Mon amie la mer

Je suis parti vers la mer, mon amie : elle m’attendait.
Je dévalais la côte pour arriver plus vite et rien qu’en la regardant, je savais qu’elle approchait.
C'était un jeudi de morte-eau.
La plage était déserte.
La mer était au plein.
Elle s'était faite belle pour m'accueillir, dans sa jupe brodée d'écume Les rochers mouillés luisaient au soleil et son sable tout propre s'offarit à mes pieds nus.
Calme comme un bonheur tranquille, elle semblait heureuse de me revoir. Elle bruissait joyeusement et elle chantait et moi. je chantais avec elle.
En escaladant les rochers au pied de la falaise, j'ai gagné la Pointe de la Béchue, et là, j'ai eu toute la mer pour moi, pour moi tout seul.
Je me suis senti devenu heureux et grand, grand comme elle.
- A quoi pensais-tu ?
- A la mer ! Rien qu'à la mer !...
C'était mes yeux qui pensaient.
Des canards sont venus, des canards sauvages au plumage tout noir, avec un peu de jaune sur le bec.
De loin, ils m’avaient vu arriver sur la plage.
Ils étaient mes amis.
Et moi je leur parlais et toujours la mer était là, douce et attentive comme une maman.
- A quoi pensais-tu quand tu es rentré chez toi ?
- A la mar !
- Tu croyais toujours que la mer était à toi ?
- Oui, pusique j’étais tout seul avec elle et qu'en fermant les yeux je la voyais.
- Tu étais triste alors ?
- Non ! Joyeux !... Je marchais à reculons pour la regarder encore et, le soir, je me suis endormi dans ses vagues qui me berçaient.

Serge

École de Plérin-Bourg, Côtes-du-Nord

(Photo J. Ribière)

   
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