Ecole de Séguret

Vaucluse

ans notre école de village le dessin tout comme notre enseignement est dépendant des conditions du milieu : les spectacles variés des saisons, les évènements surprenants suscitent le besoin de reproduire par le dessin et la peinture les scènes qui ont frappé le regard ou l'imagination des enfants.

C'est ainsi que le froid exceptionnel qui en 1956 foudroya nos belles olivaies provençales fut à l'origine d'une éclosion véritable de dessins et peintures de qualité. C'était comme si les enfants ne pouvaient se résigner à la disparition de ces beaux arbres centenaires qui faisaient corps avec les paysages, comme s'ils voulaient les faire durer dans leur souvenir et prolonger leur destin au-delà de la mort. Tout se passait comme si brusquement nos élèves étaient devenus plus attentifs aux réalités de la nature, à l'éclat des étés, au flamboiement de l'automne, à la pureté de l'hiver, à la splendeur du printemps.

Chaque coin de paysage leur était devenu plus familier, comme personnel : la maison, le grangeon dans la vigne, un arbre fantastique se profilant dans le ciel, retiennent leurs regards, suscitent leur méditation. Ces visages de la terre familière, se peuplent peu à peu d'animaux, de personnages qui font partie intégrante du terroir. Si bien, que chez nous le dessin est toujours, à son départ, réaliste, proposé, justifié par la réalité. C'est pour ainsi dire un esprit d'école qui anime garçons et filles qui s'organisent par équipes, se spécialisent dans les détails, vont sans appréhension jusqu'au bout de leur tâche.

Je croirais volontiers que la bonne peinture est d'abord de la peinture heureuse et qu'elle n'a pas d'histoire.

R. GROSSO.

 

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