XVIe CONGRES INTERNATIONAL ECOLE MODERNE

10 – 14 avril

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ANS cette cité Avignonnaise, berceau de la peinture française, les nombreuses Ecoles modernes qui participent à notre grande Exposition Internationale vont faire sentir au grand public l'authenticité d'un Art naissant et s'épanouissant en toute spontanéité.

Dans un monde mécanisé où les esprits et les coeurs se banalisent, s'uniformisent à l'image de ces cubes de béton et de ciment, geôles modernes des fourmis humaines, nous avons plaisir à venir chaque année nous replonger à l'écoute du monde au milieu de ces oeuvres fraîches, naïves ou recherchées, mais toujours créées dans la joie des mains, du coeur et de l'esprit.

Lorsque vous pénétrerez dans la salle de l'exposition de l'Hôtel de Ville, vous serez d'abord éblouis par la richesse des coloris, par le caprice des formes et vous penserez peut-être que toute cette fantaisie est un jeu gratuit, désinvolte et charmant.

Asseyez-vous donc paisiblement près de ce lit d'enfant sur la couverture duquel 40 petites Marseillaises vous sourient à travers ces portraits de filles-fleurs. Et maintenant, écoutez monter vers vous le chant du monde : chant de la terre, du ciel, des eaux, du feu et de l'homme, rêvés et recréés par des mains et des âmes d'enfants. Car ce jeu n'est nullement gratuit, pas plus que ne le furent les Arts de tous les temps. Il est né d'un besoin profond, primordial de l'être humain de prendre sa place dans le monde où il vit, d'exprimer ce monde et de s'exprimer lui-même. Besoin de contemplation, de création, de communion qui se transmet d'âge en âge et fait de nos petits les héritiers de la longue tradition humaine inscrite depuis des millénaires sur les parois des grottes préhistoriques.

Comme leurs lointains ancêtres, sans prétention aucune, dans la ferveur d'un accord affectif profond avec les êtres et les choses qui l'entourent, nos enfants projettent sur les murs de nos classes cette vision chaleureuse, vivante, joyeuse, illuminée, de notre monde.

Pauvres adultes que nous sommes, nous avons oublié cette splendeur du monde ! Nous avions oublié que les arbres fleurissent, que l'eau coule, qu'elle chante. Nous avions oublié tout ce qui nous entoure pour nous enfermer dans un monde gris, banal.

Nos petits vont nous réapprendre à voir. Et nous, qui voulons être des éducatrices, nous allons à notre tour à l'école des enfants apprendre à voir et leur donner à voir.

Je crois que c'est la plus haute fonction de notre métier.

 

Madeleine PORQUET, Inspectrice des Écoles maternelles

Photos Merle

 

Impatience des tout-petits à libérer leurs poèmes graphiques...

   

... souci de leurs maîtresses d'en comprendre le message sont raisons de permanent succès d'une pédagogie toute entiète axée sur la libre expression de l'enfant.

 

Les éducatrices maternelles, groupées autour de Madeleine Porquet, en travail de commission.

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