Dossier pédagogique de l’Ecole Moderne n°3

Supplément au numéro 6 du 1er décembre 1963

Classes de transition et classes terminales

C. Freinet

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Sommaire

1 Comment se pose le problème
3 Une pédagogie des classes de transition
7 Les techniques de base
10 Les disciplines d’éveil
13 Les techniques de travail
15 La pédagogie Freinet et l’École Moderne
17 Les travaux manuels et l’école active
20 L’organisation de la classe
22 L’installation matérielle et technique des classes de transition
24 La préparation des maîtres

 

 

Classes de transition et classes terminales

par C. Freinet

Comment se pose le problème

Il est né de la nouvelle loi scolaire qui prévoit l’éducation obligatoire jusqu’à 16 ans.

« Les classes de transition, dit la circulaire du 15 juillet 1963, sont parties intégrantes d’un enseignement de premier cycle qui fait suite à l’enseignement primaire élémentaire et comporte essentiellement, au niveau du cycle d’observation, trois voies :
- enseignement classique ;
- enseignement moderne long et court ;
- enseignement de transition.

Le recrutement des classes de transition se fait essentiellement à partir d’élèves qui, à l’issue de la classe du CM 2e année, ne peuvent être admis dans une 6e classique ou moderne ; il sera très utile, d’autre part, que des enfants souffrant d’un certain retard scolaire et se trouvant par exemple, à 12 ans, au CM 1ère année, puissent être dirigés vers ces classes de transition où une pédagogie et des programmes spéciaux permettront d’accroître le rendement scolaire; en tout état de cause, dans les structures nouvelles, un enfant âgé de plus de 12 ans ne devra plus se trouver dans le cycle élémentaire ».

Les sous-instruits

En déterminant le recrutement de ces classes de transition la circulaire opère une distinction qui est une nouveauté dans la pédagogie officielle: l’existence « de « sous-instruits » normalement doués, et d’autres élèves dont certaines aptitudes (mémoire, attention) sont, parfois provisoirement, de niveau médiocre ».

D’où vient cette « sous-instruction ? Il n’appartenait certainement pas à la circulaire d’en rechercher les responsabilités. Elle s’est contentée de constater le fait, ce qui est un premier pas.

 

D’autant plus que la correction de cette insuffisance n’est pas exclusivement du ressort de l’administration. Nous avons dit bien des fois l’influence néfaste d’une pédagogie totalement désadaptée, dont le rendement est infime, ce qui, plus est, décourage et dégoûte d’excellents éléments en butte à un enseignement trop exclusivement intellectuel. Il ne faut pas oublier non plus que les conditions d’accession en 6e ont tendance à opérer une discrimination qui joue en faveur des enfants aisés, d’un milieu plus intellectuel, et qui ont la possibilité de spéculer très tôt, hors des contingences rigoureuses de la vie.

Une orientation logique

Si l’éducation élémentaire était bien comprise, non plus sur la base de ce faux intellectualisme axé presque exclusivement sur la mémoire, mais en utilisant toutes les formes d’intelligence et de culture qui font la richesse des individus, il serait tout à fait logique d’orienter à 11 ans

- d’une part les élèves plus « ntellectuels », servis par une excellente mémoire, mais qui ne sont pas forcément les enfants les plus intelligents, et qui entreraient en 6e ;

- d’autre part les enfants qui sont riches d’autres formes d’intelligence: manuelle et technique, inventive et créatrice, imaginative, intuitive ou artistique.

Ceux-là seraient justifiables évidemment d’une autre forme d’éducation, toute à innover qui s’appuierait sur ces possibilités.

Les formes nouvelles de 1a culture, l’éminence croissante des enseignements scientifique, mathématique et artistique, donneraient une nouvelle noblesse à cet enseignement parallèle qui ne serait plus alors un enseignement mineur, mais qui préparerait seulement à des fonctions naguère ignorées et qui risquent de prendre les premières places dans le monde de demain.

Naturellement, des passerelles devraient être établies :il arrive que des élèves apparemment intellectuels se fatiguent de l’enseignement classique, et que, inversement, des enfants qui démarrent par le biais plus expérimental, éprouvent le besoin, à un moment donné, de rejoindre la culture.

Nous le répétons :ces données sont faussées :
- par l’enseignement trop précocement intellectualisé du cycle élémentaire ;
- par la prééminence donnée abusivement, dans les examens et les emplois d’état, à cette fausse culture intellectuelle ;
- et d’autre part par une tendance regrettable de manualiser et de concrétiser l’enseignement non intellectuel.

Et nous aurons, nous, à travailler sur trois fronts :

1°. - Continuer notre travail dans l’enseignement élémentaire pour un enseignement mieux conforme aux normes nouvelles de culture ;
2°. - Susciter dans les CEG et au second degré, une évolution parallèle de l’enseignement classique ;
3°. - Définir expérimentalement la pédagogie des classes de transition et des classes terminales.

C’est à l’étude de ce troisième point que nous consacrons plus spécialement le présent rapport.

 

Une pédagogie des classes de transition

Au point de vue théorique, nous ne pouvons faire mieux que de vous dire :relisez, étudiez la circulaire du 15 juillet 1963. Elle est pédagogiquement parfaite.

Mais les circulaires ministérielles antérieures, notamment celles de 1923, étaient elles aussi à peu près parfaites. Elles n’ont marqué la pédagogie que dans la mesure où des techniciens, dont nous sommes, se sont évertués à faire passer dans la pratique courante de leurs classes les conseils et les directives des I.O. Il en sera de même pour les classes de transition et les classes terminales :elles seront une réussite si nous parvenons à réaliser techniquement cette pédagogie. Elles seront un échec si on se contente de couler quelques principes théoriques nouveaux dans les vieux moules de la scolastique.

Nous allons entrer en conséquence dans les détails techniques de la construction que nous souhaitons.

Comment aborder le nouveau travail ?

Création d’un nouveau climat

Au chapitre :Recherche d’une pédagogie, la circulaire officielle place en tout premier lieu : Un nouveau climat.

Elle dit à ce sujet des choses très sensées que nous croyons utile de reproduire intégralement :

Les élèves des classes de transition souffrent, sous des formes et à des degrés différents, d’inadaptation scolaire. Le premier trimestre aura donc pour objectifs principaux l’établissement d’un climat de confiance et de travail, la connaissance individuelle des élèves, et l’établissement d’un bilan de leurs connaissances.

Essayer de découvrir les causes des échecs antérieurs, déterminer à partir de quel moment l’enfant, ne pouvant plus suivre, a stagné, ou parfois régressé, sera la première tâche du maître, et seule l’étude de chaque cas pourra être fructueuse. Ces investigations réclament pénétration et délicatesse; une expérience professionnelle assez longue et la valeur humaine des maîtres importent ici plus que tout conseil ou instruction.

Quelques remarques générales peuvent offrir néanmoins un intérêt.

 

Les investigations prendront souvent une forme orale ; les mécanismes mentaux mis en jeu par les exercices scolaires restent masqués lorsqu’on recourt seulement au travail écrit, et par ailleurs l’expression écrite risque, chez ces élèves, de ne pas traduire leur niveau réel. Observer le comportement à l’occasion de l’exécution des tâches matérielles présente aussi un grand intérêt: certains traits de caractère, d’éventuels blocages, en même temps que l’habileté ou la maladresse, peuvent apparaître. Il ne suffit pas de déterminer le niveau scolaire de l’élève, c’est à un tableau psychologique assez complet du pré-adolescent qu’il faut atteindre : niveau de maturité générale, fragilité ou stabilité émotionnelle, mode d’adaptation au travail, degré de dynamisme et d’activité, etc. Ces aspects de la personnalité se révéleront d’ailleurs autant dans la cour de récréation qu’en classe. On notera aussi les aptitudes et qualités même isolées : à partir de ces « points fort » on recherchera l’épanouissement général de l’élève.

Certaines maladresses, écrites, manuelles, mentales, certaines inhibitions ou perturbations de la fonction du langage sont accrues ou même provoquées, par le souvenir des échecs antérieurs. Le désintérêt, l’opposition même, procèdent souvent de la même origine : l’enfant qui, au cours du cycle élémentaire n’a pu dominer les situations scolaires qui lui étaient imposées, a été traumatisé. On se gardera donc de sensibiliser exagérément les élèves par des jugements de valeur rigoureux. Au cours de cette période d’exploration, qui doit être une période de mise en confiance, une autorité calme doit s’efforcer de faire renaître la volonté de travail, le désir de mieux faire et de progresser par rapport à soi-même.

On ne saurait à ce sujet trop insister sur l’importance du climat que le maître créera dans sa classe; son affection apportera à ses élèves l’aide morale dont ils ont besoin.

Ceci, c’est la théorie, et nous nous réjouissons qu’elle soit ainsi explicitée, d’une façon irréfutable et définitive.

Mais dans la pratique :
- Comment découvrir les causes des échecs antérieurs ?
- Comment étudier chaque cas, selon quelles normes ?
- Faudra-t-il se fier seulement à l’expérience de pédagogie moderne des maîtres - ce qui met hors de course tout de suite les 80 % de ceux qui auront charge de classes de transition ?
- Comment équilibrer exercices oraux et exercices écrits ? Selon quelles données ?
- Quelles seront les tâches matérielles à propos desquelles on observera le comportement ? Peut-on utiliser les exercices scolaires traditionnels ou avoir recours à des travaux vivants et motivés, et lesquels ?
- Qui d’entre nous sera en mesure d’établir un tableau psychologique ?
- Comment détecter les points forts à partir desquels on recherchera l’épanouissement général de l’élève ?
- Comment pratiquement, techniquement, faire naître cette confiance et cette volonté de travail pourtant indispensables ?

C’est à ces questions que nous tâchons de répondre par notre technique de travail. Il se peut d’ailleurs qu’il y ait d’autres techniques de travail qui permettent un résultat similaire. L’essentiel est d’y parvenir.

 

L’expérience nous montre qu’il est inutile d’essayer de créer un climat pour ainsi dire artificiellement, de l’extérieur, par de bonnes paroles ou des recommandations. Le climat, placé à bon droit en tête des réalisations souhaitables, ne saurait être un point de départ. Il est un aboutissement. Il est le résultat de modes nouveaux de travail et de vie. Vous ne créerez pas ce climat nouveau si vous conservez les formes traditionnelles de travail scolaire, si vous obligez les enfants à exécuter des travaux qui ne les intéressent pas et si vous prévoyez des sanctions pour les y contraindre.

Et il vous sera toujours très difficile de rétablir les circuits affectifs et vivants endommagés ou même coupés.

Alors, armez-vous de patience. Mais restez bien persuadés que vous n’avez pas d’autre voie pour créer, avec les moyens dont vous disposez, le climat recommandé par les Instructions. Vous sentirez cependant, bien vite des résultats malgré tout appréciables.

Premiers pas

Première condition de réussite dans la recherche du travail nouveau: une reconsidération du travail scolaire.

- Prévoyez pour votre classe un limographe ou un matériel d’imprimerie et commencez immédiatement le texte libre motivé par le livre de vie, le journal et, dès que possible, la correspondance interscolaire.

Alors, par le texte libre, vous mesurerez les blocages intervenus, vous étudierez, comme intuitivement, chaque cas, même sans connaissance psychologique particulière; vous équilibrerez, en les combinant naturellement, travaux oraux et travaux écrits qui participeront tous d’un même souci: le besoin d’expression des individus.

Et cette expression n naturelle rendue ainsi possible, changera automatiquement le climat de la classe.

Il ne faut pas croire cependant que ce résultat puisse être atteint immédiatement. Il y a toujours un fort courant à remonter. Les enfants que vous aurez sont non seulement perturbés, mais formés et pliés à des formes de travail dogmatiques et à une discipline autoritaire. Ils ne savent plus penser ou juger par eux-mêmes. Ou plutôt - et c’est autrement dangereux - ils se sont habitués à une forme d’école qui leur est extérieure, qui ne les « concerne » pas, pour employer un mot à la mode.

Les parents

II sera nécessaire, disent encore les I.O. que le maître établisse des relations avec les familles dès le début de l’année scolaire afin de les associer à l’effort entrepris, de combiner son action avec leur autorité et éventuellement d’influencer les formes de celle-ci, de reconnaître les situations particulières et d’en tirer une meilleure compréhension des problèmes que posent les enfants, etc. Un effort d’information des parents sera également nécessaire: on leur expliquera par exemple comment dans les classes de transition, les classements établissant la comparaison des enfants entre eux, seront remplacés par l’appréciation des progrès personnels de chaque élève.

Là aussi, nous vous apportons une technique.

Comment voulez-vous que les parents de vos élèves s’intéressent à la vie et au travail de vos enfants si vous ne leur offrez que le spectacle de cette école dont ils ont eux-mêmes trop soufferts ? Quelle réaction favorable espérez-vous d’eux s’ils ont à juger des devoirs comme ceux qui les ont tant excédés eux-mêmes ? Et pourquoi voulez-vous qu’ils s’intéressent à des copies, des problèmes et des exercices scolastiques ? Et que direz-vous à ces parents qu’ils ne sachent déjà pour leur laisser croire qu’il y a quelque chose de changé ?

 

Mais si ces mêmes parents ont entre les mains le journal scolaire que vous avez édité, s’ils ont lu avec intérêt et peut-être avec émotion le récit imprimé, ou le poème de leur enfant ; si, lors d’une réunion de parents ils assistent au travail libre de leurs enfants : s’ils voient les uns rédiger un texte et imprimer, d’autres faire des expériences scientifiques ou dessiner et peindre, terminer un album ou une conférence; s’ils admirent la décision et l’application de vos élèves, alors ils comprendront que, conformément aux I.O. il y a quelque chose de changé, et qu’à ce quelque chose leurs enfants ont raison de s’attacher.

Très vite, donnez du papier à vos élèves pour qu’ils dessinent librement. Collationnez dans le livre de vie de la classe les meilleurs résultats.

Procurez-vous de la peinture en poudre, et, toujours sur la base de l’expression libre, laissez dessiner et peindre vos enfants. Quand vos murs seront tapissés des meilleures réussites, lorsque quelques tentures rehausseront la valeur spectaculaire de l’ensemble, vous n’aurez pas grand chose à ajouter : c’est votre oeuvre qui témoignera.

Quant à la compétition des enfants entre eux par l’appréciation des progrès personnels de chaque élève, ne croyez pas qu’il vous suffira de la supprimer. Ce qu’il faut au préalable, c’est trouver des compétitions nouvelles, une comparaison non pas tant des individus, mais de leurs oeuvres.

Le climat favorable au développement d’une classe de transition c’est l’École du Travail.

 

Les techniques de base

La première année, disent les I.O., conservera comme objectif général à atteindre le niveau de connaissances et de mécanismes intellectuels du CM2, mais acquis à un rythme de travail plus lent, à l’aide d’une pédagogie très différente de celle de cette dernière classe et adaptée à l’âge et aux intérêts d’élèves de 12-13 ans.

La pédagogie de la 2e année sera plus directement tournée vers le style de l’enseignement terminal, encore que, à titre provisoire pendant quelques années encore, elle aura à se préoccuper de la préparation au CEPE jusqu’à ce que celui-ci soit remplacé après 1967 par un « diplôme de fin d’études obligatoires » conféré à 16 ans dans des conditions qui seront fixées ultérieurement. Mais en attendant, les inspecteurs d’académie seront autorisés à proposer dès 1964 pour le CEPE des épreuves spéciales d’histoire, géographie et sciences réservées aux élèves des classes de transition et adaptées à leurs préoccupations et à leurs méthodes de travail.

Au total, afin de rendre aux maîtres la liberté qu’avaient voulu leur laisser les instructions de 1938, durant une période d’expérimentation qui s’étendra à tout le moins jusqu’en 1965, le programme restera conçu en termes très larges, l’objectif minimum d’ensemble pouvant être, ainsi qu’on l’a dit, défini comme le niveau de connaissances et de moyens mentaux du cours moyen 2e année, notamment en ce qui concerne les apprentissages de base: parler, lire, écrire, calculer.

Nous sommes d’accord sur cette nécessité. Mais comment y atteindre ? Comment réussir là où les efforts des maîtres qui vous ont précédés ont échoué ?

Les I.O. nous donnent là encore des conseils excellents qu’il nous suffira en somme - mais ce n’est pas toujours simple - de faire passer dans la réalité de nos classes.

Le réapprentissage des techniques de base

Le réapprentissage des techniques de base (lire, écrire, calculer) sera la préoccupation constante du maître durant toute la première année de transition. Il supposera le recours à des méthodes qui sont en usage à l’école élémentaire et on ne devra pas négliger éventuellement l’emploi de certains procédés et la connaissance de simples recettes; on veillera cependant à éviter les longues leçons magistrales; des séances courtes, actives, répétées chaque jour permettront de bénéficier d’une certaine tension mentale et les petites difficultés maîtrisées durant ces brèves séances rendront confiance aux élèves.

Mais surtout il conviendra de ne pas isoler ces exercices à l’intérieur de l’activité générale de la classe.

 

Considérons l’orthographe par exemple. Le maître pourra certes, et avec intérêt, puiser des exercices dans les ouvrages spécialisés ; l’auto-dictée, les fiches auto-correctives, le carnet d’orthographe, le recours au dictionnaire, etc... ne sont pas à négliger.

Certaines précautions s’imposent d’ailleurs : on évitera les mots rares et, en orthographe de règles, on ne se bornera pas à faire appliquer les automatismes : on veillera à faire comprendre et expliquer les règles essentielles. Mais surtout, en classe de transition plus qu’ailleurs, un enseignement de l’orthographe trop isolé de la pratique de la langue deviendrait vite fastidieux. L’attention orthographique sera créée à travers tous les exercices de français que motivent les diverses activités (enquêtes, calcul, etc ) aussi bien que par les dictées. L’apprentissage mémoriel, l’entraînement nécessaire à l’acquisition des mécanismes de base seront liés constamment aux exercices suscités par l’ensemble des disciplines et des activités de la classe.

D’autre part, on n’oubliera pas que dans ces classes la progression de l’écolier n’est pas homogène : le handicap peut affecter davantage ou le français ou le calcul, et des discordances très diverses peuvent apparaître. Certaines lacunes sont même très localisées ; qu’on ne s’effraie pas alors de travailler au niveau du cours élémentaire ou même au niveau du cours préparatoire lorsqu’il faudra réapprendre à tel élève les éléments de la table d’addition et de multiplication, certains accords du verbe avec le sujet. Lorsque le déchiffrage de certaines syllabes reste difficile, l’étude préalable des mots s’imposera avant la lecture car de telles difficultés sont parfois liées à des défauts de prononciation. On redescendra donc toutes les fois que cela sera nécessaire au plus bas niveau convenable afin de construire sur des fondements solides et aussi parce qu’il faut redonner confiance à l’élève: le zéro en problème ou en dictée dans ces classes signifie seulement que l’exercice a été mal choisi.

L’effort de consolidation n’est pas le seul à envisager : Il faudra dissiper certaines fixations fautives, notamment dans le domaine de l’orthographe d’usage. L’élève n’a pas conscience de ses graphies ; il ne les voit pas, il faut lui faire observer certains mots comme on observe une chose, un objet. Parmi les erreurs fixées, il faut aussi ranger les fautes de raisonnement : le réapprentissage devra s’efforcer d’atteindre plus de profondeur que ne le feraient des montages étroitement scolaires. De même en calcul, la résolution orale des problèmes, et notamment de problèmes à une seule opération portant sur des nombres simples, permettra de rétablir le sens des diverses opérations ; les analyses d’énoncé seront conduites tout à la fois pour que soient aplanies les difficultés de syntaxe et de vocabulaire et pour que la situation donnée et l’élément à calculer, apparaissent clairement. D’autre part, le support concret (les manipulations, les pesées par exemple) le support partiellement concret (schémas et graphiques) permettront l’exercice et le développement de l’esprit à travers la pratique du calcul.

Nos références...

Sans entrer dans le détail des techniques possibles, les I.O. donnent là aussi des conseils auxquels nous pourrons faire référence.

« Évitez les longues leçons magistrales » ne suffit pas. C’est leur suppression qu’il faut envisager.

« Ne pas isoler ces exercices à l’intérieur de l’activité générale de la classe », nous autorise par contre à une recherche plus hardie de la méthode à employer. Les conseils officiels sont une condamnation implicite des techniques traditionnelles. Et les Instructions citent au passage, sans insister davantage sur leur pratique : fiches autocorrectives, dictionnaire, enquêtes, calcul.

Là aussi, nous vous apportons des solutions pratiques pour vous conformer aux I.O.

... en français

Par notre méthode naturelle, nous intégrons l’orthographe et la grammaire dans la pratique de la langue. D’abord s’exprimer par le texte libre, la correspondance, ensuite s’exercer par l’exploitation en français de nos textes libres.

La mise au point de ces textes est par elle-même le meilleur exercice de construction de phrases, les observations grammaticales mettent l’accent sur les principales difficultés de la langue; la chasse aux mots (vocabulaire à même le texte libre), la lecture correspondante de textes d’auteurs complètent la méthode. (1)

... en calcul

Il en est de même pour le calcul: nous mettons, à la base le calcul vivant qui replace les acquisitions techniques dans leur contexte vivant, conformément à tous les enseignements de la mathématique moderne des ensembles.

L’acquisition automatique des mécanismes, que ce soit en français comme en calcul, nécessite à ce stade, un certain nombre d’exercices mécaniques.

Pour ces exercices aussi, nous avons mis au point des techniques nouvelles dont vous devez profiter. (2)

Les exercices des manuels ont le principal inconvénient d’être collectifs, comme si le même exercice pouvait être valable pour 25 enfants de force toujours différente. Seuls quelques élèves moyens profitent totalement de cet entraînement.

Plaçons ces exercices sur fiches autocorrectives avec demandes et réponses. Chacun alors marche à son pas, à son aise et avec plaisir.

Texte libre, exploitation du texte libre, calcul vivant et fiches autocorrectives constituent un ensemble longuement expérimenté qui remplace les meilleures méthodes actuellement en usage.

Enseignement programmé

Nous avons encore amélioré cette technique par nos Boîtes et Bandes enseignantes, autocorrectives et programmées. Nous avons réalisé un véritable cours d’arithmétique et 100 bandes autocorrectives qui sont tout particulièrement recommandées.

Les Bandes programmées améliorent encore la lecture, la compréhension des textes et la résolution des problèmes.

Voilà pour les disciplines de base, sur lesquelles on a raison d’insister pour la première année des classes de transition : le « lire, écrire et compter » traditionnel. Rien n’est plus efficient que ce travail autocorrectif intelligent pour le rattrapage des enfants en difficulté.

(1) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : La Grammaire n° 17 par C. Freinet
(2) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : L’Enseignement du Calcul n° 13-14.

Les disciplines d’éveil

Nous sommes très satisfaits de voir les I.O. distinguer les matières comme la lecture, l’écriture et le calcul où l’acquisition des mécanismes occupe une large place, des disciplines où il s’agit d’un travail plus profond et moins automatique.

Si l’on admet, disent les I.O. qu’un effort de mémorisation, que des exercices de répétition peuvent encore jouer un rôle dans le domaine des apprentissages de base, par contre l’histoire, la géographie, les sciences d’observation, l’étude du milieu seront dans les classes de transition considérées en tant que disciplines d’éveil.

Elles ne devront pas faire, dans les classes de transition, l’objet d`un enseignement purement magistral ni d’une mémorisation systématique et imposée ; elles seront une source d’intérêt, une réserve de thèmes dans laquelle on puisera pour motiver des activités dirigées, des enquêtes, des recherches individuelles ou collectives, qui permettront de mettre en oeuvre d’une façon plus naturelle la lecture; le calcul, la rédaction, le dessin. L’enfant apprendra en même temps à regarder, à soutenir son attention, à se former par lui-même une représentation mentale ordonnée des faits et des choses.

En ce qui concerne la conception même de ces enseignements, on se bornera à rappeler ici des instructions antérieures fort judicieuses.

« L’enseignement élémentaire de l’histoire a pris peu à peu une forme savante, abstraite; de plus en plus il s’est encombré de termes classiques, dont les élèves ne comprennent pas le sens... II a semblé qu’il y aurait avantage à le rendre moins ambitieux et à le rattacher, autant que possible, à l’histoire locale, si riche et si variée en France ; car ainsi, l’enfant pourrait prendre contact avec 1a réalité historique ».

« On utilisera au maximum toutes les ressources de la commune ou des communes voisines (églises, monuments, vestiges, mines, lieux historiques, monnaies, médailles, etc). pour initier les enfants â l’histoire locale au cours de promenades et de séances d’activités dirigées... »

« En commençant par l’étude du milieu local, on aura l’avantage de regrouper les observations éparses,.. et l’avantage de familiariser l’enfant avec la région qu’il habite... »

En ce qui concerne les exercices d’observation, « le maître ne se croira pas tenu de traiter toutes les questions. Quelques observations bien conduites valent mieux que l’examen superficiel de nombreux faits ».

Ce rappel de passages essentiels d’instructions et de programmes relatifs au cours moyen signifie qu’on aura intérêt à les relire et à les appliquer en tenant compte évidemment de l’âge des élèves qui, même chez les moins instruits, aura apporté une évolution et un mûrissement des intérêts. Ainsi par exemple les enquêtes et études pourront s’appliquer à des sujets plus complexes et être exploitées plus longtemps que ne l’autoriserait le psychisme d’élèves plus jeunes. On pourra aussi s’inspirer des objectifs et des modalités de l’étude du milieu, et des travaux expérimentaux, introduits dans les classes parallèles du cycle d’observation, et dont l’esprit a été défini par la circulaire du 8 septembre 1960.

On ne pouvait vraiment mieux dire. Mais les auteurs des I.O. ne sont pas descendus dans le détail de la pratique qu’ils laissent à l’instituteur le soin d’établir lui-même, plus souvent par routine et tradition que par expérimentation.

Or, nous avons mis au point notre Méthode naturelle d’histoire, de géographie, de sciences, d’étude du milieu.

Si vous voulez reconsidérer et moderniser l’enseignement de ces disciplines, il vous faut changer les outils de travail. Avec les manuels actuellement en usage vous ne pouvez que continuer l’enseignement didactique traditionnel. II ne vous suffit pas de supprimer ces manuels encore faut-il les remplacer.

Nous vous offrons ces outils de remplacement qui sont :
- le fichier documentaire (fichier scolaire coopératif).

Il vous faut coller sur carton format 13,5 X 21 et 21 X 27, tous documents qui ont une valeur pédagogique notable : cartes postales, documents photographiques édités, livres et revues. Nous avons publié un certain nombre de ces fiches qui sont encore en vente.

Vous enrichissez ce fichier documentaire par l’apport des élèves eux-mêmes. Il vous suffira ensuite de classer ces documents avec notre « Pour tout classer ».

Quand vous aurez besoin de documents pour l’étude diffuse ou méthodique de l’histoire, de la géographie, des sciences, comme pour l’étude du milieu, vous puiserez dans ce fichier.

La Bibliothèque de Travail

Nous avons doublé ce fichier documentaire d’une collection Bibliothèque de Travail qui comporte à ce jour 580 brochures de 32 pages toutes écrites avec la collaboration et sous le contrôle des maîtres et des enfants. Elles sont parfaitement documentées, à la mesure et à la portée des enfants qui y trouveront toutes directives et compléments sur les sujets étudiés.

Nous avons fait mieux : nous avons réalisé pour les divers thèmes à étudier des fiches-guides qui seront progressivement remplacées par des bandes programmées d’une conception originale et neuve.

Cette collection de BT est l’outil de travail polyvalent le plus précieux pour toutes les classes de transition.

L’Histoire

Nous avons totalement reconstitué l’enseignement de l’histoire.

Pour chaque grande période, pour chaque «moment» historique, nous avons préparé:
- des fiches-guides ;
- des suppléments BT ;
- des découpages, des maquettes et des dioramas que des enfants de 9 à 13 ans réalisent parfaitement grâce à une Boîte de Travail que nous avons mise au point.

Nous verrons selon quelle conception pédagogique nous tirons parti de ces matériaux.

La Géographie

Nous avons reconsidéré de même l’enseignement de la géographie(1), avec :
- les nombreux documents iconographiques contenus dans notre fichier documentaire ;
- les très nombreuses BT géographiques ;
- les SBT pour découpages, dioramas, cartes en relief, cartes électriques ;
- les diapositives et les BT sonores (2) ;
- l’utilisation méthodique des échanges interscolaires.

Les Sciences

Nous vous permettons enfin de moderniser l’enseignement des sciences conformément aux programmes.

Les sciences(3) ont été jusqu’à ce jour presque exclusivement verbales. La copie de pages de manuels, l’étude de résumés, les récits d’expériences faisaient passer au tout arrière plan l’observation et l’expérience, qui sont pourtant les seules démarches vraiment scientifiques.

Vous observerez grâce à nos BT de détermination et à nos suppléments BT. Vous expérimenterez avec les BT et les SBT ; vous pourrez construire un moteur, faire l’élevage des poissons, déterminer des champignons. Nous avons à cet effet des Boîtes de Travail polyvalentes que vous avez le plus grand avantage à posséder.

Il ne s’agit plus là de verbiage, mais de travail véritable qui éduquera le sens scientifique et initiera et formera les vrais chercheurs.

Nous aurons sous peu programmé toutes les démonstrations et expériences des enfants. Avec votre aide si vous pouvez la donner, sans vous si nécessaire, vos enfants conserveront et développeront leur sens scientifique.

(1) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : Milieu local et géographie vivante, n°10 par R. Faure.
(2) Collection BT Sonore, Disques 45 t. et Diapositives, - écrire à CEL, BP282 Cannes.
(3) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : L’enseignement des sciences, n° 11-12.

Les techniques de travail

Nouveauté ! La circulaire officielle se préoccupe tout spécialement des techniques de travail. Elle le fait malgré tout d’une façon générale, sans entrer dans le détail, oubliant qu’il ne suffit pas de donner des indications pour l’action, encore faut-il faire réagir.

Voilà ce qu’en disent les I.O.

Dans ces classes, c’est tout d’abord le rythme et la répartition du travail scolaire qui méritent une attention particulière, car ils constituent un facteur important de l’adaptation ou de l’inadaptation. L’individualisation des tâches devra être opérée le plus fréquemment possible. A défaut, on devra constituer dans la classe des groupes de travail en tenant compte des niveaux différents d’aptitude, groupes qui ne doivent pas être rigides d’ailleurs ; tel enfant peut être dans le groupe des « forts » en orthographe, dans celui des « faibles » en calcul. Si le maître est informé des techniques modernes d’enseignement, s’il a pu se procurer des fiches de travail, s’il sait les utiliser, il aura réuni des éléments pédagogiques susceptibles de lui apporter d’excellents résultats. Une éducation des élèves sera recherchée quant à l’organisation de leur propre calendrier du travail ; on les habituera progressivement et avec prudence à répartir leur travail sur plusieurs journées ; on restera bien entendu sur ce point, plus proche de la classe élémentaire que de la classe de 6e, mais on essaiera néanmoins de faire évoluer les élèves vers des conduites de plus en plus autonomes. Les séances de travaux dirigés permettront aussi aux élèves d’apprendre à travailler et d’« apprendre à apprendre ». Dans ces séances l’aide directe du maître sera notamment essentielle pour ceux qui se fatiguent vite ou qui se dispersent dans la rêverie.

Le travail par équipe permettra souvent la mobilisation mentale de sujets réticents ou indifférents. Les activités de groupe ne se confineront pas dans la vie scolaire au sens étroit du mot ; il sera nécessaire d’organiser des cercles ou clubs d’adolescents : modelage, aéromodélisme, électricité, horticulture, etc. La préparation d’une petite exposition de fin d’année, les relations entre écoles, l’établissement et l’échange de journaux (muraux ou autres), la correspondance interscolaire sous ses diverses formes, en mettant en bonne place les journaux scolaires imprimés ou multigraphiés, sont également très recommandés. Outre leur intérêt intrinsèque et les puissantes motivations qui en résultent, ces activités créatrices offrent la possibilité d’une association bénéfique entre le travail manuel et le travail intellectuel (association qui sera à la base de la pédagogie des classes terminales pratiques).

L’initiation à la vie sociale à l’intérieur de chaque cercle et par les relations interclubs apportera d’autre part un enrichissement à la personnalité et une préparation effective à la vie du citoyen. On rappellera à ce sujet l’existence du mouvement coopératif, son rôle efficace dans la petite société que constitue la classe: pratique des élections et des débats, attribution des responsabilités, contrôle collectif des activités, recherches des initiatives (en particulier en ce qui concerne les ressources qui, plus que dans les seules cotisations, devraient être recherchées dans des ventes de vieux journaux, de petits objets fabriqués, dans des recettes de fêtes ou d’expositions, etc).

Enfin, la classe devra disposer d’une bibliothèque importante, à laquelle les élèves accéderont directement pour choisir livres ou revues. Le maître devra connaître vraiment tout le contenu de cette bibliothèque, afin de pouvoir conseiller utilement mais discrètement. Le choix des élèves n’en sera pas moins libre; la dispersion des niveaux scolaires dans cette classe, et la variété des intérêts à cet âge, conduiront à placer côte à côte des albums du Père Castor, des contes et légendes de l’Antiquité, des romans sentimentaux et des récits d’aventures ou de voyages, surtout des ouvrages documentaires sur les sciences et les techniques, l’histoire et la géographie, etc. Il conviendra que l’adolescent puisse trouver par essais et i risque d’erreurs, ce qui lui plaît; le maître en tirera un complément utile information dans sa connaissance de chaque personnalité juvénile.

Voici donc conseillées quelques-uns des techniques les plus courantes de pédagogie moderne : individualisation des tâches - groupes de travail - participation  des élèves à l’organisation de leur propre travail - travaux dirigés - travail par équipes - journaux scolaires imprimés ou multigraphiés - correspondance interscolaire - coopération scolaire - Bibliothèque de Travail.

Nous constatons avec quelque réconfort confort que nous trouvons là, dans cette circulaire, la liste à peu près complète de nos propres réalisations, telles que nous les avons créées, expérimentées et mises au point par 35 ans de recherche et de travaux coopératifs.

Les I.O. ne pouvaient pas vous dire étudiez et pratiquez les Techniques Freinet de l’École Moderne. Elles vous y inviter implicitement. Peu importe l’étiquette. La nôtre n’en est pas moins une garanti de sûreté, de sécurité et de succès.

La pédagogie Freinet de l’ École Moderne

Recommander ou acquérir ce matériel et ces outils, c’est évidemment le point de départ d’une pédagogie qui ne pourra pas réaliser ses objectifs modernes avec de vieilles mécaniques.

Mais encore faut-il être en mesure d’employer ces outils pédagogiquement, avec succès, pour le meilleur profit de l’École et des enfants, sans trop de fatigue pour les maîtres et sans trop de risques de fausses manœuvres et d’erreurs.

Posséder imprimerie, limographe, boîtes de travail, fiches ou boîtes enseignantes ne signifie pas forcément que vous pratiquez les Techniques Freinet, ni même une saine pédagogie telle que la préconisent les I.O. Comme il ne suffit pas à un paysan d’acquérir tout l’outillage mécanique moderne pour rénover sa propriété. Encore faut-il qu’il soit en mesure de s’en servir, et à bon escient.

Vous apprendrez assez vite à composer et imprimer, à tirer au limographe, à manœuvrer un filicoupeur, à préparer ou à classer un fichier. Un court stage technique peut y suffire. Ce qui sera plus délicat ce sera de savoir comment se servir de cet outillage nouveau, car cela implique tout une reconsidération de notre propre comportement, une rupture totale avec la pédagogie que nous avons vécue nous-mêmes à l’École et qu’on nous a ensuite enseignée, de nouvelles techniques de comportement et de vie.

Ne vous étonnez pas si vous n’y parvenez pas rapidement. Nous vous y aiderons :

- par nos publications, et notamment par notre revue L’Éducateur dans laquelle tous nos camarades viennent nous dire comment ils pratiquent dans leur classe ;
- par nos livres ;
- par notre collection Bibliothèque de d’École Moderne ;
- par nos cours par correspondance ;
- par les contacts que nous vous recommandons avec nos groupes départementaux ;
- par la visite de classes au travail ;
- par les stages organisés ou à organiser.

Nous dirons, pour vous préciser nos buts pédagogiques, que nous tâchons de supprimer toute scolastique, c’est-à-dire cet ensemble et cette variété d’exercices et de devoirs qu’on fait parce qu’on est à l’école mais qu’on ne ferait pas dans la vie.

Cela suppose que nous avons trouvé et mis au point des travaux qui intéressent profondément les enfants, à tel point que ceux-ci sont capables de rester ou de venir à l’école en dehors des heures officielles ou pendant les récréations pour les réaliser : vous n’aurez jamais à forcer l’enfant à faire un texte libre, à composer ou à imprimer, ou alors c’est que votre pédagogie fonctionne à contresens et non par et pour l’expression libre et la vie. Vous n’aurez pas à forcer vos enfants à écrire à leurs correspondants, ni même à faire leurs travaux sur bande enseignante. Si vous avez cette classe vivante où les enfants travaillent au maximum, alors vous avez résolu votre révolution pédagogique.

Les I.O. auraient tendance à vous laisser croire, ou que techniques et matériel y suffisent, ou que le maître doit avoir assez d’agilité pour maintenir dans sa classe cet esprit, ce climat de libre recherche et de travail qui est, en définitive le but de notre pédagogie.

Or, cette organisation pourrions-nous dire individuelle, seuls quelques éducateurs d’élite pourront y réussir. Pour les autres, pour la masse des éducateurs dont nous sommes, il nous faut une méthode qui nous soutienne et nous oriente en permanence. C’est cette méthode que nous avons mise au point.

Elle comporte à la base, l’expression libre par le texte libre, sa mise au point technique et pédagogique, dans le cadre de la correspondance interscolaire qui la motive(1).

Nos services spéciaux vous permettront d’obtenir les correspondants à votre mesure et de vivre avec eux avec enthousiasme pendant toute l’année.

Vous aurez donc votre journal scolaire qui sortira régulièrement tous les mois(2).

Ensuite vous préparerez vos plans de travail, qui vous permettront de prévoir le lundi, pour chaque élève ou pour chaque équipe, les travaux à effectuer(3).

En fin de semaine vous ferez le contrôle et vous noterez le graphique.

A l’intérieur de ce plan de travail vous pourrez prévoir les activités suivantes, à l’exclusion autant que possible de tous exercices scolastiques qui risqueraient de rompre le climat de libre activité que vous voulez créer :

- fiches des fichiers autocorrectifs ;
- Bandes enseignantes, qui vous permettront la réalisation totale d’une pédagogie vraiment adaptée à vos classes ;
- comptes rendus de travaux et surtout Conférences d’élèves réalisées plus particulièrement avec les BT. L’enfant prépare longuement par écrit, sa conférence, selon un plan-guide ou une bande programmée que vous lui aurez préparé. Il complète l’illustration, fait appel le cas échéant aux disques, aux films, au magnétophone, et au jour dit, il fait sa conférence, exactement selon le même processus que les conférenciers adultes ;
- albums, peintures, tentures, céramiques, animeront davantage encore votre école (3) ;
- des travaux manuels seront prévus également, et nous nous arrêterons un peu plus longuement sur cette discipline.

(1) Collection Bibliothèque de l’École Moderne: Le texte libre, n° 3 par C, Freinet.
(2) Le Journal Scolaire par C. Freinet, Éditions Rossignol.
(3) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : Les plans de travail, n° 15 par C. Freinet,
(4) Collection Bibliothèque de l’École Moderne : Dessins et peintures d’enfants, n° 16 par Élise Freinet.

Les travaux manuels et l’école active

Les I.O. ont raison d’insister sur la nécessité de ces travaux manuels.

Une fraction importante des enfants que vous recevrez sont handicapés par leurs échecs pour ainsi dire intellectuels à l’École traditionnelle. C’est dans une large part, la faute de l’école. Il y a aussi cette réalité que rares sont les enfants qui possèdent de bonne heure cette intelligence « intellectuelle » et abstraite qui assure actuellement le succès aux divers échelons de l’école. Ils sont ainsi souvent, non pas forcément à cause d’une intelligence plus éveillée mais parce que, de très bonne heure, dans leur milieu intellectuel de la petite ou grande bourgeoisie (y compris le milieu instituteur), on a mis l’accent presque exclusivement sur cette forme d’intelligence, aux dépens bien souvent de l’intelligence de la vie.

Il en résulte d’ailleurs que ces intellectuels précoces n’avancent que selon une ligne d’acquisition par les livres, et négligent le large éventail humain d’acquisitions éducatives. Ils seront des universitaires éminents, ce qui ne signifie pas toujours qu’ils sachent se comporter d’une façon efficiente dans les diverses circonstances de la vie.

C’est d’ailleurs pour éviter cette spécialisation trop précoce que les Soviétiques obligent tous les étudiants à passer un certain nombre d’heures dans les usines ou dans les champs pour se colleter avec les réalités de la vie.

L’école a raté les enfants que vous aurez car elle a prétendu cultiver exclusivement cette intelligence abstraite pour laquelle ils n’avaient été nullement formés. Et vous échouerez totalement si vous voulez continuer dans cette voie.

Avec ces enfants - et c’est d’ailleurs avec tous les enfants qu’il faudrait procéder ainsi - l’éducation doit partir de la base, de l’observation, de l’expérience et du travail à même la vie. C’est sur cette intelligence des doigts, des yeux, de la sensibilité, de l’intuition que vous ferez fond dans vos classes. Bien sûr il y faut un matériel et des techniques adéquats, d’autres normes d’activité, et nous avons essayé d’y pourvoir.

Et c’est là qu’une grave erreur risque de compromettre vos efforts.

Il ne s’agit pas d’introduire dans vos classes du travail manuel, de faire manœuvrer un rabot ou une scie, de planter des clous, ou même de tresser des joncs ou du raphia, pendant que vous pratiqueriez d’autre part la classe soi-disant intellectuelle pour l’acquisition, le rattrapage ou le développement des indispensables.

Le travail manuel à ce degré - et à tous les degrés d’ailleurs - n’a une portée et un sens éducatifs que s’il est intégré à l’effort profond d’enrichissement intellectuel, culturel et affectif qui est le but naturel de tout être non déformé ou perverti. Nous avons supprimé dans nos classes tous les exercices non intégrés à notre pédagogie, ce n’est pas pour y réintroduire avec le travail manuel une autre forme de devoir.

Vous pouvez certes, avec un bon moniteur, réaliser des travaux intéressants en bois, en jonc ou en raphia. Mais ces réussites, qui ne sont pas pour autant négligeables, ne feront pas, par elles-mêmes, avancer le problème de la recherche d’une nouvelle pédagogie. On peut, dans une école ou dans un internat, faire de très beaux travaux manuels, dignes de figurer dans des expositions, et avoir une classe retardataire, sinon réactionnaire, dont il ne faudrait s’accommoder.

C’est à ce titre que nous nous méfions beaucoup de l’expression « méthodes actives », par laquelle on qualifie parfois l’actuel mouvement de modernisation. Le mot de « méthodes actives » est trop chargé de manualisme. On a beau arguer que le travail manuel intéresse les enfants et les désenvoûte quelque peu de la passivité de l’école, cela ne résout nullement le problème pédagogique.

L’École du travail

Nous voulons, nous, une école du travail, tout à la fois physique, physiologique, intellectuelle et sensible, une école du travail culturelle et éducative, où l’activité manuelle, l’observation et l’expérimentation sont strictement liés à notre activité scolaire et intégrés à nos plans de travail. (1)

Le travail qualifié à tort de manuel, disons plutôt le travail d’atelier, est inscrit le lundi dans les plans de travail hebdomadaires des enfants: découpages et maquettes d’histoire, selon les modèles que nous avons publiés dans notre collection Supplément BT - expériences scientifiques pour lesquelles nous avons également toutes indications techniques dans nos BT, dans nos Suppléments BT, dans nos Fiches-guides, dans nos 100 Fiches-guides pour Travaux Scientifiques Expérimentaux, pour cartes électriques, fabrication de moteurs, de postes de radio, etc - des découpages et des plans en relief pour la géographie.

C’est parce qu’ils sont intégrés dans nos Plans de Travail que nos travaux d’atelier gardent leurs caractéristiques spéciales non scolastiques. Il ne s’agit pas chez nous d’ateliers, où, sous la direction de moniteurs spécialisés tous les enfants font le même travail, bien souvent sans motivation, donc d’un intérêt réduit.

Chez nous, comme pour les travaux plus spécifiquement scolaires du Plan, le travail se fait individuellement ou par équipes sur des thèmes variés. Nous aurons un jour par exemple: des enfants qui font de la peinture, d’autres qui travaillent à la céramique et préparent un four. On fabrique un moulin avec roues à aubes dans un atelier, une carte électrique dans un autre, une maquette d’histoire ailleurs.

Le maître ou le moniteur ne peut certes pas avoir une compétence universelle. Il se peut qu’il ne puisse pas conseiller et guider tout à la fois pour le large éventail de techniques que nous utilisons, mais nous avons mis au point des outils excessivement simples avec lesquels les enfants parviennent, même seuls, à des résultats valables.

Là se pose la question du préapprentissage qu’on risque de placer trop tôt dans la nouvelle installation. Qui dit préapprentissage mais apprentissage sous-entend machines, mécaniques, travaux plus ou moins à la chaîne, pour lesquels il faut une initiation précise et une sorte de méthode autonome, qui est à l’opposé du bricolage.

Mais nous devons préciser ici que nous sommes contre le bricolage qui est le travail sans outil. Nous ne pensons pas que nous devions dire à nos enfants: Voilà des planches et des clous : construisez et réparez.

Nous faisons du vrai travail avec de vrais outils :
- avec notre Boîte de Travail n° 1 polyvalente, nous montons des filicoupeurs, qui permettent des découpages très minutieux ; nous faisons des montages électriques utiles ;
- nous gâchons le plâtre, pour 1e sculpter ensuite ;
- nous faisons des expériences chimiques ;
- nous utilisons le marteau, les pinces, les étaux, les livres, la colle. Nous acquérons ainsi une grande maîtrise pour la manœuvre de ces outils et cet exercice est la base la plus sûre pour l’apprentissage à venir.

Nous ne pensons pas qu’on doive dépasser ce stade dans les classes de transition. Il faudra sans doute s’y essayer dans les classes terminales pour lesquelles il faudra mettre au point une pédagogie sage.

Nous n’avons pas la prétention de préparer, par notre méthode, pédagogique des mathématiciens, des écrivains, des artistes, des hommes de sciences, des menuisiers ou des électriciens, mais de familiariser nos enfants avec le travail complexe et vivant sous toutes ses formes, de leur faire acquérir le sens littéraire, le sens artistique, le sens mathématique, le sens scientifique, et aussi le sens de l’outil, le sens de la mécanique, toutes choses qui seront la base pour l’apprentissage de demain.

(1) voir le livre de C. Freinet. L’EDUCATlON du TRAVAIL. Delachaux-Niestlé.

L’organisation de la classe

Une forme nouvelle de travail suppose une autre organisation matérielle de la classe :

1°. - Dépouillez autant que possible la salle de classe de son caractère de classe et d’école, avec ses bancs alignés, son tableau et sa chaire, avec les tableaux muraux. Les enfants qui ont trop pâti de cette forme d’école en sont saturés. Ils y sont allergiques, pour employer un mot à la mode.

Nous donnons à notre classe l’allure de club : les tables, par deux ou par quatre au goût des élèves seront disposées un peu au hasard dans la salle, au gré des occupants. La chaire et le tableau n’en seront plus les pôles exclusifs. La chaire, descendue de son estrade sera placée au niveau des autres tables, de préférence sur les côtés. Et nous utiliserons beaucoup moins les tableaux.

2°. La classe atelier: La classe prendra bien vite l’allure d’atelier, pour peu que l’espace vous le permette, avec le long des murs: imprimerie, limographe, fichier, qui, dans certains cas pourront être disposés dans une salle attenante, communiquant avec la classe.

Sur des tables ou des étagères, des fossiles attendront d’être classés, l’herbier sèchera dans les livres, des découpages seront à pied d’œuvre. Boîtes enseignantes, bandes, photos, documents reçus des correspondants, plans de travail diront qu’ici on discourt moins, mais qu’on s’entraide pour des réalisations éducatives.

3°. Ateliers annexes: Si vous disposez d’une salle annexe vous y aurez, fichiers, réduit noir pour la photo, peut être four pour la céramique, appareil de projection et diapositives.

4°. La journée de travail comportera :

a) Pour le matin, 2 heures environ de travail vivant sur la base de l’expression libre: lecture, dessin, textes libres, composition à l’imprimerie ou au limographe, chasse aux mots, grammaire et calcul vivant ;

b) ensuite trois heures environ de travail libre, individuellement ou en équipe, selon le plan de travail, plus intellectuel le matin (fiches, bandes enseignantes, préparation des conférences) plus manuel l’après-midi (découpages, maquettes, etc) ;

c) la dernière heure sera consacrée à la synthèse des travaux de la journée :
- comptes rendus des travaux historiques, géographiques et scientifiques, et leçon a posteriori du maître ;
- conférences d’élèves.

Nous ne donnons pas de modèle d’emploi du temps. Il dépendra évidemment de la mesure dans laquelle vous vous engagerez dans les techniques modernes et des outils que vous aurez pu introduire dans votre classe.

Nous signalons ici tout particulièrement les avantages considérables que vous vaudra, surtout dans les classes de transition la nouvelle technique des Boîtes et Bandes enseignantes :

- avec les bandes autocorrectives, le travail de calcul sera fait sans leçon dogmatique et avec un minimum d’exercices collectifs, chacun avançant à son pas, avec votre aide et vos conseils ;

- avec les bandes programmées en lecture, sciences, histoire, géographie, vos élèves sauront exactement ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent préparer et aborder leur travail ;

- votre préparation de classe se fera bientôt presque exclusivement par bandes programmées ce qui changera totalement et le climat de la classe et le rendement de vos efforts communs.

Et enfin, naturellement, notre classe deviendra coopérative à 100% même si la coopérative scolaire n’est pas toujours formellement constituée.

La participation des élèves à l’organisation de leur vie et de leur travail sera un des impératifs de votre pédagogie.

L’installation matérielle et technique des classes de transition

Comme vous le voyez, nous accordons une grande place, dans notre pédagogie, à l’organisation du travail, donc au choix et au fonctionnement des nouveaux outils dont nous vous recommandons l’usage.

Voici, dans l’ordre d’urgence, l’installation à prévoir selon la maîtrise que vous pourrez avoir des techniques modernes et des fonds dont vous disposerez. Il ne s’agit pas là d’une progression impérative, mais d’un exemple lié aux possibilités financières.

1. Texte Libre (sans mise de fonds).
2. Correspondance interscolaire. S’adresser à M. ALZIARY, « L’Abri », Chemin des Sablettes, La Seyne-sur-Mer (Var). (gratuit).
3. Cours par correspondance de l’École Moderne (section débutants).
4. Édition d’un journal scolaire à l’aide d’un limographe ou de l’imprimerie.
5. Matériel collectif de peinture (couleurs en poudre CEL). Voir revue Art Enfantin (bulletin d’abonnement à ICEM, Cannes).
6. Contacts avec les instituteurs du département utilisant les Techniques Freinet (Écrire à ICEM, Cannes).
7. Constitution d’une Bibliothèque de Travail avec ses Suppléments pour travaux pratiques (700 brochures parues).
8. Utilisation des Fichiers autocorrectifs. Cahiers auto-correctfs, Bandes programmées et Boîtes enseignantes.
9. Mise en place d’un Fichier documentaire à classification scolaire décimale. Utilisation des fiches-guides de travail individuel.
10. Outillage de base pour divers travaux manuels : boîtes scientifiques CEL, marteau, tenailles, scie, clous, étau, etc...
11. Magnétophone de qualité pour échanges interscolaires.
12. Four à céramique.

 

BROCHURES D’INITIATION ET DE PERFECTIONNEMENT MISES À LA DISPOSITION DES MAÎTRES

Collection « Bibliothèque de l’École Moderne » (livres de poche Freinet).

1. Formation de l’enfance et de la jeunesse
2. Classe de neige
3. Le texte libre
4. Moderniser l’École
5. L’Éducation morale et civique
6. La santé mentale des enfants
7. La lecture par l’imprimerie à l’École
8-9. La méthode naturelle de lecture
10. Milieu local et Géographie vivante
11-12. L’enseignement des sciences
13-14. L’enseignement du calcul
15. Les plans de travail
16. Dessins et peintures d’enfants
17. La Grammaire
18-19 Les Techniques audiovisuelles
20-23. Naissance d’une pédagogie popul.
24. La part du maître

Autres ouvrages

OUVRAGES DE C. FREINET

L’École Moderne Française
Le journal scolaire
Les dits de Mathieu
L’Éducation du travail
Méthode naturelle de Dessin
Essai de Psychologie
Les Enfants-Poètes (École Freinet)
Vous avez un enfant

OUVRAGES D’E. FREINET

La Santé de l’Enfant
Naissance d’une Pédagogie populaire

L’ENFANT ARTISTE

N°  SPECIAUX DE L’EDUCAT UR

Genèse des oiseaux
Genèse de l’homme
Genèse des autos
Genèse des maisons

Brochures diverses

- La Technique Freinet (BENP n°1)
- Florilège du journal scolaire
- Correspondances interscolaires (BENP n°32)
- Dictionnaire simple d’orthographe (BT 242).

Pour tous renseignements complémentaires écrivez à : C.E.L. - B.P. 282 - CANNES (A.-M.)

La préparation des maîtres

Une telle reconsidération de l’école, prévue dans les I.O. nécessite :

- d’une part une initiation ou une rééducation technique ;

- et d’autre part une initiation et un entraînement pédagogiques.

La première sera relativement simple. Un stage École Moderne ou quelques visites d’écoles au travail y suffiront.

La deuxième est autrement complexe. Nous pensons que cette initiation ne peut pas se faire théoriquement, par la lecture ou des conférences. C’est à même votre classe qu’il vous faudra peu à peu reconsidérer les problèmes.

Nous vous avons donné, dans ce but, les conseils utiles. Nos camarades, nos groupes départementaux restent partout à votre disposition.

Voilà ce qu’en dit la circulaire.

I1 est certain que la tâche du maître dans la classe de transition sera très délicate par suite de l’hétérogénéité des élèves qui s’y trouveront rassemblés, de la diversité des buts à poursuivre et, enfin de la nécessité d’obtenir une efficacité pédagogique suffisante avec des enfants en difficulté devant des études abstraites.

Les maîtres seront choisis, avec beaucoup d’attention, parmi ceux qui, désireux d’éveiller chez leurs futurs élèves la curiosité intellectuelle et le désir de savoir, s’intéressent à l’emploi de méthodes nouvelles dans le cadre d’une pédagogie spécialement adaptée.

Le personnel qui sera appelé ultérieurement à prendre en charge ce type de classe sera l’objet d’une formation spécialisée qui comportera essentiellement une connaissance approfondie de la psychologie de l’enfant et de l’adolescent.

Dans l’immédiat, il apparaît que ces classes devront être confiées à des maîtres qui ont déjà acquis une certaine pratique des méthodes actives et qui pourront ainsi plus facilement confronter leurs méthodes et leurs expériences; à cette fin, ils se réuniront périodiquement chaque quinzaine par exemple, la fréquence de ces réunions étant en rapport avec le nombre des classes de transition de la région. Une heure hebdomadaire du service de ces maîtres sera prévue à cet effet ; la semaine des élèves selon les circonstances propres à chaque expérience s’en trouvera soit réduite d’une heure, soit de préférence complétée à la durée normale de 3o heures hebdomadaires par la participation d’un autre maître (professeur de CEG assurant l’initiation sportive par exemple). D’autre part, en raison des nécessités pédagogiques de l’enseignement de transition, il faudra dans toute la mesure du possible que les maîtres puissent suivre leurs élèves pendant les deux années que comporte ce cycle.

Nous souhaitons que l’institution de ces classes terminales, axées sur une pédagogie qui est presque intégralement la nôtre, réussisse. Nous invitions nos adhérents à demander ces postes, à participer aux stages qui seront organisés, à se mettre à la disposition des nouveaux titulaires pour que se matérialise dans ces classes l’esprit des Instructions Ministérielles, dont nous pouvons, en bien des points, faire notre charte.

C. FREINET

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