Plus de postes denseignants, moins délèves par
classe... Pour quelles pratiques pédagogiques ? |
Le mouvement de grève du département
de la Loire-Atlantique a connu une ampleur jamais vue : 70% de grévistes sur
plusieurs semaines - écoles occupées par les parents - manifestations de 10000 personnes
- 5 semaines de grève...
Les réactions engendrées ont été
aussi (malheureusement) rarement vues : violence policière face aux actions
pacifiques et mépris des politiques . Il ne sagit pas du
premier mouvement de cette nature... ni du dernier dailleurs !
Les revendications, cette fois-ci, se
sont axées autour de 500 postes supplémentaires dinstituteurs et professeurs
décole dans le département, afin dassurer le service public normal de
remplacements, formation continue, accueil des enfants de deux ans, prise en charge des
enfants en difficultés (ZEP, spécialisé). La situation était devenue
catastrophique et plaçait le département comme le dernier de France en rapport
postes/élèves.
Le bilan actuel de ce mouvement est
une obtention de 54 postes pour la rentrée 2002 et un plan de
rattrapage/maintien de 420 postes sur 3 ans, tout à fait
dérisoire au regard des augmentations deffectifs prévues. Nous retiendrons
également un fonctionnement encourageant en A.G. souveraine et intersyndicale tout au
long du mouvement, ce qui en fit certainement la force.
Les militants du groupe Départemental
de lICEM se sont associés pleinement à ce mouvement de grève en
sinvestissant dès le début dans les diverses actions menées. Rappelons que la
surcharge des effectifs et le mot dordre de 25 élèves par classe étaient déjà
dactualité... en 1957 au congrès de lICEM-pédagogie Freinet, à Nantes
d'ailleurs (curieuse coïncidence !).
Diminuer le nombre d'élèves est bien une nécessité pour permettre à chaque enfant de réussir à l'école et de développer sa personnalité, mais cela ne peut suffire.
On ne peut vivre (ou regarder) un mouvement
de cette ampleur sans relancer le débat qui doit permettre aux questions de fond
dêtre posées. En effet, après avoir
su mobiliser autour de ces revendications légitimes en terme de moyens, il nous
appartient de montrer autant d'audace dans nos pratiques pédagogiques.
En tant que mouvement pédagogique,
l'ICEM appelle les enseignants à inscrire leur démarche dans une dynamique de changement
de l'école. Celle-ci passe nécessairement par :
-une réflexion critique sur les
pratiques pédagogiques,
-un véritable travail en équipe,
-davantage de citoyenneté
participative à l'école,
-une prise en compte de
lexpression personnelle de l'enfant,
-lorganisation coopérative de
la classe, de lécole...
Des pratiques, des organisations
existent... osons nous mobiliser là aussi pour les faire vivre et faire que la diminution
du nombre délèves par classe soit un véritable levier pour amener la réussite de
tous les enfants à lécole.
François Le Ménahèze,
éditorial
inspiré du texte de lI.D.E.M. 44 paru durant ce mouvement
« Il y a dans l'outil, dans son usage, dans le travail qu'il soutient, l'élément essentiel des apprentissages dont va dépendre la valeur de l'éducation. » C.Freinet |
Célestin Freinet, par son
pragmatisme, son matérialisme pédagogique a toujours cherché et introduit des outils
dans la classe, conçus pour aider l'enfant à se libérer de la contrainte et de la
tutelle de l'adulte.
Fichiers, revues documentaires... permettent l'accès à
l'autonomie.
L'introduction de ces outils dans la classe induit la mise en
place d'une organisation coopérative du travail. C'est dans le cadre d'une communauté
d'apprenants que l'enfant peut suivre son cheminement personnel d'apprentissage.
Les sujets abordés sont souvent issus de la vie des classes et
répondent aux préoccupations des enfants.
C'est dans ce souci que les chantiers de productions de l'ICEM
conçoivent en permanence de manière
coopérative, de nouveaux outils répondant aux besoins d'une pédagogie populaire
aujourd'hui.
Annie Troncy, Jean-Claude Saporito, Martine Buton, Xavier
Gaillon, Thierry Focquenoey pour les
chantiers de production de l'ICEM, réunis au Salon de Nantes.