dire «noir». Il se nourrit de maïs, de pain dur, de pommes, de carottes et il raffole du pissenlit. Il use ses dents quand il grignote du pain dur sinon elles seraient très longues.
        Les cochons d'Inde aiment qu'on les porte. Certains ont des poils longs, d'autres ont des courts.
        Notre cochon d'Inde a un problème, un jour quelqu'un l'a porté et l'a laissé tomber, depuis il a peur quand on le porte.
        Nous sommes contents d'avoir un animal en classe pour pouvoir l'observer, pour nous en occuper. Il est mignon et on a envie de le toucher. Il nous apporte de la compagnie et c'est une occasion pour ceux qui n'ont pas d'animal à la maison.

        Thibaut et Jordan



      • Les délégués USEP

        Les délégués ont participé à une réunion de l'association USEP. Nous avons donné des idées aux délégués qui les ont transmises aux parents et aux enseignants.
        Nos délégués sont Thibaut et Jordan. La classe les a votés.
        D'abord les candidats se sont présentés, ils ont expliqué pourquoi ils voulaient être délégués.

        Adrien et Christian





    2. Quelques exemples de textes de bilan rédigés par les enfants

      • Pendant la réunion, j'avais un peu peur.
        J'ai aimé quand on a présenté le sketch, j'ai aussi aimé la poésie mais je ne savais pas tout parce que un copain récitait l'autre moitié.
        J'ai aussi aimé quand on a présenté la classe avec des petits textes.
        Après la réunion, on a fait le jeu du chef d'orchestre et on a appris un nouveau jeu qui s'appelle le jeu du Rhône. Puis on a fait le téléphone arabe.
        C'était bien !
        Mes parents m'ont dit que toute la réunion était très bien et que le sketch était bien joué.

        Baptiste



      • J'ai beaucoup aimé le sketch parce que quand je suis venue avec la perruque sur la tête, les parents ont tous rigolé.
        Au début, par groupe de deux ou trois, on a lu des petits textes qui parlent des ordinateurs, du sport, de l'art plastique, de l'allemand...
        Pendant la réunion la maîtresse a dit aux parents comment ça se passe à l'école.
        Mes parents m'ont dit que je devais continuer à bien travailler.

        Nina



      • Je pense que mes camarades ont fait confiance à leurs copains. Ils se sont dit qu'ils avaient bien appris leur texte pour ne pas gâcher tout le sketch.
        Je pense qu'avant la pièce, ils avaient le trac, mais après ils étaient contents de ce qu'ils avaient fait.
        Moi, je n'étais pas là. C'est dommage, parce que je pense qu'ils se sont bien amusés. Je pense que les parents étaient contents de leurs enfants.
        Ceux qui avaient très bien appris leur texte n'aimaient pas trop que les autres bégaient.
        Guillaume a certainement bien joué son rôle de loup parce que ça lui va bien.

        Carla



      • J'ai bien aimé la réunion.
        En la faisant, j'ai appris qu'il ne fallait pas avoir peur.
        Je ne me sentais pas très bien quand j'ai fait mon poème, en plus Dimitri qui devait le dire avec moi, ne l'avais pas appris, alors j'ai dû le dire en entier et toute seule.
        On a aussi parlé de la classe et j'ai lu le texte des responsables avec Mégane. Avant, on s'était partagé le texte et on s'était entraîné pour bien le lire devant les parents.
        J'ai bien aimé le sketch.

        Géraldine



      • J'ai bien aimé quand on a commencé à faire le sketch. J'ai surtout aimé quand le juge s'est fait manger à la fin.
        Je n'ai pas trop aimé quand Dimitri n'a rien dit à la poésie avec Géraldine.
        J'ai bien commencé la poésie, seulement vers la fin, j'ai hésité et je restais accrochée aux mots. Je n'étais pas trop à l'aise au début mais après je me sentais bien.
        Après on est sorti dans la cour pendant que la maîtresse discutait encore avec les parents.

        Mégane



      • Avant le sketch, j'ai senti qu'il sera bien! Moi, j'étais Monsieur Seguin et j'avais une chapeau et une canne.
        Quentin et moi, on a lu le texte de la conjugaison.
        A la maison, mon père m'a dit que je devais faire mes devoirs et que la maîtresse signera le cahier de texte. Quand il rentrera le soir il veut voir mon cahier de texte avec la signature.

        Jérémy



      • J'ai trouvé que le sketch était très bien, les parents ont rigolé. Ils ont adoré!
        En récitant la poésie, j'ai eu un peu peur.
        Réciter devant les parents m'a fait du bien et ça leur a fait plaisir.
        A la fin du sketch, la maîtresse a parlé avec les parents. Ma maman m'a dit qu'on pouvait ramener les classeurs à la maison pour les montrer.

        Camille



      • Avant la réunion, je me sentais toute tremblotante, j'avais le trac parce qu'on devait faire le sketch.
        Après, j'étais soulagée. Mon papa m'a dit que j'avais bien joué le rôle de l'avocat.
        Après le sketch, on a joué au téléphone arabe. On a bien rigolé avec madame Strabach dans la cour.
        Je pense avoir appris à jouer devant un public. Ça m'a aussi aidé à savoir apprendre mes devoirs sans mes parents.

        Morgane



      • J'avais peur que la réunion se passe mal mais tout s'est passé comme sur des roulettes.
        J'ai aimé quand Nina déguisée en grand-mère, est arrivée. J'avais le trac mais tout s'est bien passé, même très bien passé.
        Mes parents ont dit qu'il faut continuer à jouer des sketchs et à bien les apprendre.
        J'ai appris que c'était normal d'avoir le trac parce qu'on a peur de ne pas réussir mais on réussi souvent.

        Quentin



      • Je trouve que le sketch et la réunion étaient bien.
        J'ai appris à préparer et à faire des sketchs.
        Après la réunion, on a dansé et on entraînait la voix avant de chanter.
        J'avais oublié d'apprendre ma poésie et je l'ai apprise un jour avant, je suis resté accroché aux mots, j'ai aussi mal lu.

        Thomas



    3. Le texte d'un parent d'élève

      Le texte ci-dessous a paru dans la feuille d'information de l'Association de parents d'élèves, «1, 2, 3 Soleil», en novembre 2004

      Chic chic, papa, maman, j'ai eu zéro en géo !

      Nous, les parents de CM2, faut bien le reconnaître, on est un peu comme nos enfants : on a déjà tout vu...
      Invité par la maîtresse ce samedi matin, on sait bien de quoi elle va nous parler, les questions qu'on va lui poser, et les réponses qu'elle nous apportera.
      Et patatra !!! Nous sommes accueillis par nos enfants. Chacun à leur tour, des binômes nous expliquent avec leurs mots le fonctionnement de la classe et de ses différentes activités (nous, en CM2, on fait 30 tours de terrain en 35 mn -si si, ils sont forts nos petits). En sciences, en géo, en mathématiques, en allemand... ce que j'aime, ce que j'aime moins, pourquoi j'aime et pourquoi j'aime moins, et les prépas de dictée, et tout et tout.
      Avez-vous des questions ? pas de questions.
      Et maintenant, pauvres parents, vous qui êtes si fatigués le soir après votre rude journée, comment vous annoncer mes mauvais résultats à l'école ? Et s'en suit une série de sketchs, plutôt bien joués, de l'art d'améliorer une catastrophe.
      (« Dis, Jordan, où est ton bulletin ? - Je l'ai passé à Clément pour qu'il fasse peur à son père...) et tout à l'avenant. Rires ; sourires ; fou-rires.
      Après quoi les enfants sortent ; parents et enseignants (elles sont 2 en CM2) peuvent échanger en toute décontraction.
      Merci les enfants (mais bon, c'est les nôtres...). Merci Mesdames, on a passé un bon moment.

      Bernard







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