Du blanc sur la ville grise
télécharger le texte seul en RTF
Dame
Neige continue sa dentelle Elle
oublie son mari qui là-bas l'appelle Nous sommes restés un instant suspendus au charme endiablé de cette scène de chasse glissant sur ce fond de ciel gris, dans le tumulte déchaîné des loups, derrière le rideau des flocons, plus diaphanes et où transparaît en filigrane le bleu d'azur qui annonce la fin du sortilège, le désenvoûtement de l'enfant-poète redevenu écolier des murs gris de la Citadelle. Car, nous le sentons bien, la fin de l'enchantement approche et le drame est prêt à surgir de la moindre défaillance de nos illusions encore accrochées aux derniers flocons de la voilette de Dame Neige, qui tout doucement, là-haut, range ses aiguilles et sa pelote, dans les feux des premiers rayons du soleil... Quelle catastrophe va se préparer ? Fondre, Dame Neige ? Sa robe ? Incorrect ! Son collier ? c'est inoffensif peut-être, mais aussi implacable qu'un présage. C'est le Ravi toujours qui prolonge l'enchantement et sait nous retenir à la hauteur de notre rêve : Je
sais dit-il Et dont les ailes chargées d'effluves étranges, frôlent les piles du Pont St-Laurent... Et nous en sommes sûrs, à l'instant où l'ivresse des printemps délivrera les eaux vives, la mouette redescendra du Nord vers les fourrés de mai où elle déposera ses oeufs bleus, tout chauds d'espérance, au creux du nid le plus douillet, capitonné avec amour par les dentelles de nos illusions, Roger LAGOUTTE |
Ecole de la Citadelle C. P. (garçons) Chalon-s/Saône (S.-et-L.)