Publication
mensuelle N°12 Novembre 1938 J. PUGET TECHNIQUE Editions
de l'École Moderne Française Cannes (Alp. -
Mar.) |
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J. PUGET
instituteur à Tournissan (Aude)
TECHNIQUE D'ÉTUDE DU
MILIEU
LOCAL
(La
première partie de cette étude a paru dans la Brochure N°11 de la même collection :
La
classe exploration )
LES
PLANTES
1.Récoltes.
- On peut étudier, récolter et collectionner : les plantes entières, ou seulement
les fleurs (diagrammes), les pollens (examen microscopique et germination), les écorces,
les tiges (coupes), les feuilles (collection de feuilles désséchées ou d'images de ces
feuilles sur papier photographique), les fruits et leurs déhiscences, les organes
attaqués par les parasites (examen microscopique, gales, verrues, galeries, etc.).
2.COMMENT
RÉCOLTER POUR LA MISE EN HERBIER. - Autant que possible, récolter la plante entière
avec racines, fleurs et fruits ou ajouter ces derniers plus tard. Une petite pioche est
donc nécessaire pour la récolte. Enlever délicatement la terre, envelopper à plat dans
un journal et emporter dans une musette ou, mieux, dans une boîte de botaniste, genre
boîte de plombier, qu'on peut confectionner rapidement en tôle, contreplaqué ou même
carton fort.
3.COMMENT
CONSERVER. - Si la plante est destinée à être plantée dans le jardin botanique, ce qui
est bien préférable, on l'aura arrachée très soigneusement avec sa motte et on l'aura
transportée délicatement sans désagréger cette motte. Dès la rentrée, on détermine
la plante, on fait l'étiquette (noms scientifique et vulgaire, lieu et date de récolte)
et on la transplante sans délai, autant que possible avec les plantes de sa famille. Il
sera peut-être indispensable de transporter à son emplacement une brouettée de la terre
où elle poussait (ainsi les bruyères, fougères, arbousiers ne viendraient pas en
terrain calcaire). Que ceci n'effraie pas les maîtres : tant pis ou plutôt tant
mieux si on se trompe, maître et élèves, en feront d'autant plus leur profit, car une
mauvaise expérience en apprend souvent plus long et d'une manière plus sûre, que la
lecture de tout un livre, et la portée d'un échec est parfois d'un profit insoupçonné.
Lorsque nous avons commencé nous-même avec nos élèves l'étude de notre milieu, nos
connaissances scientifiques étaient assez vagues ; nous en avons averti nos enfants,
mais nous leur avons donné l'assurance que nous étions décidés à faire de notre mieux
pour les documenter en nous documentant nous-même, et que nous comptions beaucoup sur
l'expérience pour nous instruire tous. Ce que nous faisons, n'importe qui peut donc le
réussir, et certainement le surpasser.
HERBIER.
- Les herbiersclassiques sont constitués par un fort dossier en carton qui reçoit des
feuilles de papier bulle spécial de 44x28 cm. Sur lesquelles sont fixés, par des bandes
gommées, les échantillons à conserver. A droite et en bas de la feuille, on colle une
étiquette spéciale. Notre but à nous, malgré notre désir de faire du mieux possible,
n'est pas de travailler pour la « galerie ». Nos collections devront être
sans cesse recommencées avec chaque génération d'élèves ; c'est un gros
avantage, car nous n'aurons pas engager de grosses dépenses et nos enfants devront
exercer toute leur imagination et leur habileté pour mieux faire que leurs
prédécesseurs ; nous n'aurons pas non plus à nous inquiéter beaucoup des dégâts
presque inévitables causés par les parasites des collections.
Le
dossier de l'herbier peut bien être un sous-main ou un vieux cartable, il contiendra pour
chaque famille une chemise (protège-cahier) et les feuilles portant les plantes seront de
simples feuilles de cahier ou, mieux, du papier d'épicerie grand format. Les bandelettes
pourront être prélevées dans les brochures de timbres-poste, mais il serait
préférable de demander à votre libraire un ou deux mètres de ces bandes gommées
utilisées pour joindre les bords des paquets sous papier. Il suffira de découper cette
bande en bandelettes de 4 mm. de large et de 15 à 30 mm. de long selon le diamètre de la
plante à conserver.
On
détermine d'abord l'échantillon, on rédige l'étiquette, puis on lave soigneusement les
racines, on laisse sécher, on étale ensuite la plante sur une feuille de papier buvard
en conservant ses caractères (feuilles repliées, tige coudée), on pose dessus un
deuxième buvard et on place sur le tout une planche chargée de pierres ou de gros
livres. On peut aussi utiliser une presse faite de deux planches réunies par quatre longs
boulons à écrous ou à oreilles. On peut naturellement sécher plusieurs plantes à la
fois en interposant quelques feuilles de papier entre les couples de buvard. Au bout de
quelques jours, quatre à dix, suivant le temps et la plante, en changeant les buvards
s'il y a lieu, on peut fixer sur la feuille d'herbier. Replier tige et racine plusieurs
fois si la feuille est trop petite (voir figure). Si la plante comporte un bulbe ou un
rhizome, n'en conserver que la moitié avant, ou même une coupe centrale de quelques
millimètres. À côté de la plante, il est intéressant de dessiner un diagramme de la
fleur, ou de l'y coller en nature, coller de même le fruit, sa déhiscence, placer un
croquis des grains de pollen vus au microscope. On peut également inscrire au verso de la
feuille la documentation recueillie sur la plante (habitat, historique, propriétés,
utilisation, ennemis, etc.), mais il est préférable de rédiger cela sur la fiche.
4.COLLECTION
DE BOIS. - Ce sont des coupes de 1 cm. d'épaisseur environ faites dans les troncs ou les
branches des arbres. Elles seront polies sur une face. Les accrocher dans la boîte
vitrée au moyen d'un clou cavalier (clou en U) enfoncé dans la tranche de
l'échantillon.
5.ECORCES.
- On peut les collectionner sur des feuilles de carton en y fixant par deux fils de fer
après les avoir percées, on peut encore les serrer sous une fine cordelette passant
alternativement devant et derrière le carton. Les écorces fines se roulent en séchant,
les charger quelques jours ou les mettre sous presse comme s'il s'agissait de plantes.
BIBLIOGRAPHIE
6.Bibliographie.
- Pour la récolte et la conservation des plantes, comme d'ailleurs pour les animaux,
roches, fossiles, nous recommandons d'abord :
G.
Capus et Bohn : Guide du naturaliste préparateur et du voyageur scientifique (libr.
Baillère, 19, rue Hautefeuille, Paris), 333 p.
Pour
la détermination :
Faideau
: Herbier classique (50 plantes communes), Larousse, édit. (pour les débuts).
G.
Bonnier : Les noms des fleurs par la méthode simple. Libr. Générale de
l'Enseignement, 4, rue dante, Paris-5è, 338 p. Ouvrage assez élémentaire, mais bien
illustré.
Bonnier
et Layens : Flore complète de la France et de la Suisse, même édit. Beaucoup
plus complet que le précédent mais les planches en couleur se vendent à part en atlas,
assez cher.
Le
Maout et Decaisne : Flore élémentaire des jardins et des champs, Libr. Agricole
de la maison rustique, 56, rue Jacob, paris. Ouvrage très complet, très documenté.
Les
petites flores locales ou dépratementales publiées par les sociétés scientifiques
départementales (se renseigner au bureau de la société dans chaque département).
Pour
les arbres :
Gratin
: Arbres, arbustes et arbrisseaux forestiers, 96 planches colorées. Lechevalier,
édit., 12, rue de Tournon, Paris.
Bichette matrice de Chavanoz (Isère) Mesure d'Authon ou échandil, déposé au Piruré de Chavanoz de temps immémorial, pesant 35,36 ou 37 livres suivnat la bonté et les années. Il est d'usage de la mettre comble pour les marrons, noix et fruits. |
ROCHES,
MINÉRAUX, FOSSILES, OBJETS ANCIENS
1.-
RECHERCHES. - Il s'agit ici de déterminer les divers sols de la commune, de récolter des
fragments des diverses roches qu'on y trouve, de rechercher les fossiles témoins de la
formation des terrrains, de fouiller et explorer les cavernes, dolmens, gisements divers.
Un défonçage, une carrière, une tranchée de route, des travaux de terrassement, un
éboulement mettent souvent à nu des poteries ou des objets intéressants à des titres
divers ; il faut se rendre sans tarder sur les lieux, avertir au besoin les ouvriers
des précautions à prendre. Il faut encore se renseigner auprès de la population sur les
gisements de fossiles, monnaies, objets préhistoriques. Les sables de rivière sont
intéressants à fouiller : ils recèlent parfois des fossiles, on peut y rechercher
les particules de fer au moyen d'un aimant.
L'analyse
calcimétrique des divers sols de la commune est très intéressante au point de
vue agricole ; elle permet de dresser la carte calcimétrique communale. Les
échantillons à analyser seront constituées par plusieurs pincées de terre fine
prélevée sans l'écraser en des points de même apparence.
EAUX.
- La teneur en calcaire des eaux peut être décelée par le calcimètre en opérant sur
10 ou 20 cm3. Une étude intéressante et utile consiste dans l'établissement de la carte
des points d'eau de la commune. On pourra indiquer les sources par un point bleu à
côté duquel on portera en chiffres : 1. le débit à l'heure maximum (hiver-printemps)
et minimum (été) ; 2. s'il y a lieu, la période d'activité de la source (ex :
oct.-mai) ; 3. la température d'hiver et d'été. Les puits seront indiqués par un point
rouge à côté duquel on porte trois chiffres : profondeur totale, niveau de l'eau en
hiver, niveau d'été. Une croix noire à côté d'un point indiquera que l'eau a causé
des accidents et doit être tenue pour suspecte.
2.-
CONSERVATION DES ÉCHANTILLONS. - Les minéraux sont nettoyés à la brosse (brosse à
dents) et on les range dans des boîtes, des flacons ou en vitrine. Une étiquette indique
la nature de l'objet, la date et le lieu de découverte.
BIBLIOGRAPHIE
Contejean
: Éléments de géologie et paléontologie, 859 P., Baillère.
Cord
: Géologie agricole, 450 p., Baillère.
Brehm
: La Terre, les Mers, les Continents, 708 p., Baillère, 65 fr.
Contejean
: Géographie botanique, 144 p., Baillère.
Baye
: Archéologie préhistorique, 340 p., Baillère.
Collection
des Bulletins des Sociétés scientifiques du département. Les membres spécialistes de
ces sociétés guideront avec plaisir les chercheurs et détermineront les échantillons
difficiles à reconnaître.
INSECTES
SAUF PAPILLONS
1.-
RÉCOLTE. - Les entomologistes utilisent des instruments nombreux et variés pour la
chasse aux insectes. À moins que la localité n'exige l'étude spéciale des animaux
aquatiques (marins ou lacustres), nous ne pensons pas qu'il soit utile d'acquérir des
filets spéciaux. La pince en baleine de corset et le flacon à cyanure ou à benzine
suffiront pour capturer la plupart des insectes, les coiffures et les mains agiles des
enfants remplaçant avantageusement filets et pinces à raquettes. Les bords des chemins,
les fossés, vieux murs, bois, champs, jardins, fleurs, arbres fruitiers, l'intérieur
même des maisons fourniront une ample récolte. On la complètera en fouillant sous les
pierres, les vieux troncs et les vieilles écorces, les feuilles mortes, les excréments
et les cadavres d'animaux, les champignons, les grottes ; on pourra se servir du parapluie
renversé ouvert sous les buissons qu'on secoue, on chassera la nuit à la lanterne ou au
vase verni.
Mais
c'est par l'élevage qu'on se procurera rapidement et à coup sûr les espèces
intéressantes et que les enfants auront la joie de faire des découvertes
« inédites », au moins dans leur village. Le fort curieux insecte qui
engendre le « ver de l'ail » (brachycerus algirus) sera obtenu à coup sûr en
enfermant dans une cage d'élevage un bulbe véreux, de même pour les vers des noix,
noisettes, châtainges, pommes, poires, etc., et en général pour tous les parasites des
cultures, fort connus à l'état larvaire et totalement inconnus au stage imago. Cet
élevage se fera dans les cages d'élevage pour chenilles où il sera cependant utile de
placer une couche de terre sableuse retenue en avant par une plachette, certains insectes
se chrysalidant en terre (parasites des légumes notamment).Pour les parasites des arbres
fruitiers, qui préfèrent hiverner sous les écorces, on mettra dans la cage des bouts de
bois mort ou des fragments de carton ondulé. On deviendra d'ailleurs vite ingénieux au
bout de quelques essais.
2.CONSERVATION.
- La conservation des insectes est, en général, très aisée : il suffira de les piquer
avec l'épingle à insectes spéciale, pour les gros coléoptères sur l'élytre droite
vers son sommet et en son milieu (voir figure) ; pour les autres, au milieu du
thorax.
Bien
faire attention de ne pas rencontrer une cuisse qu'on risquerait d'arracher. Pour la bonne
présentation, enfoncer l'épingle jusqu'à 1cm. de sa tête, tous les insectes seront
ainsi sur le même plan horizontal dans la vitrine. Les tout petits insectes, à partir de
la coccinelle, qui ne sauraient être piqués sans dommages seront collés sur de petis
bouts de bristol rectangulaires ou triangulaires, une trace de gomme arabique suffit (voir
figure).
Il
est bon de disposer les appendices d'une manière naturelle pendant la dessication. Se
servir d'étaloirs dont il sera parlé à propos des papillons, ou de bouchons de liège
sur lesquels on pique les insectes et où on pourra aussi piquer des épingles qui
maintiendront pattes et antennes à la place voulue. Piquer et étaler les insectes dès
l'arrivée à l'école ; si on a attendu trop longtemps, les mettre à ramollir dans un
récipient contenant un peu de sable lavé et humide (la sciure de bois ferait moisir).
Lorsque l'insecte étalé a acquis par la dessication la rigidité nécessaire, on le met
en place dans la vitrine. La feuille de papier blanc qui forme le fond de la vitrine a
été réglée légèrement au crayon tous les 5 cm. ; on pique sur cette ligne.
On
peut adopter plusieurs ordres de rangement, soit celui des familles scientifiques, soit un
classement basé sur le mode de vie des insectes : insectes utiles, insectes nuisibles :
à l'homme, aux animaux, aux jardins, aux vergers, aux vignobles, etc...
REMARQUE
IMPORTANTE. - Chez beaucoup d'insectes et papillons, il existe une différence très
marquée entre le mâle et la femelle (dimorphisme sexuel) ou même selon la saison
(dimorphisme saisonnier). Par exemple, le mâle du cerf-volant (Lucanus) porte d'énormes
pinces, tandis que la femelle n'en a que de médiocres. En général, les femelles sont
plus grosses que les mâles. Chez les papillons, les teintes sont souvent fort
différentes selon le sexe, le mâle étant toujours le plus beau. Il conviendra d'avoir
le couple dans la collection.
ÉTIQUETTES.
- Se servir d'étiquettes spéciales, très bon marché. Pour nos écoles, se contenter du
nom abrégé de la famille, du nom scientifique et du nom vulgaire. Indiquer le sexe s'il
y a lieu (voir figures). On pique ces étiquettes à côté de l'insecte au moyen de deux
petites épingles dites « camion ».
ENTRETIEN
DE LA COLLECTION. - On évitera dans une grande mesure les ravages des parasites en
disposant dans la vitrine quelques boules de naphtaline et un tube de camphre muni d'un
couvercle percé de trous (tube d'aspirine).
Éviter
la trop grande lumière qui fane les couleurs, surtout pour certains papillons (écailles
et phalènes). Placer la vitrine dans le fond le plus obscur de la classe ou même la
recouvrir d'une étoffe foncée.
BIBLIOGRAPHIE
Pour
la chasse et la documentation :
H.
Coupin: L'amateur de coléoptère, 364 p., Baillère.
Montillot
: L'amateur d'insectes, 350 p., Baillère.
Pour
la détermination, nous recommandons vivement un ouvrage indispensable, d'une exécution
parfaite et, au surplus, très bon marché :
Petit
atlas des insectes 2
tomes), Petit atlas des coléoptères (2 tomes), Petit atlas des papillons et
chenilles (2 tomes). Ils sont édités chez M. Boubée, 3, place
Saint-André-des-Arts, Paris-6è.
Pour
la conservation, voir l'ouvrage de Capus et Bohn déjà cité.
PAPILLONS
1.-
CHASSE. - On peut se procurer des papillons par la chasse directe ou par l'élevage de
chenilles ou de chrysalides.
2.
a)
CHASSE DIRECTE. AU FILET. - C'est la chasse de jour. On confectionnera aisément le filet
en cousant sur fort fil de fer un vieux morceau d'étoffe légère (gaze, étamine,
tulle) taillé en cône de 35 cm. de hauteur environ ; le diamètre sera adapté à la
précision du geste du chasseur : 30 cm. suffiront pour les plus maladroits. On fixe
ensuite, par une ligature en fil de fer, le cercle sur un roseau ou une baguette de
coudrier de 1 m. 50 de longueur. Lorsque le papillon est pris (chasser toujours l'ombre
derrière soi), on le fait remonter vers la pointe du filet et on le prend délicatement
en dessous par le thorax lorsqu'il a les ailes relevées. On peut le tuer par une pression
entre le pouce et l'index exercée sur le thorax, mais il faut une certaine habitude et il
est préférable d'utiliser le flacon à cyanure.
CHASSE
DE NUIT. - Pour se procurer les crépusculaires et les nocturnes, on peut chasser « à
la miellée ». choisir un bon emplacement : verger, jardin, vigne, clairière ;
badigeonner deux ou trois troncs d'arbre d'eau miellée ou de mélasse. Visiter à la
lanterne : on prendra aisément les papillons occupés à sucer. Un autre procédé,
employé par les stations d'avertissements agricoles, est l'emploi de pièges. À
50 cm. au-dessus de l'arbre, on monte un vase quelconque fixé à une perche par trois
fils de fer. On remplit aux deux tiers ces pots ou boîtes avec un appât composé de :
une partie de sirop de Malte (Diamalt) plus dix parties d'eau et 25 gr. De levure. Le
liquide doit être en fermentation pour attirer les papillons. Visiter chaque matin et
récolter les papillons noyés. Le sirop n'est efficace que pendant une semaine au maximum
; le changer aussi après une pluie.
b)
ÉLEVAGE DES CHENILLES. - Cette manière est de beaucoup la plus éducative si elle n'est
pas la plus amusante. Elle consiste à enfermer dans les boîtes d'élevage précédemment
décrites les chenilles, chrysalides ou oeufs qu'on a pu découvrir. Il est indispensable
de fournir à la chenille la plante nourricière qu'il faudra reconnaître et rechercher,
et qui permettra à la pensionnaire de se développer et de devenir, après plusieurs
mues, d'abord chrysalide, puis papillon. Les élèves pourront surprendre, pour leur
émerveillement, tous les secrets de la vie si curieuse des insectes : voracité
incroyable de beaucoup de chenilles, mues successives, modes de progression bizarres,
parasitage de certaines chenilles ou des chrysalides par des tichneumonides, brachnides,
etc., rapidité et dextérité dans le filage du cocon, repos de la chrysalidation (qui se
fait parfois en terre et demande plusieurs années), naissance du papillon dont les ailes,
d'abord fripées et humides, s'éalent en rien de temps, surtout si on a pensé à
disposer quelques branchettes dans la cage ; examen des phénomènes de dimorphisme,
albinisme, mélanisme, mimétisme, etc... de vulgaire rachitisme par suite d'un élevage
défectueux. A noter que certaines chenilles, comme celles des Icares, meurent toujours en
captivité. De plus, ce moyen est le seul qui procure des papillons de toute fraîcheur.
Enfin, il permettra de réaliser une collection d'un grand intérêt où figureront côte
à côte sur une carte : oeufs sur la plante nourricière desséchée, chenille
desséchée par le moyen indiqué plus bas, cocon ou chrysalide, papillon mâle et
femelle, parasite s'il y a lieu. On pourra même inscrire en légende tous renseignements
intéressants : moyens de lutte employés par l'homme, époques de ponte, etc...
D'ailleurs, une fiche sera toujours rédigée à propos de chaque élevage ; elle portera
au recto les dessins d'après nature des divers états de l'insecte, coloriés à
l'aquarelle et au verso le compte rendu de l'élevage avec dates réelles et les
compléments de documentation puisés dans la bibliothèque
2.CONSERVATION
DES CHENILLES. - Dès que la chenille a effectué sa dernière mue (grosseur maximum), la
vider en fendant très légèrement la peau vers l'anus au moyen du scalpel ou de
l'aiguille à catarate très affûtée, presser progressivement d'avant en arrière sur un
buvard en tirant la chenille en avant à mesure que les viscères et les liquides sortent.
Vider à fond en pressant partout, en roulant s'il y a lieu un manche de porteplume sur la
peau. Passer alors par la fente une fine paille (seigle ou graminée) qu'on enfonce
jusqu'à la tête, piquer une épingle camion à l'arrière, cette épingle traversera la
peau et la paille de part en part. Souffler doucement, la chenille reprend sa forme.
Porter alors le tout dans un tube de verre fin (produits pharmaceutiques) qu'un élève
maintient au-dessus de la flamme d'une lampe à alcool au moyen d'une pince à linge
emmanchée. Continuer à souffler jusqu'à dessication, ne pas toucher les parois du tube
avec la chenille et surtout ne pas dessécher jusqu'au roussi. Les chenilles velues sont
délicates à chauffer : opérer dans un verre de lampe. Il ne restera plus qu'à couper
la paille à 1 mm. du corps et à piquer en vitrine (voir figure).
3.ÉTALAGE
DES PAPILLONS. - Dès que le papillon a ses ailes bien déployées dans sa cage
d'élevage, ou dès la rentrée en classe s'il s'agit de chasse au filet, il faut étaler.
Si on attendait trop, le papillon élevé risquerait de s'abîmer en voletant dans sa
prison et ceux qu'on a pris se dessècheraient et deviendraient cassants. Il faudrait donc
d'abord les mettre un jour ou deux au ramolissoir : simple récipient contenant du
sable bien propre (lavé) et humide, le tout couvert d'un carton.
L'étaloir
(voir figure) se compose de deux planchettes de bois tendre (peuplier, saule, tilleul)
laissant entre elles un écartement variable (de 2 à 18 mm.). Nous conseillons 2, 5, 8,
12 et 18 mm., un étaloir par écartement. Ces planchettes sont clouées légèrement
inclinées sur six tasseaux fixés sur une planche formant socle. Sur ce soce, entre les
tasseaux est collée une bande de liège dans laquelle on enfoncera les épingles.
L'étalage
consiste à piquer l'épingle portant le papillon sur la plaque de liège d'un étaloir
dont l'écartement correspond à la grosseur du corps du papillon : traverser le milieu du
thorax avec l'épingle à insectes, piquer dans le liège de façon que les ailes viennent
reposer sur les planchettes inclinées et que le corps et les pattes auparavant entrent
dans la rainure.
Avec
une aiguille fine emmanchée, remonter l'aile antérieure gauche en la piquant
très délicatement derrière une forte nervure. Généralement, l'aile postérieure suit
ce mouvement, s'arrêter lorsque le bord arrière de l'aile antérieure est
perpendiculaire à la rainure (voir figure). À ce moment, enfoncer l'aiguille emmanchée
dans la planchette, les ailes resteront en place. Les fixer en appliquant dessus une ou
deux bandelettes de papier ou de toile d'architecte bien tendues et fixées par des
épingles à tête noire. Oter l'aiguille emmanchée. Opérer de même pour l'autre paire
d'ailes. Rectifier ensuite les ailes gauches si elles se sont déplacées. Bien placer les
antennes et les maintenir en position par des épingles s'il y a lieu. Éviter de
« frotter » les écailles très fragiles. Lorsqu'on aura acquis un peu
d'habitude, on évitera de piquer l'aiguille emmanchée pour retenir les ailes pendant
qu'on place les bandelettes : on placera la bandelette sur les ailes, on la fixera par une
épingle seulement et on remontera les ailes en soulevant en même temps de la main gauche
la bandelette que l'on appuiera à la fin en tirant vers soi pendant qu'on piquera la
deuxième épingle à l'autre extrémité. Le papillon restera sur l'étaloir huit à
vingt jours selon sa grosseur et la siccité de l'air.
QUELQUES
CONSEILS POUR LES DÉBUTS. - Commencer d'abord par élever des piérides du chou : on
trouvera aisément dès l'automne et jusqu'au printemps des chrysalides d'un blanc
verdâtre ponctuées de noir et parfois d'or, fixées par une ceinture de soie contre les
murs et corniches voisins des jardins. Si on récolte les chenilles de Piérides,
l'élevage sera très aisé, car elles ne sont pas difficiles quant à la nourriture,
toutes les crucifères leur convenant. Les chenilles de la famille des papillonides
(Machaon : feuilles d'arbres à noyau, Grand Flambé : ombellifères) sont aussi d'un
élevage.
4.-
PETIT MATÉRIEL POUR LA CONSERVATION DES INSECTES. - Le matériel à acquérir se réduit
à peu de chose :
Epingles
à insectes :
ne pas lésiner sur le prix, les demander en acier verni inoxydable, celles à tête
dorée sont excellentes. Prendre deux numéros de grosseur différente.
Epingles
camion pour les étiquettes.
Etiquettes
spéciales et cartons fixe-insectes qu'on peut à la rigueur découper dans des cartes de
visite.
BIBLIOGRAPHIE
Les
ouvrages déjà recommandés de Capus, Montillot, et les deux tomes Atlas des Papillons
et Chenilles de chez Boubée.
De
plus, et tout particulièrement : J. Culot : Guide du Lépidotériste, 125 pages.
Julien, édit. Genève, 1916.
LES
OISEAUX
1.OU
SE PROCURER LES OISEAUX ?
-
Nous nous adressons aux chasseurs pour les grosses espèces, nous nous contentons même de
la tête lorsqu'on a mieux aimé manger le reste du corps, mais on ne mange guère pies,
geais, corbeaux, faucons, rapaces divers, et on ne perd pas beaucoup en cédant à
l'école un merle, voire une caille ou une grive. Pour les petites espèces, nous comptons
sur le hasard, qui nous sert d'ailleurs assez fréquemment, et même en spécimens assez
inattendus : oiseaux trouvés morts, accidentés ou empoisonnés, volés à un chat... ou
à un tendeur de pièges. Par ces moyens, nous avons rapidement rassemblé une collection
qui compte à ce jour 51 individus différents.
2.CONSERVATIONS.
- Si l'oiseau a été tué au fusil, il aurait fallu saupoudrer immédiatement la blessure
avec du plâtre en poudre, afin d'éviter la coagulation des plumes par le sang, très
difficile à cacher ensuite, tandis que le plâtre absorbe tout le sang et s'enlève
après sans laisser de trace. Si on est soi-même le chasseur, cela ira tout seul, mais il
sera plus difficile d'exiger cette précaution des autres. Il est rare cependant que les
deux flancs soient abîmés à la fois et on pourra alors placer l'oiseau dans la vitrine
de façon qu'il présente le côté intact.
Le
procédé que nous utilisons pour la conservation est fort simple et donne, après
quelques tâtonnements, des résultats excellents, au moins aussi bons que ceux obtenus
par la naturalisation classique, trop longue et délicate.
a)
BOURRAGE. - Supposons que nous ayons à conserver un moineau. Nous prenons un bâtonnet de
2 à 3 mm. de diamètre (store, constructions F.N.), nous ouvrons largement le bec que
nous tenons à sa base entre le pouce et l'index gauches en faisant bien attention de ne
pas rebrousser les plumes et poils des joues et moustaches, difficiles à retoucher
ensuite. Enfoncer le bâtonnet (qui a 12 à 15 cm. de long) aussi profondément que
possible, sans toutefois traverser la peau abdominale assez fragile, et essayer de
lacérer les viscères en retirant et poussant le bâtonnet à plusieurs reprises et en
forçant vers les flancs. Préparer des boulettes d'ouate de la grosseur d'une lentille,
plus grosses pour les grosses espèces (une noisette pour la hulotte). Enfoncer alors par
la bouche et pousser bien à fond avec le bâton. Prendre garde que les boulettes ne
s'arrêtent pas dans le cou. Bourrer jusqu'à ce que l'oiseau ait notablement augmenté de
volume (une trentaine de boulettes pour le moineau) et conserver la symétrie du corps.
S'arrêter lorsque le coup est légèrement garni.
Passer
alors par l'oesophage un fil de fer galvanisé n°20 taillé en pointe à l'aide de gros
ciseaux, pousser jusqu'à ce qu'il sorte sous la queue. Il est assez difficile de
traverser le coton, le fil de fer devra être bien droit ; on pourra d'ailleurs
passer le fil de fer avant de bourrer le cou. La pointe avant du fil de fer est ensuite
enfoncée dans le crâne de manière qu'elle sorte au-dessus de la mandibule supérieure.
Ce fil de fer, assez rigide, servira à donner l'attitude au cou et à la tête.
b)
YEUX. - Ouvrir largement les paupières avec l'aiguille emmanchée. Bien noter la couleur
et la grosseur de l'iris, au besoin en chercher la teinte à l'aquarelle. Enlever alors
les yeux en tirant avec une épingle double redressée et dont le bout aura été
retourné en crochet en le frottant sur une pierre (voir figure). Pour les gros oiseaux,
il faut évidemment un crochet plus fort (fine baleine de parapluie). Enfoncer le crochet
par la pupille, accrocher la paroi du globe oculaire vers son milieu et du côté interne.
Tirer fortement car l'oeil est solidement fixé et plus gros qu'on ne croit. Après
quelques essais on fera cette extraction sans qu'il coule une seule goutte d'humeur. Si
cet accident arrive, sécher immédiatement avec une boule de coton qu'on aura toujours à
proximité entre les mors de la pince courbe. Noter que les yeux vitreux ou déprimés des
oiseaux tués depuis quelques jours sont beaucoup plus faciles à extraires que chez les
oiseaux frais. L'oeil enlevé, couper soigneusement les parcelles de muscles, ligaments ou
membranes encore attachés aux paupières, en se servant des ciseaux fins, c'est très
important. Mettre dans l'orbite une première boulette de coton, petite, y déposer une
goutte de formol (formol du commerce à 40%, chez tous les pharmaciens) à l'aide de la
seringue. Mettre deux ou trois gouttes pour les gros ciseaux, quitte à aspirer l'excès
avec une boule de coton en pointe. Bourrer complètement l'oeil avec des boulettes en
insistant vers les narines, les paupières doivent être légèrement bombées. Choisir
alors un oeil artificiel approprié ; pour les petits oiseaux, se servir des têtes de
verre des épingles dites « tête noire » séparées de laiguille à la pince
coupante, pour les autres oiseaux acheter des yeux spéciaux, ou acquérir un assortiment
d'yeux quelconques à un fourreur, on les peindra ensuite « à la demande » en
se servant des notes et de la teinte relevée. Les couleurs à la gouache tiennent très
bien sur le verre. L'oeil artificiel est évidemment beaucoup plus réduit que l'oeil
véritable qu'on a extrait, sinon il ne passerait pas entre les paupières ; il suffit
qu'il soit légèrement plus gros que l'ouverture des paupières à la pince courbe, loger
l'oeil en pressant et rabattre les paupières par dessus. Attention à ce que les cils
très délicats ne soient pas retournés à l'intérieur.
c)
MONTAGE. - Passer dans les pattes un fil de fer à pointe effilée (n°14 pour les
moineaux, fil galvanisé de 1 mm. 5 pour les pieds). Pour cela, percer d'abord sous le
pied avec l'aiguille emmanchée, y passer le fil qui, après quelques essais, franchira le
jarret sous la peau et viendra s'implanter dans les flancs. Laisser dépasser sous le pied
de 10 cm environ. Repousser la cuisse en avant, car la fraction opérée en poussant le
fil de fer a porté toute la patte trop en arrière.
d)
INJECTION AU FORMOL. - Avec la petite seringue à injection de 2 cc. munie d'une bonne
aiguille, injecter le formol en quatre points : dans l'abdomen, dans les deux pectoraux et
dans le cou. Pour un moineau, 2 cc. suffiront. Pour une pie, faire une piqûre
supplémentaire dans chaque cuisse, en tout 6 à 8 cc. à injecter en deux opérations à
24 heures d'intervalle. Pour injecter commodément, suspendre l'oiseau la tête en bas en
l'accrochant par les fils de fer des pattes. Le laisser ainsi pendant huit à dix jours.
Au bout de ce temps, l'oiseau est momifié, mais encore assez souple pour le montage
définitif.
e)
MONTAGE DÉFINITIF. - Prendre, pour un moineau, une branche fourchue, sèche de
préférence, dont une branchette au moins sera presque horizontale. Y percer deux trous
à l'aiguille emmanchée, à l'écartement des pattes, passer à travers l'extrémité
libre des fils de fer, faire trois ou quatre tours bien serrés et étaler les doigts.
Fixer le bout inférieur de la branche dans un socle : une patère ronde d'interrupteur
électrique fait très bien l'affaire pour les petits oiseaux. La branche n'y bougera pas
si on a pris la précaution de la fendre et d'y enfoncer un petit coin de bois en dessous
quand elle est en place (voir figure).
Donner
alors à l'oiseau une attitude naturelle (bien observer les oiseaux vivants pour cela,
exercice fructueux pour les élèves qui se serviront de jumelles pour mieux voir). Se
méfier des cuisses, toujours trop en arrière, et du cou souvent trop allongé. Varier
les attitudes, éviter la raideur de la tête, la tourner plutôt de côté. Bien lisser
les plumes au pinceau de martre, linger les rebelles en entourant l'oiseau durant quelques
jours au moyen de bandelettes de gaze. Ne pas hésiter à arracher celles qui sont
irrémédiablement tachées ou redressées, quitte à les recoller ensuite. Avant de
mettre en vitrine, il sera bon de vernir au vernis incolore le bec, les pattes et les
ongles, la branche et le socle. Deux ou trois fois par an, brosser et lisser la collection
au pinceau de martre.
3.CONSERVATION
PAR LA MÉTHODE CLASSIQUE. - Pour les très gros oiseaux : grand-duc, héron, le procédé
au formol donnerait des sujets trop étriqués, à moins qu'on ne bourre aussi par l'anus,
ce que nous n'avons pas essayé. Nous procédons par la méthode classique. Nous n'allons
en donner qu'un rapide aperçu : 1. fendre la peau sur le bréchet et sur la longueur de
son épine ; 2. détacher la peau de la chair, désarticuler les ailes, les pattes, le cou
et la queue, du côté interne et enlever tout l'intérieur du corps ; 3. extraire de
même l'intérieur du cou en retournant la peau comme un doigt de gant, à ce moment curer
le cerveau ; 4. enduire tout l'intérieur de savon arsenical ; 5. faire une carcasse
spéciale en fil de fer et la placer à l'intérieur ; 6. bourrer de filasse et recoudre.
Au préalable, on aura pris très exactementune douzaine de mesures qui permettront de
reconstituer fidèlement l'oiseau. C'est un procédé long, coûteux et délicat. Pour
plus de détail, nous renvoyons nos lecteurs aux ouvrages spéciaux de taxidermie, parmi
lesquels nous recommandons :
M.Boitard
: Manuel complet du naturaliste préparateur, 2 tomes de l'Encyclopédie Roret
(Mulo, édit., 12, rue Hauteuille, 6è).
4.NIDS
ET OEUFS. - Il est fort intéressant de placer, à côté des oiseaux, leur nid et leurs
oeufs. Il en est d'ailleurs de même pour certains insectes : abeilles, bourdons, insectes
rongeurs de bois, galles, etc...
BIBLIGRAPHIE
Pour
la détermination des oiseaux :
Acloque
: Oiseaux de France, 252 p., Baillière.
P.
Paris : Les oiseaux d'Europe, 250 p., Lucien Laveur, édit., Paris
SQUELETTES
D'ANIMAUX
Il
nous sera facile de nous procurer des sujets : tête de lapin, chien, chat, mouton,
chèvre, boeuf, cheval ; pattes entières d'animaux divers, poissons, batraciens, etc...
Les cuisinières et les bouchers sont nos meilleurs fournisseurs.
1.DISSECTION.
- C'est la partie la plus instructive de l'opération. Enlever la peau, les viscères, les
muscles. Procéder lentement en notant les observations faites. Gratter les os en
respectant les ligaments.
2.EBULLITION.
- Mettre la pièce dans un récipient d'eau additionnée d'une bonne pincée de cristaux
de soude. Faire bouillir. Retirer dès que les lambeaux de chair adhérents s'enlèvent
facilement au scalpel ou à la brosse à dents usagée.
3.OPÉRATIONS
FACULTATIVES. - Blanchir parfaitement les os en les exposant quelques semaines à l'air,
au soleil ou à la pluie. Pour éviter les chiens et les chats, on placera le squelette
sur l'appui extérieur d'une fenêtre d'étage. Frotter enfin à l'essence de
térébentine pour avoir une blancheur irréprochable.
Si
certaines pièces sont disjointes, les rassembler avec des fils de cuivre (fil électrique
dénudé) en perçant les os au moyen de l'aiguille emmanchée ou, au mieux, d'un drille
porte-forêts. Noter que les os humides se percent plus aisément que s'ils étaient secs.
On
peut aussi obtenir des squelettes en faisant ronger les cadavres par des fourmis ou des
têtards. Nous ne conseillons pas ces procédés car il est fort difficile de soustraire
les pièces à la voracité des carnivores errants. De plus, ces moyens sont peu
éducatifs à nos yeux.
TRAVAUX
MANUELS DIVERS
Les
sujets des travaux manuels ne manquent pas, bien au contraire, ce sont les loisirs qui
nous font défaut pour cette activité. Enumérons les opérations de jardinage : taille,
greffage, arrosages, tuteurage, façons culturales, traitements avec leur cortège de
travaux accessoires : affûtages soignés, démontage et réparations de pulvérisateurs,
moteurs, robinets et autres appareils, confection de manches d'outils, entretien rigoureux
de l'outillage, fabrication même de quelques outils imaginés (déplantoir,
transplantoir, cultivateur, cordeau, épouvantail à moineau, etc.). En travail du bêton
: confection de bordures d'allées, de corbeilles, d'abris en briques pour outillage, de
clapiers. Confection de claies, tuteurs, abris de roseaux, de châssis de couches, etc...
pour la salle de classe : finissage et entretien des vitrines, fabrication d'étaloirs,
boîtes d'élevage, filets, étagères diverses, cadres pour cartes et dessins,
sous-verres, appareils scientifiques divers, jouets scientifiques, soudures, pose de
vitres, de serrures.
Inutile
de dire que l'enfant s'enthousiasme pour ces « vrais travaux d'hommes » qui
serviront réellement, et que, s'il a le matériel, le temps et la documentation
nécessaires, ses oeuvres peuvent sans crainte supporter la comparaison avec celles de
beaucoup d'adultes.
Nous
avons banni les découpages de carton et autres enfantillages traditonnels; tant pis si la
rigide géométrie des manuels n'y trouve pas son compte. Nous préférons prendre nos
élèves au sérieux, leur confier des responsabilités, et leur faire sentir, sans avoir
à le leur dire, qu'on travaille pour que « ça serve bien ». Elevés à cette
école, il nous semble que, devenus hommes, ils n'accepteront pas volontiers d'être
parfois pris pour des enfants.
HISTOIRE,
GÉOGRAPHIE ET ÉCONOMIE LOCALES
Nous
réservons pour une autre brochure l'exposé détaillé du parti à tirer de ces études.
Cependant, pour être complet, nous allons sommairement donner une idée des ressources
qu'offre le milieu local à ce propos.
1.-
HISTOIRE ET FOLKLORE. - Rechercher et collectionner ; pierres et objets préhistoriques
(l'enfant est un « fouilleur » incomparable), archives, vieux papiers de
famille, plans du village, monnaies, armes, outillage, contes, légendes, chants,
proverbes et récits divers. Chaque école devrait posséder l'histoire du village, vraie
ou supposée, avec pièces à l'appui. Tenir pour les générations futures un cahier des
grands travaux communaux actuels, avec dessins, plans, prix, nom des ouvriers,
commentaires de la population.
2.GÉOGRAPHIE
LOCALE. - Origine géologique, fossiles, relief, la rivière, l'eau, météorologie,
assiette du village et des fermes, routes et voies, l'habitation (orientation, matériaux
de construction, division en pièces, etc.), relations extérieures (la poste, les
transports, etc...)
3.ÉCONOMIE
LOCALE. - Chiffres, statistiques diverses et graphiques : productions locales, commerce,
population, métiers.
4.LE
MUSÉE LOCAL. - Ce musée doit avoir sa place à côté de chaque école. C'est là qu'on
rangera les trouvailles des élèves en matière historique et la diverse documentation
(cartes, graphiques, photos), en matière géographique et économique. On pourrait même
y placer les divers cahiers scolaires de comptes-rendus.
Soif
de savoir et joie de connaître
Les
instructions du 20 septembre 1938 n'étaient pas encore publiées lorsque nous avons
entrepris la rédaction de la présente brochure. Nous avons eu le plaisir de trouver dans
ces directives le souci de multiplier le contact des élèves avec la vraie nature, de
solliciter l'observation directe, de sortir enfin de la classe aux quatre murs dont on
avoue la faillite. Nous avons surtout retenu cette phrase qui figure en toutes lettres
dans la partie concernant la classe de fin d'études : « Le
maître renoncera complètement à toute suite systématique de leçons où le souci de la
logique ou du mécanisme nuirait à celui de l'intérêt ou de l'utilité ». Cet
aveu a une importance capitale à notre sens. Au nom de la sainte logique, l'enseignement
traditionnel était prisonnier d'une graduation purement intellectuelle ; le pouvoir de la
logique éclipsait et mépridsait tout autre facteur d'acquisition. Prenons dans nos
manuels un exemple entre cent : l'étude des insectes n'a pour but que de préparer
l'assimilation plus complète de la classification. La description de la mouche ou du
hanneton, les deux sujets le plus habituellement choisis, n'est que la présentation
générale du type insecte, sous un semblant de concrétisation. Plus tard, à l'E.P.S.
Ou au lycée, l'élève étudiera les sous-classes (coléoptères, orthoptères, etc) et,
à la Faculté, ce sera enfin l'étude des ordres, des familles et des tribus. D'insectes
en vie et en évolution, dévastant, se multipliant, pullulant, anéantis soudain par une
force cent fois plus efficace que l'ingéniosité humaine, reparaissant bientôt, comme
revigorisés, il n'en était pas question. La rigoureuse logique qui avait conduit
d'embranchement en classe, de classe en ordre, d'ordre en famille, de famille en tribu,
puis en genre et en espèce, devait permettre à l'étudiant, nanti de son dernier
diplôme, de pénêtrer la vie réelle de l'insecte.
Et
je songe à ce que me disait mon ami ancien berger : « Lorsque
j'étais de 25 ans plus jeune, j'allais parfois à T... et je me faisais un passe-temps de
deviner, de loin, le nom des plantes que mes jeunes neveux m'indiquaient du doigt, lors de
nos promenades au Jardin botanique. Je leur en disais aussi le nom patois et même, j'en
indiquais les propriétés, utiles ou malfaisantes. Un jour, mon frère, qui nous
accompagnait, me toucha du coude, l'air ennuyé. Je me retournai, et je vis à quelques
pas derrière nous, une douzaine d'étudiants et d'étudiantes en pharmacie, qui,
émerveillés de mon savoir pourtant bien modeste, nous suivaient respectueusement, me
prenant pour un grand maître de la botanique... celui qui peut être leur ferait subir le
prochain examen. Ceux-là, malgré leurs gros livres sur lesquels ils avaient pâli
plusieurs années, étaient incapables de distinguer un circe d'un séneçon... Piétat
! »
Et
je me dirais aussi : Pitié ! Si, malgré l'invitation qui nous en est faite, nous
persévérions dans notre erreur. Le vrai chemin de la connaissance et du succès est
celui qu'a suivi mon vieil ami : sorti de l'école à 10 ans avec, comme bagage, la
lecture, l'écriture et les quatres règles, il fut jeté, à la tête d'un troupeau, face
à face avec la nature, durant de longues journées où il ne s'ennuya pas. Il éprouva le
besoin de connaître le nom des plantes, des bestioles, des pierres, dont les secrets
l'intriguaient. On le lui donnait parfois en patois ; puis il eut l'occasion de voir
un muséum, un jardin botanique, et ce furent des révélations. Il sut qu'il existait des
livres où des savants spécialisés ont consigné leurs observations et leurs
expériences. Il en acheta quelques-uns d'occasion avec les sous de « prêt »
remis par le père le dimanche. Il en achète encore aujourd'hui quand il passe par la
ville. Et il est ainsi devenu un véritable savant, un viticulteur d'avant-garde, un riche
propriétaire et un concitoyen écouté et respecté. Je doute que par le chemin inverse
on eût réussi à en faire autre chose qu'un suffisant ignorant, ennemi de l'effort.
BIBLIOGRAPHIE
SUPPLEMENTAIRE
Les
ouvrages recommandés au cours des divers chapitres sont surtout des livres techniques.
Ceux que jindique ci-dessous sont moins savants, mais ils apportent à
lélève une foule de renseignements et daperçus de tous rodres.
H.COUPIN :
Animaux de nos pays. Colin édit. 500 pages, 38fr. environ.
REGNIER
ET CHADEFAUD : Histoire naturelle. Ecoles normales, 2 vol.
A
GODARD : Oiseaux nécessaires à lagriculture. Perrin édit., Paris, 119
pages.
Dr
F. BROCHER : Regarde (Promenade dans la campagne). Nathan, 149 pages.
M.GIRARD :
Les méthamorphoses des insectes. Hachette, 380 pages.
GUENAUX :
Entomologie et parasitologie agricoles, Baillère, 592 pages.
COUPIN :
Lamateur de coléoptères. Baillère , 362 pages.
COUPIN :
Ce quon peut voir avec un petit microscope. J.de Francia édit., Paris.
THEURIET :
Les enchantements de la forêt. Hachette
DR
F.BROCHER : Observations et réflexions dun naturaliste dans sa campagne.
En vente chea Fischbacher. Paris (2 vol.).
V.MARTIN :
Au cur de la forêt. Libr. Eyboulet. Montluçon (Allier).
J.-H.FABRE :
Murs des insectes (morceaux choisis). Delagrave, Paris, Vie des Insectes,
Merveilles de linstinct chez les insectes.
COUPIN :
La vie curieuse des bêtes. Coupin.
La
collection des « Livres de Nature », Libr. Stock, 3, rue du
Vieux-Colombier, Paris et particulièrement :
DELAMAIN :
Pourquoi les oiseaux chantent
MARTIGNON :
Un promeneur à pied.
F.SCHNACK :
La vie des papillons.
DELAMAIN :
Les jours et les nuits des oiseaux.
K.CAPEK :
Lannée du jardinier.
Ce
que nous voyons au microscope,
B.T. (Ed. de lEcole Moderne, Cannes)
Pour
les maîtres, la plupart des ouvrages parus dans la « Bibliothèque de Philosophie
scientifique »,
chez Flammarion.
Outillage
Scientifique pour les Collectionneurs
Nous
avons demandé à la maison Boubée et Cie, 3, place Saint-André des Arts, à Paris, de
nous donner les prix pour divers outils indispensables.
Nous
les donnons ci-dessous à titre indicatif et sans aucun engagement (prix de 1939) :
Aiguille
droite, manche ébène
4 25
Aiguille
courben manche ébène
4 85
Aiguille
lancéolée
4 85
Aiguille
droite pour létalage des papillons 1 70
Ciseaux
droits fins, 11 cm.
8 75
Epingles
Idéal, n°s 2, 4,
6, le cent, 4 75
14 25
Epingles Camion, les 25 gr
3 30
Epingles dacier pour létalage
des papillons
Le cent, 3 fr
28
Etaloir fixe n°2, rainure 4mm
11 25
Etaloir fixe n°4, rainure 9 mm
13 75
Etaloir fixe n°6, rainure 12 mm
16
Ether acétique, le flacon
4 75
Bandes de papier cristal, largeur 2 cm.
pour létalage, le cent
3 75
Etiquettes à insectes, 35x12 mm., le cent 0 75
Etiquettes pour herbiers, 70x100 mm.
Gommées 3
Lames
porte objets, non rodées, le cent
7 50
Lamelles couvre objets, 18x18, le cent
11
Loupe sertie, manche fixe, diam. 40 mm.
14
Microscope petit mod., grossis. 45 et 75
selon position de loculaire, en
boîte carton
80
Pince à dissection forte, 12 cm. ½
8 50
Pince à piquer, 13 cm.
10 25
Sachets cellophane, 80x50, avec pattes de
fermeture à clinquant, le cent
25
Scalpel, petit modèle
4 80
Seringue à injections fines hypodermiques
deux aiguilles, boîte nickelée de 1 ou 2
gr
20
Aiguille nichel au dessus de 3 cm.
4 50
Bouteille de chasse, mod. Rond, 250 gr.
9
Bouteille de chasse de 250 gr., à sciure
6
Aldéhyde formique, le litre
15 50
Boules de naphtaline, le cent
8 25
Yeux doiseaux (description dans
catalogue,
page 43, conditions pas quantité).
Fils de fer galvanisés, pinceaux pour
liseer les oiseaux : prix sur demande.