Publication Mensuelle N°11           Octobre 1938

 Brochures d'Éducation Nouvelle Populaire 

J. PUGET 

La classe exploration 

 

Éditions de l'École Moderne Française

Cannes (Alpes-Maritimes)

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J. PUGET

instituteur à Tournissan (Aude) 

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La classe exploration

AVANT-PROPOS

 

Nous nous proposons de présenter, dans cette brochure, un ensemble de techniques très précises permettant un enseignement fécond par l'étude systématique du milieu local. Ces procédés ont été imaginés pour une classe rurale de la Corbière viticole, composée d'élèves, garçons et filles, de 9 ans à 14 ans. Ils ont été mis au point au cours d'une expérimentation de cinq années dans cette classe. Faute d'une suffisante liberté, les programmes ne nous permettant pas toutes les sorties que nous aurions souhaitées, nous n'avons pu jusqu'à ce jour réaliser quelques-unes de nos idées ; nous les indiquerons cependant à leur place, car nous pensons que, grâce aux nouveaux programmes, et particulièrement à la classe de scolarité prolongée, il sera possible de mieux faire maintenant.

 

Nous commençons par une étude théorique de la quetion, où on pourra suivre le chemin qui nous aconduit à nos techniques. À ce point de vue, et malgré que nous reconnaissions que l'École a plutôt besoin de réalisateurs que de théoriciens, nous avons jugé ces quelques chapitres indispensables.

 

Pour la partie pratique, à laquelle nous avons donné des développements qui pourront paraître longs à certains, mais que nous croyons devoir être utiles à beaucoup d'autres, nous avons donné toutes indications sur le matériel et le mobilier nécessaires. Nous indiquons aussi, pour chaque étude, la liste des meilleurs ouvrages que nous connaissions.

 

Ajoutons que la C.E.L. s'occupe déjà activement de mettre à la disposition de ses adhérents, pour le plus juste prix, un matériel sélectionné et la plupart des ouvrages recommandés.

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Quel est d'abord le but de l'École primaire ?

 

On a souvent assigné des buts fort peu précis à notre École primaire, tels ceux qui prétendent que nous devons enseigner « ce qu'il n'est pas permis d'ignorer » ou « donner des clartés de tout ». Nous pensons, nous, que notre école doit viser à préparer des hommes « efficients », c'est-à-dire qui seront toujours animés de l'ardent désir de « servir », qui deviendront une cellule utile de la société humaine, dont ils travaillent sans trêve à élever le niveau. Quelle que soit leur position sociale, nos élèves devront avoir une fière idée de leur profession. Ennemis de la routine, ils sauront faire progresser les techniques et les rendements de leur art, et aussi le respecter. « Deviens un maître en ton métier », telle est la devise que nous voudrions faire adopter à tous.

 

Nous désirons encore que l'École n'ait rien à se reprocher en considérant la santé de sa clientèle et qu'elle travaille sincèrement à préparer des hommes forts, de corps comme d'esprit.

 

En définitive, nous demandons que nos enfants deviennent des hommes réellement heureux, heureux eux-mêmes  et heureux de contribuer au bonheur de la collectivité.

 

Nous nous refusons à décourager à jamais cette bonne moitié des écoliers qui ne témoigne d'aucun goût pour la « culture » scolastique, car nous savons qu'il y a parmi eux une majorité de bonnes volontés et de bons cerveaux, aussi précieux et intéressants que chez leurs camarades considérés comme « intelligents ». Les résultats aux examens ne sauraient donc être notre but, car nous rendons la course aux diplômes en grande partie responsable de l'inefficacité sociale de l'Enseignement. Ceci ne signifie pas que nous nous désintéressons du C.E.P.E.  malgré que nous le considérions comme un piètre criterium de l'enseignement élémentaire; nous avons chaque année présenté nos candidats, et nous pouvons maintenant assurer que nos activités nouvelles, loin de constituer un obstacle au succès, facilitent la préparation de nos élèves, dont l'esprit resté frais, est devenu curieux, actif et méthodique. Nous remarquons cependant que cet examen, tel qu'il était jusqu'en 1938, nous a imposé l'étude livresque de certaines matières et a sérieusement entravé nos expériences.

 

Conditions à réaliser pour atteindre notre but éducatif

 

Nous avons jugé que notre enseignement devait être fortement marqué par deux caractères essentiels :

1° demander à l'enfant des tâches qui l'intéressent d'instinct et susciter l'enthousiasme dans l'accomplissement de ces tâches ;

2° « éduquer » et non pas « instruire », c'est-à-dire conduire l'enfant vers le perfectionnement personnel -  notre rôle se bornant à faire jaillir l'intérêt, puis à guider l'élève - armer l'enfant de sens éveillés et perspicaces, d'un esprit curieux, méthodique et précis grâce auxquels il poursuivra après l'école et toujours dans sa vie, par simple goût et même par besoin, sa culture individuelle ; donner à cet enfant le goût de l'effort et même de la lutte, placer très haut son idéal social et artistique, et, pour l'encourager, lui donner dès l'école la joie de remporter de vraies victoires, pénibles, mais complètes.

 

Le moyen pour réaliser notre idéal

 

Ce moyen nous l'avons trouvé dans l'étude directe du milieu où vit l'enfant. Le milieu local, parcelle de la vraie nature, est une admirable école vivante. Disons tout de suite que nous le considérons, au point de vue scolaire, comme résultant de la réunion de trois associations :

Association humaine constituant le village et ses écarts, dont nous pouvons étudier les origines, réelles ou probables, l'évolution, la vie économique et sociale, les relations avec l'extérieur, l'avenir.

Association de plantes :

a) groupées notamment suivant le climat, la nature du sol et son relief (résultant de sa formation ou de modifications ultérieures) ;

b) ou maintenues artificiellement grâce à l'incessante application des hommes.

Et toute cette flore a ses ennemis, contre lesquels elle se défend depuis des millénaires, avec plus ou moins de succès, parfois d'ailleurs avec le secours des hommes.

Association d'animaux, parallèlement à l'association de plantes, ceux-là vivant en général aux dépens de celles-ci, à moins que les animaux ne se dévorent entre eux.

                    

Voyons maintenant les raisons pour lesquelles nous devons réaliser par l'étude du milieu une éducation autrement féconde que par l'enseignement traditionnel.

 

L'étude de la nature vivante passionne tous les enfants. La campagne, la rivière, le modeste jardin même appellent l'enfant avec leurs pierres, leurs fleurs, leurs fruits, leurs bêtes, surtout les petites. Il y a dans la vie de ces plantes et de ces animaux des mystères que tout enfant voudrait voir, voir d'abord, comprendre après. On dirait que notre petit écolier garde toujours un reste de ses premiers pas, qui étaient un envol, aussitôt réfréné, vers cette nature qui l'intriguait déjà, vers cette école merveilleuse, patiente et indulgente, que l'autre école aux quatre murs, avec ses livres prétentieux, lui a fermé pour longtemps.  Tout enfant est d'abord un explorateur, bien armé de sens et de muscles; pourquoi vouloir tout de suite en faire un pâle et triste érudit ?

 

2° Nos petits ruraux de France vivent tous en milieu agricole. C'est notre devoir de les intéresser d'abord à cette terre et à cette agriculture nourricières, de les leur faire aimer et respecter. Même si l'enfant n'est pas destiné à devenir agriculteur - et sait-on jamais ? - il faut lui donner une claire et solide éducation agricole. Et puis l'agriculture est un art encyclopédique qui exige une foule de connaissances diverses. En élevant réellement des plantes et des animaux, nous verrons donc sans nous en douter, par nécessité et avec plaisir, la plupart des matières prescrites par les programmes ; nous dépasserons très souvent, et même largement, les limites de ces programmes. Ceux-ci d'ailleurs ne seront pas pour nous des cadres rigoureux, notre guide réel et sûr sera l'intérêt, - naturellement dirigé - de nos disciples.

 

3° L'enseignement par l'étude du milieu faite plus spécialement du point de vue agricole constituera donc un réel système éducatif qui éduquera réellement comme nous l'avons souhaité ! Tous les sens seront sans trêve mis en jeu, l'observation directe poussée à fond constituera le départ et la base de toute étude. Mais il ne suffira pas d'observer et d'expériementer, il faudra ensuite se demander le plus souvent : « Pourquoi en est-il ainsi ? » « Ne pourrait-il en être autrement ? » C'est là, pensons-nous, une réelle et solide formation intellectuelle et pratique que nous donnons à nos élèves, basée sur la vraie méthode scientifique, la seule qui éduque, qui élève et qui réalise.

 

4° On pensera sans doute que notre enseignement, ainsi libéré du manuel et soumis aux apparents caprices de l'occasion ou de l'intérêt, même dirigé, des élèves, sera désordonné, diffus, et risquera de présenter de fort graves lacunes. Nous ferons remarquerqu'au contraire notre éducation est fortement et sans cesse rattachée au centre d'intérêt réel et puissant : « Notre milieu ». Et ce n'est pas un négligeable avantage que de pouvoir ainsi créer un unique pôle attractif dans notre enseignementsi dispersé. Quant aux oublis de « choses qu'il n'est pas permi d'ignorer », nous prions notre lecteur de se débarasser de l'influence néfaste de la trop commode routine, et nous lui demandons : « Lorsque l'enfant connaît le mécanisme nécessaire de la lecture, de l'écriture et des quatre vieilles règles - ce que nous supposons acquis dans notre exposé - ne pensez-vous pas que le plus pressant pour lui est de connaître à fond le milieu où il vit, de n'être pas toujours un étranger indifférent ou un aveugle impuissant au centre de son chez lui, où se déroule toute son activité présente et d'où ses parents tirent l'existence ? »

 

5° « Mais, devenu adulte, il ne restera pas nécessairement dans ce milieu qu'il a si bien étudié, nous dira-t-on, et un caractère de l'enseignement traditionnel est justement d'être général et de permettre de se débrouiller n'importe où ». Nous estimons que l'étude méthodique du milieu local permettra à l'enfant de mieux connaître et juger, par l'habitude d'esprit par comparaison, les divers milieux où l'auront jeté le hasard ou les nécessités de la vie. C'est d'ailleurs un fait qui nous a frappés lors des voyages scolaires que nous organisons chaque année dans des régions justement choisies opposées à la nôtre : nos élèves saisissent au vol les différences et leurs causes : ressources, faune, flore, terrains, caractères et  dialecte des individus ; ils ont immédiatement une claire vision d'ensemble du pays. Et c'est ici que nous avons la satisfaction de constater que nos méthodes constituent une réelle culture, laquelle, d'après Bernard (Comment on devient un homme cultivé, Nathan, 1937) « est bien moins une acquisition de notions qu'une formation de solides habitudes intellectuelles ; elle ne donne pas la primauté à l'avoir sur l'être, à la quantité sur la qualité, au savoir sur le jugement. Elle « meuble » l'esprit, mais surtout elle le « forge », ou, mieux, elle le forge en le meublant ».

 

6° À côté du savoir et des habitudes intellectuelles, notre méthode permet aussi une solide formation morale, sociale et artistique. Le thème central de nos études, celui qui reste toujours présent à nos yeux, se résume en ces trois mots : NOTRE BEAU MILIEU. Tous les coins de terre ont leur beauté qu'il suffit de vouloir faire surgir. Notre village, qu'une lente évolution modifie peu à peu, est beau non seulement par son aspect, mais par les souvenirs qui s'y rattachent, par son histoire, ses légendes et traditions, par l'amour instinctif que nous lui portons. Il est une création humaine, vivante réalisation de la solidarité, de l'élan de chaque génération vers le progrès, du soin instinctif que nous portons aux générations à venir. Et notre campagne, en apparence inerte et indifférente, est encore et partout belle en elle-même, que ce soit dans ses panoramas grandioses et changeants ou dans ses plus intimes détails, dont la variété est infinie, on l'aime et on le respecte. À tout instant, dans nos études, le sens artistique des enfants est éveillé et cultivé concrètement ; ils sentent la réalité, la nécessité et la beauté de la solidarité humaine, dans l'espace actuel et dans le temps ; c'est avec un sincère enthousiasme qu'ils s'appliquent à mieux connaître leur « chez eux » qu'ils ont reçu très beau mais qu'ils veulent transmettre encore meilleur aux hommes futurs.

 

7° Si les motifs ci-dessus justifient notre choix du milieu comme centre d'intérêt idéal, nous avons réservé pour conclure une raison que nous jugeons déterminante : c'est qu'on a vraiment trop abusé du livre et de la parole en matière d'éducation et même simple instruction, ou plutôt on a déplacé le rôle du livre. On a cru, à notre sens, que le livre et l'exposé du maître, qui condensaient le savoir des hommes sous une forme que la pédagogie s'est évertuée à rendre de plus en plus ingénieuse, étaient capables de faire gagner énormément de temps dans l'acquisition des connaissances. Ceci est vrai pour des hommes faits – et encore ! - mais c'est une grave erreur quand il s'agit d'enfants. Celui qui a appris une langue vivante qait qu'un séjour de six mois à l'étranger enseigne plus et mieux que trois ans d'études classiques ; celui qui a voulu faire de l'horticulture, de la photo, du rugby, de l'apiculture ou s'adonner à un art quelconque, a pu se rendre compte qu'un quart d'heure de pratique, matériel en mains, lui économisait des journée de lecture indigeste et rebutante. Bien mieux, après la pratique, le livre était mieux compris, des mots inaperçus auparavant passaient au premier plan car le livre venait alors à son heure, remplissant son vrai rôle qui est d'apporter en complément l'expérience des autres ou de secourir la mémoire défaillante.

 

Donner d'abord le livre à des enfants, quand ils ont tant à apprendre dans la réalité, c'est faire tout ce qu'il faut pour qu'ils le détestent à jamais. Je sais bien qu'on prétend que l'étude livresque est plus désintéressée que cela : elle vise à développer la « Culture » et se préoccupe moins du résultat pratique. Un exemple frappant est l'étude des langues mortes dans l'enseignement, nous ne nous y attardons pas, car c'est de l'instruction de tous les enfants du peuple que nous nous occupons et qu'on ne saurait nous faire un grief de chercher avant tout à leur donner une éducation aussi efficace et agréable que possible.

 

Si nous voulons donc que nos élèves apprennent ce que réellement il n'est pas permis d'ignorer quand on a des yeux et une raison, ouvrons-leur le livre de la vie. Mettons-les d'abord au travail dirigé pour rendre possible et plus profitable l'étude qui suivra. Ce travail sera : en mathématiques, les mille problèmes que pose d'elle-même la vie réelle, au jardin, aux champs; sur la route ou le chantier, à l'atelier scolaire, à la maison - en géographie, la nécessité de se reconnaître dans son terroir, de pouvoir faire la relation d'un parcours (besoin d'une terminologie) - en histoire, la connaissance des origines et de l'évolution du village et de ses habitants - en sciences, l'étude et l'élévage des plantes, des animaux, la connaissance des terrains (toutes choses qu'on foule journellement et qu'on ne sait pas voir), les lois de la physique et de la chimie seront apprises rapidement par la pratique de l'observation du temps, par les pesées à faire au jardin, les traitements à donner aux plantes, les réparations aux instruments agricoles (seringues, pompes, moteurs, etc.). le français se perfectionnera en rédigeant des comptes-rendus de ce qu'on a vu ou fait - car on ne saurait demander à l'enfant d'exprimer ce qu'il ignore - par des correspondances interscolaires, par la lecture des passages d'un maître écrivain sur l'objet que l'on observe.

 

En classe, on complètera le savoir acquis personnellement en recourant au livre où d'autres, plus perspicaces, mieux outillés, plus spécialisés ou plus savants que nous, ont bien voulu faire hommage de leur expérience au progrès humain.

 

Et au sortir de l'école, nos petits paysans seront ainsi armés pour gagner leur vie, pour y trouver des joies élevées ; ils auront le désir de se perfectionner, ils en auront aussi la possibilité grâce au livre dont l'école aura su leur inspirer le besoin et le respect.

 

Partie pratique

 

I.- La classe exploration

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C'est chez lui, en pleine vie, que nous devons étudier notre milieu, d'où la nécessité de classes-promenades. Nous avons repoussé cette dénomination habituelle parce qu'elle ne dit rien qui vaille aux parents et risque même d'influencer fâcheusement l'activité de nos disciples. Il est bien entendu qu'on se promène, si cela veut dire qu'on fortifie son corps avec une sage mesure, en appréciant les charmes de la nature qu'on trouve belle et reposante. Mais nos sens sont toujours en éveil, notre esprit aussi. Nos sorties ont toujours des buts précis, nous « explorons » véritablement notre commune dont nous ignorons à peu près tout.

 

FRÉQUENCE SOUHAITABLE. - Il est impossible de fixer la fréquence des sorties. En principe, on doit sortir dès que le précédent sujet d'étude a été épuisé en classe, dès qu'on a besoin d'observation ou de matériaux, ou dès qu'une occasion exceptionnelle se présente : défonçage d'un champ, forage d'un puits, plantation d'un bois, drainage d'un terrain, sortie de champignons, crue de rivière, effet de foudre, etc... Il faut tenir compte de la saison qui règle la température et les travaux champêtres. Nos chefs peuvent-ils nous donner cette liberté de sortir presque à notre gré, au risque de ne jamais pouvoir nous rencontrer en classe ? Il n'apparaît pas impossible de s'entendre, car, nous le verrons plus loin, il reste en classe la trace écrite de nos investigations, il y a aussi nos collections et élevages divers, les fiches de préparation rédigées par le maître. De plus, car la classe-exploration peut bien être inspectée comme la classe traditionnelle, le maître doit toujours laisser au tableau noir l'itinéraire de la sortie.

 

TECHNIQUE DE LA CLASSE-EXPLORATION. - Chaque sortie a un ou plusieurs buts fixés quelques jours à l'avance, selon le programme établi au début de l'année ou du trimestre, à moins qu'ils ne soient décidés à l'occasion d'intérêts accidentels. Les élèves délibèrent le plus souvent, et à l'avance, pour choisir le sujet. La majorité décide, et, à la rentrée, on jugera si le choix a été judicieux. Le maître prépare alors soigneusement l'itinéraire et les diverses tâches d'observation, faisant lui-même le déplacement s'il est insuffisamment informé. La veille, le matériel à emporter est remis aux élèves, on forme le plus souvent des équipes s'il ne s'agit pas d'un but unique ; même dans ce cas, il y aura toujours plusieurs groupes chargés de recueillir les diverses informations pour la rédaction d'une partie du compte-rendu, divisé en autant de tranches qu'il y a de groupes. Le maître donne quelques directives générales (méthodes recherches, technique de récolte, etc.). L'itinéraire est étudié sur le plan communal tracé au tableau noir et reproduit par les élèves sur leur carnet. Cette préparation n'est jamais négligée. Elle constitue une bonne habitude de travail à donner aux élèves : savoir d'avance où on veut aller et comment on y parviendra, c'est presque être déjà arrivé.

 

MATÉRIEL À EMPORTER. - Certains instruments doivent être emportés à chaque sortie, ils sont placés une fois pour toutes dans les sacs de scouts de nos plus grands élèves ; ce sont : un double-mètre en ruban d'acier, un plan détaillé de la commune, une boussole, un petit marteau, une loupe, un baromètre, deux flacons à cyanure pour insectes, deux boîtes genre Phoscao, des pinces de chasse, quelques feuilles de papier pour envelopper des plantes, un appareil photographique chargé, une jumelle, une cordelette de 10 mètres, un flacon d'alcool et une bande de pansement. Le maître emporte une petite pioche de botaniste, un couteau greffoir et souvent un livre. Tous les élèves ont en outre un carnet avec gomme et crayon.

 

On emporte parfois des filets à papillons, confectionnés par les élèves, des pioches, une scie à main, plusieurs boîtes grandes ou petites avec couvercle pour échantillons de roches, fossiles ou animaux divers. On prend aussi des ballons, cordes à sauter et divers autres accessoires pour les jeux d'éducation physique.

 

SUR LE TERRAIN. - Départ en rang, les plus jeunes suivant la marche : la classe a jugé que c'était mieux ainsi, après avoir longtemps utilisé le départ sans ordre réglé. Chants dirigés jusqu'à la pleine campagne. Alors la dislocation s'opère et les équipes se forment. Chemin faisant, les tâches prévues se présentent, tout le monde s'arrête s'il y a lieu, le groupe intéressé se met au travail, mesure, décrit, récolte, prend des notes, dessine ou photographie, les camarades regardent, écoutent, critiquent ou s'occupent de leur côté à la tâche qui leur incombe. On marche un peu plus loin en chantant. On juge telle parcelle de terrain : son utilisation, sa culture, son rendement... L'heure des jeux vient ensuite ; en campagne, on peut se livrer à des jeux extrêmement variés et divertissants, souvent éducatifs.

 

Nous recommandons à ce sujet : Le livre des jeux, édité par l'Arc tendu ( fédération des Éclaireurs de France), 21, rue Chauchat, Paris - 9e.

 

On se repose un peu ensuite dans un site joli ou agréable, on cherche pourquoi on y est si bien, le maître ouvre son livre et on écoute comment s'exprime un artiste sur le même sujet, un groupe prend des notes. On goûte, on fait de temps à autre le café ou le thé, parfois même on prépare et on consomme un petit repas (omelettes diverses, soupes simples, pommes de terre à la braise, escargots, pommes, etc...) car on ne regarde pas à l'heure de la rentrée : les parents sont avertis, ils ont d'ailleurs mis dans les musettes les ustensiles et les provisions nécessaires.

 

On trouvera pour la cuisine en campagne d'excellentes directives dans les ouvrages suivants :

                    

Baden-Powell : Éclaireurs (À l'Arc Tendu, déjà cité) ;

Manuel de camp (À l'Arc Tendu) ;

Loiseau : Cuisine de Camping (À l'Arc Tendu).

 

D'autres fois, on construit une hutte, un ponceau, on aménage une source, on cherche à rendre service en remontant une baraque de pierres sèches détériorée, en traçant un sentier dans un bois, ou bien on s'occupe à des besognes plus immédiatement utilitaires : on ramasse pour les jardins scolaires du terreau de feuilles, de la terre de bruyère que le cheval d'un grand frère viendra chercher à temps perdu, ou bien on arrache des plantes en motte pour les transplanter au jardin botanique de l'école. On mesure sans cesse ; les puits, les tonneaux de sulfatage, les maisonnettes rencontrées, les murs, les champs, les arbres, on cube, on évalue rapidement les prix de revient ; en travail de classe ou de maison, on calculera plus exactement avec les chiffres réels donnés par le papa ou le spécialiste.

 

On rentre par une voie, d'autres observations se présentent, ou bien on se presse pour ne pas être trop en retard, on chante, on serre bien fort ses trouvailles. On arrive à l'école où on se hâte de déposer sa moisson de récolte, il faudra peut-être encore loger une chenille dans sa boîte d'élevage, y placer aussi la plante qu'elle affectionne, ou bien étaler des papillons avant qu'ils ne soient trop secs, ou planter immédiatement la plante à élever dans le jardin botanique ; rien de ce qui est périssable n'est abandonné au lendemain. On sait ce que cela coûte de recherches et de soins pendant le transport, on sacrifie volontiers quelques instants de jeu, et d'ailleurs quel jeu serait plus intéressant que ce vrai travail ?

 

Et voilà la classe-exploration, active, joyeuse, vivifiante et féconde.

 

EN CLASSE ET À LA MAISON. - Rentré chez lui, l'enfant raconte à table ce qu'il a vu et fait, et chaque sortie apporte ses enthousiasmes. Il se renseigne sur les prix, les chiffres que le maître n'a pas pu ou voulu donner, car il faut que l'enfant sache se débrouiller lui-même : c'est le dosage d'une bouillie viticole, le rendement travail d'un attelage, d'un ouvrier, la récolte d'un terrain, etc. Il se documente ainsi pour rédiger sérieusement sa part de compte-rendu, il travaille déjà à cette rédaction.

 

En classe, le lendemain, d'autres travaux nous attendent. On retrouve les insectes, les plantes, les roches apportés la veille. Il faut, pour les identifier, feuilleter, souvent pendant des heures qui ne sont pas perdues, les ouvrages de la bibliothèque de documentation : ils renseignent en même temps l'élève sur la vie, l'utilisation ou les méfaits de l'objet qui l'occupe. Puis il faut élever en cage ou mettre en collection. Enfin, on doit rédiger, lire devant la classe le compte-rendu, le revoir en tenant compte des observations présentées par le maître ou les camarades, mettre enfin au net, avec dessins, sur un cahier à feuillets mobiles choisi parmi les plus beaux et sur lequel c'est un honneur de faire figurer son ouvrage. Plus tard on ajoute les photos s'il y a lieu. On rédige aussi des fiches de documentation, avec dessins et mesures, sur les insectes et les plantes élevés, les travaux locaux, les récoltes, les prix. Tout cela restera dans les archives de l'école, les générations suivantes s'y renseignent, en pousseront plus loin la perfection en tenant compte des acquisitions nouvelles de la technique ou de la science.

 

VOYAGES SCOLAIRES. - Afin d'élargir l'horizon des écoliers et d'appliquer leur savoir-faire à des choses neuves, deux voyages scolaires sont effectués en fin d'année. Il ne s'agit pas seulement de déplacements de plaisir, mais de véritables explorations en pays nouveau. La préparation par le maître est ici plus difficile, plus minutieuse, mais toujours indispensable. Nous appliquons la même technique que pour l'exploration du milieu immédiat, c'est-à-dire : formation d'équipes, dessins, interviews, récolte d'échantillons, comptes-rendus. Un cahier spécial, Nos beaux paysages, abondamment illustré de croquis, photos, itinéraires, gravures découpées dans les notices des Syndicats d'Initiative, reçoit régulièrement les descriptions et les impressions des petits voyageurs.

 

TACHES PERSONNELLES HORS DE LA CLASSE. - Les sorties sont trop espacées pour permettre de voir et de suivre tout ce qui présente un intérêt éducatif ; la classe perdrait d'ailleurs du temps si elle devait suivre tout entière des observations de détail demandant parfois un déplacement journalier. D'autre part, il est bon de laisser à l'initiative et à la responsabilité de chaque élève le soin de s'acquitter d'une tâche déterminée. On pourra ainsi mieux juger des qualités et des défaults de chacun.

 

Au début de l'année scolaire, on présente donc aux élèves une liste de sujets d'observations. Voici, à titre d'exemple, quelques-uns de ceux qui ont été proposés en 1937 : étude de la végétation annuelle d'un pied de vigne ; même étude pour un jeune pommier ; l'année viticole chez nous (divers travaux successifs avec dates et chiffres divers) ; l'année potagère calendrier des semis, travaux, récoltes et intempéries) ; l'année des insectes (dates d'apparition, attaques aux cultures) : l'année météorologique. Les élèves choississent librement selon leurs goûts ou leur situation spéciale (fils de jardinier, élève venant d'une ferme, etc.). Plusieurs élèves sont chargés du même travail pour éviter des lacunes dues à la maladie ou à la négligence, mais chacun rédige son cahier personnel ; on pourra ensuite comparer les observations. Après avoir remis le cahier d'observations à chaque élève, le maître donne à chacun des groupes les directives nécessaires. Chaque semaine, on vérifie la régularité des travaux, on fait présenter à la classe les remarques intéresantes ou discutables. En fin d'année, on lira l'ensemble des observations et les meilleures seront conservées.

 

C'est encore après la classe que l'enfant se livre à des recherches souvent fructueuses : insectes, plantes, minéraux. Il recherche et provoque l'aide des grandes personnes : un chasseur donnera un oiseau qu'on ne possédait pas encore, un vigneron présentera une chenille à déterminer, une feuille de vigne malade, un jardinier passera un légume dépérissant et demandera la cause et le remède, un autre communiquera un résultat intéressant obtenu avec telle variété de plante, tel produit, tel procédé de culture. L'école est ainsi considérée comme le centre local des recherches ; elle y gagne énormément non seulement en estime mais aussi en documentation de toutes sortes.

 

Pour clore ce chapitre, j'insisterai sur trois conditions qui doivent partout garantir le succés de nos techniques :

 

1° donner aux enfants des tâches dont l'utilité est évidente à leurs yeux, et, à ce point de vue, c'est le "vrai travail d'homme" qu'ils entreprendront toujours avec passion ;

 

2° avoir le souci constant de cultiver la volonté chez l'élève mais chercher à faire agir bien plutôt qu'à faire agir vite ;

 

3° ne pas oublier cependant que la volonté est terriblement inconsistante chez l'enfant et qu'il faut un ressort puissant pour l'épauler ou la raviver. Ni les exhortations, ni les menaces, ni les punitions n'ont jusqu'ici donné les résultats espérés dans ce sens. Nous avons au contraire obtenu ce que nous avons voulu avec l'enthousiasme. Il faut, dès le début de l'année scolaire, enflammer les enfants en fixant à la classe un dessein grandiose. Cet idéal paraîtra bien puéril à des adultes, mais ne doit-on pas être puéril avec des enfants ? Voici quelques-uns de nos enthousiasmes excessifs :

                    

“Notre école est vilaine, il n'est pas possible de le faire améliorer, nous allons quand même, nous, des enfants, en faire la plus belle école de la région.”

                    

“Personne n'a daigné jusqu'ici étudier à fond les richesses géologiques, botaniques ou entomologiques de notre terroir, c'est nous qui nous en chargerons !”

 

“Les insectes ravagent les récoltes des hommes impuissants, nous dépisterons ces insectes et nous connaîtrons leurs secrets et leurs points vulnérables.”

 

C'est avec une telle méthode que le grand Bakulé obtint de ses petits miséreux les incroyables résultats que l'on sait. Plus modestement, mais avec la même foi en l'enfant et la même bienveillance pour lui, nous pouvons en attendre une transformation radicale de nos classes.

 

 

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II. - L'ÉCOLE ET LE MATÉRIEL

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Il est évident que pour permettre de telles études et les conduire sérieusement, l'école doit posséder un aménagement, un matériel et des ouvrages qu'on n'a pas encore coutume de trouver partout. Nous avons utilisé pendant huit ans une école très exigue pourvue de cours encore plus petites que les salles de classe. Nos collections y étaient fort à l'étroit et nos cultures en vases de fortune nous ont conduit à bien des déceptions. Depuis deux ans, nous avons la satisfaction de disposer d'un groupe neuf exécuté en tenant compte d'une grande partie de nos désirs.

 

1.Une SALLE DE CLASSE vaste est nécessaire. Les élèves doivent y travailler par groupes à leurs observations, élevages, recherches, ce qui demande de nombreux déplacements. Il faut encore la place pour les vitrines, l'aquarium, les boîtes d'élevage, les bibliothèques de documentation, la table d'expériences souvent chargée de matériel.

 

2.LE MOBILIER. Des vitrines sont nécessaires pour abriter nos collections. Celles que nous possédons sont de trois types et ont été fabriquées à très bon compte par le menuisier local.

                    

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VITRINE MURALE POUR OISEAUX NATURALISÉS. - Les dimensions que nous avons adoptées sont les suivantes : longueur, 3 m. ; hauteur, 0 m. 46 ; profondeur, 0 m. 36 ; fabriquée en bois blanc léger, teintée en classe au brou de noix et vernie. Intérieur peint au ripolin blanc. Le devant est partagé en trois panneaux vitrés, la vitre du centre est fixe, mais elle peut s'enlever car elle est maintenue en place par des baguettes en demi-rond légèrement clouées, au lieu de mastic. Les vitres des extrémités sont coulissantes dans une simple rainure pratiquée en haut et en bas du cadre, on les tire au moyen d'une plaque de verre collée à la seccotine sur la vitre. Ces vitres sont en verre double ; l'augmentation de prix est infime par rapport au supplément de solidité. À l'intérieur (voir croquis), une étagère en marche d'escalier permet d'aligner une deuxième rangée d'oiseaux. Il est bon que cette vitrine soit aussi hermétique que possible pour éviter la pénétration de poussières, ainsi qu'une trop rapide évaporation des produits conservateurs (camphre, naphtaline) qu'on placera dans les angles. Quarante oiseaux de taille courante (du troglodyte au moyen duc) y conviendront aisément.

                    

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BOÎTE-VITRINE POUR ÉCORCES, BOIS, FEUILLES, GRAINES, ETC... - C'est une simple caisse aux dimensions : hauteur, 60 cm. ; largeur, 45 cm. ; profondeur, 7 cm. 5. Le fond est en contreplaqué, le devant est constitué par une vitre  coulissant dans les rainures des côtés. Cette vitre déborde de 2 cm. En haut, c'est par là qu'on la tire. Si on craint l'introduction de poussières – ce qui n'est pas rare dans nos classes – fixer à la traverse supérieure une bande de drap qui viendra s'appliquer contre la vitre (voir figure). La boîte est fixée au mur par deux pitons à anneau.

                    

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TABLE-VITRINE POUR INSECTES, ROCHES, OBJETS HISTORIQUES. - Toujours en bois blanc, soigneusement poncé, teinté et verni ; intérieur peint en blanc et partagé en deux parties égales pour permettre de partager également en deux parties le couvercle vitré qui serait trop lourd d'une seule pièce. Six pieds légers. Pour piquer insectes et papillons, il serait nécessaire de poser sur le fond une plaque de liège. Cette matière étant d'un prix trop élevé, nous l'avons remplacé par deux couches de carton ondulé dont les cannelures se faisant face pénètrent les unes dans les autres (voir croquis). On recouvre le tout d'une feuille de papier blanc (genre Canson). Les dimensions extérieures de nos tables-vitrines sont : longueu totale, 2 m. ; largeur, 0 m. 50 ; hauteur totale, 0 m. 72 ; hauteur intérieure de la caisse, 0 m. 12.

 

TABLES D'EXPÉRIENCES ET DE MANIPULATIONS. - Très légère pour être facilement déplacée. Longueur, 1 m. 50 ; largeur, 0 m. 90 ; hauteur, 1 m. 10. Munie à 40 cm. du sol d'une planche étagère à rebord tenant la moitié seulement de la largeur et consolidant l'ensemble. Peinte en blanc, dessus en zinc. Comme le zinc est cher, on peut le remplacer gratuitement par une ou deux de ces affiches métalliques imprimées justement sur une feuille de zinc. Signalons en passant que les lambeaux de ces affiches sont précieux pour d'innombrables travaux manuels et pour la confections rapide de nombreux appareils scientifiques.

 

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BIBLIOTHÈQUES DE DOCUMENTATION. - Confectionnées par les élèves en séance de travail manuel. Le modèle représenté sert en même temps d'étagère pour vases de fleurs ou présentation de produits agricoles. Peint à la poudre d'aluminium et agrémenté de damiers au ripolin noir ou bleu.

                    

ÉTAGÈRES D'ANGLE. - De belles étagères d'angle pour la culture de plantes d'appartement peuvent être confectionnées par les élèves d'après le modèle que nous donnons. Le devant est en bois contreplaqué de 3 mm. Qui se courbe facilement, il est cloué dans le bas sur une planche de 25 mm. d'épaisseur qu'on fixe dans l'angle du mur. Placées haut aux quatre coins de la salle, elles pourraient servir encore pour une installation d'éclairage indirect.

 

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CAGES D'ÉLEVAGE DE CHENILLES. - Contreplaqué de 5 mm. aux dimensions du croquis, qui ne sont d'ailleurs qu'indicatives. Un trou de 12 mm. est pratiqué sur chaque côté, en haut pour l'un, en bas pour l'autre côté. Grillager avec du treillis de tamis fin, au besoin avec étoffe genre étamine. Dans le dessous de la cage, un trou de 12 mm. également, permet le passage de la branche plongera dans un flacon d'eau placé entre les montants. Le devant est constitué par une feuille de verre coulissant derrière d'étroites planchettes de contreplaqué clouées à plat sur la tranche des côtés et du dessous.

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ÉTALOIRS À PAPILLONS ET PETITS MATÉRIEL VARIÉ seront décrits dans l'exposé de la technique qui les concerne.

 

3- MATÉRIEL SCIENTIFIQUE. - Un vestibule inutilisé attenant à la salle de classe renferme le gros matériel scientifique et expérimental. À côté des quelques produits chimiques traditionnels, nous y rangeons notre stock de produits agricoles : engrais, insecticides et fongicides divers, nos herbiers, ainsi que les appareils de pulvérisation et l'outillage délicat : greffoirs, sécateurs, etc.

                    

Nous y plaçons encore divers appareils de laboratoires agricoles : pèse-moût, ébulliomètre, acidimètre, ainsi que nos appareils d'optique : cinéma, lanternes de projection, microscopes, cuve à eau, etc. Nous faisons un usage presque journalier du microscope, nous en possédons trois donnant 40-70 et 200 à 400 diamètres.

                    

Dans des boîtes fabriquées en classe avec du carton ou du contreplaqué léger, nous avons enfin le petit matériel pour l'étude des sciences naturelles : aiguilles montées, droites, courbes et en fer de lance (aiguille à cataracte) que les élèves fabriquent en un clin d'oeil avec des aiguilles à repriser ou à tricoter enfoncées dans un bout de manche de porteplume. Si on veut courber ou aplatir l'aiguille, on la détrempe au préalable dans la flamme de la lampe à alcool ; on retrempe légèrement ensuite après avoir affûté à la meule. Il faut des aiguilles de grosseurs variées depuis la fine aiguille de brodeuse jusqu'à la grosse du bourrelier.

 

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PINCES. - Les pinces de chasse servent à capturer les insectes dangereux ; on les fabrique aisément en courbant par leur milieu des baleines de corset en acier, en opérant doucement ; il est inutile de chauffer. Les pinces pour manipulations sont achetées pour quelques francs. Il en faut au moins deux : une à bouts larges et plats, assez forte et une autre à mors courbes n'ayant pas plus de 2 mm. de largeur à leur extrémité (voit figure).

                    

Ajoutons encore : une paire de ciseaux fins à dissection non démontables, un scalpel, un ou deux flacons de chasse à cyanure, un flacon de formol 40 % de 100 cm3, une seringue à injection ordinaire de 2 cm 3 avec trois aiguilles de fort numéro. Le flacon à cyanure, dangereux à respirer, peut être remplacé par des fioles à ampoule qu'on remplit de coton imbibé d'éther acétique ou de benzine. Nous nous servons cependant du cyanure (plus pratique) depuis plusieurs années sans avoir eu le moindre ennui. Évidemment, il faut avertir sérieusement les élèves du danger qy'il y aurait à "sentir" le flacon.

                    

Le petit matériel (épingles, étiquettes, etc;) sera mentionné plus loin.

 

Enfin, nous avons un stock important de boîtes vides variées, fioles, tubes verre et aluminium apportés par les élèves.

 

4. BIBLIOTHÈQUES. - La bibliothèque scolaire et populaire occupe une salle spéciale. Nous avons dans la salle de classe, à portée des élèves, deux bibliothèques de documentation sur les étagères déjà décrites. L'une est réservée aux sciences, l'autre aux lettres. La bibliothèque scientifique comprend la plupart des ouvrages indiqués dans la présente brochure. La bibliothèque littéraire contient les dictionnaires : classique, synonymes, épithètes, étymologiques, quelques bons ouvrages de lectures historiques et géographiques, d'histoire et géographie régionales, des histoires de la civilisation et du travail. Elle reçoit, de plus, les cahiers de comptes-rendus et, temporairement, certaines pièces d'archives communales ou scolaires. Deux grands élèves sont responsables de ces bibliothèques : malgré qu'elles aient été journellement consultées librement, tous les ouvrages y sont encore en bon état.

 

5. - JARDINS SCOLAIRES. - L'école possède dans son enceinte (il s'agit d'une simple grille laissant passer les regards du dedans comme du dehors) trois jardins d'expériences alimentés d'eau sous pression.

 

a) JARDIN BOTANIQUE ET PARTERRE. - Situé en façade, ce jardin de 300 m2 environ, agrémente l'école. Les élèves y ont planté plus de 200 rosiers qu'ils taillent, traitent, multiplient par greffage, bouturage ou marcottage. On y a planté divers arbres d'ornement et on y sème des fleurs annuelles ou vivaces. Les élèves se chargent de la plupart des soins et traitements. Une bande de 30 mètres; le long de la façade, est aménagée en jardin botanique local : elle reçoit les principales plantes et arbustes de la région qu'on pourra ainsi étudier à loisir sous leurs divers aspects végétatifs. Toutes les plantes, y compris arbres et rosiers sont étiquetées sous tube de verre hermétique.

b) VERGER. - Cette parcelle, close de murs (200 m2 environ) est plantée d'arbres fruitiers variés en gobelets nains ou en espalier. Chaque élève reçoit la garde d'un arbre à la rentrée : il doit observer sa végétation, le soigner, être présent lors des opérations de taille et des traitements.

c) JARDIN POTAGER. - 400 m2. Ce jardin a été entièrement aménagé par les élèves qui ont exécuté en béton les murettes bordant les allées, les fosses à couches et à compost. Ils y font de fréquentes visites et s'y occupent à propos des divers travaux ou de l'apparition des ennuis divers. Ils se répartissent les nombreux plants en excédent provenant des pépinières d'arbres ou de légumes. Des essais relatifs aux fumures, variétés de légumes, époques de semis, façons culturales, procédés d'arrosage, abris contre le ventg, le froid et le soleil, lutte contre les ennemis des cultures, y sont faits chaque année. Comme pour les arbres, chaque élève suit la végétation d'un carré de légumes de son choix et mentionne, à chaque visite, ses observations et mesures sur un cahier spécial.

 

6. - L'ATELIER. - Une vaste salle bien éclairée est aménagée en atelier de travaux manuels. Les élèves y disposent de tout l'outillage nécessaire aux menus travaux de forge, menuiserie et serrurerie. Ils y fabriquent beaucoup de petit matériel ou mobilier scolaires, y réparent et affûtent les divers outils agricoles. Le but recherché ici est moins d'enseigner les techniques du travail du bois ou du fer que de faire sentir à l'enfant la nécessité d'un croquis fidèle, de lui donner des habitudes de soin, d'ordre, et le goût du travail bien fait.

 

7. - ÉLEVAGES. - Un essai d'élevage de lapins a beaucoup intéressé les élèves. Nous nous proposons de construire avec eux un clapier moderne et de les intéresser à cet élevage.

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