Le
dialogue philosophique ou
comment apprendre à argumenter dès lécole primaire, comprendre le monde et se
préparer à la citoyenneté. Depuis
quelques années, nous assistons à une sorte dexplosion dans le domaine
philosophique. Au-delà des batailles décoles et de programmes, on parle par
exemple beaucoup déthique, déthique des affaires, de bioéthique et déthique
de lenvironnement. Notre
société est chaque jour confrontée à de nouveaux défis relatifs à la mondialisation
et à limmigration, qui lincitent à une réaffirmation de son caractère
démocratique et à une identification des moyens permettant dassurer à tous ses
citoyens leur participation pleine et entière aux débats qui concernent le
vivre-ensemble.
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Cest
dans ce contexte quil faut comprendre le souci de nos sociétés occidentales qui
entendent éduquer à la citoyenneté. Etre citoyen, cest faire partie dune
démocratie, cest à dire dune communauté participante et réflexive,
engagée dans une recherche à légard de ses problèmes et des choix quelle
doit faire. Pour cela chacun doit faire partie du processus décisionnel au sein dune
société appelée à se questionner, se critiquer et se corriger.
Le
développement du jugement autonome et critique et de la conduite raisonnable constitue un
préalable à cette participation et le dialogue philosophique avec des enfants apparaît
comme un moyen privilégié de favoriser certains apprentissages indispensables à la
participation citoyenne : « Lapprentissage de la délibération, du
débat, de la prise de parole régulée ». Dans nos classes, déjà, les moments de
parole font souvent affleurer une réflexion philosophique.
Lécole
devrait permettre de se forger un esprit critique et créateur. Elle devrait aussi donner
la capacité de développer une certaine logique, une certaine éthique et le respect dautrui..
Elle a une grande responsabilité sociale puisquelle prépare les enfants à vivre
dans une société démocratique. Elle doit remplir son rôle en aidant à lévolution
des mentalités et des attitudes, en shumanisant et en sadaptant aux besoins
des enfants et la philosophie peut être un excellent moyen de parvenir à de tels
résultats. Il ne sagit bien sûr pas de parler de Kant ou de Platon aux enfants,
mais de leur offrir la possibilité de poser les questions fondamentales qui les
assaillent et dêtre plus attentifs et réceptifs à leurs réflexions.
La
philosophie peut intervenir globalement sur les élèves en favorisant leur accès à une
parole authentique, à des relations sociales élaborées. On peut par-là renforcer leur
estime deux-mêmes et leur permettre de devenir des citoyens à part entière. Pour
nous enseignants, la philosophie avec les jeunes enfants, peut-être une tentative pour
promouvoir des vécus uniques, une pensée qui questionne, débat, critique, dialogue,
crée et résiste, une expérience de pensée qui contribue à modifier ce que nous
sommes. Cest aussi un moyen de nous amener à réfléchir et repenser notre vie, nos
idées, nos concepts, nos certitudes, nos erreurs, qui provoque des doutes, des
questionnements sur nous-mêmes, nos aptitudes dans la vie, notre pratique dans une salle
de classe, notre façon de voir léducation comme un tout.
« Notre
conscience nous vient grâce au rapport à autrui, grâce à lappartenance à une
communauté qui a le pouvoir de faire émerger un « Je » parce quelle sadresse
à moi en disant « Tu » . Albert Jacquard
Alors,
pourquoi attendre les dernières années de la scolarité pour philosopher ?
Sylvie
Clerc