L’ENFANT noir est au cœur de la féerie du monde : la nature est autour de lui le livre ouvert de la sagesse où le bien et le mal se livrent un combat permanent sous les auspices des bons et des mauvais génies. Une culture ancestrale quotidienne, lui enseigne le respect de la création dans cette actualité qui toujours le domine.

Dans la généreuse fertilité et les exubérances plus ou moins traîtresses de la brousse, les génies sont innombrables et dressent leurs sortilèges à chaque pas de l'inconnu. Ils sont dans la fleur déployée, dans l'arbre fantastique, dans l'oiseau merveilleux, dans le reptile qui glisse, dans toute la faune perfide qui à peu de distance de la case affirme les prérogatives de ses domaines,

Ainsi sollicité sur le plan visuel, intellectuel et moral, le petit noir agrandit la réalité de tout l'au-delà des choses, si bien qu'il est riche plus que tout autre parce qu'il sait que chaque créature, chaque plante, chaque élément a ici-bas une mission à remplir.

Cette ampleur spirituelle du monde qui l'entoure le rend d'emblée lyrique dans ses pensées, ses sentiments, dans ses dessins où toutes les élégances de la vie prennent place.

Nous ne saurons jamais dire pourquoi si loin de la culture - celle du moins qui a des prétentions à la connaissance - l'enfant noir reste le plus cultivé des enfants de la terre au sein d'un univers où chaque cellule, chaque parcelle de vie a un sens.

R.LAGRAVE

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