PUBLICATION MENSUELLE N°22 juin 1946


Brochures d’Education Nouvelle Populaire


La coopération à  l’École Moderne

 

 


Vence (Alpes-Maritimes)
L’imprimerie à l’école

   

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LES COOPERATIVES SCOLAIRES 

Dans l'histoire de la discipline scolaire moderne, les Anglo-Saxons ont apporté leur expérience des « capitaines » et du self-government, les Allemands et les Suisses ont tenté, des essais hardis de tendance plus ou moins libertaire ; l'URSS a organisé son école populaire en harmonie avec un milieu social supérieurement dynamique et constructif.

La France a ses « Coopératives Scolaires ».

Chacune de ces réalisations est incontestablement l'expression et l'aboutissant de conditions matérielles, sociales, administratives et même politiques particulières à chacun de ces pays. C'est ce qui explique qu'une forme d'organisation scolaire qui apparaît comme si bien adaptée à l'École laïque française et plus particulièrement à l'École laïque rurale française, se développe si lentement dans des pays voisins, comme la Suisse et la Belgique, pourtant convaincus des avantages incontestables, dans tous les domaines, de la Coopération scolaire.

Nous n'allons pas ici gaspiller notre temps, et notre papier, à redire les fondements, les processus d'organisation, les buts et les moyens de ces coopératives.

Le mouvement pédagogique dont M, Profit - alors I.P. de St Jean d'Angély - fut l'initiateur au lendemain de la guerre de 14-18, a suscité d'éloquentes publications,dont nous donnerons la bibliographie en fin de cette brochure. M. Profit édite encore actuellement un petit bulletin trimestriel : « Les Coopératives Scolaires », qu'on peut se procurer en écrivant à M. Profit.

D'autre part, l'Office central de la Coopération à l'Ecole adresse à tous ceux qui lui en font la demande, un appel qui contient les directives pratiques pour la constitution et l'administration des coopératives scolaires.

Nous renverrons à ces publications et aux livres parus sur ce sujet tous les lecteurs qui, en bons coopérateurs, voudront s'abreuver aux sources originales et fécondes.

 

Cependant, pour qu'il n'y ait aucun malentendu, et pour qu'on ne croie pas que nous approuvons indistinctement toutes formes de coopératives scolaires, nous allons, selon notre habitude, donner notre point de vue, en fonction de nos réalisations et de nos techniques. Nous dirons ensuite - puisque tel est le véritable objet de cette brochure,- comment les coopératives scolaires servent, appuient, permettent et renforcent nos techniques, et comment, en retour, nos techniques et nos réalisations apportent aux coopératives scolaires des possibilités financières, sociales et pédagogiques qui en assurent au maximum l'efficience ; comment, en somme, les coopératives scolaires et nos techniques ne sont, en définitive, que deux branches indissolubles du même problème qui est la modernisation et l'efficience de l'École laïque française.

PRINCIPE PRÉALABLE : L'organisation autocratique, ou même paternelle, de l'École a aujourd'hui fait son temps. Qu'on le veuille ou non la pédagogie s'oriente vers d'autres formes de vie et de travail.

Des expériences diverses ont été faites ou sont encore en cours. Nous estimons comme particulièrement probantes celles qui, par l'action et la vie, préparent les enfants à s'intégrer naturellement dans les processus économiques et sociaux modernes, tous fondés sur la coopération et l'organisation démocratique.

Dans ce sens, la coopération scolaire, telle surtout que l'a recommandée et réalisée M. Profit, nous paraît être la forme la plus pratique et la plus efficiente de l'organisation moderne du travail et de la vie scolaire.

2° ATTENTION AUX DÉVIATIONS !

Nous avons fait, à diverses reprises déjà, écho aux craintes, hélas ! justifiées, de M. Profit qui, en créateur du mouvement, voudrait bien ne pas voir dévier de la voie salutaire l'outil pédagogique qu'il a mis à la disposition des éducateurs.

Nous mettons nos camarades en garde contre la déformation apportée au mouvement de la Coopération scolaire par ceux qui, négligeant l'esprit nouveau essentiel, ne voient plus dans cette initiative qu'une forme commode d'administration et de financement de l'École.

Par la Coopération scolaire, ce sont les enfants qui prennent en main, effectivement, l'organisation de l'activité, du travail et de la vie dans leur école. C'est cela, et cela seul qui importe. La Coopération scolaire vous apporte des normes possibles pour cette organisation. Ne commencez pas par imposer les normes aux dépens de l'esprit ! Que la règle et la bureaucratie ne tuent pas le nouveau-né !

C'est pourquoi nous dénonçons tout de suite les administrateurs - nous ne disons pas les éducateurs - qui apportent, et imposent plus ou moins directement les formes de la Coopérative à des enfants qui n'ont pas encore senti la nécessité de la Coopérative ; qui ne voient dans la Coopérative que la puissance financière ou économique nouvelle : 200 élèves apportant chaque mois 5 fr. chacun dotent une école d'un budget supplémentaire de 1000 fr. par mois. On nomme un Conseil d'élèves à qui on laisse l'illusion d'une gestion autonome et, en fin de compte, ce sont les instituteurs et le directeur qui ont trouvé une formule neuve - mais qui sera bien vite usée - pour faire payer les parents qui protestent puisqu'on leur a tellement affirmé que l'école est gratuite.

Et ces parents ont raison. Une telle caricature de Coopérative scolaire n'est, en définitive, qu'un moyen nouveau d'exploitation que nous ne saurions trop dénoncer.

On nous objectera peut-être que rares sont maintenant les éducateurs qui déforment à ce point et racornissent l'idée si féconde de la Coopération scolaire. A la campagne peut-être. L'Ecole de ville, par contre, est loin encore d'avoir trouvé l'adaptation à sa structure spéciale d'une forme d'organisation presque parfaite pour les petites écoles mais qui ne saurait être transposée automatiquement dans les agglomérations populeuses.

Nous ne sommes d'ailleurs pas de ceux qui ne savent que jeter la pierre à des éducateurs qui, même s’ils n'ont pas réussi, ont du moins osé. Nous devons critiquer sans réserve mais aussi, ensuite, dans notre équipe d'Écoles de villes, nous attacher à ce problème important : l'organisation économique et sociale, dans le sens de la coopération, des Écoles de villes.

Ces éducateurs des écoles à classes nombreuses ont donc leurs excuses. Ils en ont beaucoup moins, les Instituteurs de bourgs et villages qui, soumis à la même erreur que nous avons décortiquée, donnent l'accent dans l'organisation de la Coopérative scolaire sur la forme légale, administrative et bureaucratique, aux dépens de la vie profonde des coopérateurs.

3° CE SONT LES COOPÉRATEURS, ET NON LES RÉGLEMENTS, QUI FONT LA COOPÉRATIVE :

Il est des périodes d’euphorie paysanne où les produits de la terre sont vendus au prix maximum et où le paysan n'a pas l'impression d'être exploité. Allez parler au producteur de la constitution d'une coopérative paysanne, demandez-leur un versement d'actions, présentez-leur des statuts modèles, vous ne rencontrerez qu'indifférence et mauvaise volonté.

Mais quand il y a crise, quand le paysan se voit refuser la marchandise qu’il a tant peiné à produire, il se sent alors victime d’une injustice flagrante et il prêtera une oreille favorable aux conseils d'organisation que vous lui apporterez.

Il en est ainsi à l'École.

La Coopérative scolaire suppose :

- une vie nouvelle à réorganiser sur d'autres bases, l'abandon de la discipline traditionnelle, et l'appel le plus large possible à l'organisation par les enfants de la vie de leur classe ;

- un travail nouveau qui n'est plus réglé souverainement et préalablement par Paris, par les programmes ou par les manuels scolaires, un travail nouveau qui suppose et nécessite la coopération.

Tout notre matériel est conçu justement pour ce travail nouveau. Il est presque toujours un matériel collectif, communautaire, qui appelle l'organisation coopérative.

Les méthodes traditionnelles, la pratique du manuel étaient basées sur le travail individuel, qui ne saurait même s'accommoder de la forme coopérative : chaque enfant a son livre, fait son devoir, étudie sa leçon. Les essais d'entr'aide deviennent des tricheries et sont punis comme tels.

L'arrivée du matériel d'imprimerie dans une classe suppose un changement radical d'orientation. Ce matériel appartient à tout le monde et le travail qu'il permet ne saurait être que le travail d'équipe. Cela suppose un embryon au moins d'entente, d'organisation, un règlement, Il en est de même pour le Fichier scolaire Coopératif, le Dessin, la Correspondance, les Fichiers autocorrectifs, le musée et le travail scientifique, l'administration du jardin, le cinéma, les disques.

Quand vous avez ce matériel, vous n'avez plus à expliquer la coopération, la coopération est une nécessité. Vos enfants eux-mêmes comprendront que le travail en commun marche d'autant mieux qu'il est régi par des règles élaborées en commun, senties et approuvées, donc respectées par tous. Les statuts répondront à ce besoin.

Ces observations pourraient sembler accessoires ; elles sont essentielles. Nous sommes certes pour l'organisation, sans laquelle il n'y a que désordre, nervosité, inefficience. Mais on n'organise pas le vide. Si vous êtes seul à rouler sur une route privée vous n'avez pas besoin de règlement et vous trouveriez ridicule et comique le fait d'appliquer ici le code de la route sous prétexte que ce code existe ailleurs...

Mais dès que la circulation deviendra un peu plus complexe, alors oui, le règlement s'imposera.

C'est pourquoi nous disons aux éducateurs : ne partez jamais du règlement quand vous désirez constituer la Coopérative scolaire. N'organisez pas à vide mais introduisez dans le processus de vie de votre école des pratiques modernes de travail : cédez à vos élèves un coin de votre jardin, ou louez pour eux une parcelle voisine ; élevez un lapin, organisez des sorties, des visites, achetez notre matériel coopératif. Alors le besoin d'organisation s'imposera.

Ne présentez pas tout de suite des modèles de statuts. Organisez votre classe et votre travail selon vos moyens de bord, en vous inspirant certes de ce que vous avez vu réaliser ailleurs et de ce que vous aurez lu dans cette brochure. Laissez les enfants s'essayer en tâtonnant à cette forme nouvelle de vie. Il n'est pas nécessaire que le responsable ait été nommé par vote régulier ni qu'on ait défini toutes les attributions du trésorier. Ce formalisme quelque peu impressionnant, risque de décourager certaines bonnes volontés.

Créez, à même la vie, la fonction d'abord ; la fonction créera ensuite l’organe. Quand vous présenterez un jour prochain des statuts modèles, tous les enfants comprendront alors ce qu'ils sont - ou doivent être - et les statuts ne seront là que pour renforcer l'organisation normale et naturelle.

Alors vous aurez définitivement évité l'écueil de la bureaucratie. Vous aurez sûrement la Coopérative scolaire réalisée par et pour les enfants. Et vous pourrez pousser au maximum l'organisation, l'obéissance au règlement, la conscience scrupuleuse des responsables parce que la Coopérative scolaire sera devenue la nécessité vivante de votre travail.

Vous verrez, notamment dans le rapport ci-dessous de notre ami Perceval, comment on peut aussi, graduellement, sans à coups, accéder à cette forme complexe et si éminemment efficiente de la coopération scolaire. Nous ne saurions trop vous engager à ménager, comme il l'a fait, les divers organismes et les initiatives qui, jusqu'à ce jour, aidaient l'école selon des normes désuètes parfois, mais qui n'en étaient pas moins l'expression d'une sollicitude que nous aurions tort de rebuter : la Coopérative scolaire ne doit pas se substituer brutalement aux Sous des Ecoles, aux Caisses des Ecoles, aux œuvres diverses péri et post-scolaires, et encore moins aux municipalités.

La Coopérative scolaire est autre chose que tout cela ; elle peut arriver un jour prochain à englober toutes ces activités scolaires ou post-scolaires, mais ce sera dans la mesure où aura triomphé la conception moderne de la vie et du travail, tout entière fondée sur la Coopération.

NE VOUS LAISSEZ JAMAIS DOMINER PAR LA FORME, OU PAR L'ORGANISATION BUREAUCRATIQUE :

Que la Coopérative ne soit pas le fait d'un bureau plus ou moins actif ; plus ou moins autoritaire, mais l'œuvre de tous les élèves.

Pour cela que tout le travail scolaire soit compris coopérativement, que, sous la haute responsabilité du bureau élu, il y ait, dans toutes les branches d'activité, une floraison de responsables, de chefs d'équipe, de rapporteurs, de conférenciers qui s'habitueront, à même la vie et le travail, à remplir totalement leur rôle de citoyens.

N'endiguez justement pas trop tôt ce besoin de discussion et de critique par une réglementation statutaire excessive. Les vraies assemblées générales, au cours desquelles on décide ou on remanie la structure et la direction de la Coopérative, ne doivent pas être trop fréquentes. Il faut que les responsables aient le temps de faire leur travail. Mais réunissez le plus souvent possible vos élèves en Assemblées générales secondaires au cours desquelles on passe en revue l'activité de chacun. Voici ce que, nous pratiquons à l'École Freinet, et avec grand succès.

Les enfants ont, affiché dans le couloir, le journal mural sur lequel chacun écrit librement ce qu’il a à dire. Tous les samedis soirs, en fin de semaine, 1'assemblée générale se réunit sous la responsabilité du Président de la Coopérative, assisté du secrétaire qui note l'essentiel de la discussion. On lit le journal mural. Des élèves, et parfois le maître, sont mis en cause ; on discute, on s’explique ; on sanctionne, on conclut. Puis on laisse la parole à ceux qui ont à apporter critiques ou suggestions. On examine ainsi à fond par les réactions des élèves, toute la vie de l'école ; on améliore l'organisation ; on aménage les responsabilités et les charges. Chacun a ainsi vraiment l'impression que l'École est sa chose et l'on peut prendre des décisions, engager par des promesses, enthousiasmer par des perspectives de travail qui auront le plus heureux effet sur la vie et le travail de l'Ecole.

5° LES COOPÉRATIVES SCOLAIRES DOIVENT-ELLES SE FÉDÉRER ?

La chose semble si normale qu'on s'étonnerait qu'elle ait soulevé d'ardentes discussions et de très expresses réserves de la part de M. Profit.

Cela est dû, probablement encore, au fait qu'on a placé, en l'occurence, la charrue devant les bœufs, on a fait de la concentration nationale de coopératives, on a créé cadres et règlements avant que les coopérateurs aient ressenti l'urgente nécessité de cette fédération.

La question méritera, je crois, d'être revue et mise au point. Il est normal que les Coopératives scolaires puissent se fédérer départementalement et nationalement pour mieux solutionner les problèmes qui se posent à elles. Nous y parviendrons si nous savons faire primer paertout la vie coopérative sur l’organisation bureaucratique.

6° JUSQU’OU PEUT S’ÉTENDRE LE CHAMP D'ACTION DES COOPÉRATIVES :

Si nous plaçons donc la vie scolaire et le travail des enfants dans leur milieu au centre de la coopération scolaire, nous pouvons dire sans crainte que notre champ d'action est pratiquement illimité.

Nous donnons quelques exemples de ces activités. Chacun pourra, selon les nécessités, en susciter de nouvelles. L'essentiel est que la Coopérative scolaire ne perde jamais son caractère de profit pédagogique, qu'elle ne se mette pas à produire ou à vendre par déformation du milieu ambiant, qu'elle ne sacrifie pas la vie de l'école à une illusoire prospérité matérielle et que l'instituteur ne soit pas hypnotisé par son budget enflé aux dépens parfois de la vraie coopération.

 Mais sous les réserves que nous avons faites, la Coopération scolaire, forme moderne de l'organisation scolaire française, peut s'attaquer à tous les problèmes. Scolaires : organisation du travail, fabrication et achat de matériel, discipline, propreté, équipes de travail, sorties, promenades, excursions, expériences, cinéma, radio, disques, pépinières, travaux des champs, échanges interscolaires, échanges d'enfants, cantines, etc...

Ne vous effrayez pas de cette complexité. Elle est à l'image de la vie et vous devez l'aborder, si vous voulez retrouver et influencer la vie.

La Coopération scolaire vous y aidera.

C. FREINET.


LA MODERNISATION D'UNE ÉCOLE RURALE par la coopérative scolaire

Souvent, les jeunes sont embarrassés pour créer une Coopérative scolaire. C'est pourtant une chose très simple, c'est même d'abord une toute petite chose. Mais cette petite chose grandira, prendra une importance considérable et permettra la transformation de la vieille école traditionnelle en Ecole Moderne.

Quand je suis arrivé à Eclose, en 1928, j'ai trouvé là, le type de cette vieille école d'autrefois, sans matériel d'aucune sorte, avec seulement deux vieilles cartes de géographie (France physique et Europe d'avant 1912), et une bibliothèque comportant une quantité de vieux ouvrages jamais lus.

Je puis dire que c'est la Coopérative scolaire qui a fourni à ma classe tout le matériel moderne dont elle est pourvue, et m'a permis d'arriver aux bons résultats que j'ai pu obtenir.

HISTORIQUE

Arrivé à Eclose en avril 1928, je suis, par suite de circonstances personnelles (ma femme gravement malade) obligé d'attendre la rentrée de 1929 pour créer notre Coopérative scolaire.
Elle n'a pas encore ce nom-là, c'est simplement une Caisse scolaire pour achat de matériel.
Le point de départ ? Mes élèves, et moi aussi, nous avons « envie » d’un ballon de football, - car le football est à la mode au pays, puisqu'il s'y trouve une société qui joue ses matchs dans un terrain situé près de l'école.
Chacun versera une cotisation de 2 fr. et c'est à ce moment que nous commençons à mettre en pratique le vieux proverbe, que nous utiliserons souvent par la suite: « Aide-toi, le ciel t'aidera ». En la circonstance, c'est au Sou des Ecoles que nous allons demander le complément nécessaire pour l'achat du ballon.
Nous avons un beau ballon neuf, nous formons deux équipes : les verts et les rouges, et les séances de gymnastique sont maintenant particulièrement goûtées, et autrement intéressantes.
Profitant de l'élan donné, nous décidons, pour l'achat du matériel, une cotisation obligatoire mensuelle de 0 f. 05 par élève. Un ou deux élèves seulement n'apportent que 0 f. 05 ; les cotisations apportées varient de 0 f. 10 à 0 f. 80, et peu à peu, dans l'année scolaire, nous recueillons 35 f. 70 ; aussi, à la rentrée d'octobre, nous pouvons acheter nos premiers outils : 1 râpe, 1 manche, 1 paire de tenailles, 1 équerre, 1 vrille, 1 scie à araser.
Mais la caisse est vide et il ne reste que 1 f. 10.
Pour avoir quelques livres intéressants à lire, nous formons également une Caisse de la Bibliothèque.
Recettes de l'année : 14 f. 95.
Achat : 2 livres pour 12 f. 60 ; reste 2 f. 35.

Année 1930-1931 :

Caisse matériel. - Recette: 55 f. 85.
Achats : 1 rabot, 1 ciseau à bois, 1 vrille 6 m/m, 1 compas, 1 pince, 1 bédane, 1 manche, 1 aimant, 1 pied à coulisse.- Reste en caisse 1 f. 05.
Nous avons donc maintenant les outils pour faire du travail simple de menuiserie, mais nous sommes obligés de travailler sur les pupitres, ce qui risque de les détériorer, ou par terre, ce qui est fort incommode.
Mettons à exécution les conseils du proverbe : « Aide-toi... la commune t'aidera ! »
Je demande au maire un crédit pour faire construire un établi par le menuisier du pays. – Accordé. - Après quelques semaines d'attente, nous avons notre établi.
D'autre part, nous ne savons où loger nos outils, ni les premiers instruments fabriqués pour nos leçons de physique, ni les figures géométriques découpées dans des planchettes de bois.
Je demande au maire un placard vitré. - Accordé. - Nous pouvons mettre de l'ordre dans notre outillage et nos premières productions.
Enfin, la commune nous fournira tout le bois dont nous aurons besoin ; il suffira de le prendre chez le menuisier. (Jusqu'à présent nous nous servions des planchettes obtenues en démontant de vieilles caisses.)
Caisse Bibliothèque : Recettes 22 f. 45.
Achat : 3 livres. Reste en caisse 3 f. 55.
Je demande au maire, un crédit pour la bibliothèque. (Toujours le vieux proverbe : « Aide-toi... etc.» ). - Accordé. - Nous pouvons acheter 8 volumes.

Année 1931-1932 :

Caisse matériel : Recettes 75 f. 90.
Achats: un vilebrequin, 3 mèches, 1 scie à chantourner (au total 37 f. 20).
La Commune m'achète un étau d'ajusteur que nous fixons au pupitre.
Caisse bibliothèque : Recettes 51 f. 75.
Achat : 6 volumes (au total 38 f. 70).
La Commune achète 8 volumes.

Année 1932-1933 :

Caisse matériel : Recettes 100 f. 20.
Achats : une machine à découper, 1 drille et 1 étui forets, 1 panneau contreplaqué, 1 manche universel, 2 limes fer, 1 cisaille, 1 cisaille, 1 chasse-pointe, 1 tournevis (au total 75 f. 55).
Caisse bibliothèque : Recette 48 f. 90.
Achat : 6 volumes (au total 44 f. 10).
Commune : achat de 8 volumes.
Ma femme a repris son service depuis mars 1931. Nous réunissons nos élèves garçons et filles pour l'étude du chant. Nous avons essayé déjà de mimer quelques-uns de ces chants ; les résultats sont bons, nos élèves se dégourdissent.
Nous allons étendre l'expérience et nous décidons de donner un fête en fin d'année. Les filles apporteront chacune 5 frs pour leurs costumes.
La recette de la Fête ira au Sou des Ecoles, puisque cette organisation existe et que ses administrateurs sont de véritables amis de l'Ecole Laïque.
Sans cela, le produit de la Fête serait évidemment au profit de la Caisse Matériel que nous n’avons pas encore baptisée Coopérative.
Cette première fête laisse un bénéfice de 797 f. 40.

Année 1933-1934 :

Caisse matériel : Recettes 63 f. 40.
Achats : 2 petits étaux, 1 jeu 6 petites limes, 12 scies à découper. 1 niveau maçon, 1 pot colle forte et pinceau (au total 16 f. 90).
Le menuisier me fabrique un trusquin payé par la commune.
Nous commençons à donner, cet hiver-là, avec l'aide de l'Office du Cinéma éducateur, des séances de parlant.
Bénéfice net de la saison 54 f. 20 versés au Sou des Ecoles.
A partir de cette année 1934, nous pourrons faire, chaque année, en car, une promenade scolaire d'un parcours d'au moins 200 km.
Caisse bibliothèque : Recettes 49 f. 35.
Achat : 4 volumes (au total 31 f. 50).
Commune : achat de 8 volumes.

Année 1934-1935 :

Caisse matériel : Recettes 69 f. 85.
Pas d'achat.
Caisse Bibliothèque : Recettes 49 f. 25.
Pas d'achat. Abonnement à Copain-Cop, 10 fr.
Saison de cinéma : 372 f. 40 (versés au Sou).
Fête de Juillet : 1416 f. (versés au Sou).
Achat d’un appareil photoscopique M.P.III par le Sou des Ecoles. La société ne peut rien nous refuser, puisque c'est nous qui fournissons les 9/10 des ressources. Je suis le secrétaire de cette société, mais en fait j'utilise ses ressources à ma guise.
Achat par la commune : 9 films photoscopiques,
Promenade scolaire à Valence. Nous donnons, dans cette ville et au profit d'une œuvre laïque, notre premier concert public extérieur (8 chœurs).

Année 1935-1936 :

Caisse matériel : Recettes 87 f. 50.
Achat de 5 films photoscopiques (62 f. 75).
Caisse bibliothèque : Recettes 65 f. 85.
Pas d'achat. Abonnement à Copain-Cop, 10 fr.
Nous donnons notre première fête de l'Arbre de Noël. Entrée gratuite, mais une quête produit 228 f. versés au Sou des Ecoles.
Grâce à nos recettes, le prix moyen des jouets s'élève à 30 francs, alors qu’avant notre arrivée à Eclose, il n'était que de 5 fr.
Saison de cinéma: 576 f. 35 (versés au Sou des Ecoles).
Achat par la commune : 10 films photoscopiques.
La Fête de Juillet rapporte 867 f. 10.
Promenade scolaire à Belley.
Nous donnons notre 2e concert public. Il est composé de 10 chœurs.

Année 1936-1937 :

Caisse matériel : Recettes 46 f. 80.
Aucun achat.
Caisse bibliothèque : Recettes 82 f. 25.
Pas d'achat. Un abonnement à Copain Cop 10 francs. .
Recettes de l'Arbre de Noël : 203 f. 10 (versés au Sou).
Saison de cinéma : 594 f. 60 (versés au Sou).
Fête de Juillet: 869 f. 60 (versés au Sou).
Achat par la commune : 10 films photoscopiques ; achat par le Sou : 7 films.
Promenade et concert à Vizille (12 chœurs)

Année 1937-1038 :

Caisse matériel : Recette 91 f. 80.
Aucun achat.
Caisse bibliothèque : en caisse 101 f.
Pas d'achat. Abonn. à Copain Cop : 10 fr.
Recettes de l'Arbre de Noël : 206 f. 30 (versés au Sou).
Saison de cinéma : 746 f. 50 (versés au Sou).
Fête de juillet : 710 f. (versés au Sou).
Achat par la Commune : 9 films photosc.
Achat par le Sou des Ecoles : 3 films.
Pour me permettre de perfectionner la culture artistique de mes élèves et de mettre en application des idées que j’ai dans la tête depuis l'Ecole normale, je décide l'achat d'un appareil de radio, la dépense est payée par le Sou des Ecoles.
Naturellement, il faut mettre à l'abri cet appareil délicat ; je demande donc au Maire un placard spécial. - Accordé.
Promenade et concert à Tarare (12 chœurs).

Année 1938-1939 :

Nous décidons la fusion des deux Caisses et fixons la cotisation obligatoire à 0 f. 50 par élève et par mois.
Depuis 1937, après des essais qui durent depuis plusieurs années, et pas mal de tâtonnements, j'ai transformé ma méthode d'enseignement, elle est maintenant basée en grande partie sur l'étude du milieu local. (J'ai pu poursuivre plus facilement ces essais depuis la gémination de nos classes en mars 1938.)
Nous copions sur des cahiers le résultat de nos études, mais c'est beaucoup trop long ; nous cherchons un procédé rapide et propre pour reproduire en plusieurs exemplaires les études que nous poursuivons et qui sont le commencement d'une Histoire de notre village, que nous allons écrire en plusieurs années.
Et nous pensons... à l'Imprimerie.
J'ai visité en août 1938 l'école de Vence. En Janvier 1939, je commande notre matériel d’imprimerie à la C.E.L. au compte du Sou des Ecoles.
Nous le recevons en mars 1939, nous nous mettons au travail immédiatement.
Je dresse le plan d'une table établi pour l'utilisation de ce matériel, je fais exécuter cette table par le menuisier, la dépense sera payée par la Commune.
Recettes de la Coopérative : 301 f. 45. Vendu à l'occasion du C.E.P. quelques numéros de « Notre Moisson » pour 148 fr.
Total recettes : 449 f. 45. Dépenses : 128 f. 55. (Dont achat de 3 volumes, achat de menu matériel et de petites fournitures pour l’Imprimerie). Reste en caisse : 320 f. 90.
Nous participons en fin d’année à l'exposition de la C.E.L. à Grenoble.
Recettes de l'Arbre de Noël : 249 f. 40.
Saison de cinéma : 1031 f. 50.
Fête de juillet : 651 fr.
Nous avons dépensé beaucoup pour les costumes de cette dernière fête ; mais nous avons en magasin 308 costumes, 60 coiffures, 2 perruques, un assortiment de cravates, fichus, ceintures, accessoires, et plusieurs grands décors de 5 m x 2 m. 50 peints par ma femme. C'est elle aussi qui a coupé, ajusté tous les costumes de nos fêtes. (Nous avons prêté plusieurs de ces costumes à des écoles qui nous en ont demandés.)
Achat par la commune : 9 volumes.
Pour classer nos documents, fiches, travaux divers, je fais établir dans le fond de la classe, 40 casiers dont le dessus formera étagère-séchoir pour l'imprimerie. Cette nouvelle dépense est payée par la commune. Sur mes deniers personnels, j'achète un « Nardigraphe ».
Promenade et concert de juillet à St Laurent du Pont (12 chœurs).
En cette fin d'année scolaire 1938-1939, nous faisons quantité de projets d'avenir.
En août 1939, je vais de nouveau rendre visite à l'Ecole Freinet, à Vence.
J'al l'intention de lancer, à la rentrée d'octobre, par l’intermédiaire de la C.E.L., un instrument de musique que je viens de créer. Mais, début septembre, je suis mobilisé. Adieu, les beaux projets !
Au cours d'une permission, en novembre 1939, je crée l'Aide aux Soldats du Front. A partir du 1er janvier 1940, la Coopérative adressera des colis et de l'argent à 4 soldats du Front.
Nous garderons le plus nécessiteux, qui sera notre Filleul jusqu'en Juin 1940.
Je reviens à Eclose, à Noël 1939, et je reste en convalescence jusqu'à Pâques ; je suis alors démobilisé et je reprends mon poste le 1er avril.
Nous reprenons nos travaux d'imprimerie suspendus depuis octobre, et dès lors, la Coopérative n'aura plus besoin de cotisations.
En cette année 1939-1940, la Commune achète encore 9 livres pour notre bibliothèque.

Année 1940-1941 :

Recettes 347 f. 40. Dépenses 47 f. 75. Achat par la Commune : 7 volumes.
Je fais installer trois panneaux d'affichage. Dépense payée par la Commune.

Année 1941-1942 :

La vente du journal nous apporte une recette fort appréciable ; nous créons d'autre part un jardin scolaire d'expériences dont les produits seront vendus au profit de la Coopé, et nous créons un jardin potager dont les produits seront envoyés aux écoles de Vienne.
Total des recettes de la coopé : 725 f. 85. Dépenses: 80 f. 90.
Achat par la Commune : 5 volumes.

Année 1942-1943 :

La fin de l'année 1942-43 se solde par un excédent de recettes de 929 f. 65.
La Commune achète 33 livres. Je crée une Bibliothèque populaire et, naturellement, je demande à la Commune de me fournir une nouvelle armoire bibliothèque, ce qui est accordé.
En cette année scolaire nous avons adopté comme filleule, une école maternelle de Vienne. Nous lui envoyons un colis tous les quinze jours, soit pour l'année : 230 kgs de pommes de terre, 159 œufs, des légumes, des gâteaux, des noix, des noisettes, de la farine, du sucre, etc…

Année 1943-1944 :

Notre encaisse se monte à 1.686 f. 65. Notre journal se vend régulièrement et le jardin scolaire rapporte ; nous avons même créé une variété nouvelle de maïs-grain qui pourra mûrir en terres froides.
Notre outillage de travail manuel nous a permis de construire du matériel pour la classe de ma femme. Lit pour la poupée, armoire, table, chaise; personnages. animaux, objets pour le calcul, et jeux découpés pour la section enfantine.
Au mois de mars 1944, je réussis à dénicher une nouvelle police d'imprimerie pour remplacer la nôtre dont les caractères sont usés ou perdus. La dépense est réglée par le Sou des Ecoles. Une remarque en passant, notre société du Sou des Ecoles est une des rares sociétés de ce genre qui n'a pas été « agréée » par le gouvernement de Vichy.
Cette année-là, nous envoyons à nos filleuls de Vienne, 335 kg. de pommes de terre, 205 œufs et l'accompagnement habituel de légumes, fruits, gâteaux, etc…
Une subvention de l’Etat, que je n'ai pas demandée, mais que me fait avoir l'Inspecteur, me permet de faire installer un établi d'ajusteur.

Année 1944-1945 :

En décembre 1944, nous adoptons un soldat ex-maquisard, à qui nous envoyons colis et argent et que chacun accueille quand il vient en permission.
En fin d'année notre encaisse se monte à 2.482 francs.
Nous exposons nos travaux, le 30 juin, à Grenoble, à l'occasion de la venue de Freinet. Ces travaux ont un énorme succès.

Année 1945-1946 :

Au début de février 1946, nous avons une encaisse approximative de 3.500 francs, la plus grande partie de cette somme a été fournie par la vente de nos journaux et éditions.
Nous l'utiliserons en achats de livres et de matériel dès qu'il sera possible et dès que l'occasion se présentera.
Nous subventionnons chaque année la section cantonale des pupilles de l'Ecole, dont je suis président (cette section n'avait pas été agréée non plus, évidemment l'instituteur d'Eclose était un peu trop laïque). Cette année, la subvention atteint 200 fr. et les membres de la Coopé ont versé en outre une cotisation personnelle, moyenne, de 26 fr. pour cette œuvre des pupilles.
Nous pouvons, maintenant, recommencer à travailler dans la joie, comme avant guerre; pas une minute n'est perdue.
Nous commençons à être connus et à avoir quelque réputation ; nos 12 correspondants nous occupent fort. Notre Inspecteur, 1ui-même, se fait notre propagandiste.
Mais nos Fêtes nous manquent comme moyen d’éducation ; car, depuis 1939, nous n'en avons pas donné.
Nous n'avons pas été de ceux qui ont chanté : « Maréchal nous voilà » et qui ont donné des fêtes « par ordre ».
Mais il nous tardait bien de les reprendre, nos Fêtes, car elles sont indispensables à la vie d'une Ecole Moderne.
Puisque la guerre est finie, nous pouvons recommencer.
Nous avons donné, le 23 Décembre 1945 notre premier Arbre de Noël d'après guerre.
Il a eu un tel succès que la vente des programmes et la quête ont produit la somme de 3.511 francs (versés au Sou).
Le Sou des Ecoles qui était à sec quand nous sommes arrivés à Eclose en 1928, a en caisse, maintenant, plus de 15.000 francs.
Comme je l'ai dit au début de cet exposé, cette somme, qui est dans la caisse du Sou, qui a été amassée par nous tous, maîtres et élèves, dans un effort ininterrompu de 15 années de travail, serait dans la Caisse de la Coopérative, si la société du Sou des Ecoles n'avait pas existé à notre arrivée dans la Commune.
Cette encaisse est à notre disposition et sera utilisée aussitôt qu'il sera possible de trouver du bon matériel dans de bonnes conditions.
Aussitôt que nous le pourrons, nous achèterons un tourne-disque et des disques, et, dans un temps plus lointain, l'appareil de Cinéma que la C.E.L. est en train d'étudier.
Je n'ai parlé que du matériel obtenu grâce à la Coopé ou parce qu’elle existait, le Sou et la Commune ne pouvant moins faire que s'associer à son effort.
Je n'ai pas parlé de tout le matériel obtenu à l'aide des Crédits ordinaires alloués par la Commune pour fournitures scolaires, et qui m'ont permis d'obtenir : microscope, thermomètre à minima et maxima, baromètre, pluviomètre, 15 cartes de géographie, une collection de roches, etc., etc., et nous n'avons jamais manqué ni de cahiers, ni de papier d'imprimerie, pendant toute la guerre.

CONCLUSION

Cet exposé est un peu long et cependant il ne décrit que très brièvement tous les efforts que nous avons dû accomplir, maîtres et élèves, ainsi que l'équipe dévouée des Amis de l’Ecole laïque.
Il a été écrit en pensant aux jeunes de l'Enseignement, car l'esprit coopératif, l'esprit de solidarité existe chez tous les maîtres de la C.E.L., comme il existe, chez leurs élèves.
J'ai détaillé tout cela afin que les jeunes maîtres ne se découragent pas en arrivant devant une classe vide de matériel ; parfois, au milieu d'une population hostile, ou bien prête à le devenir; en face d'une organisation cléricale active comme celle qui existe ici, et contre laquelle je lutte depuis 18 ans.
Aussitôt arrivés dans leur poste, que ces jeunes créent une Coopérative scolaire ; ils ont maintenant le soutien de la puissante C.E.L.
Qu'ils préparent des fêtes ; c'est un des meilleurs moyens pour mettre leurs élèves dans l'état d'esprit qui leur permettra d'utiliser les techniques nouvelles et en particulier l'Imprimerie, Ils pourront se procurer le matériel, puisqu'ils auront garni leur caisse.
Et alors, ils connaîtront le travail joyeux, la classe où l'on ne s'ennuie jamais.

PERCEVAL

Eclose (Isère),


L’ÉLARGISSEMENT DE LA COOPERATIVE SCOLAIRE

« L’école en fête » de Mourioux

I - ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ.

« L’Ecole en fête » a fait petit à petit éclater le cadre de la Coopérative Scolaire classique. Elle constitue maintenant une société fraternelle de coopération qui groupe toutes les activités scolaires et péri-scolaires de Mourioux et qui n’a qu’un but : favoriser au maximum le développement physiologique, intellectuel et moral de ses membres. Rassemblant autour de l’Ecole, au sein de la Fédération, des œuvres scolaires et post-scolaires laïques, élèves, anciens élèves, parents d’élèves et mais, « L’Ecole en Fête » est à la fois :

Une classe d’Education Nouvelle organisée en équipes mixtes ;
Une coopérative scolaire ;
Une association d'anciens élèves ;
Une association de parents d'élèves ;
Une amicale laïque ;
Une société musicale et artistique ;
Une société sportive ;
Une bibliothèque scolaire et populaire ;
Une cantine-restaurant.

* * *

« L'Ecole en Fête » comprend :
a) Des « poussins » (élèves de moins de 10 ans) ;
b) Des membres actifs (élèves et anciens élèves de 10 à 17 ans) ;
c) Des membres adhérents (anciens élèves de plus de 17 ans et parents d'élèves) ;
d) Des membres honoraires.

Le taux des cotisations est actuellement le suivant :
« Poussins » et membres actifs, 3 fr. par mois.
Adhérents, 40 francs par an.
Honoraires, minimum de versement, 20 fr. par an.

* * *

« L'Ecole en Fête» est administrée par un Bureau de membres actifs comprenant : un président, un secrétaire - bibliothécaire faisant fonctions de vice-président ; un trésorier et un trésorier adjoint, élus tous les trimestres à bulletin secret par l'ensemble des membres actifs, parmi les chefs d'équipes ou leurs adjoints ; un contrôleur élu pour un an parmi les membres actifs de plus de 14 ans.

Le Bureau convoque, chaque fois qu'il le juge nécessaire la « Commission Consultative » de l’École en Fête qui comprend : un membre adhérent ancien élève ; deux membres adhérents parents d'élèves, pensionnaires de la cantine ; un membre adhérent parent d'élève non pensionnaire de la cantine ; un membre honoraire, élus pour un an à l'assemblée générale d'octobre.

Le Bureau n'est nullement tenu de se ranger aux avis donnés par cette commission. En pratique, cependant, il semble très préférable de s'en remettre aux décisions prises par cette commission qui représente l'opinion publique communale et qui ne compte que des amis dévoués à l'Ecole.

* * *

Les fonctions de chacun des membres du bureau sont précises :

Le Président est chargé de veiller au bon fonctionnement de la Société. Il assure la discipline intérieure, notamment en classe, dans la cour et même à l'extérieur de l'École. Il propose éventuellement des sanctions. Il donne des instructions aux chefs d'équipes.
Le Secrétaire - bibliothécaire assure la correspondance ordinaire de la Société et la distribution des livres de bibliothèque. Il tient à jour le répertoire alphabétique des membres de la Société et des abonnés à la revue.
Le Trésorier et son adjoint perçoivent les cotisations, les entrées aux séances de cinéma, et délivrent les cartes de coupons-repas aux pensionnaires de la cantine. Ils effectuent les paiements et tiennent les registres de comptes de la Société.
Le Contrôleur vérifie, quand bon lui semble, la caisse, les registres, la bibliothèque. Il assure le  contrôle des tickets d'entrée aux séances de cinéma.
Les Chefs d'équipe sont les auxiliaires immédiats des membres du bureau. Leur rôle est essentiellement moral. Par leurs réprimandes et surtout par leur exemple, ils obtiennent que chacun de leurs équipiers se conduise en bon élève et bon camarade et en bon sociétaire.

II. - COMPTE RENDU D'ACTIVITÉ DE « L'ÉCOLE EN FETE » POUR 1945

« L'École en Fête », société fraternelle de coopération de l'école de Mourioux, a pu, au cours de l'année écoulée, réaliser quelques-uns des buts qu'elle poursuivait opiniâtrement depuis cinq ans. Cela n'a nullement entravé d’ailleurs l'activité habituelle de la société qui a donné sa 5e grande manifestation artistique annuelle, organisé une excursion à Guéret, publié régulièrement sa revue mensuelle, continué l'achat de livres de bibliothèque, de matériel d'enseignement et de gravures pour la décoration de la classe.

Mais « L'Ecole en Fête » a été surtout heureuse de pouvoir, pendant l'année 1945 :

a) Donner à chacun de ses membres un nécessaire à dents ;
b) Acheter un appareil de projections pour vues fixes ;
c) Acheter un appareil de cinéma sonore 16 millimètres ;
d) Obtenir que l'ancienne cantine scolaire soit remplacée par la « Cantine-Restaurant de l'Eco- le en Fête », gérée uniquement par le bureau de l'Ecole en Fête (bureau composé exclusivement d'élèves) et offrant chaque jour à ses pensionnaires un repas complet de quatre plats ;
e) Se procurer un matériel complet d’imprimerie scolaire.

Le budget de « L'Ecole en Fête » pour l'année 1945 s'établit comme suit :

Recettes

Reliquat 1944 …………………….              3.982 .
Cotisations, abonnements ………..                2.400 .
Produit de la fête …………………             12.000 .
Vente de fournitures ……………..                6.480 .
Recettes de la cantine …………….               7.280 .
Subvention ……………………….             35.000 .
Avance de fonds remboursable en un an, consentie par les membres
adhérents et honoraires …………..             36.500 .
____________
TOTAL ……………………….          103.642 .

Dépenses

Cinéma sonore ……………………           72.487 .
Imprimerie et papier (1) ………….               8.980 .
Appareil vues fixes ……………….               1.500 .
Nécessaires à dents ……………….             1.000 .
Dépenses pour la fête …………….               3.400 .
Location de films …………………               2.000 .
Dépenses cantine …………………              9.675 .
Divers …………………………….                 759 .
____________
TOTAL …………………...…..            99.801 .

(1) Pierre Humide, Nardigraphe et Imprimerie à l'Ecole, C.E.L.


Pour que, au village, la vie soit plus belle

COOPÉRATIVE SCOLAIRE

DE LE FIED (JURA) (250 habitants)

Il nous a fallu, avant d'arriver à la création :

1° Préparer l'esprit et le cœur des enfants ;
2° Réunir la jeunesse du village pour lui exposer nos projets ;
3° Réunir les mères de famille.

Lors de ces différentes réunions, nous avons établi les statuts ; fixé le taux des cotisations, nommé le bureau des sections, élu les comités spéciaux (fêtes et spectacles, sports voyages), fait des projets d'avenir.

REALlSATlONS. - Cours post-scolaires : de janvier à avril, des cours du soir ont fonctionné deux fois par semaine. On y a reçu des jeunes de quatre communes voisines.
Programme pour la première année, Instruction générale : révision des connaissances indispensables en français et calcul, histoire et géographie.
Causeries : hygiène, agriculture (programme des stages I.F.P.), savoir-vivre.
Pour l’avenir : l'enseignement agricole sera plus poussé, les travaux pratiques plus développés, les méthodes actives plus employées.
Excursions. - Avec les jeunes : 10-2-46 : deux autocars emmènent 60 jeunes dans le Haut-Jura. Nous y rencontrons un accueil charmant de la part des montagnards hospitaliers. Beaucoup font connaissance avec la neige, avec le ski. Tous sont enchantés, et le 3-3-46, nouveau voyage à la montagne pour le concours frontalier de Morez-Les Rousses. Nous y prenons une leçon d'endurance et d'audace. Nous y apprécions l'effort désintéressé des champions suisses et français. Bel exemple !
Avec les cultivateurs : visite de l'exploitation modèle de M. Mamet aux Fins près de Morteau, berceau de la célèbre race montbéliarde. Les cultivateurs ont la possibilité d'acheter des veaux sélectionnés pour améliorer leur cheptel bovin... Retour par le Saut du Doubs.
En projet : les grottes de Baume-les-Messieurs, les villes du Jura (musées, usines, etc...).
Théâtre. - Une séance avec les pompiers, une séance avec les enfants.
En préparation : une séance avec les enfants et les jeunes filles pour la Fête des Mères.
En projet : gala en plein air pour le 14 Juillet.
Cinéma. - Par actions, la Coopérative a acheté un appareil sonore et parlant 16 m/m Pathé-Rural.
Elle donne chaque semaine :
Une séance scolaire à laquelle sont invités les élèves de quatre communes ;
Une séance post-scolaire comprenant les actualités françaises (journal filmé de trois semaines), un documentaire éducatif, un grand film.
Nous avons donné jusqu’à maintenant : Premier rendez-vous. Le dernier des six, Symphonie fantastique, Mam'zelle Bonaparte, Le Club des Soupirants, Péchés de Jeunesse, Picpus, L'assassin habite au 21, Annette et la dame blonde... (Films fournis par le Comptoir Général du Format Réduit, 37, rue Duquesne, à Lyon, conditions spéciales pour œuvres post-scolaires).
L'Office du Cinéma Educateur nous a fourni aussi de beaux films comme Sans Famille, La Fille à Papa, et de splendides documentaires. Nous espérons qu'au cours de l'hiver prochain cet office pourra nous fournir régulièrement des films.
Cinéma et théâtre ont pu fonctionner grâce à la bienveillante compréhension de la municipalité qui a bien voulu accepter la transformation des préaux en salle des fêtes pratique.
Notre appareil portatif nous permet, avec l'autorisation du vendeur, de faire quelques déplacements à courte distance et de rendre service à quelques collègues, et distraire sainement toute la population d'un plateau aride et déshérité qui se dépeuple rapidement.
Sports. - Le nombre et la qualité de la jeunesse de notre village et des villages environnants permet la création d'une Entente Sportive.
Deux courses à pied sont organisées. Elles rencontrent le plus grand succès. Plusieurs as ignorés s'y révèlent…
Un triathlon est prévu pour le 12 mai (sur une prairie). Et bientôt, nous espérons avoir un vrai stade intercommunal. Alors, nous pourrons nous lancer.
Nous pouvons heureusement compter sur l'appui de la Direction départementale des Sports et d'une municipalité comme en souhaiteraient beaucoup d'instituteurs, et surtout sur l'ardeur des jeunes qui travailleront eux-mêmes à l'aménagement du stade comme ils ont travaillé par une bise glaciale à la construction de la cabine isolée pour loger l'appareil de ciné, comme ils ont travaillé pour abattre, scier, fendre, ranger le bois attribué au chauffage de notre salle des fêtes.
Les enfants qui ne savaient rien d'aucun sport se passionnent pour les courses et les jeux nouveaux.
Bals. - C'est d'un excellent rapport pour la caisse de la Coopérative.
Nous en avons organisé un pour carnaval... Un bal masqué qui a remporté un succès inespéré ; bon augure pour l'an prochain. Tout le monde se masquera et participera au concours du plus beau travesti.
Nous en prévoyons encore deux avant la fin de décembre (Bal du Sport, Bal du 11 Novembre).
En classe. - Les travaux manuels~ sont destinés à une vente-exposition, aussi les enfants réalisent-ils des choses jolies à voir et d'une utilité certaine (napperons, paniers, gants, bonbonnières, tricot et broderie...).
Des livres de bibliothèque ont déjà été achetés. D'autres sont commandés.
Un journal est rédigé. Il se nomme Quar' ou' d' su - Quar' ou' d' so (Quartier du haut - Quartier du bas). C'est le bulletin mensuel de notre Coopérative. Il a été manuscrit puis polycopié. Mais il ne nous donne pas encore satisfaction car sa présentation n'est pas assez soignée (écriture irrégulière,  illustration difficile, tirage très réduit).
Nous avons commandé une imprimerie C.E.L. fin décembre. Mais des retards de fabrication n'ont pas encore permis aux services commerciaux de nous livrer. En bons coopérateurs, nous sommes patients.
Projets... en vrac. - Achat de jeux : ping-pong, boules, quilles, football de table.
Achat d'équipements de sport : ballons, balles, culottes, maillots, chaussures, poids, disques, javelots, etc...
Achat de matériaux pour confectionner costumes et accessoires nécessaires au groupe théâtral.
Vente de poissons rouges. Sur le territoire de la commune se trouve une mare où les poissons rouges sont innombrables. Nous en capturerons et nous irons les vendre à la ville voisine ou pour la fête patronale. Nous avons trouvé chez un marchand de vaisselle des bocaux à un prix très avantageux, ils nous serviront d'aquariums.
Vente de plantes médicinales.
Vente de fleurs (jonquilles, narcisses, cyclamens...). .
Vente de fruits sauvages (fraises, framboises).
Edition d'une « Histoire du Village » dont on a recueilli de ci de là les éléments. Cette histoire sera illustrée.
Achat de tout le matériel C.E.L, dont nous aurons besoin (fichiers, disques...).
Nous nous efforçons de faire de notre Coopérative le vrai centre intellectuel, actif, affectif du village.
Intellectuel : par les cours d'adultes, les causeries, les discussions, le cinéma, etc...
Actif : par la participation de tous à tous nos travaux.
Affectif : par le développement de la vie en commun, l'habitude de songer qu'à côté de soi- même il y a « les autres », de prendre une part effective à leurs joies ou à leurs peines (cadeau et vœux à tout coopérateur qui se marie, visite ou lettres aux malades).
Ainsi, notre vie à tous est vraiment une vie plus belle. - J. TERRIER.
Pour le bal du 12 mai, nous avons vendu du muguet porte-bonheur (490 fr.).
Pour la fête patronale, la Coopérative organisera les attractions : tir, jeu de massacre, loterie, vente de poissons rouges ; course au sac, course à la brouette contenant 5 grenouilles, mât de cocagne ; le lundi, match de football ; cinéma permanent ; garage des vélos.


UNE EXPERIENCE BELGE

LA CLASSE DEVIENT UNE COMMUNAUTÉ D'ENFANTS

Voici un aperçu général de l'organisation d'une coopérative scolaire, plusieurs points importants évoqués seront développés par la suite.

Il s'agit de constituer la classe en un groupe autonome dans sa sphère scolaire du moins, de créer une coopérative d'enfants dont le comité porte parole de ceux-ci gérera la caisse, les charges, les diverses activités et éditera le journal de la classe. C'est là le principe applicable en des modalités diverses, l'essentiel reste la bonne foi de l'instituteur.

« Mais attention : il ne s'agit pas de fonder, comme cela s'est pratiqué parfois, nous le savons - un groupement formel sur le papier, en vue de l'achat d'un matériel plus ou moins utile par le versement automatique d'une cotisation mensuelle, mais une vraie société d'enfants capable d'administrer la presque intégralité de la vie scolaire.» (1)

Et j'insiste, la coopérative administre la presque intégralité de la vie scolaire.

Si les président, trésorier, secrétaire et responsables ne sont sollicités ni pour des travaux, ni pour des propositions, ni pour des décisions ou des appréciations, rien n'est véritablement commencé.

Dès leur désignation, ils doivent fonctionner effectivement. Ils apportent ou aménagent leur caisse, préparent la liste des membres dans le cahier, discutent et précisent ensemble les statuts adaptés à leur classe. Ils choisissent, notent et proposent les différents articles au vote de la classe.

Ils reproduisent statuts et articles en un nombre suffisant d'exemplaires pour qu'ils puissent être distribués aux familles, à l'inspecteur, au directeur, au bourgmestre, à l'échevin et aux amis de l'école et la caisse s'alimentera déjà. Cette allure officielle n'est pas indispensable et une Coopérative plus intime, plus indépendante peut très bien gérer la classe, cela dépend du milieu scolaire.

Chaque élève paie sa cotisation hebdomadaire, peut-être mensuelle, mais le versement d'une minime cotisation chaque semaine est préférable. Le montant importe peu, l'essentiel c'est qu'il concrétise une contribution à la richesse commune ainsi qu'une prise de pouvoir dans l'organisation. 

 

* * *

L'argent doit au plus tôt remplir son rôle : il est utilisé à l'aménagement du magasin coopératif. Personne ne peut se formaliser de la vente de ces menues choses : quelques buvards, des plumes, des couvertures découpées aux dimensions des cahiers dans du papier d'emballage, des crayons, des, petites images pour illustrer les cahiers (parfois des vignettes réalisées par les bien doués), des étiquettes tracées par les enfants, des essuie-plumes, etc… Le magasin tient tout entier dans un tiroir et est ouvert à heure fixe (récréation).

Il faut choisir un vendeur capable ainsi que d'autres responsables d'ailleurs pour le bon ordre de la classe, peut-être même de toute l'école. Chaque responsable élu calligraphie son nom et l'épingle à côté de la charge qui lui incombe. Le président est investi de la direction des responsables pour leur rappeler leur tâche, noter les oublis répétés et les négligences.

* * *

L'organisation de la classe est en bonne voie, la coopérative et le magasin fonctionnent, les charges s'accomplissent, toute la semaine le comité et les responsables ont été très actifs. Mais tous les élèves doivent se rendre compte de cette activité et sentir qu'en qualité de membre, ils ont droit d'influencer cette organisation et que par contre, celle-ci peut avoir des exigences à leur égard. Dans ce but s’institue l'importante réunion du samedi. (Assemblée hebdomadaire, bimensuelle ou mensuelle de tous les membres.) (2).

A l'école primaire, une réunion hebdomadaire est préférable. Lors de celle-ci, le comité  examine les comptes de la coopérative, le trésorier a établi sa balance pour la semaine écoulée.

Le bureau passe en revue la tenue des différentes charges et la conduite de leur responsable est appréciée par l'assemblée. Les petits frottements et malentendus trouvent ici leur solution. Le secrétaire dresse le procès-verbal de la séance formulé par les membres. S'y trouvent inscrits :

1. L'état des finances.

2. L'appréciation du travail des responsables de même que les faits importants de la vie scolaire, les gros manquements au bon ordre comme les belles initiatives.

3. Les propositions des membres : une charge à créer, à modifier, un nouvel article à vendre…

4. Plus tard, c'est à ce moment que seront appréciés les travaux de la semaine et dressés les plans de travail.

Ce procès-verbal écrit par le secrétaire dans le cahier des rapports est transcrit par chaque membre - on peut avoir des feuillets préparés avec les rubriques imprimées - et glissé dans le bulletin hebdomadaire à faire signer par les parents. Il peut s'insérer seulement dans le journal scolaire à côté des rédactions choisies parmi les beaux textes rédigés dans le courant du mois.

* * *

Aucune dépense, sauf pour l'aménagement du magasin, n'a été enregistrée. En voici une qui s'impose : 75 fr. pour l'achat de pâte à polycopier afin de préparer le journal de la classe. Si les fonds permettent l'acquisition d'une imprimerie, le journal n'en sera que plus beau et le travail plus attrayant. Cette édition crée une nouvelle charge remplie par le responsable de la revue scolaire.

Jusqu'ici, l'intervention de l'instituteur ne paraît guère avoir été sollicitée, sa présence en guide et conseiller discret n'en est pas moins nécessaire et précieuse. Mais c'est l'activité enfantine qui importe et la moindre petite participation de chaque membre est essentielle. C'est lui, c'est l'enfant qui apprend la vie, l'instituteur sera comblé de textes spontanés. Et les leçons préparant les devoirs de rédactions pourront se remplacer par des séances au cours desquelles les textes seront lus, mis au point, choisis toujours en collaboration avec les élèves ou un groupe d’élèves.

Une autre grande motivation d'efforts et de travail s'amorce ensuite : c'est la correspondance interscolaire. Les grands élèves échangent mensuellement leur journal avec celui de plusieurs autres écoles tandis que les plus jeunes échangent leurs feuillets au fur et à mesure de leur émission, c'est-à-dire deux ou trois fois par semaine. Et de nouveau la production des textes s'amplifie. Les échanges sont impatiemment attendus et leur lecture occasionne des entretiens de géographie, d'histoire, de sciences, désirés et vivants. La correspondance manuscrite, les échanges de documents peuvent également susciter de chaudes émotions et de vifs intérêts (technique développée plus loin).

 

* * *

De même, l'exploitation du jardin, de l'élevage s'ajouteront à la liste des activités coopératives avec l'organisation de fêtes scolaires, les voyages, la bibliothèque, etc...

L'enfant habitué à proposer, à décider, à se soumettre à une discipline organisée devient confiant et libéré de toute contrainte ; incorporé dans une collectivité réelle et active, il accomplit sérieusement sa tâche de coopérateur consciencieux, il donne libre cours à ses intérêts spontanés, à ses initiatives. Dès ce moment, la base solide pour le véritable travail éducatif est apparue. Sans risque d'erreur, sans difficulté - car l'enfant se livre tout entier - l'instituteur peut s'appuyer sur cette base pour développer les intérêts en visant l'éducation propre de chaque individu et sa formation intellectuelle la plus proche possible des programmes prévus.

COMMENT PEUT S'INSTITUER UNE COOPERATIVE SCOLAIRE

Dans une cinquième année primaire et jusqu'à la huitième année, l'instituteur peut très bien organiser la coopérative en proposant tout simplement d'avoir dans la classe, un comité, une caisse et un journal avec les fonctions précises ci-dessus et il peut, à titre d'exemple lire aux élèves des extraits sur la vie coopérative et des statuts des coopératives scolaires.

Chez les petits, il suffit de citer l'exemple des aînés et de passer directement à la réalisation ou, si les grands n'ont pas organisé la coopérative, d'amener le fonctionnement d'une caisse commune pour l'achat de graines pour les animaux de la classe, de timbres pour la correspondance, de couleurs, etc...

Une fête scolaire peut occasionner la mise en train de la coopérative. La fête procure un certain bénéfice qu'il faut répartir ou gérer équitablement, il sera utilisé pour la classe et à cet effet la caisse commune et le comité responsable sont institués.

Tout travail collectif initie à l'esprit coopératif et peut donner lieu à la création de la coopérative, par ex : la vente des récoltes du jardin, de plantes médicinales cueillies au bois ou à la campagne, etc... Les enfants sentent très bien la nécessité d'une organisation collective dès qu'ils travaillent et dépensent en commun.

Que la coopérative naisse de l'une ou l'autre activité, peu importe, mais elle ne peut fonctionner pour celle-ci isolément, ce qui est contraire à son esprit. J'entendais ceci, par ex. : « J'ai une coopérative pour la bibliothèque. » Le responsable de la bibliothèque peut avoir sous ses ordres un élève chargé de percevoir les amendes, ... mais il doit à son tour rendre compte de son travail au même titre que les responsables des charges, de la caisse des voyages, de la revue, etc..., à un comité élu par la classe ; c'est là, je crois, la véritable collectivité aux rouages coopératifs.

L. MAWET.

Braine l'Alleud (Belgique)

(1) L'Ecole Moderne, de C. Freinet.

(2) Voir : « Aperçu initial sur la vie communautaire de l’école ». p, 75, dans « L'Ecole Moderne », de C. Freinet.


LA COOPÉRATION  ET NOS TECHNIQUES

L'indépendance financière de l'Ecole par la Coopérative

et grâce aux techniques de l'Ecole Moderne

J'ai mis sur pied avant-guerre une Coopérative scolaire, dans un milieu rural socialement évolué. C'est avec un vif intérêt que chacun s'est penché sur nos activités.

L’imprimerie et le journal scolaire ont, par la suite, apporté à la Coopé le dynamisme et la motivation qui lui manquaient. Nos techniques appellent de gros achats de matériel, un approvisionnement régulier en matières premières de toutes sortes : papier, carton, lino, encres d'imprimerie ; elles exigent pour la correspondance interscolaire, les enquêtes, les échanges, des dépenses permanentes. Attendre ces crédits des municipalités est aléatoire. Seule la Coopérative peut assurer l'indépendance financière.

Je passe sur les buts éducatifs des Coop. scolaires. On a écrit des volumes là-dessus.

J'insiste sur la rentabilité procurée à nos coopé scolaires par l'imprimerie à récole.

a) Tirage du journal scolaire. Il convient de ne pas le limiter au nombre des correspondants. Il faut faire des abonnés dans la commune et en dehors de la commune. L'Echo de la Roche, journal scolaire de la Coop de Dortan (Ain) était vendu en 1939 à 100 exemplaires environ, à 1 fr. l’exemplaire. Recettes : 100 fr. Les dépenses d'exploitation se montaient à une vingtaine de francs. Bénéfice net mensuel, 80 fr. ; par an, 800 fr., somme coquette à l'époque.
b) Les fêtes scolaires voyaient leur programme imprimé sur la presse à volet (couverture gravée au lino). Tout était bénéfice.
c) Toutes cartes de sociétaires, cartes pour journée de solidarité (nous en avions tiré une magnifique gravée au lino lors de l'arrivée des réfugiés d'Espagne) sortaient de la presse Freinet.

* * *

Une initiative de la section de l'Ain des Coopératives scolaires est à signaler. Chaque mois, chaque Coopé envoyait au secrétaire une feuille 13,5x21 répétée à autant d’exemplaires semblables qu'il y avait de sociétés adhérentes. Sur cette feuille, par les moyens dont disposait la société (imprimerie, nardigraphe, limographe, géline, mastic, gélatine, etc...) était présentée une réalisation, originale de la Coopé, un récit d'activités, un compte rendu de sortie, une enquête, etc... Ce « Trait d'Union des Coopératives scolaires de l'Ain », à la rédaction duquel chaque Coopé apportait sa page, était servi à toutes les Coop. adhérentes. De nombreuses idées y étaient glanées, chaque société faisant ainsi bénéficier les autres de ses expériences, de ses trouvailles, de ses déboires aussi. La formule était excellente ; la présentation impeccable sous une couverture magnifiquement illustrée au lino.

* * *

Actuellement, je suis dans une école de ville à onze classes et le problème de la Coopérative scolaire se pose différemment. Je crois l'avoir heureusement résolu. Je joins un exemplaire des statuts que j’ai longuement médités et qui ont été approuvés par les maîtres. Les difficultés portaient sur :

Coop. d’école et coop. de classe, unité, liaison ;
Cotisations, obligatoire ou facultative ;
Part des Caisses de la Coop. d’école et des Coop. de classe ;
Administration, rôle des maîtres, etc…

P. RIVET, Oyonnax (Ain)


Comment se procurer des ressources?

Les moyens sont variés à l'infini, tout dépend de l'imagination et de l'initiative de chacun. Ils changent avec les régions, les villes ou la campagne.

Cotisations des membres actifs et des membres honoraires. Ex. : Membres honoraires, 10 fr. par an. Membres actifs, 0,50 par mois.
Certaines coopératives font des réductions aux membres honoraires le jour de la kermesse ou d'une fête quelconque organisée par la Coopé. Délivrer des cartes à souche. Avec une imprimerie, les coopératives peuvent fabriquer des cartes à peu de frais.
Subventions communales ou d'autres sociétés de la localité.
3° Produits des fêtes scolaires, des séances de cinéma, de guignol.
Dons. Chaque membre actif promet de faire connaître la Coopérative et sollicite des dons aux événements heureux auxquels il assiste : baptême, mariage, fête de famille, etc...
Kermesse. En fin d'année, vente d’objets fabriqués par les élèves. La Coopé achète les matières premières.
Concours de tir. Rapporte à la Coopérative. Il est facile en temps de paix d'obtenir une carabine gratuitement.
Cotisations en nature. Graine pour le champ d'expériences, graines de carottes, de betteraves, de salade, de haricots, des ails, des oignons, des engrains, des pommes de terre...
Jardin d'expérience. Vente de produits récoltés.
Pépinière fruitière. La Direction des services agricoles fournit de jeunes plants (pommiers, poiriers, pruniers, cerisiers). Les greffes et les vendre eu profit de la Coopé.
10° Pépinière forestière. Certaines sociétés amies des arbres fournissent des graines et même des plants gratuitement (pin, sapin, épicéa, acacia). Dès la 4e année, les arbres sont vendables.
11° Tombola. Les commerçants du pays ne refuseront pas des lots aux enfants. Les jours « d’activités dirigées », confectionner des objets, petits bancs, porte-brosse, sous-verres, gravures, tableaux pyrogravés, porte-monnaie, ronds de serviette, portefeuilles, plaques de propreté, objets découpés, acheter de petits objets et même, un ou deux gros lots de valeur.
Exposer les lots dans une vitrine pendant un mois avec une grande pancarte. Exemple :          « Tombola organisée par la Coopérative " L'Abeille " dans le but de doter l'école d'une imprimerie ».
Pour un cinéma, un photoscope, une machine à écrire, un phono, agir de la même façon. Faire son possible pour que chaque enfant de 1'école puisse placer au moins un carnet complet. Promettre une récompense aux deux ou trois enfants qui placent le plus de carnets. Organiser une petite soirée récréative pour le jour du tirage de la tombola.
12° Ventes diverses. Suivant les régions, faire ramasser coquillages, escargots, champignons, marrons d'Inde, gui, houx, muguet, mûres, noisettes, fraises des bois, etc..., Récupérer le fer, le plomb, le cuivre, le zinc, le lino, le papier d'étain, le papier ordinaire (vieux journaux), les chiffons, les restes de laine inutilisée à la maison.
Les bons coopérateurs ne doivent rien laisser perdre et trouveront à employer et à vendre ce qu'ils ont récupéré.
13° Elevage. Certains coopérateurs élèvent des lapins domestiques et même de race, des poules, des pigeons. Les enfants construisent eux-mêmes clapier ou pigeonnier, Voulez-vous faire l'élevage du lapin, des enfants feront don de lapins à la coopé. Dans les écoles où il existe une cantine, les épluchures, les restes de soupe sont de la nourriture toute gratuite. Le jeudi ou le dimanche, de petits coopérateurs iront glaner, s'il le faut.
14° Cartes postales, minéraux, insectes, collection d'écorces sont vendues par certaines coopératives.
15° Imprimerie. Le Bulletin vendu aux enfants et aux personnes de la localité qui s'intéressent à l'école, rapporte également.
16° Plantes médicinales.. Cassis (feuilles), tilleul, violettes, pensées sauvages, primevères, sureau en fleur, serpolet, queues de cerises, etc.
Adresse de quelques maisons qui achètent les plantes médicinales :
Maison Poumeyrol, 157, Grande Rue, Sainte-Claire, à Lyon.
Jourdan, 5, rue St-Romain, Lyon-7e.
Maison Pachot, 9, quai du Rhône Nord (Valence).
Etablissements J. Villeneuve, 13, rue des Blancs Manteaux, Paris-4e.
17° Les amendes. Ne pas en abuser. Faire payer certaines dégradations, une page de cahier mal écrite, déchirée, sale (0 fr. 10), quand la commune fournit gratuitement les cahiers. (Amende pour un livre de la bibliothèque remis en mauvais état, un livre de classe, un encrier renversé).

GENDRE (Puy-de-Dôme),


CONSIDERATIONS PRATIQUES

I. - Avantages que nos techniques peuvent attendre de la « Coopérative Scolaire » :

1° Très souvent, c’est grâce à la coopé que l'on a pu acheter un matériel minimum d’imprimerie. Souvent aussi, la Municipalité n’a pas voulu demeurer en reste et elle a participé à l'achat de matériel complémentaire.
2° Grâce à la coopérative scolaire, on peut entretenir le matériel acquis ou même le compléter. Tous les menus « frais de gestion » de l'imprimerie sont supportés par la Coopérative (encre, papier, frais d'échanges, etc...).
3° La Coopé est une merveilleuse propagandiste en faveur de nos techniques et les liens s'établissent entre imprimeurs et « non-imprimeurs » entre écoles ayant et n'ayant pas leur journal imprimé. Entre coopés on échange des enquêtes, des travaux imprimés... Où est la meilleure propagande en faveur de nos techniques et de notre matériel ?
Personnellement, c'est ma coopé qui m'a permis, de 1933 à 1939, d'équiper ma classe pour y pratiquer les « méthodes d'Education Nouvelle ».

II. - Avantages de nos techniques en faveur de la vie matérielle et intellectuelle de la Coopérative :

Dans le travail, classe, coopérative arrivent à se confondre.
En dehors du côté purement pédagogique, l'Imprimerie à l'Ecole offre de gros avantages :
1° Si le journal imprimé est celui de la classe, il est la plupart du temps celui de la Coopérative.
2° Il assure la liaison entre l'école, la famille, les Amis de l'Ecole, les Anciens Elèves de l'Ecole. Il permet un meilleur compte rendu de l’activité de la Coopérative.
3° Par les échanges, il assure la liaison entre des Coopératives de différentes régions. Puis un jour ou l'autre, on échange autre chose que le journal, on se rend visite.
Une véritable collaboration est établie.
4° Enfin, le travail d'imprimerie est, par lui-même, un travail essentiellement coopératif.
On travaille par équipe, on collabore à plusieurs camarades, on assume une responsabilité vis-à-vis de la classe, de la Coopé.
5° Il ne faudrait pas faire fi des petits avantages matériels que procure à la Coopé ou à l'Ecole, l'Imprimerie scolaire:
Impression de cartes de membres de la Coopé, de programme de fêtes (illustration au lino), de notes pour la cantine, etc... Mêmes impressions pour des coopératives voisines.
6° Pour l'enseignement : impression de textes, de résumés, de dates d’histoire , etc…, cartes géographiques (lino).
En résumé, il y a donc pour les Coopés un revenu normal, intellectuel et matériel, à employer notre matériel et nos techniques. D’autre part, les Coopés sont d’excellentes propagandistes de notre matériel et de son emploi.

COQBLIN (Côte-d’Or).


Gravure du lino, poèmes d'enfants et coopération scolaire

Bizarre association de termes ! N'est-il pas vrai ?

Elle le serait, si dès l'abord, nous ne prenions la précaution de préciser qu'il ne s'agit là que de l'aspect mercantile, nous pourrions dire économique de la coopérative scolaire.

Aspect qui a son importance puisqu'il s'agit d'une société organisée, avec des besoins qu'il faut s'ingénier à couvrir avec les moyens du bord.

Voici comment nous avons opéré, voici, toute simple, l'expérience menée à l'Ecole publique de Sainte-Pazanne, école à classe unique dans un de ces bourgs du département de Loire-Inférieure où l’Ecole laïque semble par destination vouée à la hargne perverse de bien-pensants de stricte obédience chouanne.

En 1934, à l’occasion d'une exposition de l’imprimerie à l’Ecole organisée par la section du Syndicat unitaire à la Bourse du Travail de Nantes, j'eus la révélation de la gravure du lino. Enthousiasmé, et sans plus attendre, je passai commande du matériel de gravure nécessaire à la C.E.L., chez Freinet, alors à Saint-Paul-de-Vence.

Aussitôt, mes gosses, les petits et les grands, déjà rompus à la saine technique du dessin libre, s'enflammèrent pour la nouveauté. Ils l'adoptèrent si vite et si complètement que, non contents d'illustrer leurs travaux personnels ou leurs travaux d'équipes, ils prirent plaisir, dès octobre 1935, à traduire, par la magie des oppositions des noirs et des blancs, du lino gravé, après croquis et étude sur place à l’aquarelle, des coins bien connus du bourg ou des paysages de la campagne toute proche.

Divers autres documents, cartes postales, photographies, croquis, furent « transposés » en quelque sorte et traduits en belles planches gravées.

Ce devint même une grande passion ! La consommation en lino augmentait au fur et à mesure que la technique s'affirmait plus satisfaisante. L'élan dans la classe était tel que le travail proprement scolaire en subit l'influence heureuse. On œuvrait dans la joie. Le mot n'est pas trop fort.

En 1936, un de mes bons amis, artiste-décorateur et graveur sur bois de talent, s'intéressa aux gravures réalisées à l'école. Si bien qu'il les présenta au directeur d’une importante galerie de tableaux de Nantes, M, Mignon-Massard se contentant de lui donner l’indication vague d'une équipe de jeunes graveurs de la région.

Sur le champ, trois gravures d'assez grandes dimensions sont retenues par l'exposition et la vente.

A raison de 75 fr. l'exemplaire, tirage réduit à vingt sur pelure du japon ! Remise de 20 % seulement au bénéfice de la galerie.

75 francs en 1937 ! Il s'agissait donc d'un bénéfice substantiel pour nous.

La coopérative scolaire, timide jusqu'alors, commanda de la pelure du japon authentique aux Etablissements Renaud et Tixier, rue Nicolas-Flamel, à Paris. Une équipe se chargea du tirage, un tirage soigné, cela va de soi, des gravures les plus « vendables », Et les dimanches d'été, de jeunes coopérateurs se transportant de kermesses laïques en kermesses laïques, grâce à ma voiture, dessinaient, gravaient, tiraient quelques linos devant le public, puis vendaient sans peine les meilleurs.

Ainsi, la coopérative scolaire participa de plus en plus, de manière que les enfants sentaient eux-mêmes efficace, au règlement des fournitures scolaires qui, avec l'aide de l'Amicale de l'Ecole créée en 1933, devinrent complètement gratuites !

On peut évaluer à plus de 8.000 fr. la valeur des gravures vendues au cours des kermesses et d'expositions qui n'étaient pas toujours scolaires mais auxquelles nous étions régulièrement conviés :
Galerie Mignon-Dassard, Nantes, 1937.
Exposition des Loisirs de l'Union départementale des Syndicats au château de la duchesse Anne, Nantes, 1938.
Galerie Mignon-Dassard, Nantes, 1939.
Salon de la Paysannerie française, rue de la Boëtie, Paris, 1941.
Exposition d'Art vivant, Bourse de Commerce de Nantes, 1942.
Exposition de la Jeunesse bretonne, 1943.

Pour compléter ce tableau, il convient d'ajouter deux éditions (1943 et 1945) des poèmes recueillis dans ma classe depuis huit ans environ et illustrés de gravures sur lino. Le bénéfice total se chiffre aux environs de 8.500 fr. pour ces deux éditions.

Indirectement, ces initiatives ont valu à l'école d'autres bénéfices plus officiels.

En novembre 1943, par exemple, une « récompense exceptionnelle » de 5.000 fr. était attribuée à l'Ecole de Sainte-Pazanne pour ses travaux, par le Commissariat à l'Education générale. Elle arrivait à propos, cette somme de 5.000 fr. car, après les bombardements de Nantes en septembre 1943, les réfugiés étaient arrivés nombreux et la coopérative devait s'imposer, avec l'Amicale des anciens élèves, des sacrifices énormes pour leur trésorerie par la création et l'entretien d'une cantine scolaire avec une cinquantaine de jeunes clients chaque jour.

Pour la même raison, l'administration nous adressait en 1945 une subvention de 3.500 fr. destinée à l'achat de matériel... Grâce à quoi, peu à peu, l'école s'est enrichie d'outillage pour les travaux manuels, de matériel d'imprimerie, de fichiers, d'un projecteur, etc... indispensables aux techniques d'éducation nouvelle.

Naturellement, si le maître dirige discrètement, la part des jeunes coopérateurs est prépondérante dans la marche de la coopérative scolaire. Les élus responsables et les équipes désignées tiennent à jour le registre des ventes, reçoivent les commandes, effectuent les emballages et assurent l'envoi des poèmes ou des gravures.

En conclusion, il me semble juste d'attirer l'attention sur un point important. C'est le bénéfice moral que nous avons retiré dans la défense de l'Ecole à cause du travail original (pour la région) qu'on y accomplissait.

Au cours de l'année scolaire 1939-1940, l'effectif scolaire était passé de vingt élèves à deux pendant le temps où j'étais mobilisé, effet de la lutte sournoise. Actuellement, c'est près de trente garçons qui viennent à l'Ecole publique.

Aussi, on tend à la respecter davantage ! Nous avons pu, en pleine crise, après l'arrivée massive de petits réfugiés de Nantes, en 1943, géminer nos classes sans que nos plus ardents adversaires aient osé nous jeter la pierre, ni élever la voix !

Pour qui connaît notre région, c'est un résultat !

Autre résultat aussi : nous étions sans doute les premiers graveurs et les premiers imprimeurs en date en Loire-Inférieure ; maintenant bon nombre de classes intéressées par ces techniques sont prêtes, si elles ne l'ont déjà fait, à s'intégrer dans la grande famille fraternelle des imprimeurs de la C.E.L., en vue d'une éducation populaire toujours meilleure et plus efficiente.

PIGEON, Ste-Pazanne, mai 1946.


CONSEILS PRATIQUES

Dans les écoles de villes à classes nombreuses

Nous recevons de Grégoire, à Montreuil-sous-Bois, le projet suivant pour organisation d'une coopérative scolaire dans son école.

PROJET D'ORGANISATION COOPERATIVE D'ENSEIGNEMENT

Chaque élève sera invité à verser 10 fr. par mois, ou 90 fr. pour l’année. Trois quarts de la cotisation versée à la caisse générale, un quart restant à la caisse de la classe.

Chaque classe constitue une coopérative gérée par les plus grands élèves avec l’aide du directeur et de certains instituteurs. Que penses-tu de ce système ? J'ai longuement réfléchi et il me paraît bon car il permet :

1° l’achat de matériel collectif ;

2° l’achat par chaque classe du matériel qui lui est nécessaire.

Un fichier collectif, dont j'assurerai la confection et le classement, sera constitué. Nous ferons appel :

1° au matériel de la C.E.L. ;

2° à l’ingéniosité et à la bonne volonté des enfants (fiches, gravures, certes postale...).

Ce matériel collectif sera entreposé dans une petite pièce atelier donnant sur ma classe. Un certain nombre d'enfants sera initié à la classification rationnelle préconisée par la brochure « Pour tout classer ». On essayera de confectionner des fiches en plusieurs exemplaires pour être à même de satisfaire simultanément plusieurs classes.

J’essayerai de faire imprimer un journal scolaire d’école en faisant appel aux volontaires sur lesquels je crois pouvoir compter.

Nous avons donné les conseils suivants qui devraient aider à la réalisation dans les villes aussi de coopératives puissantes et efficaces.

ORGANISATION COOPERATIVE DANS TON ECOLE

J'insiste toujours sur la nécessité, dans les grandes écoles, de redonner une physionomie, une âme, et des possibilités de travail original à chaque classe. C'est pourquoi j'en suis pour un appareil de cinéma utilisable dans chaque classe, une imprimerie par classe, permettant le tirage d'un journal de classe. Il faut donc aussi, à l’origine, une organisation coopérative par classe.

A mon avis, il vaudrait mieux que la Coopérative d'Ecole ne soit qu'une sorte de Fédération des Coopératives de classes. Cela laisserait davantage d'initiatives à chaque classe, notamment pour ce qui concerne la cotisation. Il y a quelques dangers à édicter ainsi la nécessité d'une cotisation de 10 fr. par élève. Si l’élève vit sa coopérative de classe, il trouvera peut-être un autre moyen de se procurer des fonds sans faire appel à une aussi forte cotisation. J'essaye d'expliquer dans cette brochure la nécessité de ne pas partir de la cotisation, mais du travail coopératif. C'est plus lent, peut-être, mais aussi plus sûr quant aux résultats définitifs.

Ceci dit, je suis totalement d'accord sur la nécessité de prévoir certains matériels collectifs. Cela fait partie du travail coopératif. Mais la Fédération des Coopératives de classes pourrait tout aussi bien y pourvoir.

De même pour l'imprimerie. Je vois très bien la possibilité de sortir dans chaque classe un journal de classe autonome. Mais chaque classe pourrait fort bien imprimer chaque mois une ou deux feuilles, par exemple, qui agrafées séparément, constitueraient le Journal de l'Ecole.

Je n'aime pas trop partir du haut. Je préfère partir de la base, où se fait le travail effectif. Cela m'a toujours beaucoup mieux réussi.


QUELQUES DOCUMENTS

Cueillis dans les journaux scolaires

NAISSANCE DE NOTRE COOPERATIVE SCOLAIRE

Ce matin, nous avons voté pour élire les huit délégués qui formeront le bureau de la coopérative scolaire.

Voici les résultats de ce vote :

Inscrits, 28 ; votants, 24 ; bulletins nuls, 0 ; majorité absolue, 13.

Premier tour de scrutin, élus : Roland Raynaud, 22 voix ; Sylvette Tuyèras, 19 ; Paulette Labrocherie, 18 ; Hubert Ladrat, 18 ; René Roulon, 17 ; Adèle Pasquet, 15 ; André Labracherie, 14 voix.

            Second tour : René Terracher, 8 voix.

            A la récréation, les huit élus se sont réunis et ont élu : Roland Raynaud, président ; René Roulon, vice-président ; Sylvette Tuyéras, trésorière ; Hubert Ladrat, secrétaire.

Ecole de Chassenon (Charente)

ELECTIONS

Le 6 octobre avaient lieu les élections du bureau de la coopérative. A une heure, nous apportons l’urne de la mairie et nous ouvrons le scrutin.

Odile Marty surveille l’urne ; Georgette Veaute émarge la liste électorale, et Norbert Rodière coupe un coin de la carte aux électeurs qui viennent voter tour à tour.

            On effectue le dépouillement. L’urne ouverte, on constate que le nombre d'enveloppes est égal au nombre de votants. La majorité absolue est de 9 voix.

Odile Marty, est élue président, elle a 9 voix ; le maître la félicite. Norbert Rodière est élu trésorier, il a aussi 9 voix. Il remercie les camarades qui ont voté pour lui et promet à tous de bien accomplir sa tâche.

Pour la fonction de secrétaire, il y a ballottage. On procède à un deuxième tour. J'ai une voix de plus que ma concurrente Georgette Veaute et je suis élue secrétaire.

Et voilà l’élection terminée.

F. FAURY, 9 ans 3 mois, Noailhac (Tarn).

NOS ACTIVITES SOCIALES

Durant ce mois, les élèves ont participé à la vente du timbre antituberculeux ; à la journée du Maquis, ils ont recueilli des cotisations pour les Pupilles de l'Ecole Publique, ils aident leur maître dans les distributions des titres d’alimentation.

La Coopérative a versé 200 fr. aux Pupilles, acheté 6 timbres antituberculeux à 10 fr. pour garnir ses fenêtres. Trois équipes ont acheté chacune un timbre à 10 fr. pour leur cahier. Les équipes de juniors de la Croix-Rouge de la Jeunesse se sont reformées. L'école sinistrée de Mamey a été adoptée, une somme de 500 fr. lui a été envoyée pour son Noël.

Nous irons fêter Noël chez Jacques Lallement qui est malade depuis plus d'un mois. L'Ecole renouvelle son adhésion à la Société Protectrice des Animaux.


QUELQUES NOUVELLES DE LA COOPERATIVE

1° Nous fabriquons des pipeaux avec des bambous que nous a donnés M. Constantin de Boissézon:
2° Nous avons enlevé les gravures qui ornaient notre salle de classe, et nous allons les remplacer par des peintures à la colle que nous allons préparer.
3° Le 18 décembre, Yvan Sirven et Georgette Trilhades se sont mariés et ils ont voulu verser à notre coopérative 214 francs, produit d'une quête. Nous les remercions.
4° Notre Président d'honneur a souscrit pour la Coopérative une action des « Presses Universitaires de France ». II nous a fait ainsi une grande surprise.
5° Nous avons décidé d’envoyer notre journal à tous les membres honoraires et bienfaiteurs de la Coopérative.

La présidente: Odile MARTY,

Noailhac (Tarn).

COMPTES DU TRESORIER

RECETTES
En caisse du 24 novembre                                   651,70
Fêtes de Noël                                                   4.475,50
Divers, gravures, pipeaux, dons, etc...   3.066,20
Total                                                                8.193,40

DÉPENSES
Clowns                                                 2.000,
Versement au C.C.P. et frais                             4.710,
Divers                                                                 630,
Total                                        7.340,60
Reste en caisse                                        852,80
Au compte chèque, nous avons                       10.907,20

 Le trésorier : Marc SÉVILLE,

Ecole des Molières (Seine-et-Oise).

UN BUDGET DE COOPERATIVE SCOLAIRE

 

Date de sa création : Octobre 1945 - Comptes arrêtés au 30 avril 1946

Commune de 600 habitants
Cotisations                               608,
Elevage                                    590,
Journaux scolaires                     746,
Vieux papier                             340,
Vente de jouets fabriqués
en Tr. Man. (bénéfice net)   2.044,
Dons                                     1.500,
Total                                     5.828,

D'où achat de : une bibliothèque de travail, une collection de la Gerbe, matériel de peinture, une imprimerie, matériel de linogravure.

Avec les subventions promises pare le Conseil municipal, par l’Inspecteur primaire (subvention  départementale), l’achat d’un cinéma est envisagé.

A Floringhem, le 2 mai 1946.


COOPÉRATIVE SCOLAIRE DE LA NOUVELLE (AUDE)

Celle-ci, créée en octobre 1945, est organisée de la façon suivante :
Un bureau : avec président, secrétaire, trésorier.
Quatre sections : Atelier, Bibliothèque, Imprimerie, Cinéma et Disques. Chacune de ces sections possède ses responsables chargés de la marche de leur section et placés sous le contrôle du bureau de la Coopé.
« L'Atelier » a organisé en décembre une kermesse avec divers objets fabriqués lors des séances de travaux pratiques (serre-livres, porte-photos, plateaux, tableaux, etc...). Somme recueillie : 2.000 fr.
« La Bibliothèque » assure des prêts de livres moyennant une cotisation mensuelle. En plus de l'achat de vingt nouveaux ouvrages, il est rentré dans la caisse de la Coopé : 880 fr.
« L'Imprimerie », nous n'avons pas encore reçu le matériel.
« Cinéma-Disques » organise tous les samedis tantôt séances de cinéma, tantôt auditions de disques. Somme recueillie : 2.000 fr.
A ce jour, la Coopé a en caisse près de 5.000 fr. qui vont nous servir à l'achat du matériel indispensable.

Règlements et statuts

COOPÉRATIVE SCOLAIRE DE OYONNAX (AIN).

STATUTS

ARTICLE PREMIER. - A partir du 1er février 1946, il est constitué entre les élèves de 1'école publique de garçons d'Oyonnax et à partir du Cours élémentaire 2e année, une coopérative scolaire dont le siège est à l’école et dont le titre est : Coopérative scolaire de l'école publique de garçons d'Oyonnax.
ART. 2. - Elle a pour but :
D'éduquer socialement l'enfant par la pratique d'activités en commun ;
De le préparer à ses tâches futures d'homme social ;
De l'initier à toutes les responsabilités dont il pourra être chargé dans une association adulte ;
De lui apprendre à faire vivre et prospérer une société;
De cultiver dès l'école les sentiments d'entr'aide et de solidarité et de donner à l'enfant par la participation à la gestion de la coopérative, le sens des responsabilités ;
D'inculquer à l'enfant le goût et l'habitude du travail en commun pour une œuvre commune.
Elle se propose en outre :
1° de prendre soin de l'école, de l'embellir, de la rendre agréable et accueillante,
2° de doter petit à petit l'école de matériel d'enseignement moderne ;
3° de pourvoir à la décoration des classes ;
4° d'entretenir et d'enrichir la bibliothèque et le musée scolaire ;
5° de procurer aux élèves sous forme d'abonnement à des journaux et revues, des distractions saines et agréables ;
6° d'organiser des manifestations, expositions, voyages d'études, excursions, etc... ;
7° de participer aux œuvres d'entr'aide sociale.

ART. 3. - Font partie de la coopérative :
1 ° de droit, les maîtres et maîtresses en exercice dans l'école ;
2° des membres actifs, élèves de l'école versant une cotisation mensuelle de 3 fr.
3° des membres honoraires, personnes versant une cotisation annuelle de 10 fr.
4° des membres bienfaiteurs, personnes ou collectivités qui, par des versements importants, en nature ou en argent, des subventions, contribuent à la prospérité de la société.

ART. 4. - La coopérative de l'école se subdivise en coopératives de classe.
Chaque coopérative de classe est administrée par un bureau élu comprenant un président, un secrétaire, un trésorier. Le maître est le conseiller de la Coopérative de classe. Il fait partie de droit du bureau mais peut laisser à celui-ci toute initiative.

ART. 5. - La réunion des présidents des coopératives de classe forme le Conseil d'administration de la Coopérative d'école dont font partie obligatoirement maîtres et maîtresses. Le directeur en est de droit le président.
Les fonctions de secrétaire et de trésorier de la coopé d’école sont confiés à des maîtres, celles de secrétaire adjoint et de trésorier adjoint sont dévolues à des élèves membres du Conseil d'administration. Les maîtres de l'école forment le Comité de patronage qui a pour rôle essentiel de décider l’orientation des activités à soumettre au Conseil d'administration, et de proposer l'emploi des fonds de la Coopé d'école.

ART. 6. - Les élections du bureau des coopés de classe ont lieu chaque année au mois de novembre. Les membres du bureau sont élus pour un an.

ART. 7. - La Coopé de classe se réunit, en dehors des horaires impartis aux activités scolaires aussi souvent que le jugent nécessaire le maître, le bureau, les membres. Le Conseil d'administration et le Comité de patronage se réunissent à la diligence du Président auquel toutes propositions peuvent être adressées par les Coops de classe.
Une fois l'an se tient une assemblée générale au cours de laquelle il est rendu compte des activités de la Coop d'école et des diverses coops de classe ainsi que du budget de l'œuvre. Sont définies également les activités futures.

ART. 8. - Chaque Coop de classe a un budget propre qu'elle utilise à son gré. Toutefois, le quart des cotisations des membres actifs est versé à la trésorerie générale de la coop d'école.
Chaque Coop de classe est autonome quant à ses autres ressources et dépenses ; elle peut envisager tous moyens propres à se procurer des ressources, récolte des plantes médicinales, ventes diverses, fêtes, etc...

ART. 9. - La trésorerie générale se voit attribuer le quart des cotisations des membres actifs, les cotisations des membres honoraires et bienfaiteurs, les dons, subventions des collectivités. Les fonds de la trésorerie générale sont affectés à des achats utilisables par l'ensemble de l'école. Ils peuvent être totalement ou partiellement répartis entre les coops de classe après décision du Conseil d’administration.

ART. 10. - La cotisation des membres actifs est facultative. Il est créé à l'intérieur de chaque Coop de classe une caisse autonome dite caisse de solidarité, gérée par un trésorier spécial et dont l'utilisation des fonds est laissée au gré du bureau : paiement des cotisations des élèves nécessiteux, aide, secours, etc... Cette caisse est alimentée par les dons volontaires des élèves.

ART. 11. - Le secrétaire de chaque Coop de classe tient :
1° le registre des procès-verbaux, des réunions ;
2° le registre d'inventaire sur lequel sont inscrites les acquisitions successives de la Coop ;
Le trésorier tient :
1° le registre des cotisations comprenant la liste des adhérents et les émargements mensuels des cotisants ;
2° le livre de comptes comprenant l'état général des recettes et dépenses.
Le secrétaire et le secrétaire adjoint de la Coop d'école se partagent le soin de tenir :
1° le registre des procès-verbaux des réunions du Conseil d'administration ;
2° le registre d'inventaire des acquisitions.
Le trésorier et le trésorier adjoint ont à charge la tenue :
1° du journal des versements des Coop de classe (quart des cotisations) ;
2° du livre de comptes de la trésorerie générale.

ART. 12. - Dans chaque classe sont élus deux contrôleurs chargés de veiller à la bonne tenue des registres, d'examiner la comptabilité et de présenter un compte rendu d'apurement des comptes. Une commission d'apurement des comptes de la trésorerie générale est désignée par le Conseil d'administration, Elle comprend un maître et deux grands élèves de la classe de fin d'études désignés par leurs camarades. Elle examine les comptes du trésorier et en présente un compte rendu à l'assemblée générale.

ART. 13. - La Coopérative scolaire adhèrera à la section départementale de la Fédération des Coopératives scolaires. La cotisation sera supportée par la trésorerie générale.

ART. 14. - La société est placée sous la présidence d'honneur de M. l'Inspecteur d'Académie, de M. l'Inspecteur primaire et de M. le Maire de la ville.

ART. 15. - Les présents statuts pourront être modifiés à une assemblée générale quelconque.

ART. 16. - En cas de dissolution, les fonds seront affectés à l'enrichissement de la bibliothèque, du musée et à l'achat de matériel d'enseignement.

Oyonnax, le 1er février 1946.

RÈGLEMENT-TYPE d’une Coopérative Scolaire

(Office central de la Coopération à l’Ecole)

ARTICLE PREMIER – Formation –  A partir du ….…. , il est formé entre les élèves (et anciens élèves) de l’école de …….. une coopérative scolaire dont le siège est à l'école.
ART. 2. - Objet. - La coopérative scolaire aura pour objet, sous l'autorité permanente de l'instituteur ou de l'institutrice :
1° De prendre soin de l’école et de la rendre agréable de façon à la faire aimer ;
2° D'entretenir et d'améliorer la bibliothèque et le musée scolaire, le matériel des jeux, le cinéma, la T.S.F., etc… ;
3° D'organiser des fêtes scolaires et sportives, voyages d'études et excursions ;
4° De resserrer les liens de solidarité entre l'école et les familles par des œuvres de solidarité et d'entraide ;
ART. 3. – Sociétaires – Font partie de la coopérative :
a) Des membres actifs âgés de à .… ans, élèves (et anciens élèves) de l'école, qui versent une cotisation hebdomadaire de .... francs, ou qui aident, par leur travail, au développement de la coopérative ;
b) Des membres honoraires qui, par leur appui matériel ou moral, contribuent à la prospérité de l'école,
L'Assemblée générale décerne le titre de membre honoraire à toute personne amie de l'école qui paie une cotisation annuelle minimum de francs, soit en nature, soit en argent.
La Société est placée sous la présidence d'honneur de MM. l'Inspecteur primaire de la circonscription, le Maire et le Délégué cantonal,
ART. 4. - Administration - La coopérative est dirigée par un Comité de trois membres : le président, le secrétaire et le trésorier, nommés pour un an au maximum et rééligibles.
Ce Comité peut s'associer des camarades pour chacun des objets que la coopérative scolaire se propose : travaux de propreté et d'embellissement, bibliothèques, musée, cinéma, T.S.F., fêtes, jeux, sports, excursions, mutualité, etc…, et avec eux constituer le Conseil d'administration.
Le Comité se réunit toutes les fois qu'il est nécessaire pour assurer la bonne marche de la Société. Toutes les décisions sont soumises au maître pour approbation.
ART. 5. - Assemblée générale - L'Assemblée générale a lieu, en principe, au début et à la fin de chaque année scolaire.
Le président du Comité assure l'ordre de la réunion.
Le maître est le conseiller naturel de l'Assemblée, du Comité et du président,
Le titre de membre de la coopérative se perd par une mauvaise conduite nuisant au travail commun ou au bon renom de l'école. Cette mesure est prise en Assemblée générale. Elle peut être rapportée dans les mêmes conditions.
Un règlement établi par le Comité peut fixer les conditions de fonctionnement de l'Assemblée.
ART. 6. - Ressources et dépenses. - Les ressources de la coopérative comprennent :
a) Les cotisations des membres actifs et les .dons en argent ou en nature des membres honoraires ;
b) Le produit de la vente de la récolte, de l’élevage ou des travaux des coopérateurs ;
c) Une part du produit des fêtes scolaires ;
d) Les subventions communales ;
e) Les ressources diverses (collectes pour la bibliothèque, le cinéma, la T.S.F., etc...).
Les fonds sont employés :
a) A l'achat de matériel d'enseignement, de matériel décoratif et de jeux;
b) A l'organisation de promenades et fêtes scolaires;
c) A l'installation d'appareils d'hygiène;
d) A l'entr'aide scolaire et à la collaboration aux œuvres de solidarité nationale, etc,... ;
e) En général, à l'achat de toua objets permet, tant de perfectionner l'instruction et l'éducation, de favoriser les récréations, d'embellir récole, et à toutes dépenses de solidarité scolaire. 1
ART. 7. - Registres de la Coopérative. - Les registres de la Coopérative sont :
a) Le registre des procès-verbaux et des situations mensuelles, tenu par le secrétaire ;
b) Le registre du trésorier, comprenant :
1° La liste des adhérents avec, en face de chaque nom, les cotisations payées ;
2° L'état général des recettes et des dépenses;
c) Le registre d'inventaire, tenu par le secrétaire.
Ces différents registres peuvent être consultés par les sociétaires, mais ne doivent pas quitter l'école.
ART. 8. - Contrôle. - L'Assemblée désigne parmi les membres honoraires deux personnes chargées avec le directeur de l'école de contrôler les comptes du trésorier.
ART. 9. - Modification au règlement. - Toute modification au présent règlement devra être soumise au directeur de l'école pour être présentée au Conseil, adoptée par lui et ratifiée par l'Assemblée générale.

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En résumé...

Organisation de la Coopérative scolaire (voir les conseils donnés dans la brochure).
Activités qui permettent à l'Ecole de se procurer de l'argent :
Jardin scolaire, pépinière.
Elevage, clapier, basse-cour.
Récoltes de plantes médicinales.
Organisation de fêtes scolaires (à l'aide notamment des disques C.E.L.).
Aide de la municipalité, des associations diverses, des amis de l'Ecole.
Etablir un devis de la Coopérative pour l'édition d'un journal scolaire et achat du matériel nécessaire.
Correspondance interscolaire par l'édition d'un journal scolaire manuscrit.
Demande de subvention (à faire à l'Inspecteur primaire. Mais ne pas demander la subvention directement pour la Coopérative).
Dépenses productives au point de vue scolaire, éducatif et économique :
Musée scolaire : achat de documents et de matériel.
Achat d'outils de travail : Fichier Scolaire Coopératif, Livres Bibliothèque de Travail, établis, outils divers.
L'Imprimerie à l'Ecole permettant : éditions du journal scolaire, de programmes des fêtes, de lettres, appels, etc...
Gravure du linoléum.
Exposition, tombola, etc...
Achat d’un pick-up et de disques.
Achat d'un appareil de cinéma pour séances scolaires et post-scolaires.
Achat d'une caméra,
Voyages de fin d'année. Echanges d'enfants.

Bibliographie succincte du Musée Pédagogique et du Centre National de Documentation Pédagogique

a) OUVRAGES

BRUNET (Louis): La Coopération et l'Instituteur rural. Poitiers, Sté Française d'Imprimerie, 1929.
CATTIER (F. et L.) : Les Coopératives scolaires. Paris, Presses Universitaires, 1927.
Coopération (La) dans les écoles de Lorraine. Ardennes et Franche-Comté (1928-1930). Paris, Office Central de la Coopération à l'Ecole.
DEGOND (Marcel) : Documents et plans pour l'enseignement de la Coopération à l'Ecole.
Paris, Office Central de la Coopération à l'Ecole, 1935.
FREINET (C.) : Brochures d'Education Nouvelle populaire. Vence (A.-M.), L'Imprimerie à l'Ecole, 1938-1939.
GIDE (Ch.): La Coopération et l'école primaire, Paris, 1927.

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