Les Couëts - Bouguenais (L.-A.)
M.Goubert

Donnons-nous la main

DEUX années se sont presque écoulées depuis qu'un certain après-midi de vacances, j'ai pris contact, à Vence, avec les techniques de l'Ecole Moderne.

Devant les magnifiques oeuvres artistiques exposées, j'avais, alors, compris les possibilités de l'enfant placé dans un cadre enrichissant et je me suis engagé, sans hésiter, dans la voie que Freinet nous a tracée.

Texte libre, journal, correspondance, coopérative, tout cela a démarré progressivement, avec enthousiasme, mais il restait le domaine artistique, où je me sentais perdu. Les années passées sur les bancs des écoles ne m'avaient appris ni les subtilités de l'art, ni même, le maniement du pinceau.

Comment un maître, n'ayant aucun talent particulier pour la création artistique, aurait-il pu apprendre à chaque enfant « à choisir d'instinct la chose la plus chargée d'humain et à la préférer au navet pompier... ? ».

Quelques essais nous avaient permis de progresser, mais comment savoir si ces résultats étaient valables ?

Nous étions dans l'impasse.

C'est alors que j'ai décidé de suivre durant l'année 1960-1961, les cours de dessin de la C.E.L..

L'évolution des enfants a été étonnante pour le néophyte que je suis, mais si tant de peintures éclatent aujourd'hui sur nos quatre murs, c'est à vous, Elise Freinet, que nous le devons.

Adieu, gravures des temps passés, nous ne disposons plus d'assez d'espace pour mettre en valeur notre riche moisson et nos oeuvres partent, de-ci de-là, porter le message de la création enfantine.

   

Notre marche lente vers des sommets qui nous paraissaient inaccessibles, vous l'avez soutenue par votre gentillesse, vos conseils, vos encouragements.

Que de fois devant les dessins vides et les mains malhabiles me suis-je demandé :

« Arriverons-nous jamais ? ».

Puis, peu à peu, les solitudes se sont peuplées, la fantaisie et le rêve se sont libérés et les pinceaux qui tâtonnaient sont devenus plus sûrs.

Les enfants progressaient dans la joie et le maître apprenait à sentir la poésie de leurs originales découvertes.

En février, vos félicitations nous ont redonné un regain d'enthousiasme et en une semaine, travaillant pendant leurs seuls temps libres, les enfants ont fait jaillir de leurs pinceaux, une vingtaine de peintures dont eux-mêmes sont restés étonnés et ravis.

Et maintenant, tous les chefs-d'oeuvre, aux murs, sont les témoins d'un travail méticuleux et persévérant et ils nous rappellent, à chaque instant, qu'en toute chose, la réussite est au bout de l'effort.

Mais, il nous reste beaucoup à apprendre, dans un domaine où tout est langage subtil.

Il ne faut pas que la ronde s'arrête, il faut que d'autres enfants, comme les miens, voient s'ouvrir, devant eux là magnifique route de l'Art enfantin.

Vous tous, camarades, qui avez acquis une si riche expérience, venez à notre aide car seuls nous ne pourrons réussir.

Jean LE GALL.

Les Couëts-Bouguenais (L.-A.).

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