DE TOUT SON COEUR

DANS notre Ecole Maternelle nous faisons équipe avec ma collègue depuis treize ans (la Directrice ayant les bébés). Nous avons alternativement les moyens et les grands. Nous avons donc les enfants deux ans, nous les connaissons bien et nous les voyons évoluer dans tous les domaines.

Nous commençons l'année scolaire avec les petits de 4 ans dans une classe aux murs nus, qui bientôt se couvrent de dessins, de peintures et de tentures. Nous repartons ainsi sur du neuf avec chaque équipe.

Nos petits adorent l'encre de Chine sur bristol et les dessins aux gros pinceaux, au trait, sur papier d'affiche coloré. Les résultats sont rapides, toujours jolis et c'est le départ vers des réalisations plus complètes.

Ils font aussi bien sûr, beaucoup de barbouillages, de tâches de couleur plus ou moins motivées, pour le simple plaisir. Tout n'est pas réussi, les couleurs trop mouillées se mélangent, le dessin initial (s'il y en a un) disparaît, mais les petits font leur expérience : ils sont heureux et c'est là l'essentiel.

Chez les grands de 5 à 6 l'inspiration devient plus collective. L'histoire choisie pour le journal le matin a inspiré des graphismes au crayon de couleur sur les cahiers, des dessins au coliric pour un album aux correspondants. Aussi on retrouve dans les ateliers de l'après-midi les thèmes d'inspiration du travail de la classe : le château, les arbres en fleurs, la chèvre de Pierre-Louis, les oiseaux, etc...

La correspondance joue un très grand rôle dans la vie de la classe.

Dans ma classe actuelle (5 à 6 ans) j'ai 40 inscrits, 30 présents régulièrement, une classe très petite. Les petits au maximum peignent ensemble. 4 sur les tables, 2 au chevalet. Ils choisissent leur format, partent d'un dessin à la craie, ou agrandissent au pinceau un dessin réussi, ou peignent directement.

   

Ils travaillent vite, se fatiguent vite aussi, plus qu'autrefois. Ils reprennent rarement volontiers une peinture inachevée, ils préfèrent en faire une autre. Les oeuvres les plus réussies ont été faites d'un seul jet. Jean-Pierre, un grand garçon très turbulent, a fait en un quart d'heure, derrière le chevalet, la maison et les cyprès, pendant que je racontais l'histoire, en fin d'après-midi.

On fait de temps en temps une critique collective des oeuvres. Les enfants savent très bien critiquer les négligences et les maladresses. La plupart aiment les formes nettes et les couleurs vives. L'exposition - boule de neige du groupe, que j'ai affichée une semaine, ne les a pas incités à copier ce qu'ils voyaient. Ils gardent leur technique personnelle et leurs idées. Les murs de la classe sont décorés par un peintre professionnel depuis quatorze ans, Je n'ai jamais retrouvé dans un dessin une copie de ces peintures adultes. Mais si j'affiche le travail d'un élève de la classe, alors j'aurai pendant quelques jours le thème qui y est exprimé ou certains détails repris, amplifiés, toujours différents.

Chacun a sa manière, difficile à analyser, mais que les enfants reconnaissent avec une sûreté qui m'étonne toujours.

Le dessin, pourrais-je dire, centre presque toutes les activités des enfants.

Les créations sont donc multiples, très variées, surtout en fin d'année, quand les enfants se sont rendus maîtres des techniques d’expression. Aussi nos richesses sont largement prodiguées, aux correspondants, aux amis, aux expositions locales, aux expositions nationales, et c'est là notre plus grande joie : pouvoir donner un peu de ce qu'on aime quand on l'a réalisé de tout son coeur.

Yvette FEVRIER.

 

 

 

 

 

 

 

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