Ecole maternelle de Tournemire, Aveyron

'ENFANT nous arrive chaque jour riche d'une vie bouillonnante. Il s'est attardé le long de la route à cueillir les fleurs du printemps, à observer les insectes nouveaux, à contempler tout ce qui est étonnant aux yeux du tout petit, face au grand monde.

Le voici à l'école où il ne trouve pas toujours, tant s'en faut, le milieu accueillant, la sollicitude totale d'une éducatrice qui doit se dépenser sans compter, pour une quarantaine d'élèves.

Il faudrait cependant presque autant de mamans que d'enfants pour préserver les richesses enfantines que nous avons le devoir de sauvegarder. Pas d'espace pour installer en permanence les ateliers où chaque enfant voudrait travailler à l'heure de son choix ; pas d'argent surtout, ce qui l'oblige à se contenter des matériaux pauvres, alors que la chose belle serait la bienvenue. Heureusement il y a à sa portée, la joie de vivre, et les techniques de libre expression viennent à notre secours pour laisser chaque enfant courir sa chance, même dans les contingences limitatives de la communale. Le don de création est certainement la pierre d'angle de toute pédagogie efficiente.

Toute offrande doit être acceptée, retenue, magnifiée, si l'on veut que la personnalité de l'enfant se construise, car déjà à ce niveau elle est exigeante. Le dessin, que le tout petit choisit d'instinct parce qu'il ne dresse aucun obstacle à ses initiatives, est certainement l'occasion la plus favorable d'exalter cette personnalité. C'est ce qui explique que le dessin soit individualisé très tôt. Chacun de nous reconnaît sans hésitation les dessins de Jacqueline, de Pierrette, d'Alain et de chacun des éléments de notre communauté scolaire. Toutes ces créations sont d'ailleurs sans prétention. En faisant un dessin, on a simplement le sentiment de faire une chose belle et d'en recueillir joie et noblesse à l'instant de la dernière touche du pinceau.

Est-ce de l'art ? C'est pour nous une question subsidiaire. Nous savons seulement que si l'on devait supprimer le dessin dans notre classe, ce serait un très gros malheur, car n'est-ce pas ? puisqu'il y a tant de belles couleurs et de beaux spectacles dans le monde et tant de poésie dans l'âme fervente des tout petits, il faut bien que nous en soyons les premiers bénéficiaires, au coeur de la joie créatrice de monde.

Mlle ARCIER

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Ecole annexe maternelle de Niort, Deux-Sèvres

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