Ecole de Filles Pluméliau (Morbihan)

Notre maison : L’ECOLE

PLUMELIAU est Un petit bourg de campagne environné de champs, de prés, d'arbres peuplés d'oiseaux qui viennent jusque dans notre classe sans être le moins du monde effarouchés. Les arbres, les prés en fleurs, les oiseaux, on les retrouve dans chaque peinture d'enfants ‑ ils sont décor et atmosphère.

Notre école n'est pas de construction moderne, mais elle est sympathique et parfois belle. C'est l'école d'il y a cinquante ans, le logement des instituteurs au milieu et de chaque côté une classe. Séparée du bourg, elle jouit de la paix des champs : derrière un grand pré où paissent des vaches tranquilles et sereines ; devant, la cour enrobée est nette et lisse comme un grand tableau noir, aussi les enfants y dessinent leur graffiti en toute liberté. Allongés ou accroupis, ils inscrivent leurs rêves sur le fond noir et tous les bouts de craie y passent. Souvent, on se croirait en pleine civilisation rupestre, n'étaient les dames à chapeaux et en falbalas qui signent ces oeuvres de modernisme et de caprice féminin.

On respecte ces chef-d’œuvres d'un jour parce qu'ils sont un instant d'invention et de rêve et l'on passe à côté avec précaution.

Deux grands parterres de fleurs bordent la cour, toujours bien entretenus, toujours nets et ordonnés si bien que pour finir on trouve l'école belle et on est heureux d'y vivre. En ce moment, il y a des centaines de tulipes, des myosotis, des lilas et des plantes vivaces qui ne nous déçoivent jamais à l'arrivée du printemps.

La classe commence à neuf heures, mais tous les jours les élèves sont là dès huit heures. Elles entrent en classe et en sortent comme elles veulent pendant les interclasses.

 

   

En hiver, dès leur arrivée, elles allument le feu car nous avons encore le vieux poêle à bois qui trône au milieu de la classe. L'été elles mettent un ordre plus méticuleux dans la salle, arrangent des bouquets, cirent les tables, s'ingénient à parfaire les petits détails d'une classe nette. Elles vont et viennent aussi pour achever des travaux de la veille, en mettre d'autres en train si bien que lorsque j'arrive, j'ai l'agréable impression d'une journée bien commencée. Les unes sont à l'imprimerie, les autres au lino, au fichier, à la préparation des couleurs... et tout ce travail se fait avec bonne humeur dans un échange d'impressions, de conseils dans lesquels on sent que toutes ces fillettes sont chez elles, à l'aise dans leur vie d'écolière. Il me semble impossible d'imaginer que des maîtres puissent rentrer en classe dans le désordre et l'apathie de leurs élèves.

Souvent, des collègues se plaignent de leurs élèves, critiquent leur laisser-aller et leur indiscipline. Pour ma part, je n'ai jamais à me plaindre et jamais à sévir : mon petit monde est très actif, très spontané et très raisonnable. Nous avons une confiance totale les unes dans les autres et cela bien sûr vient après une longue pratique d'humanité, de simplicité, de dévouement de chaque jour. Les élèves de fin d'études qui vont me quitter cette année, sont restées huit ans avec moi. Nous nous connaissons donc bien et nous nous aimons.

Mes élèves sont des enfants d'ouvriers modestes. Les fils de fermiers riches vont à l'école privée. Il y a donc chez nous une sorte d'unité sociale qui fait que plus qu'ailleurs peut-être, nous sommes entre nous.

Nous avons au travail le même comportement que lors des interclasses, parce que pour nous la classe c'est la vie qui continue, avec sérieux et bonne volonté. Je pourrais parler longuement de chacune d'elles, sans qu'elles soient offensées des vérités que je pourrais leur dire car nous savons que nous avons nos petits défauts et nos grandes qualités, celles qui viennent de l'enthousiasme et de l'élan des coeurs généreux.

Nos dessins sont à l'image de notre communauté scolaire : ils sont chantants, nets et simples. Il y a bien sûr celles qui sont naturellement artistes, mais il y a aussi toutes celles qui les suivent, qui les admirent, les imitent et deviennent peu à peu, elles aussi, fort habiles dans le dessin et la peinture. Nous ne pouvons malheureusement peindre que par petites équipes de cinq, six élèves, la place nous manquant pour des séances collectives. Les résultats sont cependant satisfaisants et notre classe est toute décorée de nos productions qui sont de temps en temps changées, pour que chacune ait sa part de joie à offrir le meilleur d'elle-même par une belle peinture.

Mais que valent ces peintures ? Elles ne visent pas au succès car nous ignorons si elles ont les mérites nécessaires pour signifier le chef-d'oeuvre. Cependant, à chaque exposition locale ou nationale, à tous nos congrès nos oeuvres sont appréciées et sans chanter victoire nous pouvons dire que nous sommes heureuses des résultats.

   

Ecole de Wingles (P.-de-C.)

Une école si simple et si modeste ne vise pas à servir d'exemple à d'autres écoles plus importantes par le nombre des élèves et la richesse de leurs bâtiments modernes. Je dois dire pourtant que la petite école de village a des avantages qui sont peut-être trop méconnus. Elle fait partie d'un terroir qui a gardé ses richesses ancestrales, sa confiance en la vie, son honnêteté travailleuse, car ici tout se gagne par le labeur des mains et par la sincérité du cœur. On ne triche pas avec la terre : elle ne donne qu'à celui qui la féconde de sa sueur et de son travail. Mes grandes et mes petites filles ne trichent pas non plus avec la vie scolaire. Elles savent qu'elle ne peut être que la conséquence des actes faits avec bonne volonté et plaisir. Ainsi, elles sont à la hauteur de leur vérité et c'est une situation favorable qui les honore et honore la classe et je fais de mon mieux pour préserver cette richesse des êtres généreux et purs. Peut-être l'éducation n'est-elle pas autre chose.

Mlle LE HELLAYE


Ecole de Pont-de-Claix (Isère)
   

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