Publication Mensuelle n°6 Mars 1938 (2ème édition)

Brochures d’Education Nouvelle Populaire

Activités Dirigées

L’IMPRIMERIE A L’ECOLE
VENCE (ALPES-MARITIMES)

Les 10 N°s : 10 frs.                                             PRIX : 1 fr. 50

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Tables des matières

Activités dirigées
Intérêt – Enthousiasme – Joie
L’Imprimerie à l’Ecole – Le journal scolaire
Le limographe
Echanges interscolaires
Gravure du lino
Découpage du contreplaqué
Fichier Scolaire Coopératif
Décoration de poteries
Coopérative scolaire
Dessin
Disques – Radio
Classes-promenades
Le pipeau
Collections de plantes, de fleurs, d’insectes, observations de sciences
Recherches folkloriques – Histoire vivante
Modelage
Cartes en relief
Tissage
Cinéma
Photographie, clichage, pyrogravure, philatélie, modèles réduits
Les fêtes scolaires

 

La coopérative de l’Enseignement Laïc au service de l’Ecole et de ses Maîtres

La Coopérative de l’Enseignement Laïc est la seule organisation en France qui ait entrepris et réalisé la mise au point et la livraison du matériel d’enseignement nécessité par les techniques nouvelles.

Depuis plus de dix ans, nous sommes attelés à cette besogne qui, ingrate et délicate au début, voit se préparer son triomphe avec l’institution de la scolarité prolongée et des Activités Dirigées.

Ne frappez pas à d’autres portes. Vous n’y seriez renseignés ou servis qu’en seconde main, et bien souvent à vos dépens.

Nous mettons à votre service une organisation coopérative, sans but mercantile, qui est créée et qui vit dans le seul but d’aider l’école et ses maîtres à s’orienter vers les techniques nouvelles.

Cette coopérative est ouverte à tous. Joignez-vous à nous. Si nos réalisations ne sont pas encore parfaites, si votre expérience vous donne le désir de les améliorer, vous ajouterez votre effort à celui de plusieurs centaines d’éducateurs qui, à travers la France, ont pu, grâce à nous, se trouver, se reconnaître et s’entr’aider pour la réalisation graduelle de notre idéal commun.

Activités Dirigées

Les récentes initiatives gouvernementales : éducation physique, activités dirigées, réduction d’horaires, ont quelque peu surpris la masse des éducateurs qui se sont trouvés subitement devant des problèmes nouveaux dont ils ne s’étaient jamais souciés, puisque faire les leçons, surveiller les devoirs, préparer aux examens semblaient bien souvent les buts définitifs de l’école. Dans l’enseignement secondaire plus encore qu’au degré primaire parce qu’on y avait, plus que dans nos petites classes, le respect - l’idolâtrie - de ce faux intellectualisme contre lequel nous luttons depuis tant d’années.

Les éducateurs ainsi sollicités ont frappé en vain aux portes habituelles nul n’avait prévu semblables besoins, sauf la Coopérative de l’Enseignement Laïc et l’Imprimerie à l’Ecole qui sont apparues, en l’occurrence, comme les seules planches de salut ; les camarades des classes d’orientation se sont naturellement adressés à nous ; après l’institution officielle des Activités dirigées : « Ecrivez à l’Imprimerie à l’Ecole », est devenue la recommandation particulière faite aux éducateurs qui sollicitaient des directives. Les éducateurs du secondaire eux-mêmes ont voulu être renseignés sur nos réalisations, ce qui nous a valu un nombre considérable de demandes nouvelles, de commandes importantes de matériel, et, dans toute la France, dans tous les milieux, un regain imprévu de popularité.

La réponse à toutes ces questions nous fournit alors la matière de notre première édition de la présente brochure : « Loisirs Dirigés », qui a été épuisée en dix mois et qu’il nous faut aujourd’hui rééditer.

Cette brochure, résultat de la collaboration d’une dizaine de camarades techniciens de la C.E.L., apportait aux éducateurs les renseignements essentiels sur ce que nous croyions être les activités majeures recommandables : Education physique, Jeux et Sports, Tourisme, Classes Promenades, Pipeaux, Cinéma, Découpage, Imprimerie.

Nous avions dû, à l’époque, donner les renseignements essentiels sur ces diverses techniques parce que nous n’avions pas encore d’autres éditions plus complètes et plus profondes. Le temps a marché et nos réalisations depuis un an sont venues modifier quelque peu cette situation précaire et motiver la forme nouvelle de la présente réédition.

Toutes nos réalisations en effet sont précieuses pour les Activités dirigées. Et nous ne nous contenterons pas, comme on tend un peu trop à le faire aujourd’hui, à offrir aux éducateurs des listes commentées d’activités possibles ou des explications condensées qui laissent entier le problème pédagogique de l’adaptation technique de ces Activités dans les écoles non initiées et non préparées.

Nous, nous préparons les techniques que nous recommandons ; nous recherchons, nous réalisons si nécessaire, le matériel et les outils indispensables à la pratique des Activités dirigées ; notre but n’est pas seulement de vous dire : en Activités dirigées, vous pouvez pratiquer telle et telle technique, mais de vous mettre effectivement à même, matériellement et pratiquement, de remplir le rôle pédagogique nouveau qu’on attend de vous.

Depuis un an, les revues spécialisées, les instituteurs particulièrement compétents, les syndicats, les associations pédagogiques ont publié aussi de nombreux guides pour les Activités dirigées, dont quelques-uns, réalisés d’ailleurs par nos meilleurs adhérents et camarades, sont des modèles du genre. L’instituteur moyen, celui qui jusqu’à ce jour a fait consciencieusement la besogne scolastique pour laquelle on l’avait préparé et qu’on lui imposait, feuillette ces recueils et se trouve comme assommé par la diversité et la complication des Activités proposées. Lui qui n’en sait pratiquer aucune, et pour qui tout ce jargon nouveau devient comme une leçon difficile et désespérante, se jettera peut-être à corps perdu dans le courant et fera l’essai de telle ou telle pratique recommandée, achètera, à grand frais peut-être, tel ou tel matériel. Il échouera si la technique essayée est comme une technique de bricolage spécialisé et n’a pas été préparée et adaptée par des éducateurs ayant compris ce sens nouveau de notre effort.

Nous ne parlons pas, bien sûr, nous n’écrivons pas pour la petite minorité d’éducateurs manuellement habiles, bricoleurs experts oui ne sont entrepris devant aucun matériel et que ne rebute aucun outil ni aucune machine. Ceux-là sauront toujours, sans nous, tirer le maximum, et un beau maximum, des Activités auxquelles ils s’intéresseront.

Mais nous pensons exclusivement à la grande masse d’éducateurs qu’on a formés de façon scolastique, statique et livresque, pour qui serrer un boulon, redresser un clou, mettre en marche une machine, est souvent hélas ! une besogne au-dessus de leurs forces et de leur compétence. Constater ce fait, ce n’est point médire de ces éducateurs que nous désirons servir : c’est condamner la formation antédiluvienne dont ils ont été victimes et tâcher dans la mesure du possible, de les remettre au rythme de la vie et du travail 1939.

Nous avons l’habitude, en tous cas, de voir les problèmes comme ils sont, de ne point nous payer de mots, ni de jeter la poudre aux yeux par des réalisations étonnantes dont vous n’approcheriez jamais.

Dans cette dernière édition de notre brochure « Activités dirigées », nous n’aurons pas la prétention de vous présenter une liste générale de tous les travaux possibles dans vos classes.

Nous vous orientons d’abord. Nous vous disons : dans tel milieu, avec telles on telles possibilités, vous pouvez avec succès pratiquer telle ou telle technique, et nous vous donnerons tous conseils matériels et techniques nécessaires. Nous vous ferons connaître ce que nous avons réalisé dans ce sens en vous renvoyant aux brochures spéciales écrites et publiées à cet effet :

8. - L’Imprimerie à l’Ecole,
1. - La technique Freinet,
3. - Plus de leçons,
5. - Fichier scolaire coopératif,
10. - La gravure du lino,
9. - Le dessin libre,
13. - Phonos et Disques,
11. - La classe exploration,
12. - Technique d’étude du milieu local,
4. - Principes d’alimentation rationnelle.

D’autres brochures vont paraître incessamment sur :
- Le théâtre à l’école,
- Les cartes en relief,
- L’Histoire vivante par les Archives locales,
- Pour tout classer,
- Herbier,
- Collection d’insectes,

Mais ce n’est pas dans la présente brochure que nous allons vous résumer ces activités. Un tel travail hâtif et superficiel ne ferait que vous décevoir. Si nous vous disons par contre : Voyez imprimerie à l’Ecole, voyez gravure du lino, fichier scolaire, classe exploration, c’est parce que nous savons qu’avec les instructions que nous vous donnons, avec le matériel que nous vous offrons, et quelles que soient vos aptitudes techniques, vous serez alors en mesure de tirer de ces activités, passionnantes pour les enfants, un maximum de profit.

Pour vous présenter une idée précise de notre façon de travailler à la C.E.L., nous vous donnerons un exemple pour terminer : le tissage est comme tant d’autres une activité passionnante et rémunératrice. Nous mentionnerons à peine cette activité dans notre brochure et pourtant un camarade, spécialisé dans ce travail, nous a offert une brochure sur la question. Mais nous savons qu’il ne vous servirait de rien - mieux : que ce serait dangereux - de vous offrir en exemple les réalisations de ce camarade parce que nous sommes persuadés que 90 fois sur 100 il serait impossible à nos lecteurs de profiter de nos conseils. L’édition d’une semblable brochure supposé la préparation, la mise au point et la fabrication préalable à bas prix d’un appareil normal à tisser, avec lequel les enfants eux-mêmes soient capables de réaliser ce que nous leur recommandons, même si les éducateurs n’y ont aucune compétence.

Là réside notre grande originalité et le secret de nos succès : sortir du verbiage, s’engager résolument dans la pratique scolaire afin d’aider effectivement les instituteurs non initiés et sans aptitudes spéciales.

Cette brochure est donc un guide plus qu’un manuel technique. Grâce à lui, vous verrez clair dans les Activités possibles dans votre classe. Pour les réaliser vous consulterez alors les brochures spéciales que nous éditons, vous étudierez notre matériel et vous vous joindrez à nous pour parfaire cette besogne d’adaptation pédagogique et technique sans laquelle les Activités dirigées risqueraient de n’être qu’un retentissant échec, pour la plus grande satisfaction des retardataires qui essaient de vous ramener au bercail scolastique alors que nous vous ouvrons toutes grandes - avec les instructions ministérielles - les voies royales de la création et de la vie.

C. FREINET.

Intérêt, enthousiasme, joie !

 

Le mot d’Activités dirigées a très heureusement remplacé celui de Loisirs dirigés qui prêtait à malentendu et laissait planer sur les travaux possibles au cours des heures prévues pour ces disciplines, cette suspicion de passe-temps et d’anodin amusement qui risquait de nous causer le plus grave tort.

L’initiative a eu un succès réconfortant.

Je sais bien que, dans certains milieux, on reproche à l’administration d’avoir crée, sur le papier, une discipline scolaire nouvelle pour laquelle les maîtres sont insuffisamment préparés et dont on n’a point prévu l’organisation méthodique... qui aurait nécessité locaux, matériel... et crédits.

Nous avons trop souvent affirmé nos conceptions de matérialisme pédagogique pour ne pas nous associer à ce regret. Certes, si nous avions des locaux, et de l’argent, les belles choses que nous pourrions réaliser !

Mais, nous le disons franchement aussi : dans l’état actuel des choses, nous aurions sérieusement regretté qu’intervienne hâtivement une organisation méthodique et officielle de ces Activités dirigées, avec sans doute une sanction non moins officielle et scolastique.

C’est qu’il ne s’agit plus ici d’une pratique scolaire plus ou moins rébarbative et incompréhensible, incapable de soulever aucun enthousiasme ni d’autoriser aucun sacrifice, mais d’un renouvellement profond de notre pédagogie, de la remise en honneur d’activités sociales essentielles, d’une liaison avec la vie et le travail dont administrateurs et parents sentent toutes les possibilités dynamiques.

Et des milliers d’instituteurs qui se mouraient d’ennui et de routine à ressasser les mêmes devoirs et les mêmes leçons entre les quatre murs de l’école, se sentent revivre soudain à la pensée de pouvoir enfin donner libre cours à quelque tendance refoulée dont l’épanouissement aurait illuminé leur apostolat : l’un s’intéresse aux archives, l’autre aux vieux meubles ou au tissage, d’autres à l’histoire, à la photographie, aux sciences, au cinéma, à la nature, aux travaux des champs. Ces activités étaient, à ce jour, totalement séparées de l’école qui n’en profitait point ; c’était une sorte de travail de contrebande, désespérant et sans écho.

Il y aura désormais du nouveau dans nos écoles. A certaines heures au moins il y aura de l’enthousiasme et de la joie.

Comment ne pas nous en féliciter.

Le succès peut-être inespéré des Activités dirigées nous donne pleinement raison, et est une justification - et bien dans une certaine mesure une conséquence - de nos quinze années d’efforts obstinés pour l’introduction à l’Ecole de techniques nouvelles d’éducation.

La mode est aujourd’hui lancée. Les éditeurs eux-mêmes, qui se réservaient, il y a un an à peine, semblent découvrir aujourd’hui un nouveau filon pédagogique et nous devons être plus vigilants que jamais pour résister à l’enchaînement officiel ou officieux de pratiques que nous voulons libératrices.

En fait d’activités dirigées, nous avons le droit de parler, n’est-ce pas ? Non pas seulement parce que nous avons découvert et rendu pratiques à l’Ecole quelques-unes des techniques pédagogiques les plus éducatives et les plus précieuses ; non pas même par la préparation pratique que nous avons fait passer avant le verbiage scolastique, mais surtout par le sens et la portée nouvelle que nous avons donnés à ces pratiques.

Et c’est sur ce point, à notre avis essentiel, que nous voudrions insister ici.

En fait d’Activités dirigées, autant et peut-être plus que pour les autres disciplines, il y a la méthode passive et morte, imposée du dehors, que l’enfant accepte avec plus ou moins de philosophie, et la méthode vivante et dynamique, grâce à laquelle l’être se donne tout entier à une tâche qu’on sent être une joie profonde, presque physiologique, et un enrichissement.

A l’occasion des Activités dirigées on peut installer à l’école, soit dans une salle à part, soit dans un coin de la classe, un véritable atelier ; on peut mettre là les éléments les plus variés des techniques recommandables : forge et menuiserie, appareillage électrique et installation photographique, atelier de peinture, de modelage et de découpage, peut-être même imprimerie et gravure.

On n’aura pas franchi le stade scolastique si ces diverses techniques sont posées là comme les disciplines scolaires remplissent officiellement les heures traditionnelles : morale et calcul, lecture et rédaction, histoire et géographie...

Je ne dis pas que le mode de présentation du travail et la qualité même de ce travail soient indifférents. Certes, l’enfant regardera plus volontiers un livre mieux adapté à ses besoins et bien présenté que ces rébarbatives théories de leçons et de devoirs qui étaient naguère le seul ornement des manuels. Et nous savons que, parce qu’il aime par dessus tout le mouvement et l’action, l’enfant verra toujours venir avec satisfaction l’heure d’activités dirigées qui peut-être, dans certains cas, même passionnant en elle-même, parce que réaliser de ses mains, visser et couper, modeler et peindre, penser

avec les mains, est effectivement un stade nouveau que nous nous réjouissons pleinement de voir franchir officiellement par l’école, comme nous nous réjouissons pleinement de voir les beaux manuels réalisés aujourd’hui par nos éditeurs.

Mais cela ne suffit pas à susciter la vie ardente et créatrice et le bienfaisant enthousiasme.

Les activités dirigées doivent répondre aux besoins intimes et permanents des enfants, motivés et animés par un désir psychique, parfois subconscient d’enrichissement et de création.

L’Imprimerie à l’Ecole, le dessin et la gravure, qui peuvent être comme au centre des Activités, sont aussi les mieux propres à faire comprendre et sentir notre idée.

Vous pourriez avoir une imprimerie dans votre classe avec matériel de gravure, comme il y en avait avant nous dans tant d’écoles allemandes et américaines. Mais on faisait de l’imprimerie ou de la gravure, comme on fait de la forge et de la menuiserie, sans une joie plus spéciale. Cela reste une tâche scolastique, non liée au plus profond de l’individu, à ce substratum d’humanité et de vie qui lui donne seul son élément nourricier et son sens.

Mais que nous ayons mis cette imprimerie au service de la pensée enfantine, que nous en ayons motivé l’usage par la réalisation du journal scolaire et des échanges, alors cette activité prend un sens profond qui modifie toute l’atmosphère de notre classe, qui affecte vraiment l’individu lui-même et acquiert aussi une portée pédagogique et sociale qui renouvelle l’effort scolaire.

Cet esprit nouveau, suscité par l’imprimerie, va s’étendre aussitôt à toutes les Activités dirigées. On ne fera pas chez nous du découpage ou du travail d’atelier parce que c’est inscrit sur le programme pour tel jour et à telle heure, mais parce que les nécessités de notre vie scolaire rendent urgentes, à ce moment-là, telles et telles réalisations : la Coopérative (dont l’institution et la vie sont nécessaires à la permanence de cet esprit nouveau), prépare une fête : il faut découper, peindre, coudre, forger. Nous voulons faire un cadeau aux membres honoraires : il faut travailler encore. Il faut embellir l’école, envoyer un colis aux correspondants : travail et travail. Nous franchissons même une étape nouvelle dans certaines Classes : entrant en relations avec des groupes de parents, nous serons amenés à certaines réalisations utiles à la population adulte, qui relieront davantage l’école à la vie, qui feront disparaître de l’esprit de l’enfant, ce complexe grave d’infériorité ou d’inutilité, ce sentiment que son activité tourne à vide pour la seule fantaisie du maître.

Dans la mesure où, par l’imprimerie à l’Ecole motivée par les échanges interscolaires, par l’organisation et la vie de la coopérative scolaire, par la préparation de fêtes et d’excursions, par les sorties éducatives, par le travail au jardin, nous aurons transformé notre école en une sorte de cellule sociale reliée à l’activité et à la vie du monde ambiant, nous aurons donné un but à nos Activités dirigées ; nous cesserons de faire de la scolastique pour atteindre une forme presque idéale de l’école vivante et humaine.

Nous ne prétendons pas qu’il soit toujours facile ou même possible de réaliser intégralement cet idéal. Faire jaillir la flamme, organiser le travail et l’activité de telle façon que, par instants au moins, éducateurs et élèves se sentent baignés dans cette atmosphère dynamique et enthousiasmante qui est le fruit de nos techniques, c’est déjà un succès, car nous savons que c’est là une satisfaction à laquelle on ne goûte pas impunément. Quiconque a vu la belle lumière du jour et a senti la bienfaisante chaleur du soleil, ne pourra plus jamais en être privé sans un profond déchirement qui est la plus atroce des souffrances. Quand nous aurons fait sentir aussi, non par de simples paroles ou des promesses dangereuses, mais matériellement, physiologiquement, la chaleur humaine des techniques telles que nous les avons animées ; lorsque nous aurons, ne serait-ce que par éclair, illuminé une portion de notre travail, nul ne pourra reculer car l’homme ne marche jamais vers l’obscurité et le froid ; il sent une la lumière et la compréhension sont sa vie ; il avance vers la clarté.

Les éducateurs qui n’ont pas encore senti cette chaleur, qui, au fond de leur classe sombre, n’ont pas encore été illuminés par cette clarté, pourront trouver bien spécieuse cette distinction que nous nous acharnons à faire entre les Activités dirigées scolastiques et les Activités vivantes que nous préconisons.

C’est parce que cette observation est pourtant essentielle qu’elle nous permet de distinguer parmi les activités celles que nous devons accueillir en tout premier lieu et d’établir comme une gradation d’intérêt et d’utilité dans les techniques possibles dans nos écoles.

La scolastique aura tendance, par la réclame, par les recommandations officieuses, à imposer aux éducateurs les techniques qui correspondent le mieux aux besoins commerciaux de l’heure. Et les éducateurs s’apercevront que rien n’est changé et que, peut-être plus grave, l’école risque de dégoûter l’enfant du travail manuel comme elle l’a découragé dans son effort pourtant naturel dans le sens intellectuel.

Ce serait la faillite des Activités dirigées, le retour aux livres, aux leçons et aux devoirs, l’échec de ce bel élan en faveur de l’éducation nouvelle.

Ce sabotage ne s’accomplira pas et nous y veillerons.

L’Imprimerie à l’Ecole

L’Imprimerie à l’école est naturellement une des Activités que nous tenons a signaler en tout premier lieu parce que :

- elle est en elle-même un travail manuel intéressant pour les enfants et dont les applications techniques sont multiples et variées ;

- nous avons préparé un matériel adapté à nos écoles et qui rend l’usage de l’imprimerie possible, dans toutes les classes, sans compétence spéciale de l’éducateur ;

- parce que nous avons réalisé pour cette branche une technique pédagogique qui apporte dans nos classes un renouveau extraordinaire de vie et d’activité.

- parce qu’elle permet enfin la réalisation du journal scolaire qui est une des grandes innovations - dont nous sommes les producteurs - de la pédagogie française contemporaine.

(Pour cette technique de l’Imprimerie à l’Ecole, voir notre Brochure d’Education Nouvelle Populaire n°1. : « La technique Freinet »).

Le Journal Scolaire

Le journal Scolaire répond à un des besoins essentiels de l’école moderne : ce désir d’expression des enfants et de relation avec d’autres enfants, c’est le cercle de l’école qui s’élargit, la vie qui grignote la scolastique, l’intérêt qui naît, parfois l’enthousiasme.

On pouvait objecter autrefois que la réalisation de ce journal scolaire demandait beaucoup trop de temps et nuisait aux autres disciplines. Par les Activités dirigées, cet argument tombe. Vous pouvez préparer le journal pendant les heures d’A.D. en attendant que vous incorporiez totalement l’Imprimerie et la réalisation du journal scolaire dans la vie de votre classe comme nous le recommandons.

(Pour la technique, voir notre brochure B.E.N.P. n°1, citée ci-dessus).

L’imprimerie est la technique idéale pour la réalisation du journal scolaire.

Mais les frais d’installation d’une imprimerie sont passablement élevés, bien que nous les ayons réduits considérablement ; de plus la composition reste longue, ce qui est gênant pour les C.C. notamment ou les classes préparant à des examens encyclopédiques.

Ces classes peuvent cependant sortir un journal scolaire régulier selon d’autres techniques que nous recommandons, et avec un matériel préparé par nous et que nous livrons également.

Le Limographe

On perfore, soit à la main, soit à la machine à écrire, un papier spécial appelé stencil qu’on place ensuite sur un appareil appelé limographe. On passe un rouleau encré : l’encre traverse les perforations et imprime le papier.

a) Nous avons fait construire à l’intention de nos écoles un limographe C.E.L. pour format 13,5x21 à 100 fr. qui est déjà en usage dans un grand nombre d’écoles et qui donne entière satisfaction.

b) Les limographes d’un format plus grand fonctionnant comme les précédents. On place le stencil sur un cadre, la feuille dessus, on passe le rouleau à main. Coût environ 300 à 400 fr.

N’est pas plus rapide que le précédent.

c) On arrive ensuite au semi-automatique. Il suffit de tourner une manivelle : la feuille s’imprime. Mais il faut présenter soi-même la feuille. (La prise n’est pas automatique).

Notre fabricant vend un appareil qui donne satisfaction : le Pionnier, à 975 fr.

d) Il existe ensuite des appareils plus compliqués, entièrement automatiques, genre Gestetner, de 1.200 à 10.000. Mais ce genre est pour les très gros tirages à plusieurs milliers.

Nous recommandons assez souvent aussi le Nardigraphe (voir notre tarif) qui, bien manœuvré, donne d’excellents résultats. Mais c’est un appareil qui fonctionne par report chimique de l’écriture sur une vitre magique.

Et il y faut un soin spécial, un tour de main particulier pour avoir de bons résultats.

Ces divers appareils, qui peuvent être utilisés éventuellement pour la confection du journal ne donnent jamais les résultats parfaits qu’on obtient avec l’imprimerie. De plus, les stencils sont chers, tandis que l’imprimerie, une fois effectuée la dépense de première installation, est très économique.

Ces appareils, comme la polycopie aussi, sont par contre des compléments merveilleux de l’imprimerie à l’Ecole et donnent à nos techniques une grande souplesse dans l’adaptation nécessaire.

(Voir dans notre brochure n°1 citée ci-dessus tous détails techniques concernant le journal scolaire qui a l’avantage de circuler à tarif réduit en France).

Les Echanges Interscolaires

Ils sont - ils devront être - pour l’école, une nécessité.

Mais s’ils sont basés sur la correspondance épistolaire seulement, il est difficile de leur conserver la régularité et la permanence indispensables à toute correspondance.

C’est pourquoi nous recommandons toujours les échanges interscolaires par le journal scolaire imprimé, ou polycopié, ou même manuscrit.

Ces échanges sont complétées merveilleusement par l’envoi de documents divers, de poduits du pays, de livres, par l’échange de photographies, de lettres manuscrites, et, lorsque c’est possible, même par les visites d’école à l’école.

Nous avons un service de correspondance interscolaire national grâce auquel nos centaines de journaux scolaires sillonnent actuellement la France. N’importe quel instituteur, qu’il ait l’imprimerie ou non, peut en bénéficier.

Un service d’échanges internationaux complète les échanges nationaux.

La gravure du lino

Graver du lino est intéressant en soi-même. Mais graver du lino pour illustrer le journal scolaire, pour rendre plus expressive la correspondance, donne un but enthousiasmant à cette technique.

Nous n’insistons pas sur les immenses avantages et les possibilités trop méconnues jusqu’à ce jour de la gravure du lino puisque nous avons édité une brochure spéciale : « La gravure du lino à l’Ecole », qui est vendue 2 fr. et qui vous apportera tous les renseignements pédagogiques et techniques.

Ajoutons que nous avons réalisé et mis en vente une trousse spéciale à graver qui a permis à plusieurs milliers d’écoles de s’initier aux avantages de cette technique (1).

(1) Pour la fabrication de clichés en carton, en tôle, en bois ou autre, voir notre brochure spéciale : « Nos techniques d’illustration », 4 fr.)

Le découpage du contreplaqué

Nous plaçons ici cette technique tout à la fois pour les facilités de réalisations et aussi en considération de l’emploi qui peut être fait des bois découpés pour la confection de clichés d’imprimerie

MATERIEL. - Montures de scies à main ou scies avec tablettes et ressort (plus pratiques) - lames de scies (plusieurs douzaines) - une drille avec mèches - petites limes à polir le bois découpé - papier verre fin - couteaux à tarso ou canifs - petits étaux pour polissage (on peut s’en passer) - marteau, pointes très fines - colle forte et presses de serrage pour tablettes ou scies.

CONTREPLAQUE de peuplier, 4 ou 5 mm., quelques morceaux de 3 mm. pour les bras et parties fines de personnages.

Avec 6 scies à tablette, 12 limes diverses à polir, papier verre, etc.., on peut occuper de 12 à 15 élèves. Il est possible de faire des équipes de 2 ou de 3. Quand un élève découpe, les autres décalquent, polissent, montent ou colorient. Prévoir pas mal de lames de scie, car au début on en casse. Heureusement elles ne sont pas chères.

OBJETS A FABRIQUER : Silhouettes diverses montées sur socles – vide-poches cadres à photographie - calendrier avec éphémérides - boîtes diverses - porte brosse - jeux de puzzle, etc...

Pour tous ces travaux, il n’existe aucun modèle dans le commerce (modèles convenant à nos élèves). Il faut donc que le maître découvre les modèles ou les dessine.

Une fois les modèles établis grandeur nature sur le papier assez fort pouvant résister à plusieurs décalquages, il faut les décalquer sur le contreplaqué à l’aide de papier carbone ou avec du papier noirci avec de la mine de crayon (mieux car on peut effacer). Pour que le modèle ne bouge pas, le fixer avec des punaises.

SILHOUETTES : On peut découper : la basse-cour (poulets, poules, coqs, dindons, canards, oies, pigeons... et la fermière) Le bétail (ânes, mulets, chevaux, vaches, veaux, bœufs) et le fermier et l’abreuvoir. Le berger (cochons gros et petits), le berger assis et son abri. - Le maquignon (chevaux, bœufs, vaches et le wagon pour les contenir). Les oiseaux - la bergère (moutons). La noce - La ménagerie, etc..

Tous ces personnages ou animaux sont découpés dans du peuplier de 4 ou 5 mm. Selon leur grosseur. Les bras, oreilles, ailes, sont découpés en plus et ensuite collés sur la silhouette. Celles-ci sont ensuite collées sur une baguette de chêne ou hêtre rainé en son milieu (largeur 2 mm. rainure de l’épaisseur du contreplaqué, profondeur 5 mm. Cette semelle est plus ou moins longue selon les personnages, elle sera fabriquée par un menuisier, les élèves couperont la longueur qu’il faut. Pour coller les personnages sur la semelle, laisser sous les pieds ou les pattes un rectangle de 5 mm. de large. On colle à la colle forte.

Après polissage, on peut colorier soit à la peinture à l’huile, soit à l’aquarelle.

A l’huile : faire de la peinture de couleurs différentes dans des couvercles de boite de cirage (avec poudres de couleur, essence de térébenthine huile de lin). Il n’en faut pas beaucoup.

Les semelles sont peintes en vert, le reste au goût des élèves. (Il est bon de faire quelques essais.

A l’aquarelle. Les couleurs d’aquarelles se mélangent à leur limite, pour éviter cela, tracer la limite des couleurs avec un couteau à tarso ou un canif. Ainsi les bords seront nets. Après séchage cirer les personnages et faire briller.

On obtient ainsi de jolis ensembles qui peuvent servir de lots à une tombola. (En les groupant dans des boîtes).

PORTE-JOURNAUX. - Dimensions variables, moyenne grand morceau 30 x 30 cm., et petit 15 x 30 cm.

Le morceau de fond est orné seulement dans sa partie supérieure. On peut faire des jours, laisser un quadrillage de barreaux, Ex. : coins coupés ; sur un quadrillage de barreaux de 5 mm., 3 oiseaux sur une branche.

On colorie tout cela à l’aquarelle (voir ci-dessus) et on cire.

Le morceau du devant est décoré en entier. Ex. : en haut des jours de 1 cm x 5 cm. séparés par un plein de mêmes dimensions. Au centre deux jeunes chats jouent avec une vache dans son cadre rectangulaire.

Pour le montage, on cloue avec des pointes fines, le fond et le devant sur deux triangles de bois blanc de 8 à 10 mm. d’épaisseur’ Laisser une ouverture de 6 cm. environ.

Ces porte-journaux ou vide-poches font de très jolis lots.

JEUX DE PATIENCE.- Dans un rectangle de 20 cm. x 15 cm., dessiner une vache par exemple. En découper le tour extérieur. Puis découper la vache obtenue en divers morceaux sans forme définie, avec creux, bosses, angles. Le jeu consistera à reconstituer la vache.

Peindre le cadre en rouge et les morceaux de vache en blanc.

On obtient ainsi de jolis jeux de patience, silhouettes de tous les animaux.

J’espère qu’avec les aperçus ci-dessus, vous pourrez découvrir d’autres objets à fabriquer et je compte que vous nous en ferez part.

BERTOIX.

On peut aussi avec succès laisser les enfants dessiner librement les sujets qu’ils découperont et colorieront ensuite. Les résultats sont plus originaux,

On peut vernir après coloriage. (La Coopérative vend une boîte spéciale de peinture à l’huile.)

Le fichier scolaire coopératif

Rechercher des documents, les découper, les coller, les collectionner, les classer, répond à un besoin inné des enfants, ce besoin de collectionner qui, selon l’observation de psychologues, se manifeste de très bonne heure.

Mais découper pour découper, coller pour passer le temps, ne présente qu’un intérêt secondaire, sans fondement éducatif. Nous avons donné un but à cette activité par l’idée que nous avons lancée et réalisée du Fichier Scolaire Coopératif.

Mais cela ne suffit pas. Il faut que les enfants eux-mêmes constituent leur fichier, et ce sera là une activité passionnante qui entre parfaitement dans le cadre des Loisirs Dirigés.

Vous vous procurez (en vente également à notre Coopérative), du carton blanc très rigide ou du dossier couleur, rigide aussi, dans un de nos formats standard: 13,5x21 - 21 x 27 et 21 x 32.

Les enfants recueillent et apportent à l’école tous les documents qu’ils peuvent se procurer (et on sait à quel point l’instinct de collection est développé chez les enfants) : cartes postales, documents fournis par les Syndicats d’Initiative, photographies, coupures (textes ou photos), de journaux et revues, etc...

Ils collent tout cela sur fiches en complétant si nécessaire par quelques explications. Les fiches ainsi préparées sont ensuite classées selon notre classification décimale (voir Pour tout Classer : 7 fr. 50) et seront d’une utilisation avantageuse au cours des travaux scolaires.

Par l’Imprimerie à l’Ecole et les moyens divers de reproduction graphique que nous recommandons, les éducateurs pourraient ainsi centrer toute leur activité : Programmes de fêtes, comptes rendus de sorties ou de visites, invitations, jeux, tout cela trouvera son expression définitive dans l’Imprimerie à l’Ecole et les échanges. La gravure et l’illustration en seront les compléments. Le fichier scolaire sera la grande collection commune qui synthétisera les efforts de tous.

Votre activité, dès lors, aura trouvé sa technique harmonieuse et bienfaisante. Vos heures de loisirs dirigés ne seront plus une hétéroclite succession d’activités sans but ni raisons. Votre travail sera centré autour d’une idée qui donnera à votre effort l’harmonie si nécessaire à toute construction éducative.

(pour tous renseignements sur cette technique voir notre B.E.N.P. n°5 : « Le Fichier Scolaire Coopératif »).

Décoration de poteries

Elle est liée à la technique du dessin libre et en tire d’ailleurs tout l’intérêt et toute la valeur.

La Coopérative livre actuellement à bas prix de belles poteries qui, décorées librement par les enfants, grâce à la boîte de peinture à l’huile que nous livrons, constituent de beaux lots d’exposition et de tombola.

La coopérative scolaire

Pour l’acquisition du matériel indispensable aux techniques ci-dessus, pour l’emploi communautaire de ce matériel, il est indispensable que soit constituée et que vive dans chaque école une coopérative scolaire, non pas une coopérative scolaire formelle qui ne serait qu’une sorte de vulgaire association commerciale, mais la forme originale qu’a prise en France l’éducation communautaire à l’école publique.

Nous pouvons donner tous renseignements sur la constitution et la vie de ces coopératives. Nous dirons seulement aujourd’hui que les techniques ci-dessus facilitent considérablement la constitution et la vie de ces coopératives et que le journal scolaire, organe mensuel de la coopérative cristallise et diffuse la vie de l’association.

Toutes choses qui, ainsi qu’on le voit, vont de pair.

Le dessin

Le dessin est particulièrement recommandé pour les Activités dirigées, à condition que ce ne soit pas le dessin scolastique et traditionnel qui a eu, pendant si longtemps, et seul, droit de cité dans nos écoles.

Après avoir montré l’intérêt pédagogique et psychologique et les possibilités insoupçonnées de l’expression libre par l’imprimerie à l’Ecole, nous avons prouvé de même, par nos réalisations, l’intérêt exceptionnel, à tous points de vue, du dessin libre.

Vous ferez du dessin scolaire pendant les heures de cours si vous voulez. Mais durant les A.D., ne craignez point de pratiquer le dessin libre à l’aquarelle, à la colle ou à l’huile.

Ne vous découragez pas si vos essais sont infructueux au début, surtout avec de grands élèves, les habitudes de passivité sont longues a déraciner, mais aussi quelle joie quand vous verrez poindre l’originalité et l’art.

Nous avons publié sur ce sujet une brochure du plus haut intérêt : « Le Dessin Libre », qu’ils vous suffira de consulter (prix : 1 f r. 50).

Disques radio

Si nous reprenons la circulaire ministérielle sur la réduction des horaires, nous y trouvons, nommément désigné, le chant choral. Mais comment va donc faire l’éducateur, dont la formation, les connaissances, les aptitudes intellectuelles ou physiques, ne lui permettent pas de donner cet enseignement ? Les disques C.E.L. vont l’aider admirablement.

Constatons d’abord que les chansons du folklore populaire se sont transmises de génération en génération, par simple tradition orale. Les mélodies en vogue, les hymnes patriotiques ou révolutionnaires, se répandent rapidement par auditions directes, par T.S.F. ou par disques. Dans un cas, comme dans l’autre, grandes personnes ou enfants ont appris ces chants sans aucune connaissance des règles mélodiques, ni des lois du solfège, sans leçons systématiques, sans dissection du morceau en phrases musicales. C’est par la seule répétition, et par la répétition globale, que la masse se saisit des chants et chante.

Nous pourrions dire plus, c’est jusqu’au genre et au timbre de l’artiste en vogue qui sont copiés par la foule musicalement inéduquée. C’est de ces diverses constatations que nous avons imaginé, et par suite perfectionné, des disques pour l’étude et l’accompagnement des chants scolaires.

Ces disques sont des disques à aiguille enregistrés électriquement et suivant les meilleurs procédés modernes. (Nous pensons qu’il faut pour ce travail un matériel parfait). Sur une partie du disque, le chant est gravé, simplement, sans emphase, dans le registre de la voix enfantine. Sur une autre partie, c’est un accompagnement piano et violon, le violon, jouant les notes du chant, le piano donnant un accompagnement très simple et une ritournelle entre les couplets, Cette harmonisation permet aux enfants de suivre avec le violon les, diverses phrases musicales, sans erreur, tandis que le piano soutient l’ensemble.

Les chants enregistrés ont une ligne mélodique simple, avec un petit nombre de phrases musicales bien liées entre elles. Cette simplicité et cette clarté n’excluent pas la beauté et ces qualités permettent une mémorisation rapide et sans déformations.

Ajoutons pour être complets, que chaque disque est vendu avec textes, musique et directions pédagogiques et pas plus cher qu’un disque ordinaire : 20 fr.

Dans cette brochure, il est inutile d’entrer dans les détails de l’utilisation pratique de nos disques. Mais nous pouvons assurer toutes les institutrices et tous les instituteurs, qui ne peuvent ou ne savent chanter, qu’ils parviendront facilement à faire chanter leurs élèves.

Le rôle du disque dans les loisirs dirigés ne se limite pas à l’enseignement du chant choral. La circulaire ministérielle parle aussi de fêtes scolaires et ajoute enfin « ces indications ne prétendent pas épuiser l’infinie variété des occupations dont on peut meubler les loisirs dirigés ». Les études de danses, d’évolutions et de mouvements rythmiques, de vieilles danses populaires (farandole, sardane, bourrée, gavotte.) sont des occupations qui - comme le chant choral - peuvent ensuite donner des numéros appréciés lors des représentations publiques de nos théâtres enfantins.

Nos disques sur ce dernier point sont peu nombreux : deux disques de gymnastique rythmique, une vieille danse ; le quadrille bourbonnais, un ballet des ballons et rubans sur la valse 14 de Chopin, des évolutions pour tout-petits. Ils comprennent une partie étude et une partie exécution. Sur la partie étude, les temps ou les mesures sont comptes à haute voix, sur la partie exécution seul l’orchestre joue. Nos disques, toujours livrés avec explications, croquis, vous permettront d’obtenir d’excellents résultats, quelles que soient vos aptitudes.

Grâce à nos disques, vous pourrez donc meubler agréablement et sans difficultés une bonne partie des loisirs dirigés : chant choral, rythmique, danses, autant d’activités éducatives qui plairont à vos élèves.

Des centaines de lettres nous ont dit déjà toute la satisfaction des camarades qui ont essayé nos disques ; à votre tour, essayez. Gratuitement nous vous enverrons ce que vous désirerez.

Mais si la circulaire ministérielle mentionne les promenades scolaires, le chant choral, la préparation des fêtes, elle omet, peut-être volontairement, les écoutes d’émissions radiophoniques.

La radio pourrait devenir rapidement une excellente occupation d’une partie des loisirs dirigés. Mais il faudrait réorganiser entièrement les émissions de Radio-Scolaire comme nous l’indiquions dans un récent N° de notre « Educateur Prolétarien » :

« La Radio peut renforcer l’enseignement verbal et dispenser de l’observation directe et personnelle, au lieu de la compléter. Opposés à l’école même aux leçons « ex-cathédra » faites par l’organe du maître, nous sommes davantage opposés à ces mêmes leçons débitées par un haut-parleur. Mieux vaut encore la leçon du maître avec sa mimique, ses gestes, sa voix, le tableau noir et la craie, que celle de l’invisible speaker.

Le problème pédagogique soulevé par la radio, ainsi envisagé, ne peut donc pas être résolu par la radiodiffusion de cours ou de conférences. Ce serait une solution simpliste qui, surtout à l’école primaire, n’apporterait rien, ni aux enfants, ni aux éducateurs.

Elle servirait à rajeunir les méthodes aujourd’hui périmées, c’est tout.

Mais nous ne pouvons nous contenter de démolir, il faut bâtir. L’écoute d’une émission radiophonique exige des auditeurs (adultes ou enfants), le silence, le calme, une attention volontaire intense. Les perceptions auditives retiennent peu l’attention. Dans une écoute de radio un seul sens est impressionné - l’ouïe - et par des perceptions que nous ne pouvons contrôler. C’est la passivité complète.

S’isoler du monde extérieur, tendre ses oreilles et son esprit, voila ce que demande une émission radiophonique. Quoique l’on fasse, une émission radiophonique ne saurait se prolonger au delà de 30 minutes pour nos enfants de 10 à 14 ans, de 15 minutes pour les moins âges. Mais la radio scolaire a encore un grave inconvénient : elle ne peut s’adapter à chaque auditoire en particulier, ses émissions ont un caractère très général.

Mais, malgré ces défauts, la radio a sa place à l’école, elle doit être adaptée aux nécessités de l’école nouvelle.

Et voici donc un schéma d’émissions radiophoniques :

1. - Nouvelles spéciales aux enfants : Les grands faits de la semaine de notre pays et du monde, présentés simplement, en s’attachant surtout aux événements qui pourront, par la pensée, faire participer les enfants à la vie des enfants des autres régions, des autres pays : catastrophes, découvertes, inventions. Une place spéciale sera réservée aux nouvelles sportives et, en particulier, aux grands raids de l’aviation qui pourront être l’occasion de fructueuses initiations géographiques.
2. - Radio-Reportages faits sur le vif, dont voici quelques sujets : une gare (départ ou arrivée du train), un port (l’arrivée du paquebot ou des bateaux de pêche), l’avion qui prend son vol, le troupeau dans la montagne, le grand magasin, etc., etc...
3. - Extraits de nos classiques (comiques farces), mais en laissant le soin au maître de commenter et de situer le morceau. Les élèves suivant toujours l’audition sur un texte imprimé.
4. - Concerts et morceaux de musique pour enfants, sans aucun fatras d’explications.
5. - Collaboration des enfants à l’enseignement par radio, non pour leur faire singer au micro la voix de nos vedettes, mais pour qu’ils viennent simplement dire au micro leur vie, leurs occupations, leurs jeux, leurs projets.

Une importante brochure sur le théâtre enfantin, les marionnettes, le guignol, est en préparation.

(Pour plus amples renseignements sur le Phono à l’Ecole, voir notre B.E.N.P. n°13 : Phonos et Disques, 1 fr. 50. Pagès.)

Les Classes‑Promenades

Les classes-promenades sont depuis longtemps prévues aux programmes officiels. On en reparle davantage en ces temps de scolarité prolongée et des loisirs organisés. (Disons tout de suite, à ce sujet, qu’on aurait tort de les considérer comme de simples dérivatifs sans portée éducative.) Leur pratique va-t-elle enfin être généralisée ? On ne saurait trop le souhaiter. Jusqu’à présent les possibilités qu’elles offrent restent méconnues de la grande majorité des éducateurs. C’est fort regrettable pour eux et plus encore pour les enfants. On n’attirera jamais avec trop d’insistance l’attention sur les avantages des classes promenades et sur le peu de consistance - dans la plupart des cas - des obstacles rencontrés.

Les éducateurs s’accordent à reconnaître que l’enfant doit acquérir progressivement la connaissance du milieu où il vit, non point tant parce que cette connaissance est utile en soi mais parce qu’elle est nécessaire pour aller au-delà. Le milieu est avant tout un champ d’observation et une base de réflexion (comparaison, association...) Il aide par là à des acquisitions plus difficilement accessibles. Or, cette connaissance s’acquiert bien plus exactement par les classes-promenades. Les bêtes, les plantes, les minéraux même, gagnent à être observés dans leur milieu naturel. Et puis ce n’est pas dans la classe qu’on peut observer le ruisseau qui court, le champ qu’on défonce ou la scierie en activité.

Les gerbes d’observations rapportées sont d’une telle richesse que la classe ordinaire s’en trouve ensuite vivifiée ; il lui appartient en effet, de les exploiter, de les approfondir, de procéder aux travaux de classement et de synthèse qu’elles appellent.

Même si l’on veut s’en tenir à la seule préoccupation de l’acquisition des connaissances, on peut constater à quel point les classes-promenades intéressent toutes les disciplines. Bornons-nous à énumérer : la géographie générale et locale, bases indispensables de l’étude des pays lointains, l’histoire locale, les sciences physiques et naturelles, le français, le calcul, le dessin. etc.

Mais c’est surtout le développement intellectuel de l’enfant qui y trouve son compte. L’intérêt n’a pas besoin d’être sollicité par des moyens plus ou moins artificiels. Il jaillit à chaque pas. L’enfant connaît les joies de la découverte ; il ne subit pas le maître, mais il questionne ; l’intérêt suscite l’intérêt ; on veut approfondir ; on trouvera plus de saveur aux livres qui donneront les explications ou les compléments nécessaires. Ainsi, la classe-promenade s’inscrit parmi les techniques d’une pédagogie rationnelle qui voit dans l’enfant non une unité passive, un réceptacle chargé d’emmagasiner des connaissances distribuées du dehors comme des rations, mais un être actif, avide de satisfaire ses besoins fondamentaux, de s’élever au sens le plus large du terme.

Nous nous sommes tenus à ce qui touche à la formation intellectuelle. Mais ce serait un jeu de montrer que les classes-promenades concourent largement à l’éducation physique, morale, esthétique.

Et leurs bienfaits se font sentir - sous des formes diverses - à tous les degrés de l’enseignement. Pour l’élève de cours complémentaire une visite d’usine, une excursion (géographique, botanique, géologique) sont d’un autre intérêt et d’un autre profit que de longues pages de manuels. Aux cours élémentaire et moyen où l’enfant est dans une période d’évolution rapide, il est de toute importance de l’aider à se créer de bonnes habitudes d’esprit par une éducation rationnelle empruntant avant tout au milieu naturel et non aux interprétations « adaptées » et si souvent fausses à. force de simplification. des manuels. Avec les tout-petits, enfin, que de ressources dans la nature pour les exercices sensoriels, les exercices physiques (avec ensuite repos et sommeil en classe), et les exercices d’élocution, d’expression qui ne peuvent que gagner à avoir été vécus !

Les sceptiques pourront trouver quelque peu dithyrambique cet éloge des classes-promenades. Qu’ils se renseignent auprès de ceux qui les pratiquent. Les témoignages seront unanimes. C’est très souvent qu’en classe on se réfère aux observations faites au cours des classes-promenades. Et ce sont les élèves eux-mêmes fréquemment qui, pendant les travaux ou les leçons évoquent l’observation qui s’associe à la notion étudiée.

Et ce sont les enfants aussi qui sont « emballés » pour les classes-promenades. Ce n’est pas du tout parce qu’ils n’y voient que jeu et divertissement mais parce qu’à ce moment on s’instruit sans contrainte, on respire à l’aise. Ecoutons plutôt leurs témoignages. Un camarade avait posé à ses élèves cette question : « Vous êtes toujours plus sages aux classes-promenades qu’en classe. Pourquoi ? » Et voici ce qu’on lit parmi les réponses : « On n’est pas assis comme à l’école. on se promène, on est au grand air. La maîtresse nous raconte des histoires. On est presque libres. On entend les oiseaux chanter; à l’école on ne les entend pas si bien. A l’école, il y a des livres pour les leçons. à la promenade on n’en a pas besoin. On fait de l’histoire, de la géographie ou une leçon de sciences, mais on ne s’en aperçoit pas ».

Après cette opinion des enfants, considérons donc la cause comme gagnée.

Pardon, disent encore les sceptiques, tout cela est bien beau, mais il faut compter avec de grosses difficultés : discipline. risques d’accidents, hostilité du milieu ignorant, etc.

Nous avons répondu en partie à l’argument discipline. Nous voudrions pouvoir citer longuement la camarade dont nous venons de parler. « La discipline, écrit-elle, était mon gros souci avant de faire des classes-promenades. Maintenant si j’y pense au moment de la préparation, je n’ai jamais à y penser quand nous sommes dehors ». Et plus loin : « La question discipline ne se pose plus dès que les enfants sont intéressés ». C’est bien notre avis.

Nous n’en reconnaissons pas moins volontiers que la classe-promenade est impossible avec les effectifs pléthoriques de certaines classes, non seulement d’ailleurs par la difficulté d’assurer la discipline, mais aussi du point de vue du profit à en attendre.

Mais qu’on ne la condamne pas pour cela. Qu’on s’en prenne plus équitablement à une organisation scolaire absurde qui tolère ce monstrueux entassement des enfants, rendant d’ailleurs impossible la classe tout court.

Quant aux risques d’accidents, ils ne sont pas plus grands que dans la cour (moins grands même si l’on pense au « confort » de certaines cours.)

Reste le milieu. Certes, nous avons à compter avec les préjugés des familles, habilement cultivés parfois contre nous, et trop souvent aussi avec ceux de l’administration, pires, peut-être, parce qu’ils s’inspirent des premiers et les aggravent.

Nous n’en devons pas moins chercher à remonter le courant si nous voulons vraiment tendre vers une éducation libérée.

Tous les parents ne sont pas absolument incapables de comprendre une explication simplement donnée. On insistera avec eux sur le caractère utilitaire, pratique des classes-promenades. Ces élèves auront un cahier de comptes-rendus qu’ils montreront fréquemment à leurs parents.

Ces arguments pèseront bien peu le jour où l’Administration, faisant son devoir, proclamera que les classes-promenades font partie de l’activité scolaire et où les maîtres, dans leur grande majorité, en auront compris la valeur. Notre enseignement a eu à vaincre des difficultés autrement graves.

Il nous reste à résumer brièvement les indications pratiques à connaître pour la conduite des classes-promenades.

Une préparation nous parait indispensable. Le maître doit connaître les ressources de l’endroit où il compte conduire ses élèves. Il doit prévoir dans leurs grandes lignes les sujets qui solliciteront l’attention, ceci pour éviter des observations trop touffues et en désordre, des confusions, des erreurs. Il doit prévoir également les détentes, les dérivatifs indispensables lorsque l’intérêt est épuisé ou que la fatigue se fait sentir. Bien entendu l’imprévu sera souvent le bienvenu, parfois même il pourra prendre le pas sur le prévu, car ce serait faire fausse route que d’aller à l’encontre de l’intérêt des enfants et il est des occasions qui ne se retrouvent pas souvent. Saisissons donc au vol ce que la chance nous présente.

Un petit matériel est nécessaire. On utilise surtout : cartes, boussole, décamètre et mètre, loupe, boites vides et cartables (pour insectes, plantes, échantillons,) appareil photographique, jumelles, etc. Une ardoise, de quoi écrire, dessiner et c’est à peu près tout, du moins pour un cours moyen.

Par ailleurs, la classe-promenade ne se raconte pas : tantôt les élèves groupés autour du maître écoutent ses explications, tantôt ils partent à la recherche de fleurs ou de cailloux, tantôt ils mesurent ou évaluent, etc... Et de temps à autre, on s’arrête pour noter en quelques mots l’essentiel des observations ou pour un croquis express.

De retour en classe, le travail ne manque pas : compte-rendu, dessins, classement des échantillons, recherches de précisions et de compléments dans les livres, exercices de français, de calcul sur le thème de la classe-promenade, etc...

Concluons. Si nous voulons que l’école soit reliée à la vie ambiante, ne la confinons pas en permanence entre quatre murs. Sortons dans la cour, au jardin, dans les environs immédiats, partons en classe-promenade, et si nous le pouvons, complétons de temps à autre par des excursions.

Les enfants qui nous sont confiés demeureront toujours trop longtemps confinés et rivés à leur banc.

Pour leur plein épanouissement, ils ont besoin de lire à même dans le grand livre de la nature, il leur faut l’air du large.

P. BOISSEL, (Ardèche.)

Voir également des indications pratiques sur l’utilisation pédagogique des classes-promenades dans la brochure n°11 de notre camarade Puget : « La classe exploration » (1 f. 50.)

Le Pipeau

Tous les éducateurs en ont entendu parler. C’est une flûte en celluloïd percée de six trous et donnant les sons du do au do de la 2e octave. La première est obtenue en soufflant modérément, la deuxième en soufflant plus fort. Les accidents sont joués en bouchant à demi les trous. Le son très agréable et pur, rappelle en moins aigu celui du fifre.

Il permet de former l’oreille et le goût et facilite grandement l’étude du solfège, qui n’est plus une étude abstraite puisque la mélodie naît sous les doigts. A ce sujet, le choix du solfège est très important. Il est inutile qu’il compte des dissertations théoriques que le maître donne au moment opportun : je recommande l’Amédée Reuschel n°1.

Pour débuter dans l’étude du pipeau, il faut savoir que les trous doivent être rigoureusement bouchés. Si le la est à demi-ouvert, on obtiendra un sol dièse au lieu d’un do. Aussi, dès la première leçon, ne doit-on pas chercher à obtenir le dos du bas, tous les trous bouchés, mais bien le si, tous les trous ouverts, On descend ensuite progressivement au la, puis au sol et enfin après plusieurs leçons, au do.

Dès que cette note est obtenue, il suffit de suivre le solfège oui est fait pour le chant et contient de bons exercices sur les intervalles. on comprend leur importance pour obtenir la spontanéité du réflexe lecture-jeu.

Il faudra d’ailleurs toujours tenir la main à ce que le solfège soit bien su et ne pas se contenter de la lecture collective. Il est excellent de faire solfier individuellement de temps à autre, sans prévenir, car quelques paresseux se laissent bercer par le solfège de leurs voisins et se contentent de répéter, sans lire.

A quel âge doit-on apprendre le pipeau aux enfants ?

D’après nos expériences c’est à partir de 10 ans que, généralement, l’acquisition des réflexes est le plus facile. Il arrive cependant que des enfants bien doués puissent l’apprendre à 8 ans, mais c’est l’exception.

Quels morceaux conviennent à cet enseignement ?

D’abord, le solfège précité qui contient des pièces de ligne mélodique parfaite, puis les chants scolaires et des morceaux de musique populaire, enfin quelques airs de musette et de clavecin du 17e et du 18e siècle. En effet, l’écueil est la multiplication des accidents. Il est aisé de jouer en do, en fa ou en soi. Dès que l’on a 2 accidents à la clé la difficulté du jeu augmente, surtout si le morceau est rapide. A plus forte raison, la musique a 3 ou 4 accidents est-elle injouable dans nos classes.

Mais remarquons qu’il ne manque pas de pièces agréables en ces 3 tons essentiels. On y trouve largement de quoi renouveler le répertoire et varier le programme de nos fêtes scolaires Car il n’échappe à personne que ce modeste pipeau qui permet à l’enfant de jouer la musique de ses chants, est d’un inestimable secours pour apporter dans nos note de grâce et d’art qui y manque trop souvent (1).

M. GACHELIN. Instituteur. Gilles (S. et L.)

(1) Notre Coopérative met en vente : pipeaux, triangles et tous instruments pour l’orchestre enfantin, Voir également brochure B.T., n°9 : Les pipeaux (6 fiches), 0 fr. 40.

Collections de plantes, de fleurs, d’insectes,
observations pratiques de sciences

Grâce aux Activités Dirigées, l’étude des sciences physiques et naturelles peut enfin prendre un autre sens : de verbale qu’elle était presque exclusivement jusqu’à ce jour, elle tend à, devenir ce qu’elle devrait être exclusivement : la technique d’étude du monde qui nous entoure.

Rechercher les plantes, les fleurs, les insectes, étudier les phénomènes chimiques, physiques et naturels, collectionner les documents et les renseignements ainsi obtenus, est une des Activités les plus appréciées des enfants auxquels l’école traditionnelle n’a point fait perdre cette curiosité innée qui est à la base de toute étude et de toute recherche.

Ces recherches, ces classements, ces expériences sont d’ailleurs intimement liées à notre technique du fichier qui permet de trouver, sur tous les sujets qui s’offrent à notre intérêt, les renseignements théoriques et techniques indispensables. Nous avons à notre portée toute la merveille du monde et, par une aberration inconcevable, nous ne savons point en profiter pour cette préparation à la vie qui est le but de toute éducation.

On pourra consulter avec profit pour ces techniques nos B.E.N.P. :
N°11. La classe-exploration.
N°12. Technique d’étude du milieu local.

Nous avons également dans notre fichier un certain nombre de fiches documentaires précieuses (voir notamment série de fiches de sciences établies par le Groupe Meusien de l’Education Nouvelle.) Voir également :

Brochures Bibliothèque de Travail (recueils de fiches :
N°15. La nature (57 fiches-
N°18. Sciences (38 fiches-
N°19. Nos recherches (8 fiches).

Nous publierons sous peu deux brochures spéciales abondamment illustrées :

Pour votre herbier.

Collections d’insectes.

Enfin, une de nos brochures B.T. :: Les Abeilles, indique d’une façon vivante et pratique tout l’intérêt qu’une école peut trouver à l’installation en classe d’une ruchette.

Nous venons de mettre en fabrication des boîtes de classement pour plantes et insectes, avec couvercle transparent, format 21x27 à 10 fr.. qui permettent de collectionner et de classer le résultat de vos recherches.

Orientez-vous vers ce contact permanent et curieux avec la nature. Vous n’aurez qu’à vous en féliciter.

Recherches folkloriques
Histoire vivante par le folklore
et les archives

Nous ne pouvons que nous féliciter de voir l’Ecole Française nous suivre délibérément sur cette voie d’adaptation de l’école au milieu, et de différenciation à la base dans un but commun de compréhension et de culture.

Les recherches folkloriques sont parmi les plus passionnantes pour les enfants et vous pouvez hardiment les pousser dans cette voie pendant les heures d’A.D. : ils interrogent les vieux ; ils interrogent aussi les vieilles pierres, les musées ; ils comparent les traditions, les superstitions, les croyances ; ils mesurent pas à pas le progrès.

L’imprimerie et les échanges sont là d’un grand secours parce qu’ils nécessitent la préparation et le tirage de documents illustrés sur tous ces sujets et que de la confrontation de ces documents entre les diverses régions de France, naît la véritable culture, la véritable science, la véritable histoire.

Ajoutons qu’une infinité d’Activités manuelles et artistiques peuvent se greffer sur ces recherches : résurrection par le modelage, le découpage, la gravure. le travail du bois ou du contreplaqué des éléments passés de la vie du peuple : vieilles fermes, vieux costumes, scènes caractéristiques de la vie du village, scènes de travail, confection de chariots, de voitures, d’outils divers, poupées, etc., pièces de théâtre tirées de ces divers éléments.

La recherche dans les archives locales et régionales permet et complète d’ailleurs ces travaux. Nous avons lancé l’idée d’une histoire vivante du peuple de France par le folklore et les archives. Une brochure en préparation indiquera la technique de recherche et d’utilisation de ces documents folkloriques et d’archives.

En attendant, on peut lire dans notre revue La Gerbe notre chronique permanente de l’Histoire vivante et de l’Histoire retrouvée, notre Chanson de Geste de la Révolution Française, et voir également quel profit pédagogique et théâtral des élèves d’une école ont su tirer de semblables recherches dans notre brochure Enfantines : « Houillos ou la découverte de la Houille ».

Encore une fois, notre fichier, nos brochures B.T. apportent des directives, des exemples, des documents précieux à qui veut s’orienter dans cette voie. Voir notamment nos brochures :

Histoire du Livre
Histoire du Pain
Chariots et Carrosses
Diligences et Malles-Postes
Derniers progrès
Les Anciennes Mesures
Autrefois
Histoire de la Navigation
Histoire de l’Aviation.

Nous avons vu réaliser dans une école, d’une façon merveilleuse, en contreplaqué, toute la série des chariots et carrosses d’après les merveilleux dessins de nos brochures.

Chacune des écoles travaillant selon nos techniques a d’ailleurs entrepris, plus ou moins méthodiquement, de semblables recherches et nous avons dans nos archives des Nos spéciaux qui sont d’un puissant intérêt.

Modelage

Particulièrement aimé des enfants. Activité d’ailleurs intimement liée à toutes celles que nous venons de proposer ci-dessus.

Mais, pour être vraiment éducatif et intéressant, le modelage devrait avoir un but : être motivé. Les objets obtenus devraient donc pouvoir être conservés et là réside la difficulté.

On peut, un peu partout, se procurer de l’argile qu’on pile soigneusement, qu’on tamise ensuite, qu’on fait dissoudre en bouillie et qu’on décante de façon à obtenir une pâte très homogène et très liée qui se travaille tout à fait comme l’argile des potiers.

Les enfants peuvent alors réaliser de façon originale, en liaison avec les diverses activités. Les objets obtenus, séchés à l’air, ou cuits au fourneau d’une cuisinière, peints ensuite, peuvent tenir assez longtemps pour figurer dans une exposition. Pour être indestructibles, ils devraient être cuits, à haute température dans un four de potier. Les camarades qui ont dans leur région quelque centre de poterie, peuvent, comme l’a fait l’école Freinet, y faire cuire leurs réalisations.

Les œuvres obtenues ont toujours un très grand succès dans les expositions, les tombolas, les fêtes, et montrent mieux que le dessin encore, ce que peut la création enfantine lorsqu’on a su la libérer et la préparer.

Fabrication
des cartes en relief

C’est, sans nul doute, la forme idéale de l’enseignement de la géographie. Le Groupe Meusien d’Education Nouvelle a réalisé ainsi de belles cartes en relief. Les camarades de ce Groupe nous préparent une brochure spéciale qui indiquera la technique de réalisation de ces cartes.

Tissage

Activité encore très appréciée des enfants autant filles que garçons, surtout lorsque les objets obtenus servent à enrichir la Coopérative scolaire ou prennent place dans des expositions et des tombolas, ou servent directement les enfants.

Les camarades recommandent en général le métier à tisser jacquaramain qui, simple et pratique, permet des réalisations intéressantes, écharpes surtout.

Mais ces appareils scolaires n’ont pas, malgré tout, la simplicité et l’automatisme de manœuvre des appareils à tisser traditionnels, tels qu’ils existaient autrefois dans nos villages.

Nous continuons nos recherches pour offrir aux adhérents un modèle de métier à tisser ordinaire, en format légèrement réduit, très facilement maniable par les enfants et qui permettra la fabrication d’étoffes qui auront certainement un grand succès et une grande utilité.

Nous publierons alors une brochure spéciale donnant toutes les indications nécessaires.

Cinéma

Nous ne dirons que quelques mots du cinéma, puisque nos efforts dans ce domaine sont excessivement réduits.

Il y a près de dix ans, à l’origine de notre mouvement, nous avions lancé une Cinémathèque coopérative qui a rendu d’immenses services.

Malheureusement, le Pathé Baby (2mm5) disparaît peu à peu ; les films ne sont plus réédités comme il le faudrait et notre cinémathèque fonctionne dans des conditions difficiles.

Il va sans dire que le cinéma (le 16mm de préférence aux autres aujourd’hui) est un incomparable moyen d’éducation et d’instruction ou, du moins, il le deviendra le jour où la sollicitude gouvernementale rendra enfin possible l’utilisation de véritables films d’enseignement.

En attendant, nous tenons à signaler l’intérêt exceptionnel que présentent pour les enfants de scolarité prolongée des films réalisés par les enfants eux-mêmes. La caméra Pathé-Baby était bon marché et les films également d’un prix abordable. La caméra 16mm est plus chère, mais elle procurera d’incomparables satisfactions à ceux qui pourront l’utiliser pour filmer les scènes les plus passionnantes de la vie scolaire.

Nos services restent disposés à conseiller et aider les camarades dans le choix du matériel de cinéma et prise de vue.

Écrire à BREDUGE, 26, rue des Tanneries, Moulins (Allier.)

Photographie - Clichage - Pyrogravure - Philatélie
Modèles réduits, etc...

Nous avons indiqué, dans l’ordre d’urgence et selon les possibilités de réalisation que nous offrons, les diverses techniques que nous recommandons pour les heures d’Activités Dirigées. Nous garantissons le succès, quelle que soit la compétence des éducateurs pour toutes les techniques que nous avons préparées et pour lesquelles nous avons publié des brochures explicatives. Il ne s’agit plus là de travail de bricoleur plus ou moins habiles, mais d’activités qui, par notre action, ont désormais pris place dans le processus scolaire, qui peuvent être pratiquées dans toutes les classes.

Nous savons que le champ est infini pour les camarades habiles de leurs mains et qui peuvent s’attaquer avec le même succès : à la photographie (qui n’est vraiment pratique et éducative que si on développe soi-même), au clichage de dessins et de photos (où de nombreux camarades ont si bien réussi), à la pyrogravure qui est une sorte de gravure mécanique du bois par une pointe rougie électriquement l’appareil que nous pouvons faire livrer vaut 120 fr. environ), la philatélie, les modèles réduits d’avion, le cinéma, etc...

Les fêtes scolaires

Les fêtes scolaires sont une des Activités les plus recommandées, autant pour les avantages pédagogiques incontestables qu’elles nous valent que par l’atmosphère familière qu’elles créent autour de l’école et le profit matériel non négligeable qu’elles apportent à la Coopérative.

Mais encore faut-il pouvoir réussir ces fêtes.

La chose était autrefois difficile pour les maîtres insuffisamment doués ou exercés en musique et en chant.

C’est à l’intention de ces camarades que la Coopérative de l’enseignement laïc a réalisé des disques spéciaux pour l’enseignement du chant, pour les danses et la rythmique qui permettent aujourd’hui à tout éducateur de réussir de façon magistrale la fête scolaire (voir notamment notre brochure « Phono et Disques », prix : 1 f r. 50).

Nous l’avons dit, en commençant : notre but n’a point été, dans cette brochure, d’établir une liste impressionnante des multiples Activités possibles, pour vous faire regretter ensuite de ne réussir pleinement dans aucune.

Nous avons, au contraire, concentré nos recherches et nos efforts sur quelques activités que nous estimons essentielles, qui, grâce à notre matériel et à, nos renseignements techniques, peuvent aujourd’hui être pratiquées dans toutes les écoles publiques.

Et c’est parce que nous avons préparé notre réussite que les Activités Dirigées, dont nous ne saurions trop vanter l’institution, deviendront un des éléments précieux de la nouvelle vie de vos classes ; qu’elles ne seront point ce bricolage sans lien, sans suite et sans valeur pédagogique avec lequel on tenterait de déconsidérer et de supprimer la récente institution.

Nous avons préparé un chemin. Que ceux qui se sentent des aptitudes spéciales s’écartent hardiment pour réaliser selon leurs possibilités. Mais nous savons que la grande masse des éducateurs apprécient nos efforts qui leur sont tout spécialement destinés et se joindront à nous pour parfaire encore les outils et les techniques de l’école nouvelle populaire.

Un aperçu de quelques-uns des articles vendus par la C.E.L. et dont l’usage est tout particulièrement recommandé pour les

Activités dirigées

(Ces prix puisés dans le tarif de mai 1939 sont sans engagement pour les périodes ultérieures. Demander le tarif gratuit)

Un matériel minimum d’imprimerie à l’Ecole                         Frs. 472 50
Une presse C.E.E. automatique :
format 13,5x21 ....         700
             21x27 ....         1000
Un limographe C.E.L.                                      100
Un nardigraphe                         430
Trousse à graver C.E.L.                           8
Lino à graver, le dm²                                          0 50
Matériel de tirage de linos                        68
Boîte collection dessus celluloïd 21x27                        10
Poteries à décorer : l’une de                      1.50 à                        4 50
Une boîte peinture à la colle                        35
                        et à l’huile                        60
Fichier scolaire Coopératif
618 fiches imprimées                        95
id. dans un classeur spécial                        110
Disques C.E.L. (voir tarif)
Brochures Bibliothèque de Travail
                les 10.           20
Brochures d’Education Nouvelle Populaire :les 10             10
La Gerbe, 1 an               20
L’Educateur Prolétarien, un an            40
Abonnement à un journal scolaire    10
Appareils de radio, disques, orchestre enfantin (voir tarif).
Services d’échanges interscolaires nationaux et internationaux

30 Commissions d’Etude et de Travail constituées au sein de la C.E.L. font de ce groupement la seule association pédagogique au service des éducateurs pour la réalisation pratique des Activités Dirigées.

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