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Un disque nouveau LES CHEVAUX

Réalisation de la commission musique I.C.E.M - Synthèse de J.-L. Maudrin.

Le Cheval reste toujours un animal fascinant pour l'enfant. Il est à la fois objet de déplacement comme une voiture, comme une moto :

« …je partis loin, loin, cers les terres lointaines... »

mais en plus, il est vivant, presque humain :

« ... le cheval, il nous disait : « Montez ! » avec sa tête, il nous appelait... »

De plus, il garde une silhouette particulièrement attachante dont l'esthétisme reconnu de manière ancestrale résonne dans l'expression enfantine actuelle :

« ... il était une fois un cheval Crin Blanc. Il était si joli avec sa crinure. Il galopait. Il sautait... »

II peut même devenir objet de projection :

• être vivant qui souffre quand on le maltraite, qui craint les approches et les caresses comme peut les craindre un enfant battu :

« .., il voulait pas parce qu'il crut que j'allais lui faire du mal comme les gens qui lui faisaient du mal. Ils le prennent par la queue, ils le tirent par la queue... »

• être vivant qui connaît la joie... le rire et même peut faire le clown :

« ... il faisait le clown, il faisait l'imbécile avec moi... »

• être vivant qui peut devenir compagnon de rêve :

« ...il me disait : « Je vais aller voir les cosmonautes qui sont dans la Lune... »

• être vivant de l'intérieur, libérant des inquiétudes, des fantasmes et les exprimant sous forme de contes :

« LE CHEVAL ET LA CHOUETTE »

• être vivant qui peut connaître les mêmes aventures que l'enfant, les mêmes mésaventures aussi

« ... il vit un crabe, et le crabe le pinça... »

Enfin, le Cheval s'identifie à une terre demeurée sauvage et libre comme il peut l'être aussi. L'enfant de la pédagogie Freinet connaît bien cette liberté qu'il conquiert grâce à l'expression libre :

«  … la Camargue de ma vie, la Camargue de mon coeur »

Mais le Cheval est aussi lié aux rêves d'enfants, aux manèges que décrivent ces adolescents de Douvres. Une musique qui tourne, qui peut prendre le ton du clown et du cirque sans jamais risquer d'ironiser devient la marque de l'Enfance quittée mais non oubliée dans ce qu'elle laisse de souvenirs joyeux.

« C'est un petit cheval blanc qui emmène des messieurs d'où qui faisait froid. Il les emmène là-bas avec sa petite remorque.

Puis une écl' (un éclair)... l'orage arrive.

 Puis... ça est tombé sur le petit cheval. Puis le petit cheval est mort.

II est mort sans voir le soleil, sans voir le printemps. »

Le Cheval décrit par les enfants de Fère-en-Tardenois est un cheval qui travaille. Il n'est que le « moteur » d'une charrette et il fait son métier sans avoir le droit à l'amitié, aux caresses, aux remerciements, à la gratitude de quelque sorte. Une vie toute triste, entourée du tonnerre de l'angoisse, de la pluie froide de l'ennui, des claquements de ses sabots sur la chaussée humide martelant son labeur monotone jusqu'à ce qu'un coup de tonnerre multiplié vienne mettre fin à ces jours sans soleil. Cette musique est directement inspirée du Petit Cheval de Paul Fort, fallait-il le rappeler :

Le petit Cheval noir se refuse-t-il à être noir ? En a-t-il le droit ? Sa maman est blanche, son papa est gris !.

LE TIERCE, pastiche musical créé par les adolescents de Douvres.

Les chevaux se présentent sur la ligne d'arrivée. Les parieurs annoncent leurs numéros et c'est le départ de la course. Le train va s'accélérant jusqu'à l'arrivée. Les trois premiers sont annoncés. La monnaie sonne dans les poches des gagnants.

Les chevaux rentrent au paddock : les premiers sont alertes. Les derniers sont les éclopés malchanceux. Quant au traînard, il est complètement « sonné ».

Voilà un disque dont le thème rassemble les expressions d'enfants et d'adolescents d'horizons divers.

Pièces musicales, instrumentales ou chantées, riches de significations que nous aurons plaisir à écouter et dont nous apprécierons les accents d'authenticité qui en font une véritable oeuvre d'art.

J.-P. L.