DOCUMENTATION     INTERNATIONALE

 


U. S. A.

 

L'Education progressive

ose-t-elle être progressive ?

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Sous ce titre, la revue « Progressive Education » d'avril 1932, publie une conférence de l'éminent pédagogue G. Counts, l'un des directeurs de l'Institut International de Pédagogie de New-York. Au lendemain du congrès de Nice qui a si brillamment montré combien l'éducation nouvelle est nouvelle dans sa forme, et non dans son fond, il est intéressant de donner un aperçu de cette conférence qui pose la question de pédagogie sociale comme un défi et qui a soulevé à Baltimore une vague de controverse.

 

L'Association de Progressive Education groupe parmi ses membres, les esprits les plus hardis, les plus géniaux de ceux qui s'occupent d'éducation en Amérique. Mon espoir est que cette ligue ne disperse pas toutes les énergies et qu'elle développe toutes les possibilités. Mais pour cela, il faut qu'elle se dégage d'un certain optimisme trop facile et qu'elle s'occupe plus positivement, plus effectivement qu'elle ne l'a fait jusqu'ici de la situation sociale en Amérique.

Pour la plupart des Américains, le mouvement de Progressive Education présente des caractéristiques bien définies : il centre l'attention sur l'enfant, il reconnaît l'importance fondamentale de l'intérêt, il place l'activité à la base de toute vraie éducation, il conçoit l'étude comme une forme de la vie et proclame les droits de l'enfant à être une personnalité libre. Tout cela est très bien, mais à mon avis, ce n'est pas suffisant, cela constitue une conception trop étroite de l'éducation, cela ouvre un horizon trop borné.

Un mouvement qui s'appelle « progressif » doit avoir une direction, il doit être orienté. Le mot lui-même, implique un mouvement en avant, et un mouvement suppose un but bien défini. Vous me direz que votre but est le développement idéal de l'individu. Mais on ne peut concevoir des individus parfaits ; en dehors d'une société idéale et on ne peut parler d'éducation idéale sans une société idéale.

La grande faiblesse de l'Education Progressive réside dans le fait qu'elle ne se base sur aucune théorie sociale sauf sur l'anarchie ou l'extrême individualisme. En cela, elle reflète l'esprit de la classe petite bourgeoise qui fournit, en majeure partie, les contingents des écoles progressives. Les gens de cette classe sont bien aisés ; ils ont aban­donné les croyances de leurs pères et adopté une attitude d'indifférence curieuse, à l'égard de toutes les questions importantes ; ils sont fiers de leur largesse d'esprit et de leur to­lérance ; ils ont une prédilection pour un sage programme de réformes mi-libérales et sont pleins de sentiments de bienveillance et de sentiments généreux ; ils aspirent va­guement à la paix du monde et à la fraternité humaine ; on peut compter sur eux pour répondre raisonnablement aux appels faits en faveur des droits de l'humanité ; ils souffrent sincèrement à la vue de cer­taines formes extraordinaires de la misère : ils servent à amortir les chocs trop rudes des forces profondes qui mènent le monde. Mais malgré toutes leurs qualités, ils n'ont pas une loyauté assez forte ni assez constan­te ; ils ne possèdent pas des convictions as­sez profondes pour s'y dévouer, ils trouve­raient vraiment la vie dure sans leur stan­dard habituel de confort matériel ; ils sont insensibles aux formes acceptées de l'injustice sociale ; ils se contentent de jouer le rôle de spectateur intéressé, dans le drame de l'histoire de l'humanité ; ils refusent de voir la dure réalité dans ce qu'elle a de désagréable et le jour où il faudrait sérieuse­ment choisir ils suivraient les plus puissantes et les plus respectables forces de la so­ciété, et en même temps, trouveraient de bonnes raisons pour jusifier leur conduite. Ces gens ont montré qu'ils étaient absolu­ment incapables de faire quelque chose dans les cas de grandes crises ; ils sont au fond des sentimentaux romanesques ; il nous semble tout à fait impossible qu'ils puis­sent élaborer des théories éducatives et nous tracer des programmes.

Parmi les membres de cette classe, le pourcentage des naissances est très peu élevé, les familles peu nombreuses, les revenus importants et la participation des enfants à l'éconornie de la maison très réduite. Rien d'étonnant à ce que dans ce milieu où l'enfant est l'objet de soins minutieux, une théorie éducative tendant à l'intéresser soit la bienvenue. Les parents tiennent à éviter à leur progéniture tout effort trop pénible, ou tout contact trop étroit avec la vie des travailleurs sales. D'ailleurs, il désirent que leurs fils, et leurs filles arrivent à une situation qui leur permette un train de vie respectable et leur fasse honneur. Faisant eux-mêmes partie d'une société bien élevée, ils ne veulent pas davantage les voir embrasser une doctrine sociale, extrémiste ni épouser une cause mal famée. A leur avis, l'éducation doit se mêler à la vie, mais tout en gardant ses distances ; ils voudraient vraiment que leurs enfants voient la vie, mais en la tenant à bras tendus et encore avec des pincettes.

Pour être franchement progressive, l'éducation doit se libérer de cette influence de classe, regarder courageusement en face tous les évènements sociaux, se mêler à la vie même dans ce qu'elle a de plus sombre réalisme, établir des contacts avec la vie publique, propager une théorie large et pratique du bonheur commun, et avoir moins peur du spectre du « sectarisme ». En un mot, l'Education progressive ne doit pas bâtir ses programmes en dehors de ce qui intéresse l'enfant mais elle peut mettre sa confiance dans l'école qui a pour centre unique l'enfant.

Le besoin de baser l'Education progressive sur une théorie sociale opportune est particulièrement impérieux aujourd'hui. Nous vivons en des temps si troublés que pour trouver une époque comparable à la nôtre, il faudrait probablement remonter à la chute des anciens empires et même à cette période antédiluvienne où l'homme ayant abandonné la pêche et la chasse fit ses premières expériences d'agriculture et se fixa. Nous assistons à l'aube d'une civilisation basée sur la science, la technique ; et le machinisme est en train de faire du monde une vaste et unique société, aussi, nous ne pouvons pas quitter des yeux la scène sociale.

Considérez la situation dans laquelle nous nous trouvons. Combien les dieux doivent se moquer de la folie humaine ! Lequel de nous, s'il n'avait été dressé par nos institutions pourrait en croire ses yeux et ses oreilles au spectacle de notre situation économique ou aux dissertations de nos grands leaders financiers ou politiques. Notre société a maîtrisé les forces de la nature de façon à surpasser les rêves les plus extravagants de l'antiquité et nous nous trouvons dans une extrême pénurie matérielle ; une atroce pauvreté va la main dans la main avec le luxe le plus effronté qu'on ait jamais vu ; nous voyons une surabondance de biens jointe à la misère et à la faim ; nous reconnaissons sérieusement que l'excès de production est la cause fondamentale de la misère physique ; des enfants affamés vont en classe passant devant des magasins en faillite pleins d'aliments riches venus de tous les coins, du monde ; des millions d'hommes bien portants courent les rues à la recherche d'un travail ; des soi-disant capitaines d'industries ferment leurs usines sans avertissement et renvoient les ouvriers qui, par leur travail pendant des années, leur ont édifié des fortunes ; de plus en plus les machines remplacent les hommes et augmentent le contingent des chômeurs ; le parasitisme, légal ou non, est devenu si commode qu'il semble passer dans les moeurs ; les salaires des travailleurs sont trop médiocres pour leur permettre d'acheter les biens qu'ils produisent ; la consommation est subordonnée à la production et la science psychologique employée à l'abrutissement ; des commissions gouvernementales ordonnent aux producteurs de coton de détruire un quart de leur récolte afin de maintenir les prix élevés ; nos plus responsables leaders, ne sachant quelle mesure prendre, rivalisent de zèle à prédire un avenir prospère.

Mais le présent est aussi plein de promesses que de menaces. L'avenir est gros de possibilités : notre civilisation est la plus avancée qui n'ait jamais été ; nous ne pouvons plus supporter que les beaux fruits de la civilisation croissent sur l'exploitation des masses. Si nous en croyons nos ingénieurs, l'utilisation totale de la technologie nous rendrait capables de produire plusieurs fois plus que nous ne produisons en réduisant de moitié le jour de travail, l'année de travail, la vie de travail... En d'autres termes nous tenons dans nos mains le pouvoir de nous introduire dans une ère d'abondance pour tous et de bannir à jamais la pauvreté de notre planète.

Le moyen d'arriver à ce but semble être de demander seulement des transformations fondamentales dans notre système économique : la coopération doit remplacer la concurrence, une organisation prévoyante et soigneuse doit remplacer la recherche du gain, une forme quelconque d'économie socialisée doit remplacer le capitalisme.. Or, des changements de notre système économique demandent forcément des changements dans notre esprit. Déjà, nous pouvons dire que l'économie de notre ­monde, dans son fonctionnement est coopérative maintenant que les distances sont abolies, les nations toutes dépendantes les unes des autres. L'ère de l'individualisme est passée.

A ceux qui craignent qu'un système économique organisé, socialisé, soit une entrave à la liberté individuelle, je répondrai par plusieurs arguments :

D'abord, que la liberté de chacun dans une certaine mesure soit limitée, cela est évident, nul ne pourrait construire une usine, établir une voie ferrée où bon lui semblerait, comme personne ne pourrait amasser une fortune en se servant des institutions d'un pays. Mais aussi, par une économie sagement réglée on pourrait atteindre un degré de liberté tel que l'humanité n'en a jamais connu. La liberté qui n'est pas basée sur la sécurité n'en est pas une. A côté du droit de manger et de travailler, le droit de vote est une pécadille. La ploutocratie seule est libre à cause de ses revenus. Si chacun de nous était assuré de pouvoir satisfaire ses besoins, dégagé de soucis matériels, il pourrait s'occuper en toute tranquillité d'esprit des questions plus importantes de la vie. La réduction des heures de travail et l'abondance matérielle auraient des répercussions dans l'art, la religion, la morale, le gouvernement du pays, toutes les branches de l'activité humaine.

Quand je dis que l'Education progressive devrait affronter tous ces problèmes, je ne veux pas simplement dire qu'elle doit s'organiser pour enseigner les questions économiques, politiques ou autres. Cela bien sûr doit se faire - mais, à moins que notre mouve-ment veuille s'intituler « Education Contemplative » ou « Education Bienveillante », il doit aller plus loin, A mon avis, un mouvement qui veut porter honnêtement son épithète de « progressif » doit s'engager dans une tâche plus positive, dans la création d'une nouvelle manière de vivre ; il doit réaliser ce que nous appellerons le « rêve américain » : J'entends par là une vision de la société dans laquelle la masse des hommes soit aisée, ait une vie enrichie et ennoblie, une vie en harmonie à la fois avec les réalités matérielles de notre époque et avec les aspirations profondes de l'homme.

Mais, me direz-vous, vous nous conduirez dans un passage dangereux, loin des limites, dans lesquelles l'éducation avait l'habitude de se confiner. Ma réponse sera affirmative. La neutralité vis à vis des grands évènements publics est pratiquement le soutien du droit du plus fort. Vous me direz aussi que je frise la proclamation du sectarisme ; et je vous répondrai encore par l'affirmative, ou tout au moins je vous dirai que le mot ne m'effraie pas. Nous sommes tous certains que dans toute société l'enfant est influencé par ses aînés, par son milieu. - Que l'école l'influence dans un sens contraire ne peut lui faire un grand mal. Tout au plus l'éducation peut agir sur lui comme un contrepoison à son étroitesse d'esprit et à son égoïsme

Je voudrais aussi vous faire observer qu'une règle de vie imposée ne borne pas nécessairement l'esprit, ne tarit pas les sources de l'énergie ; tout dépend de l'adaptation aux circonstances. Vraiment, une organisation raisonnable peut illuminer le monde, libérer les énergies de la jeunesse et donner aux différents aspects de la vie leur importance. Une façon de vivre, telle que je la conçois, soutenue et illuminée par la vision d'une Amérique future infiniment plus juste, plus noble, plus belle que celle d'aujourd'hui devrait être le droit précieux et inviolable de tout enfant venant au monde dans notre pays.

Il est tout à fait douteux que nos écoles progressives entravées comme elles le sont par la clientèle qu'elles servent et par leur façon intellectuelle d'envisager la vie, puissent être progressives au sens réel que j'ai esquissé, ici. Pourtant, à mon avis, c'est là la tâche essentielle de l'éducation à l'époque où nous vivons.

 

  

Tr.  J.  LAGIER-BRUNO.

 

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L'ÉCOLE SOVIÉTIQUE

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Notre rubrique sur l'école soviétique au travail est attendue avec curiosité et intérêt par tous les camarades. Nous sommes en train d'établir une liaison sérieuse avec nos camarades soviétiques et nous espérons pou­voir bientôt alimenter une rubrique unique dans la presse pédagogique, donnant à côté d'aperçus généraux sur le travail scolaire des détails sur l'application des techniques, détails fournis souvent par les éducateurs soviétiques eux­-mêmes.

Nous répétons ce que nous avons précisé au congrès. Nous ne donnerons pas dans notre bulletin de documentation générale sur la pédagogie russe. Nous l'étudierons pour ainsi dire en fonction de nos techniques. Nous irons chercher dans la pédagogie soviétique des appuis pour développer et perfectionner nos techniques. Nous ferons d'ailleurs la même chose pour la pédagogie des autres pays.

Nous nous sommes tracés un programme précis que nous avons présenté aux éducateurs soviétiques. Nous en donnons ici les principaux points :

 

L'expression libre de l'enfant (journaux muraux, journaux d'usine, journaux scolaires) ;

2° La liaison de l'école à la vie, des divers enseignements à la vie ambiante et l'activité des adultes ;

La langue maternelle et l'enseignement scolaire ;

Les sciences et la vie agricole ou ouvrière ;

Le calcul et la vie - comment ils sont liés.

Les techniques de travail en U.R.S.S. : 

 a) celles importées de l'étranger, comment elles sont appliquées, comment elles ont évolué ;

b) techniques originales, expérimentées plus spécialement (plan Dalton, méthode « Project », méthode Cousinet, Decroly...) ;

c) le travail manuel et ses applica­tions scolaires…

d) promenades et excursions en U. R.S.S. ;

e) les soins corporels, l'éducation physique ;

f) la coopération, régulatrice du psychisme.

4° L'enseignement maternel en U.R..S.S. : méthodes et procédés.

La correspondance interscolaire, nationale et internationale.

Le cinéma ; le théâtre éducateur, le théâtre révolutionnaire, l'évolution du théâtre pour enfants.

La radio.

Les disques.

Nous signalerons de plus les revues et livres étrangers et notamment russes qui peuvent intéresser nos lecteurs.

Nous estimons qu'aucun éducateur ne devrait ignorer l'essor merveilleux de l'éducation soviétique. Les Russes ont révolutionné la pédagogie. Leur expérience s'est appuyée sur les méthodes reconnues jusqu'à ce jour comme les plus modernes et porte sur plus de cinquante millions d'enfants.

Si notre liaison avec l'école soviétique concrétise une fois de plus aux yeux de nos lecteurs qu'une transformation de l'école ne peut avoir lieu sans une transformation radicale du régime social, si elle nous permet de perfectionner nos techniques dans l'école bourgeoise malgré le régime, si elle nous fait aimer le grand effort de libération que constitue la révolution russe et ainsi participer à sa défense - nous n'aurons pas perdu notre temps.

Encore un mot : les camarades nous excuseront si, au début, notre nouvelle rubrique ne reflète pas le caractère pratique et concret que nous vouIons lui donner. Nul n'ignore les obstacles considérables qui gênent tout effort international. Mais nous nous sommes mis résolument à la besogne ; nous pouvons déjà compter sur la collaboration de nombreux camarades étrangers. Nous pensons être bientôt en mesure de combler véritablement un vide dans la presse pédagogique actuelle.

 

M. BOUBOU et C. FREINET.

La méthode « Project »

dans l'école polytechnisée

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Méthode moderne de l'école bourgeoise, ayant son origine dans les conditions de l'école américaine, la méthode « Project » a subi bien des transformations pour s'adapter aux conditions de l'école soviétique.

Avant tout, la méthode soviétique lutte radicalement contre les trois caractéristiques de la méthode américaine : contre « l'aférisme », contre ces sujets qui n'ont qu'une signification pratique trop étroite, contre cette trop large latitude laissée aux élèves de choisir eux­-mêmes leurs sujets dans leur vie personnelle ou familiale et non dans les besoins de la collectivité.

Mais en luttant contre la conception bourgeoise de la méthode « Project » nos éducateurs sont souvent tombés dans un travers qui leur fait considérer la méthode américaine comme devant remplacer les méthodes soviétiques : celle des « sujets­complexes », celles des « concours d'émulation », et celles des « brigades de choc » (groupes scolaires d'entraînement composés d'éléments pleins d'ardeur à l'étude).

Voici quelle doit être la place de la méthode « Project » dans l'école soviétique :

Si nous considérons l'organisation du travail pédagogique, basé sur le système des complexes, nous constatons qu'elle fait une place aux sujets pratiques de la participation des enfants à l'édification socialiste, aux tâches dans lesquelles se trouve directement réalisée l'union de la théorie avec la pratique. Nous désignons ces tâches très importantes, grâce auxquelles les élèves sont initiés à l’édification socialiste, par le terme de « projets » et la méthode qui préside à l'élaboration de ces tâches est appeIée méthode « Project ».

Mais ceci, ce n'est pas la méthode, c'est la forme de l'enseignement à donner. Il est évident que si la classe se contente de déterminer une tâche de préparer un « projet », elle dévie de la méthode qui exige non seulement la détermination d'un projet, mais aussi son accomplissement. Il faut dire aussi qu'on ne comprend pas vraiment la méhode si l'on ne considère que la partie pratique : il ne faut pas séparer la théorie de la pratique.

L'organisation de la méthode « Project » comporte quatre étapes :

1° Le sujet se rattache à la tâche générale pratique de participer à l'édification socialiste. La tâche du « projet » peut être confiée à toute l'école, à une classe ou le plus souvent à des groupes spéciaux (brigades) ;

2° Programme de travail : plan général, explications théoriques, classification des matériaux, des instruments, etc..., emploi du temps, prévision des résultats, distribution du travail ;

3° Réalisation de la tâche ainsi étudiée et distribuée ;

4° L'estimation (jugement) qui commence dès le choix de la tâche, se poursuit durant le travail et constitue la conclusion générale du travail.

 

Si on évite les déviations, la méthode « Project » devient une forme importante de travail à l'école soviétique.

 

T. HARBOUZ.

Du résumé en Espéranto de :

Voie de l'Education, Kharkov

avril 1931.

 

 

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L'étude des éléments

                    du travail industriel

par Victor DANILEVSKI

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Pour le développement de l'industrie socialiste, il est de toute nécessité que le travailleur reçoive une éducation polytechnique, qu'il soit mis à même de diriger son intelligence de tous les côtés, qu'il soit l'acteur réfléchi ou l'ordonnateur compétent, chargé de la réalisation d'un travail dans ses différentes phases, l'élément actif, conscient de sa participation à toute l'édification économique socialiste. Dans le régime capitaliste, ce travailleur-là n'a pas sa raison d'être. Le capitalisme n'a besoin que d'un « accessoire » vivant et muet ajouté à la machine : l'esclave de la machine.

L'exemple le plus frappant de cette tendance de la production en régime capitaliste, c'est l'abondance voulue de la main-d'oeuvre non qualifiée dans les pays où règne le capitalisme. Le directeur d'un Office des cadres de spécialistes à New-York, a clairement défini l'ouvrier qui convenait au régime (1928). Il réclamait « l'industrialisation des anormaux ». « Il est facile, disait-il, de faire travailler des centaines de milliers d'anormaux qui, naturellement, ne recevraient qu'un salaire d'enfants ». Les agences du travail, aux Etats-Unis, ont démontré que les initiateurs de grèves étaient toujours les ouvriers les plus raisonnables et les plus compétents, et de plus, que la main-d'oeuvre la plus changeante était constituée par les travailleurs les plus intelligents.

La production en régime socialiste a besoin d'un tout autre ouvrier. L'un des facteurs les plus importants pour organiser l'enseignement poIytechnique c'est de faire l'éducation polytechnique de l'instituteur lui-même. Et c'est justement pour aider l'instituteur dans sa tâche que nous essayons de définir le contenu du « complexe » minimum de technique industrielle, matière d'enseignement indispensable pour toutes les branches du travail scolaire. Il nous faut aussi tracer à larges traits la méthodologie de cette matière nouvelle.

Celui qui a un aperçu, même assez vague de la technique moderne saisit très bien qu’il ne soit pas possible de l'étudier dans son entier. Et pourtant, la pratique pédagogique nous donne des exempes nombreux d'instituteurs dirigeant leurs efforts dans ce sens. C'est pourquoi nous déclarons catégoriquement qu'on ne peut étudier la production industrielle moderne que suivant une méthodologie appropriée.

Cette méthodologie nous a été présentée pour la première fois par Marx. D'après l’analyse qu'il en a faite, chaque phase de travail comporte trois facteurs, trois éléments également importants : l'objet du travail, le moyen de travail et le travail lui-même. Mais l'élément le plus caractéristique, d'après Marx, c'est le moyen de travail.

Nous nous trouvons en présence de trois séries se rapportant au moyen de travail : 1° l'outillage mécanique ; 2° les locaux, établis, où se trouvent les travaux à réaliser (objets) durant le processus du travail ; 3° les conditions matérielles de ce processus. Me basant sur l'analyse de Marx, j'ai ainsi défini le système d'enseignement de la production industrielle : 1° les moyens de production industrielle ; 2° sa base énergétique ; 3° son organisation.

Pour ne pas distraire l'attention dans l'infinité des formes concrètes de la technique moderne et des procédés technologiques, pour nous orienter au milieu de cette diversité, nous proposons les méthodes suivantes d'enseignement : 1° typologie et systématisation des moyens techniques et des procédés technologiques de l'industrie moderne ; 2° généralisation de sujets concrets ; 3° détermination du « poids spécifique » de certain moyen ou procédé dans le plan général de développement de l'industrie socialiste.

Ainsi, il nous faut avant tout déterminer dans l'infinité des moyens techniques les plus typiques. Pour cela il nous faut entreprendre un certain travail analytique, des recherches en vue d'une classification. Nous devons porter notre attention non seulement sur les formes statiques de la technique mais aussi ses formes dynamiques.

Nous devons organiser l'étude théorique et pratique des méthodes typiques de travail de la façon suivante : 1° notions générales sur la machine ; 2° matériaux de fabrication de la machine ; 3° étude d'un certain type concret et très simple de machine : (description cinématique et technologique, informations sur le travail qu'elle effectue, sa mise en marche, son fonctionnement, indication sur la marche du travail, l'ouvrier à la machine) ; 4° formes plus compliquées de la machine ; 5° généralisation des connaissances acquises au cours des entretiens sur la machine.

Nous devons toujours avoir présent à la mémoire qu'une technique générale apolitique n'existe pas et ne peut pas exister Une technique ne peut être que capitaliste ou socialiste. Parlant de la rationalisation de la production, nous devons parler non de la rationalisation en général mais de celle du capitalisme ou de celle du socialisme. C'est pourquoi la base du cours de technologie élémentaire doit être la ligne politique du parti sur l'électrification, le développement du machinisme, de la chimie appliquée, de la lutte pour le métal, le charbon, l'industrialisation.

La partie historique du cours doit comprendre les sujets suivants : 1° méthodologie de l'histoire de la technique ; 2° origine de l'outillage ; 3° la technique primitive et ses moyens typiques ; 4° la technique de l'artisanat et ses principaux moyens ; 5° la technique transitoire de la naissance du capitalisme ; 6° les principaux changements techniques de la révolution industrielle du XVIIIe siècle ; 7° les caractéristiques des changements techniques survenus au cours de l'époque capitaliste ; 8° les voies, les succès, les perspectives de la technique socialiste.

Dans la partie qui traitera des moyens de production, l'étude de la machine-outil doit dominer : 1° analyse générale de la machine ; 2° les matériaux de sa fabrication et moyen de les acquérir ; 3° fabrication de ces matériaux ; 4° détails typiques de la machine ; 5° leur montage et fonctionnement ; 6° fabrication de certains produits chimiques (moyens typiques) ; 7° le transport industriel ; 8° la production minière ; 9° mécanisation des travaux de construction ; 10° moyens techniques de l'industrialisation agraire.

La partie qui se rapporte à l'énergie industrielle doit être dominée par l'idée-maîtresse de l'électrification. En voici les principaux points : 1° moteurs à vapeur et à explosion ; 2° force hydraulique ; 3° stations électriques ; 4° contradictions dans le développement de l'énergie électrique dans les conditions capitalistes ; 5° l'électrification due à l'initiative de Lénine, son histoire, ses résultats, les perspectives de son grand développement, caractéristique de l'industrie socialiste.  

Le programme de la troisième partie sera dominé par l'idée de la rationalisation socialiste. On étudiera l'usine dans son ensemble. Les principaux sujets seront les suivants : 1° l'évolution des formes organisatrices de la production à travers l'histoire ; 2­° les nouvelles formes d'organisation de la production : le système à la chaîne, l'automatisrne manuel, semi­-mécanisé et entièrement mécanisé, forme supérieure propre à la cité socialiste ; 3° standardisation et mécanisation socialistes, autres traits caractéristique de l'usine moderne ; 4° utilisation rationnelle des moyens de travail ; 5° utilisation rationnelle des matières premières - des résidus de la production ; 6° contrôle de la production : 7° rationalisation du travail dans la production capitaliste et dans la production socialiste.

Comme les cadres d'instituteurs pour l'enseignernent de ce complexe sont loin d'être suffisants, nous recommandons d'assurer au besoin cet enseignement par le choix de quatre spécialistes, appartenant respectivement aux quatre branches suivantes : fabrication des machines ; énergie industrielle ; rationalisation et histoire de la technique.

Rappelons enfin que ce cours est purement élémentaire et qu'en aucun cas il ne doit prendre l'allure d'un cours spécialisé.

 

Du résumé en Espéranto de

Voie de l'Education - Kharbov

Mars 1931.

 

EN ALLEMAGNE

 

La collaboration de l'Ecole

et de la famille

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(LETTRE D'ALLEMAGNE)

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Les parents des enfants qui vont pour la première fois en classe sont invités à une fête de bienvenue, qui est aussi un jour de réjouissance pour toute l'école. Maîtres et parents sont d'accord pour vouloir que ce jour soit pour les nouveaux élèves un vrai jour de fête, et qui compte dans leur vie. Voilà ce que nous avons décidé avec les parents :

 

Chaque écolier aura sa table et sa chaise. La salle de classe sera coquettement ornée de fleurs et de gravures. Chaque famille achètera à son garçon une boîte de constructions (la moins chère coûte 1 mark), à sa fille une petite poupée. De plus, chaque enfant aura un livre d'images (le maître a montré auparavant un certain nombre de spécimens, pour permettre aux parents de faire leur choix). Ces objets voisinent avec d'autres fournis par l'école : petites boîtes de bâtonnets, terre à modeler, crayons de couleurs, et avec les objets confectionnés par des écoliers plus âgés pour leurs nouveaux camarades. Chacun de ces derniers trouve à sa place ce qui lui revient. On lit dans les yeux de ces petits qu'ils se trouvent comme chez eux dans cette école, qu'ils sont appelés à fréquenter plusieurs années. La liaison est déjà établie entre l'école et la maison paternelle : les enfants commencent déjà à aimer l'école.

 

Il s'agit de tenir en haleine l'intérêt qu'ils portent à la classe.

 

Le maître rend visite aux parents de ses élèves et recueille sur chacun d'eux une ample moisson de renseignements. Les parents sont quelquefois invités à assister à la classe. A mesure que les enfants grandissent, le nombre des parents qui acceptent cette invitation diminue, mais il en vient tout de même. Dans des soirées offertes chaque mois aux parents, le maître explique sa manière de faire et répond aux questions posées par les parents. Voici comment s'est déroulée la première soirée trois semaines après la rentrée.

Les parents trouvent sur le pupitre réservé à leur enfant :

 

1° Le bulletin de l'écolier, avec le résultat des premiers tests, et des renseignements sur les capacités intellectuelles de l'enfant.

 

2° Un bulletin médical.

 

Le maître répond aux questions et fournit, à la demande des parents, des renseignements complémentaires.

Pendant les soirées qui ont suivi, on a chaque fois traité une question :

- Pourquoi donner l'enseignement collectif ?

- L'Enseignement en plein air

- Nouvelles méthodes pour l'enseignement de la lecture et de l'écriture ;

- Introduction à l'enseignement du calcul ;

- Comment apprécier les dessins d'écoliers ;

- Faut-il donner du travail à faire à la maison ou non ?

- Comment aider l'enfant à la maison dans son travail ?

- Comment le nourrir, le soigner et l'habiller d'une manière hygiénique ?

- Etc...

 

On peut, de temps en temps, faire traiter un sujet par des parents, s'ils en sont capables. Parfois, on peut faire appel à la collaboration du médecin de l'école. Celui-ci profitera de l'occasion pour donner aux parents des conseils précieux pour la santé de leurs enfants.

Pour donner plus de vie à ces réunions, on peut donner une fête qui groupera maîtres, écoliers et parents. Pour cela, il faut une salle des fêtes : les enfants chantent dansent, dramatisent des poésies et jouent de petites pièces quelquefois composées par eux.

Quand nous envisageons des excursions, surtout si elles doivent durer plusieurs jours, nous faisons connaître nos projets aux parents. Quand nous avons fait notre long voyage dans les « Riesengebirge », avec les écoliers de la classe supérieure, les enfants ont donné aux parents des explications sur la carte, leur ont montré des vues de la montagne, leur ont joué une scène de la légende de Rubezahl et ont chanté nos belles chansons de route.

Si on procède ainsi dans chaque classe, les parents s'intéresseront activement à la vie de l'école. Nous avons fondé chez nous une société dramatique qui groupe les meilleurs acteurs et chanteurs choisis parmi nos écoliers ; des parents ont pris part à l'organisation de ces fêtes : ils ont monté la scène, orné le théâtre, confectionné les costumes. Pendant la représentation, quelques-uns ont apporté leur aide derrière la scène, ou bien ont fait office de régisseur, ou tenu des rôles qu'il convenait de donner à des adultes, comme celui du vieux berger dans la « Pastorale ». La famille a donc collaboré étroitement à nos fêtes de Noël, à la dramatisation de contes ou à d'autres fêtes. Ceux qui n'ont pas collaboré ont apporté leur obole.

Un jour, veille de premier mai, nous nous trouvions en pleine forêt, au fond d'une carrière de sable, où nous avons trouvé un décor rêvé pour la représentation du « Beau Mois de Mai » de Plenzat. Il y avait bien 1.500 spectateurs ; la majeure partie d'entre eux se sont joints au grand défilé qui termine cette fête du printemps.

Enfin, les parents qui s'intéressent tout spécialement aux questions pédagogiques ont formé une société amicale de parents d'élèves.

L'école et la famille doivent étroitement collaborer.

 

Otto FEIGE, Neugersdorf (Saxe).

(La Jeunesse d'aujourd'hui).

(Extrait de la Revue culturelle des Syndicats d'Instituteurs de Saxe). - (Traduit de l'Allemand)

EN AUTRICHE

La Ville de Vienne

          et l'enfance malheureuse

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(LETTRE D'AUTRICHE)

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L'Autriche est l'un des pays qui ont le plus souffert des conséquences de la guerre. On l'a morcelée. Ce qui reste est un pays industriel sans « hinterland ». Incapable de nourrir ses enfants, elle a dû faire appel aux philantropes suédois, hollandais et suisses.

Le nouvel Etat a considéré comme l'un de ses premiers devoirs la création d'une nouvelle organisation de l'école et une assistance modèle pour la jeunesse. Il n'ignore pas les charges que lui impose cette assistance, mais il envisage surtout les résultats.

Chaque femme pauvre a le droit, au plus tard au cours du quatrième mois de sa grossesse, de se faire inscrire au bureau de son quartier pour la visite médicale. On a construit 35 nouveaux dispensaires, pour consultations à donner aux futures mamans. Là, on fait l'analyse du sang pour lutter aussitôt que possible contre l'hérédosyphilis.

La mère qui, pendant quatre semaines, vient présenter son nouveau-né à la consultation, touche une allocation de 40 schillings. La ville est toujours prête à accorder des secours aux nouveaux-nés. Toute femme qui en manifeste le désir peut obtenir pour son bébé, à titre de cadeau, un trousseau complet d'excellente qualité.

On a installé 14 centre d'orientation, où des conseils sont donnés, par un médecin et un pédagogue.

La ville a créé pour les tout-petits plus de 100 nouveaux jardins d'enfants.

Là, si les parents le désirent, les jeunes enfants reçoivent le déjeuner du matin et celui du midi, pour 13 fr., 35 par semaine. Soixante-dix pour cent des enfants sont dispensés de tout paiement.

Toutes les écoles de Vienne reçoivent chaque semaine la visite du médecin et de l'infirmière visiteuse. Celle-ci a pour mission de venir en aide aux enfants qui manquent de soins, elle leur procure le nécessaire, fournit même, le cas échéant, de l'argent aux parents, exerce sur ces derniers son influence, dirige les enfants vers l'école ou le préventorium qui leur convient le mieux.

La ville a aménagé des cliniques dentaires pour écoliers. Dès sa première année de classe, l'enfant est examiné, on lui apprend à se laver les dents. Il reçoit les soins que nécessite son état. D'autres visites ont lieu au moins deux fois par an, pendant toute la durée de la scolarité. Pendant l'année scolaire 1929-30, 80.417 enfants ont été examinés ; sur ce nombre 55.415 ont reçu des soins, 30 médecins-dentistes et 30 aides se sont occupés des écoliers.

Les 10 dispensaires anti-tuberculeux de la ville ont pour but de dépister les malades et d'éviter la contagion à leur entourage. De plus, on frictionne les enfants avec de la « dermoturbine » pour prévenir autant que possible cette contagion.

Pour les écoliers malades des yeux, on a ouvert en 1929, une clinique centrale dirigée par une femme, oculiste : clinique ouverte primitivement trois jours par semaine, puis tous les jours matin, et soir. Parents et maîtres ont été instruits des ménagements qu'il faut avoir à la maison et en classe pour les malades de la vue.

    La ville assure enfin le repas de midi aux écoliers. Elle a créé, 66 cantines scolaires. 13.000 enfants en moyenne y viennent chaque jour. Une organisation spéciale, sous le con-trôle de la ville, est chargée de préparer et de fournir les repas.

Chaque année, pendant l'été, 30.000 écoliers environ sont envoyés dans des colonies de vacances. Avant leur départ, tous sont soumis à une visite médicale et ils sont groupés suivant leur état de santé.

A tous les degrés de cette assistance il est bon de remarquer que la ville a pour principe de faire payer les parents qui en ont les moyens. Sont dégrévés en partie de ces frais ceux qui n'ont que des ressources insuffisantes. Les indigents sont dispensés de tout payement. Par exemple, 80 % des écoliers qui prennent leur repas à la cantine scolaire, l'obtiennent gratuitement.

Les dépenses de la ville pour l'assistance à la jeunesse se sont élevées en 1929, à 30 millions de schillings.

Depuis que sévit la crise, la ville a dû faire des économies, sur le chapitre de l'Instruction publique comme partout ailleurs. Le nombre d'élèves, qui était en moyenne de 34 par classe s'est élevé dans la plupart des cas au chiffre maximum de 40. Sur 4.114 classes, il n'en existe que 85 qui atteignent le chiffre de 41-42 écoliers. Mais la gratuité intégrale des fournitures scolaires a été maintenue et le chapître de l'assistance a été épargné.

Même s'il se produisait une catastrophe économique, ce dernier chapître serait le dernier où l'on songerait à faire des économies. L'avenir de notre peuple ne dépend-il pas de la jeunesse ?

 

Otto GLOCKEL.

Président du Conseil

de l'Instruction publique à Vienne.

Extrait du « Bulletin syndical de l'Association des Instituteurs de saxe. »

(Traduit de l'allemand).

 

 

- Collègue désire échanger cartes et documents en vue fichier, pourrait fournir carte région provençale : Camargue, Nîmes, Arles, Pont du Gard, Les Baux de Provence, Orange, Vaison la Romaine, les monuments romains.

 

Donnerait gracieusement renseignements très précis sur reliure amateur.

 

S'adresser à Louis GAUTHIER, St-Cécile-les-Vignes (Vaucluse).

 

 

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