Doucement mais sûrement le marché
tente de nous séduire ! Ces
derniers mois, deux exemples doffensive nous le rappellent concrètement. TF1
propose un jeu « le grand concours » destiné aux collégiens de 5ème.
Les collèges volontaires devant sélectionner cinq élèves avec un quiz « portant sur le programme de 5ème
et la culture générale » organisé par ces mêmes établissements. La société de
production (celle de « Qui veut gagner des millions ») récupère ainsi cent
jeunes pour un test télévisé prévu le 16 février. Cette demande de TF1 a été
appuyée par un courrier de Jean-Paul de Gaudemar (directeur de lenseignement
scolaire). |
Les syndicats denseignants ont protesté et se sont
indignés (limage et le nom des enfants sélectionnés pouvant être utilisés pour
tous produits dérivés et tous supports sans salaire, ni dédommagement) et nont eu
aucune difficulté à se faire entendre de Jack Lang (Porto Alegre oblige).
TF1
maintient son jeu mais en changeant son mode de sélection.
La
prévention routière en région parisienne propose, aux enfants de CM2, un film sur
la sécurité. Il est composé de plusieurs séquences avec, pour chacune delles, un
dessin animé et un film « en
réalité ». Les enfants devant être « très attentifs », car le film
est suivi d'un questionnaire donné par les deux policiers qui le présentent. Or, dans
chaque dessin animé, la situation de départ se déroule devant la vitrine d'un Quick, on
ne voit jamais d'autre magasin, de même dans les passages « en réalité »,
le seul commerce apparaissant est encore un Quick. Donc sur 20 minutes de projection, la
moitié fait de la publicité pour le restaurant. Le film touche ainsi beaucoup d'enfants
(à cette époque de l'année, ces deux policiers en ont déjà vu 2100 dans notre seul
département).
Dans le
premier exemple, TF1, en utilisant lÉducation nationale pour sélectionner, joue
sur plusieurs tableaux : elle économise les coûts, assure à son émission une aura
éducative favorable à laudimat et donc aux retombées publicitaires et,
subrepticement, tente dapprivoiser les enseignants. On ne peut que penser aux
privatisations où la concurrence utilise et utilisera les infrastructures existantes
(Télécoms, EDF et SNCF
).
Dans le
deuxième exemple, les visées sont
identiques mais plus discrètes, plus pernicieuses :
-L'enfant objet de consommation : on utilise le
fait que les enfants soient obligés de regarder le film sans zapper, dans un projet
éducatif, guidé par leur enseignant. Effet puissant pour un coût de production
minimum et un circuit de distribution gratuit !
-L'école productrice de citoyens à sa
convenance : sans difficultés,
l'entreprise entre à l'école, sous prétexte de compenser le manque de moyens, elle
offre kits, matériels, vidéos... aux enseignants. Dans un premier temps, cela ressemble
à de la publicité que lon peut souvent cacher (pour nous apprivoiser
peut-être !) et dans un deuxième temps, lorsque nous serons bien habitués, quand
nous serons bien dépendants, lentreprise ne participera plus qu'aux projets
éducatifs lui convenant, cest à dire les plus rentables financièrement et
idéologiquement.
LÉducation
nationale ferme-t-elle les yeux ou est-elle éblouie par le libéralisme ambiant ?
Soyons
vigilants, résistants et intransigeants !
Catherine Chabrun
Groupe départemental 91