Brochures d’Education Nouvelle Populaire

N°70-71-72

Mars-avril-mai 1952

 

LES TECHNIQUES FREINET

dans une classe unique

à tous les cours

 

par l'Equipe des « Classes Uniques » de I'I.C.E.M.

Mise au point par

C. GROSJEAN, R. FINELLE et R. DANIEL

 

Editions de l’Ecole Moderne Française

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télécharger le texte (RTF compressé) sans les graphiques


  

 

LA VIE D'UNE CLASSE UNIQUE

A TOUS LES COURS

 

Dans notre première brochure sur les classes uniques, nous avons montré comment, progressivement, nous avions ouvert notre école à la vie. Celle-ci y entre désormais à pleins flots.

 

Certains jours, l'intérêt se cristallise chez les petits et les grands ; c'est quand une glane intéressante a été apportée : un oiseau mort, un insecte vivant, une collection de pierres, des armes anciennes ; c'est quand arrive la correspondance ou le colis, c'est quand un texte intéressant toute la classe a été présenté, c'est encore quand un fait imprévu se produit, l'arrivée d'un cirque, un accident, un retour de chasse.

 

Nous vous présentons ici des exemples de ces belles journées où l'on vit, où l'on travaille intensément.

 

Nous complèterons cette étude par la vie au jour le jour d'une classe unique au travail, au cours d'une semaine, en l'illustrant d'exemples bien vivants.

 

La vie entre dans la classe

par un texte libre

 

Il est parfois des jours fastes où l'intérêt collectif est suscité par la lecture d'un texte libre retraçant une histoire drôle arrivée dans le village ou un épisode héroïque. Il faut savoir en profiter et l'exploiter au maximum.

 

Aujourd'hui lundi, mes élèves du cours moyen et fin d'études présentent cinq textes libres qu'ils vont lire à leurs camarades

 

- Mes petits chats.

- Une partie de cache-cache.

- Une bataille entre coq et dindon.

- Des courageux matelots.

- Le naufrage du « Flying Enterprise ».

 

L'auteur de ce dernier texte apporte le numéro spécial de « Radar » retraçant l'épopée héroïque des deux marins du cargo américain en détresse, le capitaine Carlsen et le marin Dancy.

 

Naturellement vote unanime pour les deux derniers textes, qui captivent totalement l'intérêt de la classe.

 

Aussitôt je lis aux élèves l'histoire passionnante de ces deux marins. Petits et grands écoutent avec un religieux silence. J'explique ensuite les photos de « Radar ».

 

Une équipe de quatre élèves va mettre au point les deux textes élus, en essayant d'en faire une synthèse.

 

Nous trouvons une poésie illustrant parfaitement ce texte « Oceano Nox » de Victor Hugo. Je la copie au tableau, les élèves du C.E., C.M. et F.E. la relèvent sur leur cahier de récitation. Je leur explique, puis je m'occupe des petits du cours préparatoire, qui étaient en train de dessiner sur leur cahier des bateaux.

 

Ils me font différentes réflexions sur le récit qu'ils avaient entendu tout à l'heure :

 

JOSETTE (5 ans) : Papa m'a montré hier les images des bateaux.

CHRISTIAN (4 ans ½) : J'voudrais bien aller sur un bateau.

JOCELYNE (5 ans) : Moi, je ne voudrais pas aller sur la mer.

ELISABETH (7 ans) : Je ne voudrais pas non plus parce que je ne sais pas nager et j'aurais peur d'être noyée.

 

J'inscris en script le récit de Jocelyne et d'Elisabeth au tableau en ayant bien soin de séparer exagérément les mots. Nous lisons globalement la lecture au tableau puis deux enfants se mettent à composer le texte avec le C.18, deux autres reproduisent leurs dessins sur des linos, puis les gravent.

 

Une demi heure après, mise en page et impression des feuilles pour le livre de vie et des cartons pour les jeux de lecture.

 

Je ne voudrais pas

aller sur la mer

parce que je ne sais pas

nager et que j'aurais peur

d'être noyée.

 

Jocelyne et Elisabeth.

 

Pendant ce temps la récitation a été relevée sur le cahier de récitation.

 

Chaque élève vient à son tour inscrire au tableau les questions qui l'intéressent.

 

C. E. :

- Est-ce que c'est grand la mer ?

- Pourquoi les marins ne se sont pas sauvés tout de suite ?

- Est-ce que ça va vite un bateau ?

- Comment ça peut avancer dans l'eau ?

 

C. M. :

 

- Combien pèse un gros bateau ?

- Quels sont les différenets sortes de bateau qu'il y a ?

 

F. E.

- Depuis quand existe-t-il des bateaux à vapeur ?

- Comment les bateaux font-ils pour se diriger quand il y a du brouillard et afin de ne pas risquer de se télescope ?

 

Pendant ce temps, les responsables du F. Scolaire et des B.T. cherchent tous les documents ayant trait à la mer et aux bateaux, affichent les fiches, les cartes postales au panneau-exposition et placent les B.T. sur mon bureau. Je passe ensuite à la mise au point collective du texte; nous obtenons :

 

Le naufrage du « Flying Enterprise »

 

Depuis quelques jours la tempête fait rage sur l'Atlantique. Nous suivons avec angoisse sur les journaux et à la radio le sort de ces deux valeureux marins, voulant à tout prix sauver leur cargo en détresse, le « Flying Euterprise ».

 

Malgré l'aide de plusieurs remorqueurs qui essayaient de lui envoyer des énormes félins pour tenter de le remorquer, la tempète était si forte, que tous les efforts étaient vains, mais les deux, intrépides marins ne perdaient pas espoir, tentaient au péril de leur vie de ramener au port leur cher bateau.

 

Hélas ! la mer furieuse et traîtresse eut le dernier mot et dans l'après-midi du 10 janvier, le batiment disparaissait pour toujours dans l'abîme. Les deux héros, le Capitaine Carlsen et son compagnon Dancy étaient recueillis à bord du remorqueur anglais Turmoil ».

 

«  Oh ! Flots que vous avez de lugubres histoires ! »

 

Texte de Robert Choley, enrichi collectivement.

 

Nous relevons les mots nouveaux appris, que nous inscrivons sur le cahier d'orthographe, puis les élèves du cours élémentaire passent à la reconnaissance des verbes dans le texte, tandis qu'avec les élèves du C.M.-F.E. nous rappelons la règle : « Quand 2 verbes se suivent le deuxième se met à l'infinitif ». Suit ensuite un exercice d'application d'après le texte. Je leur demande de chercher dans le texte ou dans la récitation des exemples illustrant cette règle.

 

Vient ensuite la récréation.

 

Après, quelques exercices de calcul vivant d'après les questions posées tout à l'heure :

 

Vitesse d'un navire avec le C.E.2, C.M.1.

 

Echelle de cartes marines, distance d'un lieu à un autre lieu connaissant la vitesse d'un navire, en milles marins ou en noeuds.

 

Vitesse d'un navire, connaissant le temps pour accomplir une distance donnée, en se référant constamment aux fiches mères et aux fiches exercices du fichier calcul du F.S.C.

 

Les autres (C.E.-C.P.) font des fiches auto-correctives A.S. et M.D.

 

L'après midi : exploitation en sciences, histoire et géographie.

 

Répartitions des questions à étudier par les grands.

 

Robert choisit l'histoire de la navigation.

Pierre choisit les différentes parties d'un navire.

Suzanne les instruments de bord d'un bateau.

(De nombreuses fiches leur permettent de trouver tous les renseignements cherchés).

René, les grandes lignes de navigation dans le monde.

Serge, les principaux ports français.

Michel, les grands ports du monde.

Claude, la flotte marchande française.

Gilbert, les grands navigateurs et les différentes sortes de bateaux.

 

Les grands ont leur travail. Demain après-midi ils nous feront un petit compte rendu qui nous servira à tous.

 

Quant à moi, je travaille avec les petits. A l'aide de la caisse à sable je leur explique ce qu'est la mer. Comment est le relief sous-marin.

 

Je leur lis la B.T. « C'est grand la Mer » et leur montre de nombreuses images, tirées du fichier de cartes postales et de vues.

 

Nous apprenons ce qu'est une plage, un récif, une île, ce que l'on trouve dans la mer, des coquillages (je leur en montre), des algues, des varechs, des poissons de toutes dimensions. Les questions pleuvent, l'intérêt est général.

 

Nous dessinons la carte de France et nous apprenons le nom des mers qui entourent notre pays.

 

Pendant que le cours élémentaire dessine, je puis faire lire encore une fois le C.P. et leur faire faire quelques modelages de poissons, de coquillages, de bateaux.

 

En fin d'après-midi, les 85 feuilles du texte : « Le naufrage du « Flying Enterprise » ont été tirées, un lino d'après photo du journal a été gravé, puis également imprimé. Nous avons certes bien rempli notre journée et nous sommes sûrs qu'elle a été profitable à 100 % pour toute la classe.

 

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Exploitation en français

 

Mots nouveaux appris sur cahier de vocabulair :

angoisse, la tempête fait rage, le naufrage, valeureux, intrépide, le cargo, le remorqueur, le cargo en détresse, en péril.

 

C. E. : reconnaissance des verbes - ils soulignent les verbes du texte.

 

C. M. F. E. : Règles apprises :

- Quand deux verbes se suivent, le deuxième se met à l'infinitif.

Exercices : les élèves cherchent les exemples dans le texte illustrant cette règle.

Conjugaison des verbes en yer :

Essayer, envoyer

présent, imparfait et futur de l'indicatif.

 

Exploitation en calcul

 

CE2 : A quelle vitesse marche le navire sachant qu'il faisait 22 noeuds et que le noeud vaut 15 m. 43 ?

 

C M et F E : problèmes sur les mesures marines, les nombres complexes et l'échelle à l'aide des fiches mères et des fiches exercices du F.S.C. n° 450.

 

C.E.1 et C.P. : travaillent pendant ce temps au Fichier auto-correctif A. - S.

 

Exploitation en sciences, histoire et géographie

 

D'après les questions posées par les élèves :

 

Avec le C.E. - A l'aide du fichier Mory de vocabulaire : « Je travaille seul », que j'ai rendu auto-correctif, nous apprenons à distinguer les différentes parties d'un navire.

 

Je dessine un paquebot et je leur montre les différentes parties. Ils relèvent croquis sur leur cahier de sciences.

 

Les petits ont suivi la leçon et s'exercent à dessiner des bateaux.

 

En Géographie, je leur explique, à l'aide de la caisse à sable, ce qu'est la mer et le relief sous-marin.

 

Indication des principales mers qui entourent la France.

 

C.M.-F.E.- Chacun inscrit sur son plan de travail hebdomadaire ce qu'il se propose d'étudier en Science, en Histoire et en Géographie.

En Histoire : Les navigateurs célèbres.

 

L'histoire de la navigation.

 

En Géographie : Les grandes lignes de navigation.

 

Les grands ports maritimes français. Les grands ports maritimes du monde. La flotte marchande française. Les grands bateaux français.

 

Sciences :

 

Instruments de bord d'un navire. La longitude, la latitude, façon de faire le point. Les différentes parties d'un navire.

 

C. GROSJEAN.

 

(Voir p. 21 le tableau 1 : « Graphique récapitulatif »).

 

Une journée de classe dans une classe unique

 

De 9 heures à 10 heures

 

Le C.M.-F.E. lit ses textes (le C.P.-C,.E. écoute), un élève écrit les titres au tableau :

 

Une farce bien réussie

Les frites au citron

Pauvres petits lapins

Dans la lune

La vipère

 

Puis choix (le T.L. la vipère choisi par 6 voix sur 8 élèves) et mise au net. Pour cette mise au net, les grands se divisent en deux équipes de 4, chacune prenant la moitié du T.L. choisi et travaillant seule à son tableau.

 

2° Lorsque les grands ont lu leurs textes, pendant qu'ils continuent leur travail (choix et mise au net), le C.E. lit ses T.L. :

Je joue une pièce

Les noisettes

Les pissenlits

Méchante poule

La cachette

Le baptême

 

Puis choisit seul et commence seul (7 élèves) la mise au net.

 

Le T.L. « Méchante poule » a été choisi par 5 voix.

 

3° Le C.M.-F.E. et le C.E. travaillant à la mise au net de leur T.L. respectif, je m'occupe du C.P. (3 élèves).

- T.L. oral, écrit ou dessiné.

- Choix, puis écriture en script au tableau du T.L. choisi.

- Lecture globale.

- Calcul vivant.

 

Ensuite le C.P. travaille seul jusqu'à midi : imprimerie, écriture du T.L., dessin du T.L. ou dessin libre.

 

De 10 heures à 10 h. 45

 

Le C.E. a terminé son T.L. an tableau.

 

Voici d'abord le T.L. de Guy (7 ans 11 mois) tel quel :

 

« Je sors les petits poussins de la caisse et les voila tout qui marche par la maison et attrape un petit poussin dans ma main et tout à, coup voila la poule qui saute sur la gigure et veut me becquer la poule ma plique bon coup de bec aîe ! aîe ! que j'ai mal.

« Maman ! maman ! que a tu la poule ma griffé par la gigure maman dit a la poule tu et une villene maintenant jenose plus allez ver la poule car elle me becquerer.

« Je ne suis pas content parceque la poule ma becquer. »

 

Le voici après correction par les élèves seuls :

 

« Je sors les poussins de la caisse et ils courent par la maison. J'attrape un poussin, la poule me saute sur la figure et me griffe.

« Aïe ! aïe ! j'ai mal.

« Maman dit à la poule : Tu es une vilaine, je ne te donnerai plus à manger.

 

« Maman place les poussins dans la cage pour qu'ils mangent.

« Je ne suis pas content parce que la poule m'a griffé. »

 

Nous reprenons ce T.L. phrase par phrase. (Je pose aussi des questions d'orthographe : pourquoi s à sors, ent à courent, t à dit...

 

Voici les retouches apportées

 

- une virgule après poussin (j'attrape un)

- à la figure au lieu de sur la figure

- passage ajouté : Maman ! maman !

Maman accourt.

- Qu'as-tu ?

- La poule m'a griffé.

- Tu es une vilaine...

 

Le T.L. au point, les élèves indiquent toutes les questions provoquées par le C.I., questions inscrites au fur et à mesure au tableau :

 

Pourquoi la poule a-t-elle des plumes ? des ailes ?

               y a-t-il des pierres dans le gésier ? des grains de blé dans le jabot ?

               les poules ont des puces en été ?

               le coq est plus beau que la poule ?

Pourquoi le coq mord la poule ?

la poule, quand elle se couche, met la tête sous l'aile ?

élève-t-on des petits poussins ?

les poules pondent ?

 

C.M. - F.E.:

 

Pendant que le C.E. écrit ses questions au tableau, je puis aller avec les grands qui viennent de terminer leur T.L. (s'ils terminent pendant que je suis occupé avec le C.E. ils prennent un tableau pour y inscrire leurs questions).

 

Nous apportons les dernières retouches au T.L.

 

Voici d'abord le T.L. de Jean-Pierre (11 ans 7 mois)

 

« Je revenais de l'école avec mes camarades. Devant chez un voisin quelques personnes sont assemblées devant la porte et admirent quelque chose.

« Nous nous demandons qu'est-ce qui se passe.

« Enfin nous arrivons nous aussi et nous voyons une vipère étendue sur des orties près de la porte.

«  Nous entendons le voisin qui dit à des personnes :

« Je sortis, je vis des poules qui jetaient des coups de bec sur un espèce de ruban vert, je m'approchai et vis que c'était une vipère. Elle avait sûrement tombé d'une voiture de foin qui passait. »

« Nous examinons cette bête.

- Je te donne la vipère pour la vendre, dit le propriétaire à un gamin.

« Celui-ci lui donne un grand coup de pied sur la tête pour la tuer, prend une ficelle, l'attache par la tête pour pouvoir l'emmener, lui jette des grands coups de pieds pour lui faire sortir des oeufs. Il en sort dix-huit et il va la vendre.

« Je n'aimerai pas voir une vipère sur mon chemin car je sais que ça pique mortellement. »

 

Et voici le T.L. après correction par les élèves seuls

 

« Je reviens de l'école avec mes camarades.

« Devant une maison quelques personnes admirent quelque chose.

« Que se passe-t-il ?

« Nous nous approchons et voyons quelque chose dans les orties.

- Oh ! est-ce une vipère ? demande Jacques.

- Oui, mon petit, répond le bourrelier.

« Le bourrelier ajoute :

« En sortant de mon atelier, J'ai vu des poules becqueter un ruban vert, j'approchai et vis une vipère ; elle était tombée sûrement d'une voiture de foin. »

« Nous observons la bête avec curiosité.

- Tiens, prends-la pour la vendre, dit le bourrelier à Claude.

« Mon camarade donne un grand coup de pied sur le ventre de la vipère et fait sortir dix-huit oeufs, puis il attache la vipère par le cou pour l'emmener au garde-champêtre.

« Je n'aimerais pas voir une vipère sur mon chemin car j'aurais peur. »

 

A ce T.L. nous avons ensemble apporté les modifications suivantes :

 

- Devant une maison un groupe de personnes discute avec animation.

- Nous nous approchons et...

« Oh ! est-ce...

- répond le bourrelier, qui ajoute...

- et vis une vipère que je supposai tombée d'une...

- Mon camarade appuie bien fort sur...

- Nous changeons la dernière phrase par celle-ci

 

« Moi, je retourne à la maison, souhaitant ne jamais rencontrer une vipère, car j'en ai peur. »

 

Les élèves passent ensuite aux questions qu'ils écrivent au tableau et qu'ils se partagent librement

 

Que mange la vipère ?

Comment la vipère fait son venin ?

Comment s'appelle petit de la vipère ?

Où vit la vipère. ?

Comment est le nid de la vipère ?

De quelle famille fait partie la vipère ?

Pourquoi donne-t-on des primes quand on tue une vipère ?

La vipère est-elle utile ou nuisible ?

A quoi sert la peau de la vipère ?

Comment chasse-t-on la vipère ?

Comment soigner une morsure de vipère ?

Comment la vipère mord-elle ?

Comment distinguer la vipère de la couleuvre ?

Combien la vipère pond-elle d'œufs ?

Comment éclosent les œufs ?

La vipère a-t-elle des dents ?

Quels sont les serpents venimeux ?

Comment la vipère élève ses petits ?

Combien de jours mettent les petits pour éclore ?

 

Dès que le T.L. du C.M. - F.E. est définitivement au point, je suis tantôt au C.E., tantôt au C.M.-F.E.

 

De 11 heures à midi :

 

C. E. Nous prenons les questions une par une. L'élève qui connaît la réponse l'expose à ses camarades. Si personne ne peut répondre c'est le maître qui donne l'explication. Ce fut le cas pour les questions suivantes :

- Pourquoi y a-t-il des pierres dans le gésier ?

- Pourquoi des grains de blé dans le jabot ?

- Pourquoi le coq mord-il la poule ?

Les questions sans réponse sont inscrites sur un cahier spécial.

- Pourquoi la poule, quand elle se couche, met la tête sous l'aile ?

- Pourquoi le coq est plus beau que la poule ?

Nous demanderons à nos correspondants s'ils connaissent la réponse.

Ensuite calcul : La poule et les poussins : énoncés d'élèves portant sur les quatre opérations.

 

C. M.-F. E. Le responsable du F.S.C. a exposé tous les documents sur le C.I. du jour. A l'aide de ces documents les élèves préparent par écrit la réponse aux questions choisies.

 

De 14 heures à 15 heures :

 

C. P.

Lecture et calcul, puis observations avec C.E.

 

C. E.

Copie du T.L. pendant que le maître est avec le C.P.

Puis observations : la poule amenée par un élève.

 

C. M.-F'. E.

Termine ses questions ou travaille à son plan de travail.

 

De 15 heures à 15 h. 45 :

 

C. P.

Travail libre : fichier opérations

- fichier lecture

- dessin

- composition d'un T.L.

 

C. E.

Dessine l'appareil digestif de la poule.

Puis prépare lecture choisie sur le C.I.

 

C. M.-F. E.

Chaque élève expose ses questions, compléments donnés par le maître.

 

De 16 heures à 17 heures :

 

C. P.

Travail libre, puis lecture après lecture du C.E.

 

C. E.

Lecture C.I. : La poule et les poussins.

Puis illustration du T.L. ou dessin libre ou fichiers A.C.

 

C. M.-F. E.

Par équipe compte rendu écrit de l'exposé, chaque élève aura une fiche qui viendra enrichir son classeur.

Puis individuellement : tête de vipère et tête de couleuvre

- tête de vipère avec ses crochets et glandes à venin.

 

Conclusion

 

Voici toute une journée de travail dans une classe unique basée sur le T.L. Mais toutes les journées ne ressemblent pas à celle-ci qui a eu une dominante en sciences. Le jour du T.L., de 9 h. à 10 h. 45, le travail est le même, mais l'exploitation dépend du T.L. S'il est à prédominance mathématique nous passons immédiatement au calcul, s'il est à prédominance littéraire nous passons en lecture... et le jour où nous recevons les lettres de nos correspondants, eh bien ! nous abandonnons tout pour l'exploitation du courrier reçu.

 

Robert DANIEL, Vinets (Aube).

 

(Voir pages 22 et 23 les tableaux II et III : Emploi du temps »)

 

La vie entre dans la classe

par le texte libre

 

Réalisations obtenues dans une classe unique

 

Les réalisations des travaux obtenus sont synthétisées dans un album tiré à l'aluminocopie (système Dudouit) destiné aux correspondants. Magnifique réalisation motivant pleinement le travail des enfants au cours d'une semaine de travail.

 

(Travail accompli par les enfants de l'école de Vy-les-Lure.)

 

Texte apporté par l'enfant (travail fait en 1950)

 

Le petit veau

 

Hier après-midi notre vache a fait un beau petit veau. Il et gris et blanc. Tout les soirs et tous les matins papa lui donne à taiter après les tirans de sa maman

Quand je vais vers lui pour le carresser, il me donne des petits coups de pieds.

Papa ma dit qu'on voulait le sevrer pour moi.

Je vais l'appeler moutonne.

 

Maire Claude

8 ans 11 mois

 

Texte mis au point par les élèves

 

Le petit veau

 

Hier après-midi, notre vache a fait un joli petit veau.

Il est gris et blanc.

Papa le fait têter matin et soir.

Quand je vais vers lui pour le caresser il me donne des coups de pieds.

« Nous t'élèverons pour toi. » me dit papa.

« Je suis très content. Je l'appelerai « Mouton. ».

 

C'est ce texte qui est imprimé quand les fautes soulignées sont corrigées.

 

Exploitation en français

 

I. - Enrichissement du texte (avec le maître)

 

Hier après-midi, vers quatre heures, notre vache « Noiraude » a fait un              joli petit veau. Son pelage est gris et blanc. Son oeil gauche disparaît au milieu d'une grosse tache noire, et son museau est tout rose et humide. Matin et soir, aux mêmes heures, papa le fait têter au pis de sa mère     qui, pendant ce temps, mange, tranquille.

« Nous l'élèverons pour toi. » me dit papa. J

Je suis content. Je l'appellerai « Mouton ».

II. - Vocabulaire (différence entre près de lui et vers lui)

 

III. - Grammaire

 

Mots (sur cahier d'orthographe)

14 veau, têter, caresser, coup.

15 pied, appeler.

 

CE : er ou é

on remplace par faire ou fait.

exercice d'application à trous.

 

CM : Acquisition nouvelle. je l'appellerai

les verbes en eler (èle – elle)

Exercice d'application

Conjugaison de marteler (èle)

au présent

Révision : Séparer les propositions du 3e paragraphe.

 

Exploitation en calcul

 

A combien revient un veau au moment de la vente au boucher ?

(par ex. prenons un veau ayant exactement 5 semaines).

Il y a :

Frais de saillie             1000 fr.

Soins médicaux pour la vache et le veau :

3 piqûres (voir fiche)   320 f. x3/5 = 192 f r.

 

Nourriture du veau

(5 semaines : 35 j.)

 

3          3 : 1er jour, le lait n'est pas vendable.

4          4 jours à 7 l      7 l X 4 = 28l

13        6 jours à 8 l      8 l X 6 = 481

19        6 jours à 9 l      9 l X 6 = 54l

25        6 jours à 10 l    10 l X 6 = 60l

31        6 jours à 11 l    11 l X 6 = 66l

35        4 jours à 12 l    12 l X 4 = 48 l

Total .                                      ... 304 l

 

Prix du lait : 32 f. X 304 = 9.728 fr.

 

Prix de revient du veau.... 10.920 fr.

 

Prix de vente du veau au boucher

200 f. X 80 kg. = 16.000 f.

 

Bénéfice du paysan :

 

(demandé par un grand élève :)

 

16.000 f. - 10.920 f. = 5.080 f.

 

Exploitation en Sciences, Géographie

 

Travaux proposés par les élèves (dans l'ordre) :

 

1. Comment mange la vache ? (dessins, explications).

2. Comment la vache fait-elle le lait ?

3. Que fait-on pour connaître l'âge de la vache ?

4. L'élevage des veaux.

5. L'élevage en France.

6. Les animaux qui sont comme la vache : les autres ruminants.

7. Le squelette de la vache : la tête, les pieds.

8. La maison de la vache : l'étable.

9. Les sortes de vaches : les races.

10. Qu'est-ce qu'on donne à la vach ?? Nourriture de la vache.

 

Nous avons fait, un album et ajouté ces pages peu de temps après :

 

11. Comment circule le sang ?

12. Comment respire la vache ?

13. Combien une vache peut-elle donner de lait ?

 

Lecture

 

Nous avons : Les fiches. - Les extraits de la bibliothèque de travail.

 

BERNARDIN (Haute-Saône).

 

La vie entre dans la classe

par la correspondance interscolaire

 

- Le courrier ! Le courrier !

 

Avec des cris de joie les élèves se précipitent et m'entourent. Je donne le paquet au responsable, qui fait la distribution. Chacun reçoit, et avec quel bonheur ! sa part de l'envoi et court à sa place en prendre connaissance.

 

Après la joie personnelle, la joie collective : chacun montre à ses camarades ce qu'il a reçu.

 

Et voici ce que nous ont envoyé nos correspondants réguliers de Tunisie :

Une lettre pour chaque élève.

Et pour la classe : une boîte de dattes, des vues et des coupures de journaux sur les oasis.

 

COMMENT ALLONS-NOUS EXPLOITER CET ENVOI ?

 

L'exploitation comprend deux parties :

 

- l'exploitation collective

 

Lecture :

 

Chaque élève lit son courrier à ses camarades. Au cours, de cette lecture certains mots ne sont pas compris (marabout, mosquée, souk) ; explication en sera demandée par le lecteur à son correspondant.

 

Géographie :

 

a) De chaque lettre, nous retirons tous les détails pouvant enrichir l'album que nous avons intitulé : « La Tunisie par la correspondance interscolaire ».

 

Ainsi aujourd'hui nous inscrivons :

 

Nourriture : on mange du couscous, du mhamsa, du droh, des pâtes le matin en hiver à la place du café.

Habits : cachabia : manteau à manches courtes et à capuche.

Récoltes : nous récoltons les oranges et les mandarines de décembre à février.

 

Et nous collons :

des cartes postales : La Kasba de Tunis, Souk El Attarine à Tunis, Vers le Sud (caravane).

des dessins : chapeaux tunisiens.

 

b) Etude Les palmiers-dattiers et les oasis.

 

Tout en regardant les vues envoyées par nos correspondants, celles de notre fichier, et en savourant les délicieuses dattes, les questions fusent, questions que nous inscrivons au tableau :

 

Comment pousse le palmier-dattier ?

Comment cueille-t-on les dattes ?

Pourquoi le palmier-dattier ne pousse pas dans notre pays ?

Le palmier-dattier pousse-t-il haut ?

Y a-t-il plusieurs sortes de palmiers-dattiers ?

Comment fait-on pour mettre les dattes en boîte ?

Y a-t-il beaucoup de dattes dans un palmier-dattier ?

À quel moment fait-on ta cueillette des dattes ?

Comment s'appellent les fleurs du palmier-dattier ?

Comment fait-on Pour grimper sur le palmier-dattier ?

Quelles sont les régions qui produisent le plus de dattes ?

Au bout de combien de temps le palmier-dattier produit-il des fruits ?

Pourquoi y a-t-il de l'eau dans les oasis ?

D'où vient l'eau des oasis ?

Où part-elle ?

L'eau des oasis est-elle bonne à boire ?

Les oasis sont-elles grandes ?

Pourquoi y a-t-il des collines de sable au Sahara ?

Quelles sont les maladies que l'on peut avoir au Sahara ?

Pourquoi le Sahara est un désert ?

Pourquoi les nomades se plaisent-ils mieux dans le Sahara que dans les villages ?

Pourquoi fait-il chaud le jour et froid la nuit ?

N'y a-t-il que des nomades qui vivent dans le Sahara ?

Pourquoi utiliset-on le chameau dans le Sahara et pas les autres animaux ?

 

Chaque élève choisit plusieurs questions dont il préparera la réponse par écrit en consultant les documents réunis par le responsable :

 

Coupures de journaux de nos correspondants.

B.T. 70 : Le palmier-dattier.

B. T 53 : Le Souf.

B.T.91 : Bachir enfant nomade du Sahara.

Vues de nos correspondants.

Vues 1 et 4 de « Documentation Pédagogique » N° 7.

Vues 4 et 5 de « Documentation Pédagogique » N° 8.

Vues de « Documentation Photographique » N° 20.

 

Lorsque tous les élèves ont terminé le travail, chacun vient exposer le résultat de ses recherches et les compléments sont ajoutés par le maître qui, lui, pour cette leçon, est bien à l'aise, car il a visité l'oasis de Gabès lors du Congrès d'été.

 

Mais les questions suivantes sont restées sans réponse :

 

Comment reconnaître une fleur mâle de palmier-dattier d'une fleur femelle ?

Pourquoi fait-il froid la nuit dans le Sahara ?

Quelle est la meilleure variété de datte, la sèche ou la molle ?

Les dunes du Sahara sont-elles hautes ?

 

Nous demanderons à nos correspondants de nous renseigner.

 

Les élèves se partagent en 3 équipes pour établir des fiches :

 

Le palmier-dattier

L'oasis

La vie au Sahara

 

Chaque élève aura ces 3 fiches aui, viendront enrichir son classeur.

 

L'EXPLOITATION INDIVIDUELLE :

 

1° Lettre-réponse : chaque élève fait le brouillon, puis vient le présenter au maître, qui signale fautes d'orthographe, incorrections, avec explication si nécessaire.

2° Copie au net de la lettre : l'élève s'applique car il veut que son correspondant ait une bonne opinion de lui.

3° Réponses aux questions et travaux demandés par le correspondant et qui touchent à tous les domaines.

4° Embellissement de la lettre : dessins.

Copie d'un T.L. non choisi pour l'imprimerie.

Questions posées au correspondant.

 

Conclusion

 

Voici un courrier qui nous a amené surtout une exploitation en géographie et en français (ce qui est le plus général) ; mais il nous arrive aussi de pouvoir exploiter un envoi en calcul lorsque les enfants ont parlé du voyage qu'ils aimeraient faire pour rendre visite à leurs correspondants. Nous avons eu alors les travaux suivants :

 

- Utilisation du Chaix.

- Etablissement d'un itinéraire avec horaire.

- Opérations sur les nombres complexes.

- Frais de voyage.

 

Voilà pour ce qui concerné la correspondance régulière.

 

La correspondance internationale motive des travaux collectifs de plus longue haleine. Nous préparons un album : « Culture du blé dans notre village », que nous échangerons avec nos correspondants de Cuba contre un album sur la culture de la canne à sucre.

 

En un mot, la correspondance scolaire est la source puissante d'un travail motivé très profond.

 

Robert DANIEL, Vinets (Aube.

 

(Voir page 14 le tableau montrant l'exploitation de la correspondance interscolaire.)

 

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La journée commence.

Un fait imprévu se présente

La vie entre dans la classe.

 

C'est lundi matin, 6 novembre, j'entends dehors des cris joyeux fuser de toutes parts :

« Le voilà... il a filé dans le jardin de Germain ».

Des élèves m'appellent « Monsieur, monsieur, un lièvre vient de traverser la route, près de l'école. »

Aussitôt je me précipite.

« Venez voir, maintenant il est en train de manger les choux dans le jardin de Claude. »

Effectivement, un gros lièvre brun-roux grignotait hâtivement des feuilles de choux.

Un chasseur du village, alerté par les cris des enfants et les aboiements furieux des chiens, accourt, muni de son fusil, et se dirige avec nous pour essayer de le tuer.

Il vise... un coup sec, ça y est, il est touché, Il git maintenant sur le sol, inanimé.

Il pèse au moins 5 à 6 livres, nous dit-il en le soupesant. »

- Pour une bonne prise, c'est une bonne prise, s'exclame Claude.

- Pourriez-vous nous le confier pendant une demi-heure, nous voudrions en faire une étude en classe ? »

 

Nous rentrons tout heureux, portant notre lièvre en trophée.

Tous les enfants, du plus grand au plus petit, sont captivés.

 

« Si nous faisions un texte ensemble », me dit Yvan. Accord unanime.

 

Les réflexions fusent de toutes parts, je les note au fur à mesure au tableau. Nous mettrons en ordre ensuite.

 

Jeannot (12 ans). - Je l'ai vu courir à toute vitesse, quand nous étions en train de jouer aux barres, avant de rentrer à l'école.

Yvan (10 ans). - On aurait dit qu'il volait, tellement il allait vite.

Jacky (8 ans). - J'ai essayé de le poursuivre avec un bâton, pour le tuer, mais il courait si vite que, dans ma course, je suis tombé sur une grosse pierre.

Marie-Jane (12 ans). - Les chiens aboyaient tous dans le village.

Paulette (7 ans). - Je suis allée le dire à M. Frechin, qui est venu avec son fusil.

Claude (11 ans). - Qu'il a eu vite fait de le tuer !

Annie (14 ans). - Il mangeait rudement vite, il devait être affamé.

Jacques (8 ans). - Il fera sûrement un bon civet ; si seulement papa en tuait un aussi gros. Il pèse au moins 3 kilogs.

 

Une équipe de quatre grands élèves se charge de mettre au point ces idées et d'en faire un texte.

 

Une autre équipe de trois élèves fait le dessin pour illustrer le texte.

 

Le dessin jugé le plus beau, après élection, sera gravé sur lino pour avoir les honneurs de l'imprimerie.

 

Marie-Jane prépare une lecture libre en rapport avec ce centre d'intérêt. Elle a choisi une enfantine : « Barbichon, le lièvre malin », qu'elle lira tout à l'heure à ses camarades.

 

Une autre équipe se charge d'observer le lièvre, à l'aide d'une fiche mode d'emploi passe-partout que j'ai confectionnée pour l'observation de tous les animaux.

 

Le responsable du fichier cherche les fiches pouvant nous servir pour l'étude du lièvre et de la chasse.

 

Enfin Colette écrit sur un autre tableau noir toutes les questions posées par ses camarades sur le sujet en question.

 

Entre temps, je peux me consacrer uniquement aux petits (C.P.-C.E.1). Nous faisons ensemble un petit texte sur ce que nous avons vu :

 

La mort du pauvre lièvre

 

Nous avons vu un lièvre

passer à toute vitesse

devant l'école.

Monsieur Fréchin est venu...

avec son gros fusil

et pan...

il a...

tué...

le pauvre lièvre,

qui mangeait bien tranquillement

des choux

dans le jardin de Claude.

Ah ! le pauvre lièvre !

 

Aussitôt l'équipe d'imprimerie des petits se met à l'oeuvre et compose le texte en corps 18.

 

Les autres dessinent le lièvre mort. Celui qui a le mieux réussi son dessin le grave immédiatement Je fais les modèles sur leur cahier en script en ayant bien soin de séparer exagérément les mots. Puis, je les fais lire l'un après l'autre le texte au tableau.

 

Je reviens aux grands et aux moyens.

 

Qu'ont-ils fait ?

 

La mise au point du texte est à peu près terminée. Nous corrigeons collectivement quelques phrases un peu lourdes et quelques fautes d'orthographed'accord sur les participes passés. (Cela nous permettra d'ailleurs de faire tout à l'heure une leçon de grammaire sur le participe passé, employé avec être et avoir).

 

Enfin, maintenant le texte est à peu près d'aplomb.

 

Un beau coup de fusil

 

Lundi matin, avant la rentrée de la classe, alors que nous étions en train de jouer aux barres, nous avons vu filer comme une flèche un lièvre sur la route à quelques mètres de nous. Il allait tellement vite, qu'on aurait dit qu'il volait.

Aussitôt Jacky, saisissant un bâton, se précipita à sa poursuite. Mais héla ! ses efforts furent vains. Le lièvre était plus malin que lui. Dans sa course, il ne vit pas un gros caillou se trouvant devant lui, et fit la pirouette dans le fossé.

Pendant ce temps, maître lièvre ne se préoccupant nullement de nos cris et des aboiements furieux de tous les chiens du village, grignotait les feuilles de choux dans le jardin de Claude.

Monsieur Frechin, prévenu aussitôt par la petite Paulette, vint avec son fusil.

- « Pas de bruit, nous dit-il, nous allons essayer de ne pas le rater. »

Pan... Pan...

Deux coups secs retentirent, faisant écho au loin. Un soubresaut, une culbute... « Ça y est, il est touché. »

« Pour un beau coup de fusil, c'est un beau coup de fusil ! s'écria Jacky. Quel bon civet, il fera ! Si seulement papa en rapportait souvent de pareils ! »

Monsieur Frechin voulut bien nous le laisser quelque temps, afin que nous puissions l’observer tous ensemble en classe.

Nous étions tous heureux d'avoir pu assister à cette chasse imprévue.

 

Texte collectif

 

En vocabulaire nous voyons quelques synonymes : lièvre, hase, levraut. Chacun note les mots nouveaux découverts au cours de la mise au point du texte: et les inscrit dans son cahier de vocabulaire.

 

Nous écrivons les mots nouveaux suivants : vain, effréné, se préoccuper, aboiement.

 

Ensuite, leçon rapide sur le participe passé. Nous les soulignons dans le texte. Nous expliquons successivement les règles, puis nous passons aux exercices d'application par la méthode la Martinière. Moyens et grands participent à la leçon.

 

Ensuite examen des dessins réalisés, choix par élection de celui de Marie-Louise, qui se met aussitôt à le graver sur lino.

 

Quant à l'équipe d'imprimerie du jour (2 grands, 2 moyens), elle se met aussitôt à l'ouvrage. Claude, le chef d'équipe, distribue à chacun sa tâche. Au bout d'une demi-heure, le texte est complètement corrigé et composé. On imprime immédiatement les feuilles du livre de vie et les cent feuilles du journal. Les petits viennent ensuite imprimer à leur tour leur petit T.L., corrigé par un grand.

 

Pendant ce temps, Marie-Jane, assise à la table du maître, nous lit l'enfantine qu'elle a préparée avec soin : « Barbichon, le lièvre malin ». Toute la classe écoute attentivement.

 

Après la récréation j'examine les questions posées par les élèves et écrites par Colette au tableau noir :

 

1) Pourquoi les lièvres ont de grandes oreilles.

2) Est-ce que les lièvres font des terriers ?

3) Que mangent les lièvres ?

4) Est-ce que les lièvres vivent longtemps ?

5) Comment prépare-t-on le civet de lierre ?

6) Comment fait-on les cartouches ?

7) Est-ce que les lièvres entendent bien ?

9) Est-ce que les lièvres nous voient bien ?

10) Est-ce qu'ils ont un bon odorat ?

11) Combien ta maman lièvre fait-elle de petits ?

12) Comment faisait-on pour chasser autrefois, quand on n'avait pas de fusil ?

13) Comment est faite la poudre de chasse ?

14) Comment est fait le détonateur de cartouche ?

15) Quelle est ta vitesse d'une balle ?

 

Les questions sont abondantes et quelques-unes sont assez embarrassantes, nous ne pourrons certes pas répondre à toutes aujourd'hui.

 

Les élèves examinent les fiches exposées au panneau exposition par Annie, la responsable du. F.S.C. Ils y trouveront déjà pas mal de réponses à des questions posées. Ils choisissent leur question selon leur goût et préparent par écrit leurs réponses.

 

Je vais maintenant vers les petits auxquels je fais une courte leçon de calcul mental. Ensuite je leur pose un petit problème en rapport avec le centre d'intérêt.

 

Ce lièvre a mangé 3 choux dans le jardin de Germain et en a détérioré 6 dans le jardin de Claude. Cela fait combien de choux en tout ? etc... et 2 à 3 exercices de ce genre.

 

De nouveau je suis avec les grands et les moyens, qui viennent nous lire ce qu'ils ont trouvé.

 

« Les lièvres ont de grandes oreilles mobiles pour percevoir le moindre bruit. Ils entendent très bien mais, comme les lapins, ils ne voient pas très bien. Ils se sauvent au moindre bruit, car c'est leur seul moyen de défense. »

« Les lièvres ne font pas de terriers, ils grattent un coin près d'un buisson, c'est le gîte. Seuls les lapins, de garenne font un terrier. »

« Les mamans lièvres font de 2 à 3 levrauts au printemps.

 

Colette nous parle de la tularémie ou maladie des lièvres.

Yvan, Jean et Guy nous font part de leur observation sur le lièvre : longueur des oreilles, longueur des pattes, poids, longueur des griffes, etc...

Jacques et Yvan se proposent de comparer ces mesures avec des observations identiques sur le lapin. Ils le feront pendant l'interclasse, entre 11 h. et 13 h.

Chaque élève (cours F.E.) note sur son cahier ce qu'il a retenu et fait les dessins.

Pour les moyens, je fais un court résumé au tableau.

Claude se propose de faire une enquête sur la façon de préparer les cartouches. Il le demandera à son papa et cherchera les compléments dans la collection de « Chasseur Français », qui se trouve en classe dans la bibliothèque de travail. Cela fera l'objet de la conférence de samedi prochain.

Quant à Jean, il veut étudier comment on chassait aux différents âges depuis la période préhistorique jusqu'à nos jours. Il cherche les documents dans la B.T. « Histoire des armes blanches » et « Histoire des armes de jet ». Il fera mardi un compte rendu à ses camarades.

Jacky, un petit du C.E., se propose d'apporter cet après-midi le fusil de son papa.

Annie, candidate au C.E.P., demandera à sa maman comment on fait le civet de lièvre et étudiera les différentes façons d'accommoder le lièvre et le lapin. Elle nous fera un compte rendu de son travail demain après-midi.

 

Onze heures sont déjà sonnées depuis dix minutes que nous sommes toujours au travail. Déjà... que la matinée a passé rapidement. Pris par notre travail passionnant, personne ne s'était rendu compte de l'heure.

 

Après je pose quelques problèmes qui m'ont été inspirés par les questions des enfants :

C.E.1. - Sachant que le poids du lièvre est de 8 livres et que la perte de poids après le vidage est de 1 livre, quel est le poids net de la viande ?

C.E.2. - Quel est le prix du lièvre sachant que le prix du kilog est de... frs ? (Les enfants le demanderont aux chasseurs du pays).

C.M.-F.E. - Economie réalisée par une famille sachant que le prix de la viande de boeuf est... et qu'il en achète 1 kgr 500 chaque semaine ? (Ils demanderont le prix d'un kilog à leurs parents).

 

Economie pendant 3 mois, sachant que le papa a tué 16 lièvres d'un poids moyen de 5 livres, qu'il a usé 20 cartouches à... et que son permis de chasse lui revient à... frs. (Les enfiants demanderont aux chasseurs les différents prix).

 

Rentrés en classe à 1 heure, les grands se mettent immédiatement à faire leurs exercices de calcul, après avoir enquêté sur les prix.

 

Je distribue les feuilles imprimées aux petits ; elles sont sèches à présent ; ils les mettent dans leur livre de vie.

 

Lecture individuelle du texte imprimé. Nous étudions pour aujourd'hui la syllabe « an ». Ils cherchent tous les mots dans lesquels se trouvent « an » : devant, pan, mangeait, dans, puis les soulignent dans le texte.

 

Yvan, un élève du C.M.1., qui vient de terminer le premier son exercice de calcul, découpe les cartons, sur lesquels est imprimé le texte des petits. Il place les mots-étiquettes dans leurs boîtes de jeux de lecture. Chaque petit, ensuite, recompose son texte ave ces mots.

 

Vient ensuite la correction collective au T.L. des exercices de calcul :

 

Chacun corrige, rapide vérification sur les cahiers.

 

Jacky, 8 ans, a apporté en classe le fusil de son papa. Nous en étudions les différentes pièces : le canon, la gachette, le chien, le viseur, et les élèves en font un schéma sur leur cahier d'observations.

 

Yvan, Jean et Guy nous font part du résultat de leurs enquêtes : « Comparaison des mesures des différents membres entre le lapin et le lièvre. » Les pattes sont plus grandes, donc ils courent plus vite ; les oreilles plus longues, donc, ils entendent mieux.

 

Après la récréation, grands et moyens travaillent seuls aux questions qu'ils ont choisies librement. Quelques-uns uns travaillent par équipe. L'un est déjà en train de chercher des documents dans la Bibliothèque de Travail et dans le Fichier, pour sa conférence de samedi ; l'autre prépare son compte rendu sur les cartouches ; enfin, un autre sur les différentes modes de chasser, etc... MarieLouise et Marie-Jane préfèrent nous retracer à la peinture à la colle, sur une feuille de grand format (demi-canson) la scène dont elles ont été témoin ce matin.

 

Quant à Annie, elle pense qu'elle a encore beaucoup de choses à voir en histoire pour son examen ; elle y travaille seule, en s'aidant d'une fiche-guide que je lui ai préparée.

 

Ces petits tentent leur talent en modelant librement en terre glaise : les uns, un lièvre ; les autres, un fusil, un chasseur, un plat avec un civet de lièvre, etc... Je les aide un peu, leur montrant surtout à bien faire les joints des parties ajoutées (oreilles, pattes, queue, etc ... ) à l'aide de la barbotine. Ensuite, nous mettons sécher les petites statuettes réalisées. Dans une huitaine, après séchage complet, nous les ferons cuire à l'aide d'un dispositif spécial dans le foyer du fourneau de l'école.

 

Pendant ce temps, avec le C.E. nous étudions le gibier de la région. Nous parlons des sangliers, des renards, des chevreuils, des écureuils. Je cherche dans le fichier tous les documents que je puis trouver, je lis les commentaires et je montre les photos. Chacun dessine l'animal sauvage de son choix. Tout ce petit monde travaille avec passion.

 

Plus de quatre heures ! « Allons, rangeons nos affaires ! Nous avons assez travaillé aujourd'hui. » - « Oh ! Déjà ! ». C'est un cri unanime. – « Monsieur, je voudrais bien rester pour finir mon dessin, me dit Jojo. » - « Puis-je finir de copier des documents pour ma conférence », me demande Claude.

 

A 5 heures, une douzaine d'élèves sont encore au travail ; je suis presque obligé de les chasser de la classe.

 

Voilà, certes, une journée bien remplie et combien plus profitable que toute leçon scolastique. Il suffit que le maître se laisse guider par l'intérêt dominant des enfants et les dirige discrètement dans la voie qu'ils lui ont tracée.

 

Cet événement imprévu nous a permis de faire, à tous les cours une exploitation en français, vocabulaire, grammaire, sciences, dessin, modelage et calcul vivant. Il a permis aussi a certains élèves (intérêt individuel) de faire des recherches plus poussées en histoire (la chasse aux différents âges de l'histoire histoire des armes blanches) et en géographie (Les grandes chasses en France), ce qui donnera lieu, les jours suivants, à des comptes rendus et des conférences.

 

C. GROSJEAN, Frédéric-Fontaine (Hte-Saône).

 

(Voir page 24, le tableau IV « Un fait imprévu ».)

 

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Une semaine

dans une classe unique

 

D'autres journées, les plus nombreuses, ne voient pas ces explosions d'enthousiasme, ces cristallisations de l'intérêt collectif, l'intérêt est divers.

 

Notre exploitation part souvent des textes libres ; elle fait une plus grande part aux besoins de chacun : savoir manier les outils ; savoir travailler seuls et librement avec les documents du fichier scolaire coopératif, de la Bibliothèque de Travail, continuer le brevet entrepris, savoir se servir des différents fichiers auto-correctifs, pour acquérir les mécanismes de base, et utiliser seuls les différentes fiches-guides dues à la nécessité impérieuse de savoir le programme du C. E. P. E.

 

Nous organiserons minutieusement le travail de notre classe unique par l'utilisation méthodique des plans de travail pour chaque discipline et pour chacun des cours : plans généraux annuels et mensuels établis au début de l'année et du mois, et plans hebdomadaires de travail établis au début de la semaine par les élèves.

 

Nous allons montrer d'une façon vivante, par l'examen d'une semaine de travail dans une classe unique de campagne travaillant selon nos techniques, comment nous mettons en pratique cette méthode des plans de travail.

 

EXPLOITATION DE L'INTERET DECOUVERT

 

Plans de travail

ou l'organisation de la vie de notre classe au cours d'une semaine

 

Ecole d'un petit village de montagne (170 ha.), loin de toute communication.

 

Composition de la classe. - 32 élèves (6, cours des petits ; 16, cours des moyens ; 10, cours des grands).

 

Cours des petits (cours préparatoire).

Cours des moyens (C.E.1, C.E.2, C.M.1).

Cours des grands (C.M.2, C.F.E.).

 

Les 6 petits viennent d'arriver à la rentrée de Pâques, les 3/5 des élèves viennent de l'Assistance ; donc, le niveau de la classe n'est pas très élevé.

 

Matériel. - 1 presse à volet, 2 polices d'imprimerie (c. 10 et c. 12), 2 limoraphes (13,5x21 et 21x27), Fichier scolaire coopératif, enrichi de 3.000 fiches, fichier auto correctif C.E.L. (Addition - soustraction, multiplication - division, grammaire pour les grands, grammaire C.E., conjugaison, problèmes CE.) Fichier autocorrectif de problèmes pour les grands avec le livre de calcul Gondevaux : « J'apprends à résoudre les problèmes de la vie pratique », Fichier vocabulaire de Mory, que j'ai rendu auto-correctif. Matériel de linogravure, matériel sommaire de sciences (baromètres, thermomètre, pluviomètre, girouette, microscope, loupe, éprouvette, lampe à, alcool, etc ... ), collection complète des brochures de la Bibliothèque de travail et Enfantines - bibliothèque de travail avec livres de sciences, lecture, histoire, géographie, gerbes, Francs-Jeux, etc... - matériel de peinture (une vingtaine de pinceaux et poudre pour peinture à la colle) - pâte à modeler, plâtre, glaise, limotampon.

 

Ressources. - De 4.000 à 6.000 fr., dûs principalement à la récolte des plantes médicinales et à une petite fête.

 

La vie dans notre classe au cours de la semaine

 

LUNDI 9 AVRIL :

 

C.P. - Nous imprimons ce que nous raconte Robert :

« Près de chez nous, je m'amuse avec Gérard. On va en chariot ».

Dessin : de Gérard et du chariot. - Modelage du chariot.

Ecriture : Je fais un modèle sur chaque cahier en script en ayant bien soin de séparer exagérément les mots...

Exercice d'observation : Comment construire un chariot, etc...

C.E. : Texte élu. - Voici le printemps !

 

Voici le printemps !

 

Voici le printemps !

Je suis bien contente,

Pour aller cueillir

Les belles fleurs

De toutes couleurs

Dans les prés verdoyants.

Les paysans sèment le seigle

Les arbres commencent à bourgeonner

Les oiseaux chantent gaiement dans la forêt.

Vive le printemps !

 

Exploitation immédiate :

 

1) Français vocabulaire. - Le beau printemps - Le joli printemps - le soleil radieux - le gazouillement des oiseaux - les fleurs et les papillons multicolores.

 

Lecture La princesse endormie, de M. Bouchor.

Calcul. Combien de jours dure le printemps ?

 

3) Sciences. - Oiseaux qui reviennent au printemps. - Enquête individuelle sur les premières fleurs qui apparaissent au printemps : perce-neige, renoncule. Chacun dessine sur son cahier la fleur étudiée d'après fiche-guide.

 

4)Géographie. - Nous suivons sur la carte les migrations des hirondelles revenant d'Algérie.

 

GRANDS

 

Textes présentés : L'hiver recommence. - Première violette. - Désolation de notre chat. - La neige du coucou. - L'orage. - Miéllin se meurt.

 

Texte élu : Miellin se meurt.

 

De l'avis de tous, nous changeons le titre en « Origine du dépeuplement de notre pays ».

 

Origine du dépeuplement de notre village

 

« Il y a 50 ans , notre village comptait de 400 à 500 habitants environ. Les familles de six à dix enfants n'étaient pas rares. L'école comprenait un instituteur et une institutrice et au moins de 70 à 80 enfants.

A cette époque la vie était facile et on y vivait heureux ; il y avait six cafés, quatre épiceries, une modiste, une repasseuse et une couturière, alors qu'aujourd'hui il n'y a plus qu'une petite épicerie. La culture était plus prospère. A l'heure actuelle, il n'y a presque plus de culture, le bois a tout envahi.

Il y avait une usine de carrés de montres, employant une trentaine d'ouvriers ; le propriétaire fut obligé de quitter le pays, parce que certains habitants n'ont pas voulu lui vendre le terrain avoisinant pour agrandir son usine. Il transporta son usine à Servance, qui, à l'heure actuelle, est devenue une grande entreprise métallurgique avec quelques centaines d'ouvriers.

Au même moment, une petite entreprise de serrurerie fermait ses portes, car Miéllin étant trop éloigné d'un centre ferroviaire, les transports devenaient trop onéreux, grevaient leurs budgets et il était difficile de moderniser l'outillage, par suite du manque d'électricité.

Ce fut le début du dépeuplement.

Les habitants tentèrent un dernier effort en confiant leur argent disponible à V.Rochet, un industriel de Melisey, pour construire un tissage à l'entrée du pays. Les travaux terminés, l'usine prête à fonctionner, la société se déclara en faillite. A partir de cette date, beaucoup de jeunes gens s'en allèrent travailler ailleurs. Le courant de la grande ligne avait été installé jusqu'à cette usine ; il y avait encore 2 kilomètres de lignes pour l'amener au village, on ne fit rien, parce que Miélliti, étant éclairé par la turbine d'un particulier, la municipalité jugea qu'il était inutile de faire de nouvelles dépenses.

Nous voyous de jours en jours nos jeunes gens nous quitter, puisqu'ils ne trouvent pas de travail. C'est bien triste.

 

T. de Marie-ouise, 12 ans.

 

Exploitation immédiate. -L'exploitation dure deux jours.

Calcul : établissement des courbes de la démographie d'un pays.

Histoire : Histoire de la dépopulation de nos campagnes. -Population de la France au cours des siècles.

Exploitation individuelle et lointaine par le plan de travail :

Français : choix de « l’Enfantine » n°153 : « La ferme abandonnée ».

Géographie : Etude de la démographie de la commune, de 1914 à 1951. Graphique des mariages, des naissances et des décès, par Claude M. Il nous fera un exposé de son travail mercredi après-midi. Simone, qui nous a fait un texte sur les violettes ce matin, vent faire une étude sur les violettes ; elle l'inscrit sur son plan. Quant à Jeanot, qui nous a lu son texte sur la « neige du coucou », il voudrait lui aussi faire une étude sur cet oiseau. Il l'inscrit aussi sur son plan de travail.

 

MARDI 10 AVRIL :

 

PETITS

 

Nous choisissons le texte oral de Jean-Pierre, 5 ans.

«  Papa a tué un chat parce qu'il mangeait les oeufs de nos poules ».

Etude de la lettre p.

Elocution : Que fait le chat ? - Différence entre le chat et le chien. - Est ce que les chiens et les chats s'entendent bien ?

Modelage en glaise d'un chat, d'un chien, d'une souris, etc...

 

MOYENS

 

Textes présentés : Notre vache - Les papillons - La petite guerre - Nos lapins - La cueillette des primevères - La tempête - Le renard - Le ramonage de la cheminée.

 

Texte élu : Le renard.

 

Le renard

 

« Samedi après-midi , nos poules se promenaient à la lisière du bois. Soudain, un renard affamé surgit du bois. Les poules aussitôt se précipitent pour se cacher dans notre hangar. Daniel et moi, nous courons à sa poursuite avec notre chien Boby.

Aussitôt, maître renard se sauve dans le bois et on ne le revoit plus. »

 

T. de Marie-Claude, 7 ½ ans.

 

Questions posées : Mange-t-on du renard ? - Combien le renard a-t-il de dents ?- Où vit le renard ? – Comment fait-on pour l'apprivoiser ? - Quelle est la couleur du pelage du renard ? Que mange le renard, quand il ne trouve pas de poules ? Combien le renard a-t-il de griffes ? Est-ce que les poules sentent, quand il y a un renard ? - Comment le renard manget-il les poules ? - Le renard chasse-t-il les lièvres et les écureuils ? - Comment chasse-t-on les renards ? - Les renards se mangent-ils entre eux, quand ils ont faim ? - Que fait-on avec les peaux de renards ?

 

Plan de travail pour la journée, après examen des questions.

Français vocabulaire : malin, rusé, ingénieux (qualificatifs pour le renard.

Lecture : Un bon tour de renard (tiré du « Roman de Renard).

« Le renard et la cigogne », que nous allons apprendre.

Sciences. - Vie du renard - Description du renard - Nourriture du renard Comment les renards mangent les poules ?

 

GRANDS

 

Travaillent individuellement à leur plan de travail, établi samedi dernier et complété au cours de la semaine, suivant l'intérêt découvert par la vie de la classe. Ils travaillent aussi à des exercices auto-correctifs de calcul ou de problèmes ou de grammaire ou de conjugaison, inscrits sur le plan (imposé par la nécessité).

 

L'après-midi, Colette fait son compte rendu sur la « houille blanche ».

 

MERCREDI 11 AVRIL :

 

PETITS

 

Texte oral choisi : J'ai un joli chat noir, il s'appelle Moussette ; Je l'aime bien.

Robert. - Lettre étudiée : le Ch.

 

MOYENS

 

Textes présentés : Retour d'Indochine. - Ma chèvre. - La mort de mon chat - Un nid de grive. - La naissance de mes petits lapins.

Texte élu : Le retour d'Indochine.

 

Le retour d'Indochine

 

« Notre voisin est revenu d'Indochine. Il est venu voir papa, il nous a dit qu'il avait vu des tigres en pleine brousse (mais ils ne s'attaquaient pas aux hommes, ils s'en éloignaient plutôt), des boas et des poissons volants. Il a mangé du nioc-mane, condiment composé de poisson pourri et d'huile, qu'ils employaient là-bas avec tout ce qu'ils mangeaient. Comme fourchette, ils se servaient de baguettes ; cela ne doit pas être facile ! Il a pris le bateau-hôpital à Saigon, qui est passé par le canal de Suez, il a fait escale à Singapour et à Port-Saïd et est arrivé à Marseille au bout de 17 jours de route.

 

T. de Jacqueline, 8 ans, enrichi par son frère.

 

Les grands ont écouté attentivement et semblent très intéressés par ce texte.  Claude, 13 ans, a aidé sa petite soeur à faire ce texte en le complétant par des détails intéressants. Inutile donc de faire lire aux grands leurs textes ; nous allons faire une exploitation commune, car les intérêts sont convergents.

 

Questions posées par les moyens et les grands

 

Comment les Chinois font-ils la guerre en Indochine ? Quelles armes emploie-t-on ?

Quelles bêtes fauves trouve-t-on dans les forêts d'Indochine ?

Que mangent les boas ?

Y a-t-il des boeufs comme chez nous ?

Est-ce qu'ils ne mangent que du riz ?

Quels fruits trouve-t-on ?

Comment capture-t-on les éléphants pour les apprivoiser ?

Où faut-il passer pour aller en Indochine ?

Quels arbres et quelles plantes trouve-t-on en Indochine ?

Où se cachent les Indochinois pour se battre ?

Comment sont-ils habillés ?

Quelles sont les principales montagnes ? – Sont-elles hautes ? - Les grands ports ? - Y a-t-il 4 saisons comme chez nous ? - La température moyenne en été ? - La population ? - Comment sont construites les maisons ? - Y a-t-il des grandes écoles ? - Pourquoi les Indochinois ont la peau jaun ? Quel est le langage des Indochinois ?

 

Exploitation immédiate. - Je réponds aux questions qui ne nécessitent pas une étude particulière et qui embarrasseraient trop les enfants dans leurs recherches. Ainsi : « Y a-t il des boeufs en Indochine ? - Comment sont construites les maisons ? - Y a-t-il des grandes écoles ? »

 

C. E.

Français : vocabulaire : Habitants de l'Indochine, les Indochinois.

Les différentes pièces d'un bateau, à l'aide du fichier Mory « Je travaille seul ».

Géographie : Les quatre races, le monde jaune.

Sciences : Les animaux d'Indochine. - Nourriture principale des Indochinois.

 

Les différentes parties d'un bateau.

 

C.M. - F.E. Français : Lecture : « Départ en paquebot » de R. Dorgelès (Plaisir de lire, C.M.F.E..., page 125.)

Vocabulaire : explication scientifique des différentes parties du navire : babord, tribord, le gaillard d'avant, etc...

Calcul : Leçon sur le noeud, le mille marin, la longitude, la latitude. - La distance sur la carte grâce à l'échelle.

Puis, calcul fonctionnel d'après le texte : « Quelle est la vitesse en mille à l'heure du bateau-hôpital, qu'a pris le voisin de Jacqueline, qui file à 20 nœuds ? »

 

- Sachant qu'il met 17 jours pour venir de Saïgon à Marseille, le bateau marche jour et nuit (il fait simplement 2 escales de 1 jour, l'une à Singapour, l'autre à Port-Saïd), combien y a-t-il de kilomètres de Saïgon à Marseille ?

 

- Mesure sur la carte, grâce à l'échelle, la distance en ligne droite ? S'il avait pris un avion « Constellation » faisant 600 km. à l'heure de moyenne, combien de temps aurait-il mis pour arriver à Paris ?

 

L'après-midi, Claude B. va trouver son voisin rapatrié d'Indochine et lui pose les questions qui nous ont embarrassés ce matin : « Comment les Indochinois sont-ils habillés ? - Que mangent les boas ? » - Il nous raconte comment les Indigènes capturent les boas, etc... Annie, la responsable du fichier, a trouvé une documentation fort riche sur l'Indochine : photos, cartes postales, articles de revues. Nous trouvons aussi dans le fichier botanique tous les produits coloniaux nous venant d'Indochine (produits fournis par le ministère de la France d'Outre-Mer). Claude rapporte à une heure une documentation d'une richesse inespérée : une cinquantaine de photos, une pagode sculptée dans du bois de camphrier, une magnifique laque, représentant une peinture d'un paysage indochinois avec une figurine en ivoire du traditionnel porteur indochinois.

 

Géographie. - Exploitation collective, la joie est débordante. Nous étudions ensemble la végétation, la religion, l'écriture, les pagodes, les bêtes fauves, la nourriture, etc...

 

Histoire - Grâce à un gros livre apporté par Claude, nous étudions quels furent les grands conquérants du Tonkin, du Cambodge, etc...

 

Origine de la guerre d'embuscades avec, les Vietnamiens. Nous parlons aussi un peu de la guerre de Corée.

 

Grâce à une revue que j'ai justement entre les mains, nous pouvons voir quels sont les armements de la guerre moderne, utilisés là-bas.

 

Journée profitable à 100% pour tous.

 

Exploitation lointaine par le plan de travail

 

Annie se propose de nous faire une étude géographique complète de l'Indochine : climat, fleuves, grandes villes, pour répondre aux questions qui n'ont pas été traitées. Cela lui servira en même temps pour sa préparation au C.E.P.

 

Claude veut étudier un paquebot.

 

Maurice choisit : les animaux voisins de l'éléphant.

 

Claude M. veut faire une étude particulière des bêtes féroces et des serpents venimeux en Indochine, grâce à des documents qu'il a trouvés sur le « Chasseur Français. »

 

Quant à Colette, elle veut nous faire une conférence sur la culture du riz en Indochine. Elle nous parlera aussi des pays où on cultive le riz.

 

Yvan veut faire aussi une étude sur le ver à soie.

 

Toutes ces questions sont inscrites sur les plans de travail individuels. Elles seront traitées soit au cours de la semaine, soit au cours de la semaine suivante.

 

VENDREDI 13 AVRIL

 

PETITS

 

Election du texte suivant : Ce matin, en venant à l'école, j'ai vu un chevreuil. Il courait vite, je n'ai pu l'attraper. JeanPierre. - Etude de la lettre v. Ils cherchent tous les v qu'ils ont vu dans tous leurs textes.

 

Exercice d'élocution : description du chevreuil, comment le chasse t-on ? -Examen d'images de chevreuil, tirées du fichier. Lecture de petites descriptions sur les moeurs de cet animal.

 

MOYENS

 

Apprentissage d'écriture, lecture d'une page du livre de vie de leurs correspondants de Saint-Mard (Marne) : « Le pigeon apprivoisé ». - Exploitation immédiate en sciences : étude des pigeons et des oiseaux, caractères généraux. Etude faite par les enfants eux-mêmes par l'utilisation d'une fiche-guide.

 

Le reste de la journée : plans de travail, où sont notés au début de la semaine les exercices auto-correctifs de calcul (opérations, problèmes) et de grammaire.

 

Textes présentés. - La chasse aux éléphants. - Travail au jardin. - Mes biquets. - Au théâtre.

 

Texte élu à l'unanimité : « La chasse aux éléphants ».

 

La chasse aux éléphants

 

« Grâce aux renseignements, donnés par M. Paut Tuaillon, rapatrié d'Indochine et d'après des recherches dans le « Chasseur français », nous pouvous vous parler de la chasse aux éléphants en Indochine.

La capture des éléphants est un sport passionnant et intéressant. Dès qu'un, troupeau est signalé aux Indigènes par les dégâts qu'il fait dans les cultures, la chasse est décidée. Elle consiste à isoler du troupeau un mâle adulte, ni trop vieux, ni trop jeune, opération des plus périlleuses et des plus délicates.

Les indigènes partent en groupe sur des éléphants apprivoisés, suivent la piste que le troupeau sauvage suivra certainement, puis prennent leurs dispositions de chasse en forme de demi-cercle, en ayant bien soin de ne pas se placer dans la direction du vent, car les bêtes sentiraient l'homme. Aussitôt que le troupeau de pachydermes est entré dans ce demi-cercle de chasse, ce dernier se referme aux deux ailes, entourant le troupeau. On fait alors un vacarme infernal : coups de fusils, tirés en l'air, bruit de ferraille, etc... Désordre et panique dans tout le troupeau. Chacun cherche à fuir de tous côtés, mais se heurte à un barrage d’éléphants, trompes en l’air et        barrissant.

Ils sont contraints de se diriger vers une brèche du cercle dans la direction imposée par la chasse. Les meilleurs coureurs prennent la tête, seuls quelques jeunes adultes de 15 à 20 ans hésitent, affolés, ce qui provoquera leur perte. Lorsqu'il n'en reste plus que quelques-uns à l'intérieur, ils les encerclent totalement en resserrant leur étreinte.

Alors commence le travail vraiment intéressant. Les jeunes éléphants sauvages, se voyant toutes retraites coupées, se cabrent en barrissant. S'ils s'approchent trop près des vieux éléphants apprivoisés, ceux-ci leur donnent de grands coups de trompe.

Un indigène s'approche alors en tapinois d'un jeune mâle et lui glisse un noeud coulant dans la patte de derrière et relie l'extrémité de la corde à un solide tronc d'arbre ; l'éléphant est pris, il ne restera plus qu'à l'apprivoiser.

 

Texte de Claude Bresson, 12 ans.

 

 

 

Questions posées par les élèves :

Les éléphants font-ils plusieurs portées dans l'année ?

Combien d'années vit l'éléphant ?

De quelle famille fait-il partie ?

Combien l'éléphant a-t-il de dents ?

Que mangent les éléphants ?

Trouve-t-on des éléphants ailleurs qu'en Indochine ?

La chair de l'éléphant est-elle comestible ?

Quand les éléphants sont morts, qu'est ce qu'on en fait ?

Combien pèse un éléphant ?

Où les éléphants dorment-ils ?

Les éléphants s'attaquent-ils aux hommes, quand ils sont sauvages ?

Les éléphants peuvent-ils travailler longtemps ?

Combien pèse un petit éléphant à sa naissance ?

Que fait-on avec l'ivoire ?

Comment s'appellent les petits éléphants ?

Les éléphants se battent-ils ?

Combien pèse une défense d'éléphant ? Combien mesure-t-elle ?

 

Pendant ce temps, le responsable du fichier apporte tous les documents qu'il trouve. Chaque élève prend une fiche qui l'intéresse et répond par écrit aux différentes questions posées. Nous faisons un petit compte rendu.

 

Exploitation immédiate :

 

Français. – Vocabulaire : barrir, éléphanteau, l'éléphantiasisme, l'entrave, entraver, etc... – Lecture : « L'enfant d'éléphant », par R. Kipling.

Calcul fonctionnel. - A combien revient la ration annuelle d'un éléphant, sachant qu'il mange chaque jour 50 kg. de foin et 15 kg. de seigle.

Prix de 500 kg. de foin : 2.500 fr. - Prix de 1 sac de 25 kg. de seigle : 250 fr..

 

2) Quelle superficie de terrain devra-t-on. planter, sachant que le rendement du foin à l'ha est de 100 q. et celui du seigle de 23 q. à l’ha ? Résultats en m² ?

 

3) Pour cela, on a acheté un terrain à 2.000 fr. l'ha. Qu'a-t on dépensé pour cet achat ? Qu'a-t-on dépensé en tout ?

 

Sciences. - Réponse par les élèves aux questions précédentes après, étude des fiches. Nous voyons les différentes races d'éléphants, la façon de les dresser, leur nourriture en liberté et en captivité, le poids, l'âge, la mâchoires le travail des éléphants, etc...

 

Géographie. - Répartition sur la terre.

 

Exploitation lointaine par le plan de travail. - Les éléphants préhistoriques, par Simone. - Les pachydermes, par Colette.

 

SAMEDI 14 AVRIL

 

PETITS

 

Révision des textes appris pendant la semaine et composition d'un nouveau texte avec les mots connus. Par exemple, j'inscris au tableau : « Ce matin, la maman de Gérard a mis mon chat Moussette près du feu. Il fait ronron. »

 

Les petits les composent avec les mots imprimés, découpés au cours de la semaine. La plupart déchiffrent assez facilement ces petits textes, composés de cette façon.

 

MOYENS

 

Textes présentés : La chasse aux cricris (glane). - Nos chats. - La bouteille cassée. - Au bois. - Les abeilles (glane). - A la cueillette des chatons deSaules (glane).

 

Texte élu :

 

Les cricris

 

« Hier après »midi, en allant ramasser des grosses pierres dans le champ, tout-à-coup en en soulevant une, je vois un cricri, qui sortait de son trou ; je saisis une bûche de paille, je l'enfonce à l'intérieur, pour chatouiller l'insecte, qui bientôt montre sa tête. Aussitôt je l'observe en le tenant dans le creux de la main; il a des petites ailes brunes, trois paires de pattes, qui ressemblent à des petites racines. Il mange de la salade, des miettes de pain, et boit de l'eau Je l'ai mis dans une boîte en carton, en attendant de lui construire une petite cage en bois et en verre.

La femelle pond de 250 à 300 oeufs..

La larve passe l'hiver sous la terre. Quand nous mettons la cage au soleil, les grillons chantent, comme dans les près. Il faut changer leur herbe tous les jours.

 

T. L. de Yvan R., 13 ans.

 

Exploitation immédiate : vocabulaire. - Cricri au chant monotone, strident, lancinant, élytres, antennes, mandibules.

 

Sciences .- Etude par l'observation par petit groupe du grillon. Lecture des différentes fiches trouvées dans le fichier.

 

GRANDS

 

Leçon traditionnelle avec eux sur une partie du programme n'ayant pas fait l'objet d'une étude particulière. Ils finissent leurs plans de travail.

 

L'après-midi : au début : conférence d'Annie sur « l'Indochine », et de Colette sur « La culture du riz », en Indochine. - Examen du journal mural. - Réunion de la Coopérative. - Correction des plans de travail (Je laisse les grands se mettre eux-mêmes la note qu'ils estiment avoir méritée au crayon. Vérification collective et par le maître, puis graphique).

 

Nous avons reçu les lettres de nos correspondants de la Loire.

 

Tous racontent qu'ils sont allés visiter un aérodrome ; d'ailleurs toutes les lettres contiennent des photos d'avions, données par la compagnie « Air-France ». Ici, dans notre petit village, personne n'a jamais vu d'avion à terre. Nous voudrions bien étudier un avion. Faute de pouvoir en visiter un, nous avons des B.T. très intéressantes. Claude B. veut bien en faire un compte rendu.

 

Ensuite, suit la lecture des questions contenues dans la boite aux questions elles sont assez nombreuses cette semaine.

 

- Qu'est-ce que le phosphore ?

- D'où vient le granit ? En trouve t-on dans les Alpes ?

- Comment extrait-on l'or ?

- Comment est fait le cuir ? - Comment est faite la pâte à modeler ? Comment est fait le papier ?

- Comment s'est formé le charbon dans la terre ?

- Comment est fait le papier argenté du chocolat ?

- Comment est faite la peinture à l'huile et l'aquarelle ?

- Comment est faite la porcelaine ? Où en fabrique-t-on ?

- Qu'est-ce que l'argile ? - Comment est fait le caoutchouc ?

- Où trouve-t-on du diamant ?

- Comment est faite la toile cirée ?

 

Je réponds assez rapidement, mais je signale que certaines questions peuvent ,faire l'objet d'une étude assez approfondie, à l'aide des nombreux documents que nous possédons dans le fichier et la Bibliothèque de Travail.

 

La fabrication du papier, l'extraction du minerai d'or, l'aluminium sont choisis pour le plan de travail de la semaine prochaine et feront l'objet d'un petit compte rendu.

 

Enfin, la dernière demi-heure du samedi après midi est consacrée à l'établissement des plans de travail pour la semaine suivante.

 

Les moyens (C.E. - C.M.1) marquent uniquement les numéros des fiches autocorrectives (addition - soustraction, multiplication, division, grammaire, problèmes) qu'ils se proposent de faire au cours de la semaine en cours ; quant aux grands, en plus de cela, inscrivent les sujets libres de sciences, de géographie, d'histoire. Cela est assez rapide car la plupart ont déjà choisi au cours de la semaine. Ils n'ont qu'à se référer à l'agenda de la classe, sur lequel j'ai inscrit au jour le jour les sujets qui ont été amenés par l'intérêt profond de la classe et que, par manque de temps, nous n'avons pu exploiter à fond.

 

Ainsi, comme nous l'avons vu au cours de la vie de notre classe pendant toute une semaine, nous avons noté :

 

En sciences. - Etude d'un paquebot. - Etude des différentes parties d'un –avion. - Les serpents. - les pachydermes autres que l'éléphant. - Les bêtes fauves d’Indochine. - Les cultures du printemps. - La culture du riz. - La violette. - Le papier. - Moeurs du coucou. - L'aluminium. - L'or.

 

En, géographie. - La démographie de notre commune. L'industrie de la laine dans le monde. - La houille blanche dans le monde. - Les pays houillers France.

 

En histoire. - Les grands aviateurs. - Les grands conquérants. - Expansion de l'Empire colonial sous la troisième République.

 

Pour l'établissement de ce plan de travail, ils se réfèrent également au plan général de travail distinct pour chaque matière, affiché au mur et coché au fur esure que les questions ont été traitées.

 

Ainsi, Annie et Maurice, candidats au C.E.P., choisissent une matière du programme en histoire, géographie et sciences.

 

J’établis avec mes élèves le plan de travail le samedi après-midi, pour avoir la possibilité et le temps de préparer des fiches-guides susceptibles de les aider dans leurs recherches au cours de la semaine suivante.

 

Voir pp. 25, 26, 27, 28, 29, les tableaux V, VI, VII, VIII, IX, tableaux récapitulatifs nous montrant exactement heure par heure le travail des enfants de chaque cours, pendant les journées de travail de la semaine, - et page 39, les tableaux X et XI montrant les études prises au C.E. et au C.M., C.F.E.

 

 

 

Tableau X. Tableau récapitulatif

montrant les études entreprises au cours élémentaire

Calcul

Sciences

Histoire

Géographie

Mesures de longueur.

Vitesse d'un navire (notions très sommaires).

Comparaison des surfaces.

Les oiseaux qui reviennent au printemps. Les passereaux

 Observation de la renoncule et de la violette.

Vie et habitat du renard.

Les animaux de l'Indochine.

Les serpents.

Différentes parties d'un bateau.

Le pigeon.

Le grillon.

La guerre actuelle d'Indochine La religion du Bouddha.

 

Route de migration des hirondelles en Algérie.

Les différentes races.

Le monde jaune.

La houille blanche.

 

TABLEAU XI.                TABLEAU RECAPITULATIF

montrant les études entreprises au cours moyen et fin d'études

Calcul

Sciences

Histoire

Géographie

Tracer des courbes graphiques.

Densité de la population. Echelle d'une carte.

Vitesse d'un navire (mille-noeuds marins)

Latitude, longitude

Façon de faire le point. Mesures de longueur.

Le coucou.

Les différentes sortes de bateaux.

Les différentes parties d'un paquebot.

Les pachydermes.

Vie et habitat des éléphants.

L'avion.

Le papier (inscrit au plan de travail)

L'or (inscription au plan de travai1).

L'aluminium (inscription au plan de travail).

Démographie du village et de la France aux différents âges.

Cause du dépeuplement des campagnes.

Historique de la conquête de l'Indochine.

Guerre actuelle d'Indochine.

Armes modernes utilisées dans la guerre d'Indochine.

Les grands aviateurs (inscription au plan de travail).

Les grands navigateurs (inscription au plan de travail).

Les grandes lignes de navigation en France.

Etude de la démographie en France.

La houille blanche.

Indochine physique et humaine.

Culture du riz,

Pays où se trouvent les différentes races d'éléphants.

La laine dans le monde (inscription au plan de travail).

 

 

Conclusion de cet examen détaillé d'une semaine de travail

 

Nous pouvons conclure, après un examen minutieux des tableaux récapitulatifs montrant le travail des élèves de tous les cours, que nous avons perdu le minimum de temps au cours de la semaine et que la majorité des élèves ont travaillé, selon leur rythme personnel et leurs intérêts, fait excessivement rare dans une classe unique traditionnelle. Nous sommes arrivés à ce résultat par l'emploi judicieux des plans de travail. Comme nous pouvons le constater, les grands travaillent seuls une grande partie de la journée et le maître peut consacrer plus de temps aux petits et aux moyens, n'ayant pas acquis les éléments de base pour fournir seul un travail efficace. Naturellement on n'arrive pas du jour au lendemain à faire travailler seuls des enfants, il faut un long apprentissage et les former dès leur entrée à l'école. Je n'ai pu constater le maximum d'efficacité qu'après deux années d'expérience à fond de la technique Freinet dans ma classe.

 

Nous ne pouvons nous y lancer que prudemment si nous ne possédons pas le matériel de base nécessaire : un fichier de documents, une petite bibliothèque de travail et les fichiers auto-correctifs.

 

D'ailleurs la C.E.L. se met à notre disposition pour nous procurer son fichier scolaire coopératif, sa magnifique collection de B.T. et ses multiples fichiers auto-correctifs, qui permettent à un maître de classe unique de travailler selon nos techniques avec le maximum de rendement.

 

Nous pouvons affirmer, de l'avis unanime des camarades de la Commission des classes uniques, que la pratique des plans de travail semble indispensable dans nos classes. En effet, je puis dire que, c'est le plan de travail qui m'a ouvert la voie à des réalisations efficientes dans ma classe.

 

Chaque enfant travaille à son propre rythme et a la possibilité de développer ,ses tendances personnelles. Et puis le maître se fatigue moins, ce qui n'est pas négligeable.

 

Etablissement

 

De l'examen attentif de notre semaine de travail il ressort que l'établissement du plan de travail est fait librement par l'enfant en fonction principalement de son intérêt, de ses besoins propres et de la nécessité du moment.

 

L'intérêt est ce qui provoque dans son esprit un état d'activité mentale facile et agréable, une attention spontanée, sans contrainte...

 

Ainsi le choix des sujets hebdomadaires en sciences, géographie et, quelque fois histoire, est suscité par le texte élu (intérêt général), par un texte non élu (intérêt individuel de l'enfant ayant écrit ce texte), par une glane intéressante ou une question posée par les correspondants...

 

Quant au besoin, c'est l'état de l'enfant suscité par rapports aux moyens indispensables à son existence, sa conservation, son développement physique ,ou mental...

 

Le calcul répondra aux besoins : il lui faudra savoir lire des cartes, savoir faire une multiplication, une division, une addition, une soustraction, calculer la surface d'une pièce, de rendre la monnaie... d'où besoin d'apprendre les formules et de faire plusieurs fiches libres auto-correctives.

 

Il en est de même pour l'orthographe, besoin et quelquefois nécessité de vaincre les difficultés (fiches libres et fiches particulières suivant les erreurs individuelles).

 

Enfin la nécessité est l'exaspération du besoin en un moment bien précis, elle est imposée ou bien est simplement ressentie.

 

Ainsi un enfant choisissant librement 4 ou 5 fiches de grammaire, afin de ne plus faire de fautes sur les participes passés, agit suivant une nécessité ressentie. Les candidats aux certificats inscrivant sur le plan de travail des sujets imposés au programme, obéissent uniquement à cette nécessité impérieuse, savoir son programme pour être reçu à l'examen.

 

Aussi, pour l'établissement du plan de travail, il est très important de concilier à la fois intérêt, besoin et nécessité.

 

Fiches-guides

 

L'élève sera aidé par l'élaboration de son plan de travail par des fiches guides, car tout au moins au début l'enfant ne sait pas exploiter les documents qu'il a en main, il lui faut un guide.

 

Il peut y avoir deux sortes de fiches-guides

 

1° Lorsque tout le plan de travail et l'exploitation d'un centre d'intérêt, les fiches-guides sont établies par les enfants eux-mêmes (individuellement ou par équipes) avec l'aide du maître bien souvent. Car il y a dans ce cas un intérêt qui domine.

 

2° Lorsque l'exploitation est impossible ou bien lorsqu'il n'y a pas d'intérêt dominant, nous nous occupons alors de l'étude du programme du C.E.P. Dans ce second cas, c'est le maître qui prépare les fiches-guides (C.F. Voir un exemple en fin de la brochure LE CHEVALLIER).

 

Contrôle

 

Tout au long de la semaine, le maître surveille le travail des enfants. Chaque soir, après la classe, il contrôle le travail accompli, il signale les fautes d'orthographe et les exercices trop mal écrits défigurant le cahier, qu'il fait refaire.

 

En fin de semaine, en accord avec les élèves, il établit le graphique des notes de chacun. Ensuite le plan et le cahier de plan de travail sont signés par les parents, ils remplacent le cahier de correspondance et leur permet de mieux suivre leurs enfants dans leurs progrès scolaires.

Nous pensons que la pratique des plans de travail est tout à fait indispensable dans nos classes uniques de campagne, car elle donne la liberté à chaque enfant de travailler selon son rythme propre et ses possibilités, libère le maître des grands et lui permet de consacrer son temps plus spécialement aux petits, qui ont besoin de lui à chaque instant.

 

Deux sortes de contrôles :

 

Contrôle des acquisitions – Au cours moyen et C.F.E., par interrogations orales ou devoirs écrits.

 

Au C.E., presque uniquement oral.

 

Je contrôle en particulier l'orthographe sur les dictées et les textes libres ou proposés, le calcul mental, les acquisitions en histoire, géographie et sciences (programme de l'examen).

 

Contrôle du savoir-faire :

 

- Savoir exprimer correctement sa pensée oralement ou par écrit.

- Savoir résoudre un problème posé par la vie de tous les jours.

- Savoir lire un texte devant un auditoire de telle sorte que cet auditoire comprenne le texte.

- Savoir exploiter des documents.

- Savoir se servir des instruments de mesure et d'observation.

 

Cette question de Grosjean amène d'ailleurs une autre question fondamentale qui est seulement esquissée dans son questionnaire : au 12° et qui est celle-ci en réalité : Quel est le rôle exact du maître d'école à classe unique ?

 

Le maître d'école à classe unique, le « chargé », est constamment sur la brèche il doit savoir, à lui seul, ce que savent tous les autres dans leurs spécialités éducation, questions sociales, médecine, finances, etc... En contact direct avec le peuple, c'est-à-dire avec la force même de la société, il est à la fois le guide, le bureau de renseignement et le secrétaire, mais surtout le responsable sur lequel chacun tape, d'en haut et d'en bas.

 

Il lui faut donc organiser son travail de façon à contenter tout le monde, y compris sa propre conscience.

 

Ce n'est pas toujours facile, mais quand on y arrive, on peut être fier de soi.

 

Il a pour cela deux rôles principaux 1° Organiser le travail à l'intérieur des sociétés dont il a la responsabilité :

- Commune

- Coopérative scolaire

- Amicale, etc.,.

 

Ceci représente un travail de préparation considérable.

 

Mais c'est insuffisant.

 

Il lui faut encore développer les tendances individuelles de chacun, permettre à chaque individualité de s'extérioriser au maximum, développer le sens des responsabilités, extirper les vices, cultiver le goût du beau, etc...

 

2° Contrôler les acquisitions et le savoir-faire de chacun.

 

LECHEVALLIER.

 

Comment S'établit le graphique hebdomadaire

(Voir page 3 de couverture)

 

J'utilise le graphique hebdo depuis 4 ans environ.

 

J'en suis satisfait. Les enfants y tiennent et j'ai eu plus d'une fois la preuve que les parents s'y intéressaient.

 

Age : Le graphique figurant soit au dos, soit au-dessous du Plan de travail, on ne l'établit que pour les enfants de plus de 8 ou 9 ans, Mais je me demande s'il ne serait pas bon de tirer des graphiques indépendamment du Plan de travail pour les enfants plus jeunes.

 

Au début, nous établissions les graphiques le samedi en fin d'après-midi. Chaque enfant venait au bureau avec ses travaux de la semaine. Pour chaque travail, je lui demandais son avis, je donnais le mien et la ligne prenait forme ainsi. Mais c'était très long, très pénible. Et pendant tout ce temps, j'étais obligé d'abandonner les petits.

 

Maintenant, nous procédons différemment. En principe, dès qu'un travail est terminé, il est coté.

 

- Pour l'orthographe, l'enfant établit lui-même sa moyenne.

- Les textes libres sont appréciés après lecture.

- Pour le calcul, on tient compte du nombre de fiches, des problèmes pratiques, etc...

- La lecture, la récitation, les travaux d'imprimerie sont ainsi cotés au cours de la semaine.

- Le samedi après-midi, il ne reste plus grand chose à voir

- Pour le caractère, on discute au cours de la réunion de coopérative.

- Pour l'attention, silence, de même.

- Pour apprécier l'écriture et le soin, on désigne une petite commission (le maître et deux élèves) qui font le tour des cahiers, comparant aux pages précédentes.

 

Remarques

 

Nous laissons 1 ou 2 colonnes vierges que chaque enfant utilise à sa guise propreté, service, etc... ou n'utilise pas.

 

Pour certains travaux, c'est l'enfant lui-même qui donne son appréciation. Mais souvent, elle jaillit spontanément de la bouche de ces camarades, quand il lit son texte, par exemple. Néanmoins (et on le lui répète) il a la possibilité de discuter. Certains ne s'en privent pas.

 

Evidemment, on tient compte de l'âge, du niveau, etc...

 

- C'est bien, parce qu'il est petit !

- C'est très bien, vu ce qu'il fait d'habitude !

 

BEAUGRAND.

 

A partir de quand peut-on utiliser le plan de travail

dans nos classes ?

 

Il semble que le plan de travail ne peut être utilisé que par des enfants qui sont capables de fournir un effort assez long, qui savent se documenter, utiliser des outils (dictionnaires, compas, mètre), etc...

 

Si bien que le plan de travail est à déconseiller avant le C.M. (9 ou 10 ans). D'ailleurs, avant 9 ou 10 ans, l'intérêt dépasse rarement la journée.

 

Préparation du travail pour le maître :

 

Cette préparation, cette organisation du travail a deux formes :

 

1° Préparation matérielle : fichiers auto-correctifs, bibliothèque de travail avec des documents nombreux et méthodiquement classés, bibliothèque de lecture, instruments, de mesure, de reproduction, etc... ;

2° fiches-guides pour les études spéciales, les travaux de longue haleine, les enquêtes...

 

Je n'utilise plus le cahier de préparation et l'Inspecteur, d'ailleurs, ne me le demande jamais.

 

Par contre je tiens un cahier de contrôle sur lequel j'indique ce qui a été étudié en commun dans les différentes disciplines : calcul, grammaire, histoire, géographie, sciences... et qui se rapporte au programme.

 

Je note également les faiblesses de chacun, que j'ai pu observer lors des exercices de contrôle et sur lesquelles je reviendrai. Mais je note également les progrès, les efforts.

 

LECHEVALLIER.

 

Comment par nos techniques nous avons

introduit dans nos classes uniques cette

vie génératrice de travail intense ?

 

Naturellement ce n'est pas du jour au lendemain que l'on peut prétendre aborder d'emblée dans nos classes uniques, notre méthode des plans de travail, basée en grande partie sur la conception du travail librement consenti par l'enfant.

 

Il est nécessaire au maître de connaître tout d'abord le tempérament et le niveau intellectuel de chacun de ses élèves. On peut avoir recours aux tests. Beaucoup de maîtres n'ont pas été habitués à les utiliser et s'en méfient à tort. Ils s'imaginent qu'il s'agit là d'un examen très compliqué réservé à des spécialistes. Erreur ! car c'est assez rapide de faire subir des tests de développement, nous permettant de déceler l'âge mental et le quotient intellectuel de chaque enfant (test Terman, Lib. Bourrelier).

 

Ensuite, pour aborder notre méthode, il est indispensable de posséder un minimum de matériel de base (bibliothèque de travail sommaire, limographe, et quelques fichiers auto-correctifs de calcul et de grammaire). La C.E.L. peut nous le procurer à des prix très avantageux.

 

Troisième condition : baser peu à peu notre enseignement sur la libre expression de l'enfant par le dessin libre, puis le texte libre.

 

Peu à peu l'enfant éprouve le besoin de créer, de communiquer à son entourage ce qu'il a découvert librement par l'observation directe et aura de ce fait un plus grand appétit de recherche.

 

Enfin, notre travail scolaire sera fondé sur l'esprit coopératif et l'esprit d'entr'aide grâce à une coopérative scolaire, sous la haute responsabilité du bureau élu, avec ses responsables, ses chefs d'équipes, ses conférenciers, ses rapporteurs, qui apprendront à même la vie à remplir leur rôle de citoyens.

 

Notre coopérative scolaire est basée sur le principe de la « liberté » de chaque élève, aidé et éclairé avec la plus grande intensité possible par le maître.

 

Elle suppose une vie nouvelle réorganisée, l'abandon de la discipline traditionnelle et l'organisation de la vie de la casse par les enfants eux-mêmes, un travail nouveau non plus imposé par les programmes et les manuels, mais par la vie elle-même.

 

D'ailleurs notre matériel indispensable à nos techniques (imprimerie, limographe, fichiers auto-correctifs, B.T., etc ... ) nous oblige naturellement au travail collectif, donc coopératif. Il appartient à tous et le travail qu'il permet, ne saurait être qu'un travail d'équipe.

 

Par cet esprit coopératif nous apprenons à l'enfant à être conscient de ses actes et de ses responsabilités.

 

Chaque samedi, en fin d'après-midi, nous organisons une réunion de coopérative, sous la responsabilité du président de la coopérative, assisté du secrétaire, qui note les points essentiels de la discussion.

 

On lit le journal mural, on discute, on sanctionne, on félicite, on apporte des critiques, des suggestions pour l'organisation et l'amélioration de la classe, on fixe à chacun ses responsabilités et on engage des décisions.

 

Nous donnons à titre d'exemples quelques échos de ces réunions de coopérative

 

Réunion de la coopérative

 

Journal mural

 

En fin de semaine, réunion de la coopérative. Le secrétaire lit le journal mural, qui est l'examen de la vie de la classe au cours de la semaine écoulée. Ce journal mural, constitué par deux feuilles doubles de cahier collées ensemble dans le sens de la longueur, est affiché dans le couloir. L'en-tête est illustrée par un élève volontaire, Cette feuille est elle-même divisée en quatre colonnes, ayant chacune pour titre : Nous critiquons - Nous félicitons - Nous demandons - Nous voudrions savoir...

 

En cours de semaine les enfants viennent y écrire librement leurs griefs, leurs voeux, etc...

 

Assistons, à titre d'exemple, à un de ses débuts dans notre classe.

 

A la rubrique « Critiques » nous lisons : « Jean P... est un sale, nous ne vouIons plus nous mettre à côté de lui... »

 

Toute la classe décide qu'il resterait tout seul à sa table tant qu'il ne serait pas plus propre.

 

« Simone bavarde toujours et nous empêche de travailler ». Signé : Maurice.

 

Simone se défend, mais elle est obligée de reconnaître son défaut. Comme sanction, la semaine prochaine, elle sera chargée de la surveillance du bruit.

 

« Jean-Pierre est brutal envers ses camarades pendant la récréation ». Signé Germaine.

 

On décide que personne ne jouera plus avec lui la semaine prochaine.

 

« Claude range mal les caractères dans la casse ». Signé : Marcel.

 

Décision de la classe : pendant une semaine il sera chargé de ranger la casse après 4 heures.

 

Lydia, responsable de notre équipe imprimerie, ne corrige pas suffisamment les fautes ».

 

Lydia reconnaît les faits et s'engage à faire plus attention la semaine prochaine. Si elle ne tient pas son engagement elle sera remplacée.

 

« Jeannot fait des taches sur les fiches ».

 

Le responsable du fichier décide qu'il ne veut plus lui en donner. Toute la classe est de son avis.

 

Passons maintenant à la rubrique « félicitations ».

 

- Nous félicitons Maurice pour sa conférence, qui nous a bien intéressés.

 

Cette phrase est pour Maurice la meilleure des récompenses, qui l'encouragera à faire encore mieux la prochaine fois,

 

- Nous remercions le maître de nous avoir tourné un beau film.

 

Dans la colonne « Nous demandons » nous pouvons encore lire :

 

« Je demande un autre correspondant parce que le mien ne m'écrit presque jamais. Ses lettres sont trop courtes, mal écrites et cousues de fautes ». Signé : Annie.

 

Nous conseillons à Annie d'écrire elle-même à son correspondant et de lui faire toutes les critiques qu'il mérite. Peut-être cela pourra le stimuler.

 

« Nous voudrions bien avoir un correspondant dans le pays des cousins de Claude, qui habitent en Belgique ».

 

Nous décidons d'écrire à Cannes, au service des échanges interscolaires, pour demander un correspondant belge.

 

Enfin nous passons à la lecture des questions.

 

Paul nous demande avec quoi est faite l'essence. Nous lui conseillons de chercher dans le fichier et nous lui indiquons le titre des livres qu'il pourra consulter pour approfondir cette question et nous faire une petite conférence.

 

Marie-Louise désirerait savoir avec quoi est faite l'encre d'imprimerie. Après avoir cherché dans des ouvrages spécialisés nous essayons d'y répondre de notre mieux.

 

Quelquefois nous nous sommes trouvés très embarrassés devant des questions tout à fait imprévues et gênantes.

 

Nous y répondons avec la plus grande loyauté.

 

A la fin des réunions nous dressons rapidement les listes des conférences et des lectures libres qui seront faites au cours de la semaine prochaine.

 

Une fois par mois le trésorier rend compte de la situation financière de la coopérative et nous décidons en commun des nouveaux achats à faire et des fêtes à préparer.

 

C. GROSJEAN.

 

Une réunion hebdomadaire de la coopérative

 

Notre semaine scolaire se termine par la réunion de la coopérative. En voici le déroulement :

 

Les élèves se réunissent autour d'une grande table rectangulaire, le bureau (président, trésorier, secrétaire) se place à un bout.

 

1° Le président déclare la séance ouverte et invite ses camarades à chanter.

 

2° Le président donne la parole au secrétaire, qui lit d'abord le procèsverbal de la dernière réunion.

 

Procès-verbal

 

Lecture du dernier procès-verbal a été faite. Après intervention de Joël, Denise et Claude, il a été adopté à l'unanimité.

 

Denise propose, de constituer une réserve de betteraves et d'avoine pour la lapine que nous achèterons au printemps : adopté.

 

Un responsable pour le filicoupeur a été choisi. Claude :7 voix ; Roger : 5 voix. Claude sera responsable du filicoupeur.

 

Jean-Claude demande que Jean-Pierre et lui rangent leur casse : adopté.

 

Le trésorier lit les dépenses de la semaine : 678 fr. indique la balance : 1.415 fr., et signale que Christiane, Yolande et Jean-Claude n'ont pas encore payé leur cotisation.

 

Le maître répond aux questions de la boîte aux questions.

 

Après la lecture de ce procès-verbal et vote, le secrétaire passe à la lecture du journal mural où, en toute liberté, au cours de la semaine les élèves ont inscrit leurs félicitations, leurs critiques et leurs propositions.

 

Journal mural

 

JE FELICITE

 

Je félicite Claude qui m'a aidé à l'imprimerie. - Roger.

Je félicite Claude qui m'a aidé à allumer le feu. – Jean-Pierre.

Réjane a apporté un bouquet. - Denise.

Je félicite Jean-Pierre qui n'a usé que 5 allumettes pour allumer le feu celle semaine. - Liliane.

 

JE CRITIQUE

Je critique Joel qui a pris mon savon et ne l'a pas remis à sa place. Liliane.

Edgar ne fait pas bien soit service. - Joel.

Michel fait des singeries au lieu de déranger les tables pour le balayage. - Joel

Christiane a mal rangé sa casse. - Michel.

Il n’y a pas la fiche 49 réponse M.-D. - Réjane.

Jean-Pierre met des bouts de papier dans ma casse. - Roger.

Le poste et le poêle sont couverts de poussière. Denise.

 

JE PROPOSE

Je propose d'acheter un balai. – Josette.

Je propose que ceux qui n'auront pas payé leur cotisation avant le 20, paient une amende de 5 fr. - Denise.

Je propose qu'on achète une grosse boîte d'allumettes au lieu, de petite. - Denise.

 

Le secrétaire lit d'abord les félicitations puis les critiques. Là, la discussion s'anime : l'élève critiqué présente sa défense, d'autres camarades interviennent. Si celui qui a critiqué demande une sanction les coopérateurs discutent sur la sanction puis votent. Pour être appliquée, la sanction doit être adoptée par la majorité des coopérateurs.

 

Quelques sanctions :

- Christiane, qui a mal rangé sa casse, restera ce soir pour la ranger.

- Le responsable du fichier M.D. cherchera la fiche réponse 49 ; s'il ne la trouve pas, il la refera sur un carton qu'il demandera au trésorier.

- Jean-Pierre rangera la casse de Roger.

- Edgar, qui a mal fait son service, restera de service encore une semaine.

 

On passe ensuite aux propositions.

 

Cette lecture du journal mural, avec ses interventions, permet à l'instituteur des observations fort intéressantes pour la connaissance des enfants.

 

3° Le président donne la parole au trésorier.

 

Celui-ci indique les recettes et les dépenses de la semaine ainsi que la balance de la coopé et le nom des coopérateurs n'avant pas payé les cotisations du mois.

 

Les coopérateurs lui demandent des explications.

 

4° Le président donne la parole au maître, qui répond aux questions de la boîte aux questions.

 

5° Après un nouveau chant, le président lève la séance.

 

Robert DANIEL, Vinets (Aube).

 

Ces réunions de coopératives fort appréciées par tous les enfants ne sont-elles pas beaucoup plus profitables que les anciennes leçons de morale ?

 

Cet examen commun, à la fois critique et constructif, libère nos petits paysans de cet esprit étroit et égoïste, les prépare à leur future tâche de citoyens, conscients de leurs responsabilités et leur apprend à comprendre que la liberté dans le travail est inséparable de la responsabilité.

 

Quelques résultats

 

A.- Résultats qualitatif :

 

Au cours de trois années d'expérience d'école moderne nous avons constaté une amélioration très sensible de l'esprit critique et de l'esprit d'observation, un sens très développé de la personnalité, conséquence des relations plus cordiales et plus confiantes entre maître et élèves, et de cette atmosphère d'autodiscipline régnant dans notre classe.

 

- un plus grand esprit d'entr'aide;

- plus de franchise avec soi-même et avec les autres

- un certain goût esthétique, se manifestant à l'occasion du choix des poésies, des dessins, des chansons, etc...

- une plus grande assurance et une plus grande maîtrise de soi, due à nos pratiques de comptes rendus et de conférences, et à cette ambiance de liberté ;

- une plus grande ardeur au travail : certains élèves ne craignent pas de rester en classe jusqu'à 6 heures du soir pour achever leur besogne ;

- un esprit d'initiative plus développé, acquis par nos méthodes de dessin libre, de texte libre, etc...

 

B. - Résultats positifs :

 

Nous pouvons affirmer en toute sincérité que nous avons constaté chez nos élèves les résultats positifs suivants :

 

- une nette amélioration en français, en vocabulaire et en orthographe, due à la pratique journalière du texte libre et à l'emploi méthodique des fichiers auto-correctifs de grammaire et de conjugaison ;

- un certain goût pour l'histoire, la géographie et l'histoire naturelle, qui ne sont plus à leurs yeux des sciences purement factices ;

- une plus grande compréhension des problèmes d'arithmétique, puisqu'ils sont puisés à même la vie ;

- Plus de soin dans la tenue des cahiers.

 

Naturellement nous devons reconnaître qu'il ne règne pas tous les jours le plus grand silence dans notre classe et que la discipline n'est pas toujours parfaite, car nos outils, notre matériel et nos locaux scolaires laissent beaucoup à désirer. Néanmoins nous n'avons pas trop à nous plaindre, car tous nos élèves travaillent avec joie et réussissent aux examens.

 

Ainsi, par nos techniques, nous saurons mieux habituer l'enfant à cette discipline naturelle du travail. Nous saurons mieux discerner ce que chacun peut faire dans cette petite collectivité qui est la classe. Nous n'aurons plus d'inactifs comme on en voit tant dans certaines classes uniques de campagne. Tous travailleront au maximum, selon leurs possibilités. Et, peu à peu, l'enfant s'habituera à travailler librement au profit de la collectivité et à prendre des engagements pour l'amélioration du travail collectif et individuel.

 

Cette fraternité de travail préparera l'enfant à ses tâches de citoyen conscient, qui saura que nul n'est en droit de se décharger sur autrui de ses responsabilîtés et que chacun est pour sa part comptable du sort de tous.

 

C. GROSJEAN, Fréderic-Fontaine (Haute-Saône).

 

Quelques fiches-guides

et fiches d'expériences

pour le travail personnel des élèves

 

Exemple de fiche-guide

Géographie : France, étude des régions naturelles

 

1° Situe la région sur la carte de France. Situe-la par rapport à l'Océan et à la mer Méditerranée. Observe la carte de cette région. Remarque le relief, la nature du sol, l'hydrographie. Que penses-tu du climat ? de la végétation ? des cultures ?

 

2° Demande au responsable toute la collection des journaux et des documents qu'il a reçus de nos correspondants dans cette région. Lis. Observe.

 

3° Si tu n'es pas satisfait, cherche dans la Bibliothèque de Travail. Tu en trouveras d'autres que tu étudieras.

 

4° Si tu as fait un voyage dans cette région, rassemble tes souvenirs et écris-les.

 

5° Si tu n'as pas trouvé de documents ou bien s'ils sont insuffisants, demande au maître ou au responsable de projeter le film documentaire sur cette région. Note tout ce qui la caractérise.

 

6° Dessine la carte de cette région à une grande échelle (au moins une page de cahier). Trace dans l'ordre :

 

- en bleu : les côtes, mers, océans, fleuves, lacs, canaux

- en noir ou bistre : le relief ;

- en rouge : les villes, les chemins de fer

- en vert : la végétation, les productions agricoles, la faune et l'élevage

- en violet : les mines et les productions industrielles. (Pour les productions, utilise les signes de la fiche spéciale). -

- Laisse les plaines en blanc.

 

7° Indique l'échelle de ta carte. Si tu voulais aller dans cette région, quelle distance aurais-tu à parcourir ? Quelles régions et quelles villes traverserais-tu ?

 

8° Avec une équipe de camarades, essaie de reproduire la région à l'aide de la pâte à modeler, de l'argile, du plâtre, de la pâte à papier ou du sable.

 

9° Demande des explications sur ce que tu n'a pas compris ou si tu veux connaître des détails supplémentaires.

 

10° Fais un dessin qui caractérise la vie des habitants de cette région.

 

LECHEVALLIER (Eure-et-Loir).

 

Fiches mode d'emploi

 

J'ai étudié Maury mais surtout Winnetka (Washburn). Winnetka m'a fait comprendre qu'avant d'établir une fiche il faut se demander ce qu'il faut que l'enfant connaisse. Je reproche à Maury et à ceux qui l'ont imité, de faire des fiches « à reprendre à l'envers » (sauf pour le calcul), je veux dire que si l'on prend la fiche par la fin, on trouve toutes les réponses aux questions posées au début de la fiche.

 

Voici 2 fiches que je propose (j'en ai déjà établi plusieurs centaines et j'en échange avec des camarades) :

 

Fiche d'expérience

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Matériel :: 2 épingles à tête, une planchette, une pièce de 25 cent, en nickel, 1 fil de fer fin, une bougie, des allumettes, de l'eau.

 

EXPÉRIMENTE :

 

1° Attache le fil de fer à la pièce, comme l'indique le croquis.

2° Enfonce légèrement les 2 épingles dans la planchette de façon que la pièce passe entre les épingles sans difficultés.

3° Allume la bougie.

4° Tiens la planchette verticalement de la main gauche ; de la main droite chauffe la pièce pendant 3 minutes.

5° Essaie à nouveau de la faire passer entre 2 épingles.

 

Que remarques-tu ?

 

6° Recommence à chauffer. Essaie de nouveau. Trempe la pièce dans l’eau froide.

 

Fais un nouvel essai.

 

Que remarques-tu ?

 

ESSAIE DE COMPRENDRE.

 

1° Au début de l'expérience et à la fin, la pièce était froide.

 

Après l'avoir chauffée, sa température a augmenté, son . . . . . . a augmenté de longueur.

 

On dit qu'elle s'est dilatée.

 

etc....

 

Fiche d'expérience

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Matériel à préparer : 1 bouteille à goulot étroit, une pièce de 50 cent. en aluminium, de l'eau.

 

EXPÉRIMENTE :

 

1° Place la pièce sur le goulot de la bouteille comme l'indique le croquis.

Trempe ton doigt dans l'eau et humecte le tour de la pièce.

3° Place tes mains sur le corps de la bouteille.

4° Observe la pièce.

 

Que remarques-tu ?

 

MAINTENANT RÉFLÉCHIS.

 

1° En humectant le tour de la pièce, tu as fabriqué une soupape.

2° La bouteille n'est pas vide. Que contient-elle ?

3° La bouteille te semble froide à quelle température sont tes mains ?

4° La température du contenu de la bouteille a change ; pourquoi ?

C'est la suite de ce changement que se produit le phénomène que tu viens d'observer.

Pense à l'expérience de la pièce et explique.

 

etc...

 

Ces deux fiches font partie d'un ensemble qui comprend encore :

 

A) une fiche sur la dilatation des liquides.

B) une fiche d'observation et d'enquête sur le thermomètre.

C) une fiche sur des cas de la vie à expliquer (vélo au soleil, ballon qui se gonfle près du feu, etc...

 

(FINELLE.)

 

Fiche expérience

Prépare du charbon de bois

 

Matériel : Un tube en verre en pyrex, une lampe à alcool, une pince à, linge, des bûchettes.

 

1) Découpe tes bûchettes en petits morceaux, place-les dans le tube. Saisis l'éprouvette avec la pince à linge et fais-la chauffer au-dessus de la lampe à alcool que tu viens d'allumer.

 

Observe :

 

1) Qu'est-ce qui se dégage du tube ? Approche une allumette de la fumée qui s'en dégage. Que constates-tu ?

 

2) Arrête l'expérience quand plus rien ne se dégage du tube.

 

3) Observe comment se sont transformés les petits morceaux de bois. Quelle couleur ?

 

Laisse tomber une petite bûchette carbonisée par terre. Quel bruit fait-elle ?

 

- Qu'arriverait-il si le charbonnier laissait entrer beaucoup d'air par les ouvertures de la meule ? Obtiendrait-il du charbon ? Qu'obtiendrait-il ?

 

- Quelle différence y a-t-il entre le charbon de bois et la bouille que le mineur exploite au fond des mines ?

 

- Essaie de construire une petite meule dans la cour de récréation.

 

4) Que reste-t-il au fond et sur les parois de l'éprouvette ? Quelle couleur ? Quelle odeur ? Touche ce liquide, colle-t-il au doigt ?

 

Demande au maître qu'il t'explique.

 

Dans l'expérience précédente tu as fabriqué du charbon de bois.

 

Maintenant tu vas lire sur le livre de Sciences de la Bibliothèque de travail comment les charbonniers peuvent en fabriquer en grosses quantités.

 

Si tu as bien compris, essaie de répondre à ces questions

 

- Comment se fait-il qu'en faisant brûler ainsi le bois, on n'obtienne pas de la cendre comme dans le fourneau ?

 

C. GROSJEAN.

 

Quelques emplois du temps

voir pages 30 et 31 les tableaux XII et XIII

"Emplois du temps"

et page 52 le tableau XIV

 

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