France-Roumanie
aller-retour
Des enseignantes roumaines en stage dans des classes
Freinet, un stage de formation organisé en Roumanie et une colonie
« Freinet » de 120 jeunes à laquelle participe des enseignants français de lICEM.
Regards croisés sur cette action de coopération internationale.
Stagiaires en France
Pour la deuxième année consécutive, dans le cadre d'un accord
ICEM-ARSM (Mouvement de lEcole Moderne roumain) et ministère des affaires
étrangères, des
stagiaires roumains ont été reçus dans des classes de Vendée,
dIlle et Vilaine et de Seine-Maritime pendant deux semaines, loccasion pour
elles de découvrir la pédagogie Freinet auprès denfants qui la vivent au
quotidien.
Sinziana et Codruta ont proposé en retour des ateliers de
roumain quotidien (apprentissages des formules de politesse, des mots utiles à la
correspondance, numération, dates, chants
) daide à la lecture des lettres en
Roumain que Sinziana avait apportées, aide à lélaboration dun exposé sur
la Roumanie qui sera mis en ligne sur le site Internet de lécole. Elles ont bien sûr participé à toutes les
activités de la classe.
Leur séjour a été aussi loccasion de découvrir la
région, le patrimoine cauchois (habitat, paysage, cuisine) ; de rencontrer des élus
locaux, lI.E.N. des agriculteurs et des enseignants.
Ce stage a été très enrichissant pour les adultes et pour les enfants. La correspondance entre la classe de Sinziana et celle de Denise Fouquer en sort renforcée. Codruta va mettre en place une correspondance avec la classe de Chrisitine Saindon, (elles auront toutes deux un C.P. ). Le choix de rester 15 jours sur la même école permet davoir le temps de voir le fonctionnement pédagogique et institutionnel de lécole
.Il serait intéressant de poursuivre les échanges, (avec les
mêmes stagiaires) de les développer (avec dautres stagiaires), de choisir ensemble
des axes de travail prioritaires, de définir un réseau de classes dobservation où
les collègues roumaines se rendraient pour observer plus précisément, laxe
défini (lieux de parole, travail individualisé, fonctionnement coopératif
).
Lécole de vacances internationale
de Poieni Strambu
Du 10 au
20 juillet 2001, dans le département de Timisoara, 120 enfants et 33 adultes dont 2
formateurs français représentants de lI.C.E.M. ont participé à une
« école de vacances » organisée par le Palais des enfants de Timisoara et
A.R.S.M. de Timisoara, financée par le Ministère de léducation et de la recherche
de Roumanie.
Objectifs de lécole de vacances
-Familiarisation des enfants avec les principes fondamentaux de
la Pédagogie Freinet.
-Utilisation des techniques Freinet dans le cadre dateliers
(textes libres, expression, création..).
-Education civique, mise en place dinstances de régulation
(Réunions de coopérative, bilan quotidien..).
-Promotion de la langue française.
Modalités de fonctionnement
Les organisateurs avaient préparé une grille de programmation dateliers
pour le matin et laprès-midi. Les colons étaient divisés par niveaux dâges
et affinités sous la responsabilité dun animateur. Chaque groupe devait participer
à tous les ateliers sur le temps du séjour (ateliers du matin : texte libre , jeux logiques, expression plastique, éducation à la santé,
enquête documentaire, découverte du milieu, expression corporelle ; ateliers de laprès-midi :
parlons français, expression dramatique, modelage, création manuelle et technique,
expression musicale, nous et les autres, découverte du milieu).
Parallèlement au déroulement des ateliers quotidiens, deux
ateliers permanents fonctionnaient : radio/TV et
journal. Des temps spécifiques prévus dans la grille étaient consacrés aux activités
sportives.
La vie
collective et les règles de vie
Pour que le groupe fonctionne, différents conseils et
institutions ont été mis en place :
-conseils exceptionnels pour les journées à thèmes ( 14
juillet, carnaval, feu de camp) ;
-panneaux : (Je critique, Je propose , Je félicite),
lus, discutés et pris en compte au conseil des adultes auquel participaient tous les
adultes de la colonie et les représentants des enfants ;
-conseil de cantine quotidien : avec un enfant de chaque
groupe, la directrice de la colonie, les cuisinières et ladministrateur ;
-conseil de groupe où les enfants choisissent la délégation
pour le conseil de la colonie ;
-conseil de la colonie avec tous les adultes et la délégation denfants.
Les règles de vie de la colonie ont été élaborées dans les
groupes, présentées par le responsable enfant du groupe au conseil de la colonie. Un
groupe dadultes et denfants a rédigé les règles et les a affichées dès le
premier jour de la colonie.
Les
moments collectifs quotidiens
-le matin
aérobic
-repas en deux services avec un groupe responsable du
service(mise de la table, service, nettoyage)
-19 heures : présentation des travaux des ateliers et
rapport de la patrouille écologique
-20 h 30 : émission de radio présentée par latelier
permanent, suivi de lactivité discothèque encadrée par un groupe dadultes
Evaluation
Les bilans adultes et enfants montrent la satisfaction
générale. La colonie a été un lieu de
travail et de formation pour tous adultes et enfants. Les institutions mises en place ont
permis un fonctionnement démocratique de cette école de vacances. Ces pratiques
démocratiques vécues par les enfants lors de cette école de vacances pourraient sappliquer
dans les classes.
Denise Lelouard Fouquer
(ICEM-Hattenville)
Mariana Bandea (ARSM)
Jean-Pierre
Geslin (ICEM-Aizenay)
Eunika Laszlo (ARSM)
Eunika, en stage à Aizenay Groupe Scolaire Louis Buton-85 J'ai vécu une des expériences les plus extraordinaires de ma
vie d'enseignante au côté de collègues dont l'expérience dans la pédagogie Freinet
est plus que bénéfique. Ils ont eu l'amabilité de partager avec moi leur expérience de
vie et leur expérience professionnelle, ainsi j'ai réussi à comprendre ce que c'est la
pédagogie Freinet pour l'enseigné et pour l'enseignant en même temps. J'ai compris que
la mentalité de l'enseignant et son attitude envers l'enseigné, constituent le premier
pas vers la pédagogie Freinet. Après avoir organisé l'espace scolaire en vrai lieu de vie, le
rôle de l'enseignant reste celui de fin observateur des choses et d'arbitre correct et
impartial. Tout cela devient possible si toute activité est bien conçue, en temps et
conditions et si chaque élève connaît bien ce qu'il doit et peut faire. Ici, le Plan de
travail est la colonne vertébrale de toute activité qui se veut une réussite (tant dans
le travail individuel que dans le travail collectif). J'ai apprécié l'évaluation permanente et lauto-correction
qui prouve la confiance des élèves dans leurs propres forces, ce qui les encourage dans
leurs efforts de continuer l'étude et d'aider les autres à avoir confiance en
l'enseignant et dans la responsabilité de leur propre travail, mais aussi l'implication
des parents, de chaque enfant, de l'enseignant et de ses collègues, la responsabilité de
chacun pour chacun, et pour soi-même par les moyens d'expression les plus naturels, tels
que : sourires, pleurs, remarques favorables, défavorables, décisions, etc. Ce que j'ai bien retenu, c'était le droit de l'enfant de communiquer et de s'exprimer par ses propres
moyens. c'était un emploi du temps conçu pour 2 semaines ce qui donne la possibilité à
l'enseignant de le renouveler en fonction des besoins des enfants. Quoi de mieux qu'un
programme réglé sur les besoins des bénéficiaires ? Et cela est valable pour toute activité, débat, article dans le journal
de l'école ou toute autre tâche scolaire. Ce qui m'a vraiment frappé pendant tout le stage c'était le
rôle qu'on donne à l'enfant dans la bonne marche de l'enseignement dans les classes
Freinet. Tout d'abord le conseil de classe dirigé par les élèves et pour les élèves
qu'ils représentent. C'est dans ce conseil que les élèves se sont totalement impliqués
par leurs : "je critique, j'apprécie et je propose". La responsabilité est
partagée et cela fait que chacun du groupe se sent responsable pour lui et pour les
autres. J'ai bien remarqué ce que la correspondance scolaire avait pu
apporter à l'amélioration de la communication avec d'autres cultures du monde. La Fête du livre m'a paru tout à fait extraordinaire. Donner
aux enfants la possibilité de se présenter par leurs propres créations (individuelles
ou/et en équipe), c'est merveilleux et encourageant. Puis, la collaboration des parents
qui soutiennent le travail des enseignants n'est pas du tout négligeable, au contraire. Quant à l'implication des enfants dans la vie sociale cela m'a
bien marqué, puisqu'on sait que ce n'est pas du tout facile d'aborder les maires et les
municipalités n'importe quand. Ce que j'ai vu à Aizenay (la rencontre à la Mairie avec
le Maire) c'était bien une leçon d'éducation civique. Tout a été
incitant, agréable et efficace ! C'est pourquoi j'ai décidé de tout mettre en oeuvre à
l'école N° 2 de Reghin, dans ma classe et surtout de parler à tous mes collègues de la
pédagogie Freinet et leur faire connaître mon expérience. J'ai ainsi animé un atelier
d'organisation de la classe Freinet au stage de Reghin, j'ai mis en place le projet d'un
journal scolaire pour la Fête de l'école et j'essaie de mettre en place un Plan de
travail où l'enfant ait le rôle central dans toute activité scolaire et la correspondance scolaire Eunika Laszlo |
Voyage en Roumanie Pour Jean-Pierre, laventure commence lors de laccueil
de collègues roumains à Aizenay, quand un parent délève offre un photocopieur quil
sagit de convoyer en Roumanie. En juillet, il prend la route avec la ferme intention
de participer à lécole de vacances de Poienei. « Deux certitudes en partant : la Roumanie c'est au bout de
l'autoroute et des gens m'attendent, Marlanna, Bibi, Denise... Après un périple de 48
heures, me voilà à la frontière roumaine avec le fameux Xerox à faire « avaler » aux
douaniers, fort du certificat de don et celui d'acceptation de don (en français d'où les
problème). Tout est bien qui finit bien, grâce au copain de Bibi et à quelques papiers
fournis par Marlanna. Nous partons pour les Carpates. Lécole dété Une impression de Front Populaire, les premiers congés payés,
les premiers instits ou les premiers curés qui ont emmené les mômes en vacances en
France dans les années 50. Une impression de savant bricolage (centrale électrique sur
le torrent, aménagement simple des chambres) et tout ça à la bonne franquette car tout
le monde a fait le maximum pour que matériellement tout soit parfait. La vie en collectivité : -Un conseil avait lieu chaque jour dans chacun des 7 groupes
d'enfants avec l'animateur (trice) - Les travaux des ateliers étaient présentés chaque soir à
tout le monde avec explications et commentaires des enfants et des ados (8 à 18 ans) -Un panneau « je critique, je propose, j'ai bien
aimé » était affiché dans un lieu accessible à tous les enfants - Un conseil d'adultes avait lieu chaque soir dans le
réfectoire. Au cours de ce conseil du soir, nous avons contribué avec Denise à ce que
le panneau soit pris en compte en conseil, que des délégués des groupes d'enfants
participent au début du conseil et puissent prendre la parole et qu'un ordre du jour soit
établi pour cerner les questions du jour à aborder afin que les débats finissent
à un moment ou à un autre. Le contenu des activités ou ateliers : Le principe était de proposer chaque matin et chaque après-midi
des ateliers aux 7 groupes de jeunes, selon un roulement qui proposait (imposait ?) à
tous de participer à chaque atelier, souvent à dominante d'expression, originaux,
insolites, inventifs, parfois conventionnels. Un grand souvenir des ateliers d'arts
plastiques, ainsi que de l'atelier d'éducation sexuelle, seule tribune ouverte pour que
des ados s'informent et, parlent un peu de tout ça.. Quelques réflexions partagées avec des collègues sur les
ateliers nous ont conduits à penser que la notion de projet permettrait de mener des
activités à plus long terme, et que la notion de choix des ateliers pourrait apporter
une plus grande motivation surtout chez les ados. Nos interventions, en tant qu'apport théorique Denise est intervenue auprès des enfants et des adultes sur le
texte libre, auprès des adultes sur une approche « naturelle » de la lecture, j'ai
parlé un peu de textes libres mathématiques que l'on pratique avec d'autres collègues
à l'école. On s'est bien gardé d'utiliser
le mot méthode, et nous avons juste contribué à ouvrir le débat, sans perdre de vue
que c'est la solution roumaine qui émergera. J'ai également mené un atelier de
théâtre-burlesque, donc non verbal. Pour finir Une pensée particulière pour le 14 juillet très...
« Vive la France » et pour l'Aérobic : coutume barbare qui consiste à
réveiller sauvagement et à 7 h 30 du matin le français de base qui n'a pas fini de
distiller la «suica» de la veille, pour s'adonner à de pénibles travaux de remise en
forme para-abdominale.. Mais pour l'essentiel, les souvenirs sont magnifiques, en ciel
étoilé, en chants qui réchauffent le cur dans une tendre amitié. Merci pour tout et un conseil aux amis français :
Allez-y » Jean-Pierre Geslin, Aizenay quelque part à l'autre bout sur la
carte de l'Europe |