Il ne connaissait pas la sécurité du foyer si nécessaire aux petits. Il n'était pas très doué pour J'école. Il ne s'entendait pas avec ses problèmes et l'orthographe lui était assez étrangère. C'est parce qu'il se trouvait dans une école à deux classes qu'il arriva dans la grande classe. Mais il était si calme ! gentil ! dévoué ! trop sérieux pour son âge. L'amitié lui faisait du bien. Il était l'un des plus bricoleurs et il aimait aussi le dessin sans pour autant y réussir. Probablement qu'il rêvait en étalant ses couleurs. Il créait son soleil ! Il nous donna un jour une tête. Cette tête il s'y était projeté. Elle était triste comme sa tristesse était. Les yeux en étaient lointains, rêveurs à l'image des siens. Il s'en dégageait comme un appel à la pitié, à la compréhension. Toute la classe le sentit. Chacun sut dire à Tintin ce qu'il ressentait devant ce tableau de la misère. Je l'envoyai à Elise parmi cinquante dessins. Elle sut le retenir et il figura à l'exposition, à je ne sais plus quel Congrès. Ce fut tout ; mais ce fut assez, comme dit Daudet dans la charmante poésie : « Les Prunes ». Tintin fut ravi. Son dessin était exposé. Il avait donc su faire quelque chose de valable. On s'était penché sur son oeuvre. Alors, il reprit courage. Il en avait déjà tant ! Il travailla de tout son coeur pour préparer son certificat. Il améliora du double, du triple son calcul, son orthographe. Il prit sa part dans les jeux dramatiques. Il avait foi en lui. Il ne réussit pourtant pas au C.E.P., mais cela était au fond sans grande importance. Ce qui comptait c'était sa transformation intérieure, c'était l'assurance, qu'il avait reçue de tous, qu'il pouvait s'exprimer, communiquer valablement avec d'autres. Et Tintin est reparti dans la vie d'un pas plus ferme et plus rassuré. M. VANDEPUTTE. |
|