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dessin n'est pas pour nous la course au chef-d'oeuvre. Savons-nous seulement
ce qu'est un chef-d'œuvre ? Quelles exigences il requiert pour s'imposer
à l'attention méditative de l'observateur ?
Nous osons dire que nous avons du chef-d'oeuvre,
une notion très relative et personnelle... Chacun de mes garçons fait
pour le mieux et en prodiguant patience, invention, couleur et délicatesse
il a le sentiment de réussir son chef-d'oeuvre, celui qui le satisfait
et qu'il propose à l'admiration des autres avec une fierté baignée de
joie, excluant toute prétention : « Regardez ! ».
Son regard va de nos visages bienveillants à la
feuille qu'il tient à bout de bras et même si par bonté d'âme nous lui
disons simplement : « Oui ! ce
n'est pas mal du tout », il prend dans cette appréciation le meilleur
de notre indulgence, de notre amitié et cela fait partie intégrante de
la valeur de son oeuvre. Si bien que nous avons beaucoup d'oeuvres chargées
des sentiments bienveillants, nuancés, qui tiennent compte de la plus
haute personnalité de chacun. Le désir de ne pas peiner sera longtemps
encore plus impératif que le besoin de juger. Simplement nous faisons
de notre mieux pour que le pouvoir créateur de chacun soit préservé, raffermi.
Toute ma part du maître est dans cet appui, affectif et moral, que je
m'ingénie à assurer à tous.
Peut-être les initiés soucieux d'enseignement
efficace me feront-ils le reproche de totale incapacité à instruire ?
Bah ! nous ne préparons pas ici les futurs
prix de Rome. Nous savons simplement que les coeurs heureux sont toujours
à la hauteur de la vie qui les habite et pour rien au monde je ne voudrais
retrancher la plus mince part de bonheur aux enfants qui me sont confiés.
VAN DE PUTTE (Lille).
École de Léderic, Lille
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