Miroir d’eau

« Dans la cour est une simple flaque d'eau »

La flaque d'eau brille,
Belle et lisse,
Je m'y suis penchée
Et j'ai vu, à l'envers,
Le monde qui montrait un visage inconnu.

La flaque d'eau est devenue un miroir à deux faces.
L'une triste comme la nuit qui vient
L'autre, claire, comme l'aube qui naît.
Et dans le miroir magicien,
J'ai lu une très belle histoire qui n'en finit plus.

Je me suis penchée sur l'eau et j'ai vu
La grande Dame Verte
Qui mire son visage Fantôme.

Elle était là, immobile
A regarder le ciel au-dessus d'elle...
Avec ses yeux de rêve...
Le vent est passé
Et la Dame Verte a frissonné
Un nuage a glissé
La Dame Verte s'est effacée
Et la pluie a brisé le miroir de rêve.

L'eau songe
Le vent s'y pose et se ride
Des ombres coulent à petits pas
Dans le miroir d'eau qui se trouble.
J'ai fermé les yeux et j'ai écouté
La musique du petit oiseau qui chante
Et je suis partie
Avec la musique sur mes lèvres.

J'ai posé mes yeux sur le miroir mouvant
Et jai vu la plume qui vole au vent
Chanson infinie à mes yeux qui rêvent
Blanc duvet
Emporté
Dans la route mélancolique
De mes pensées.

Et l’eau a refleté
Ma chanson apaisée sur les fleurs jaunes du jardin.
Bouquet de jonquilles
Dans le vase clair du soleil
Chanson dorée en quête d'amitié
Sur la route
Et qui s'évanouit dans mon songe.

Chanson triste évanouie
Dans mon songe
Et la paix douce de l’eau.

 

Un visage d'arbre
Lentement se penche
Pour regarder sa chevelure,
Et à travers les cheveux dénoués de l'arbre
Le bleu de la nuit a glissé.

J'étais en attente
De la chose extraordinaire qui allait se passer.
Les arbres, monstres sombres,
Attendaient eux aussi.
Et l'eau grise
A frémi.

Quelle est cette image étrange
Qui ride la face de l’eau
C'est la vie des arbres
qui chantent
Pour notre printemps
Et pour notre hiver
Amer.

J'ai vu
Mon visage dans l’eau immobile
Et mon front clair qui pensait.
Et mes pensées, bulles d'air qui s'en allaient...
Alors, je me suis vue
Toute petite dans le grand monde.

Sous moi un morceau de terre
Au-dessus un morceau de ciel
Et toute la terre.

J'étais si petite dans l'immense monde
Que dans l'eau j'ai vu ma pâleur.

École de Filles d'Onesse - Landes
J. Pabon-Bertrand

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