Exprimer, extérioriser, conduit à une prise de conscience

Nous avons fabriqué des masques en vue de la représentation d’un spectacle aux « petits vieux » d’une maison de retraite. Ensuite nous avons choisi un thème : la noce campagnarde … ce qui permettrait pas mal de situations comiques et à la fin les masques pouvaient entraîner les « petits vieux » dans la danse… Voir La Brèche n°27.

Un dessin est un terrain où s'affrontent symboliquement des forces inconscientes, où peuvent se vivre symboliquement des situations conflictuelles. II est permis par ce truchement, de transposer une agressivité impossible à vivre dans le cadre familial et social.

Exprimer, extérioriser, c'est-à-dire projeter hors de soi quelque chose, amène, grâce à la confrontation avec une réalité intérieure rendue visible, à une prise de conscience. Puis grâce à une analyse, à une prise de distance, qui permet d'objectiver la réalité en général, et d'en reconnaître les aspects multiformes.

Et cela nous paraît particulièrement intéressant au moment de l'adolescence où la vie affective cherchant à s'affirmer par la double conquête de la personnalité et de son insertion dans la société adulte, pousse l'individu dans un état proche du déséquilibre.

Cette activité peut permettre à l'adolescent d'enrichir la connaissance qu'il a de lui-même et de mieux se situer par rapport à une double réalité : subjective et objective, et de mieux appréhender des rapports de l'une ou de l'autre. La création artistique canalise l'affectivité, tout en permettant une valorisation souvent nécessaire.

Elle permet aussi de découvrir les autres.

Bernadette MAIN

 

 

La part du maître

Un compagnonnage éducatif où le maître a beaucoup à apprendre

Comment accepter que dans nos classes il n’y ait que du bon, que du beau, mais  aussi de ces travaux qui donnent froid dans le dos, de ces œuvres qu’on ne voudrait jamais voir ?

Comment réagissons-nous devant de tels déferlements de violence, de rancœur, de souffrance ?

Comment allons-nous faire face à cette agressivité qui nous vise, nous, adultes, nous, professeurs, nous, homme ou femme ?

Comment communiquer alors que bien souvent un rideau de fer tombe lorsqu’on approche, ou que  nous-mêmes nous ne sommes pas toujours à l'écoute au moment voulu ?

Comment intéresser, comment aider, comment favoriser cette libre expression ?

Comment passe de ces gargouilles, de ces vomissures conscients ou inconscients à une expression moins tourmentée… plus rassurante ?

Et pourtant ne faut-il pas que cela sorte ?

Et ceux qui n’expriment pas cette violence, cette agressivité, ne la ressentent-ils pas en eux sans pouvoir s’en libérer ? Que faire alors ?

Attendre passivement ou les aider pour que ça sorte ?

Face à ces problèmes qui se posent à nous, nous nous sentons bien démunis.

Et souvent nos moyens intellectuels, physiques, matériels, nous paraissent insuffisants pour nous permettre de tout régler.

Ce que nous faisons, c'est essayer de créer un climat de confiance ; puis apporter des conseils techniques, de mise en page, d'observation, d'équilibre, de perspective, de logique... des conseils d'organisation, pour un travail individuel, ou en groupe Mais aussi ce que nous essayons, c'est de donner l'occasion à ces élèves de prendre de: responsabilités, de se prendre en charge, et de « découvrir » le monde qui les entoure, nouveau centre d'intérêt.

Le dessin n'est plus alors seulement un défoulement, ou l'expression d'une angoisse. II peut devenir moyen d'expression, un langage, aussi riches que la langue orale ou écrite.

 

Et quand on sort de la classe

Crime de lèse-murs

1° tableau : Un CEG comme les autres, comme tant d’autres… c’est-à-dire conçu pratiquement totalement en baraquements préfabriqués dont certains ont plus de quinze ans et l’élégance que l’on sait …

2° tableau : Un directeur attentif, à l’écoute, ouvert… quelques maîtres qui veulent faire quelque chose … des élèves qui aiment la liberté, les grands espaces pour peindre …

3° tableau : Des élèves peignent les murs… de grandes fresques naissent… des réussites, des erreurs … le C.E.G est plus joli, c’est accueillant et tout le monde est content… quand des personnes « étrangères » à l’établissement viennent, elles disent leur satisfaction… tout le monde est content … sauf …

4° tableau «L'administratif préposé» à la vérification du bon entretien des locaux... qui se plaint des détériorations... qualité discutable des fresques, etc... lettre de la préfecture, du maire, de l'I.A... toutes enjoignent de faire en sorte que l'on ne laisse plus «barioler» des locaux appartenant à la communauté... Le conseil d'administration du C.E.G. est saisi... On fait état de certaines écoles ayant obtenu des prix pour la décoration de leurs murs (voir n° 254 de la revue L'Éducation, p. 23).

5° tableau : Nous avons gardé nos fresques … peut-être que d’autres naîtront … Le C.E.S tout neuf qu’on nous promet depuis dix ans arrêtera peut-être cette soif de faire vivre les murs des lieux où l’on vit, pour l’agrément de tous … mais là aussi il y aura de grands murs nus … alors ?

aller au musée, faire venir le musée

… Nous avons vécu, senti. Nous avons pu toucher les sculptures de Krachberg, et ce fut pour mes élèves un étonnement, mais surtout un ravissement. Ce fut aussi une dédramatisation du Musée en lui-même, du peintre ou du sculpteur célèbre, du créateur, et toutes les pistes qui ont été lancées ne seront pas perdues, je le sais.

M.Vibert

Cette expérience est relatée dans l’Éducateur n°9

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