Collection

Documents de l’ICEM N°7

 

Vers l’autogestion

 

 

 

Par la commission « Enfance inadaptée » animée par Pierre Yvin

BIBLIOTHEQUE DE L’ECOLE MODERNE


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TABLE DES MATIÈRES

1re partie (Classe de Pierre YVIN)

INTRODUCTION
1. LE POUVOIR DE DÉCISION
2. APPLICATION DES DÉCISIONS : du projet au travail
3. DIFFÉRENTS TYPES D'INTERVENTION DE L'ÉDUCATEUR
4. CONTROLE ET BILAN DU TRAVAIL RÉALISÉ
CONCLUSION

2e partie (Classe de Jean LE GAL)

INTRODUCTION
1.LES CONDITIONS DE L'EXPÉRIENCE ACTUELLE
2. ANALYSE DE L'EXPÉRIENCE
3. LA DÉVIANCE
CONCLUSION

3e partie

L'ÉVOLUTION DES TECHNIQUES
1. LA CORRESPONDANCE INTERSCOLAIRE (Jean LE GAL)
2. LE TEXTE LIBRE ET LE JOURNAL SCOLAIRE (Jean LE GAL)
3. RENCONTRES D'ENFANTS (Pierre YVIN)
4. LE CONSEIL DE COOPÉRATIVE (Jean LE GAL)
5. LE PRÉSIDENT DE JOUR (Jean LE GAL)

4e partie (Classe d'Yvette BOLAND)

1. LES ENFANTS
2. OU EN SOMMES‑NOUS ?
3. UNE TRANCHE DE VIE DE LA CLASSE
CONCLUSION

5e partie (Classe de Lucette MAGNE)

1. CONDITIONS NÉCESSAIRES
2. NOTRE EXPÉRIENCE
3. ROLE DE LA FORMATION DES ÉDUCATEURS

Conclusions provisoires

PREFACE

Je ne consens guère à des préfaces, en ce sens que je les trouve inconvenantes : inopportunes, elles retardent le contact direct qui est la raison d'être de l’œuvre elle-même ; impertinentes, elles ne peuvent que répéter ou contredire. Mais voilà qu'il s'agit d'amis qui se recommandent de l'Ami qui nous fut cher et que nous n'oublions pas, Célestin Freinet. Il s'agit aussi de ces enfants des classes de perfectionnement qui constituent notre priorité, puisque les autres se sauveront finalement sans nous si nous sommes sages, contre nous, si nous sommes maladroits. Faute d'un intérêt prioritaire en faveur des plus démunis, nous trahirions l'esprit même de la Démocratie.

C'est dire l'intérêt passionnant d'une lecture qui répond à l'intérêt passionné des auteurs : Yvette Boland de Grivegnée (Belgique), Lucette Magne de Limoges, J. Le Gal et P. Yvin de Nantes. Sans doute, d'un document à l'autre, découvrira-t‑on ces nuances nécessaires de l'action éducative : « Parce que c'est lui, parce que c'est moi ». Le respect de l'authenticité du maître est l'un des facteurs de son efficacité. Et c'est en quoi la Pédagogie échappe au catalogue des recettes communicables. Mais au-delà de cette évidente singularité apparaît la convergence qui frappe, du propos et du ton : ne s'agit-il pas d'enfants qui font preuve des mêmes carences psychosociales ‑ et de maîtres qui se sont fortifiés au même mouvement créateur ? Attachons-nous à ces constantes...

Il s'agit tout d'abord de véritables monographies, de comptes rendus si vivants, si précis que nous aimerions en lire de semblables sous la plume de nos étudiants. Cependant, cette objectivité traduit d'abord une orientation, un but clairement défini, celui-là même que Célestin Freinet proposait à ses amis, au congrès de Caen, en 1962 : « préparer, non des écoliers dociles, mais des hommes et des citoyens qui sauront bâtir le monde nouveau de liberté, d'efficacité et de paix ». La finalité de l'éducation apparaît dans l'avènement progressif de personnes autonomes et sociabilisées. Encore importe-t-il de ne pas s'en tenir aux pieuses intentions. Les difficultés sont de méthodes.

Il convient tout d'abord de valoriser l'enfant : aussi démuni soit-il, il détient un immense capital de mots (d'où la valeur, d'ailleurs thérapeutique, de « l'expression libre »), de besoins, de tendances, de motivations. L'associer au travail en équipe, le faire participer aux décisions communes, l'écouter, c'est le réconcilier avec lui-même autant qu'avec les autres, c'est faire qu'il se découvre de s'entendre, qu'il soit, peu à peu, mieux dans sa peau. L'acceptation et l'autonomie de la personne enfantine, constatent les auteurs, passent par l'acceptation et la gestion du milieu scolaire : code de vie, organisation du travail respectant les règles, les personnes et les outils ‑ et préfigurant son propre code moral, ses propres méthodes de travail. La faculté de s'adapter, de créer, de coopérer, ces vertus de l'an 2000, passent par une pédagogie de l'aléatoire, de la réussite et de la dédicace.

Il se trouve qu'il n'y ait rien de mieux à ce propos que la pédagogie Freinet et singulièrement grâce à la multiplicité de ses activités concrètes, de ses techniques coopératives. Un sort doit être fait au rôle du Président de jour (comme l'entendait Makarenko), du responsable temporaire d'atelier coopératif, au conseil de classe (selon une formule qui intègre les apports de l'Office Central de la Coopération à l'Ecole et de la dynamique de groupe), à la correspondance interscolaire, peut-être technique privilégiée en semblable affaire...

Dès lors, apparaît le rôle du Maître, entre oppression et démission, du maître démocratique qui sait que son action seule peut combler tout ou partie du désolant déficit de ces enfants de Caïn. Là est l'apport le plus original des auteurs et peut-être leur plus significatif point de rassemblement. Partis de la pédagogie autocratique traditionnelle ou, un temps séduits par la non directivité intégrale, ils ont compris, à l'expérience et à la réflexion, ce qui était le plus difficile, le plus nécessaire : être présent sans être pressant ; être disponible et permissif, en restant ferme quand il le faut : « être un homme, un technicien, un organisateur », « que le maître s'informe et qu'il s'engage » ; qu'il choisisse la philosophie de son éducation, après avoir, d'évidence, éclairé sa philosophie. Qui doit changer ? Lui d'abord. Et là l'humilité est grande vertu. Si l'oblativité va d'abord...

Nous trahirions la pensée des auteurs si nous découvrions dans leurs comptes rendus une invite à refaire leurs propres expériences, à les étendre à l'ensemble d'une pédagogie qui sera toujours plus militante que triomphante. Au moins pouvons-nous dire qu'il y a là richesse d'informations, suggestions d'activités, promesse de réussites. Quoi de plus rassurant, en tout cas de plus tonique, que cet enthousiasme d'éducateurs heureux : ils se sont faits sauveurs d'hommes.

Jean Vial

 

« Quelles que soient les entraves que la société capitaliste met aux essais de rénovation de l'éducation populaire, nous nous emploierons à mêler, plus que jamais, l'école au peuple afin de dépouiller l'éducation de tout ce qu'elle a eu, jusqu'à ce jour, de mystiquement aristocratique pour en faire la puissante préparation à la vie prolétarienne. »

1928-29 C. FREINET, L'Educateur Prolétarien

en 1928 encore

« La libération de l'Ecole Populaire viendra d'abord de l'action intelligente et vigoureuse des instituteurs populaires eux-mêmes. »

Janvier 1931

« Il ne peut y avoir comme but à nos efforts que la société d'où sera exclue toute exploitation de l'homme par l'homme. »

Et en 1939, à l'occasion du Congrès de la Ligue pour l'Education Nouvelle, il écrivait, à propos de « l'école au service de l'idéal démocratique » :

« L'idéologie totalitaire joue sur un complexe d'infériorité de la grande masse qui cherche un maître et un chef. Nous disons, nous : l'enfant - et l'homme - sont capables d'organiser eux-mêmes leur vie et leur travail pour l'avantage maximum de tous. »

Ce qu'écrivait Freinet en 1939, reste plus vrai que jamais, mais surtout s'avère aujourd'hui, plus réalisable.

Les éducateurs de l'Ecole Moderne peuvent aujourd'hui offrir à leurs enfants une gamme variée d'outils, un riche éventail de techniques et d'activités. Une classe Freinet, en autogestion, est désormais possible. Un soubassement pédagogique constitué par l'ensemble des techniques Freinet, est nécessaire pour qu'une classe fonctionne en autogestion Toute tentative de ce genre dans une classe dont le matériel éducatif est la salive, la craie, les manuels, dont les techniques de travail restent les leçons, les devoirs, n'est qu'un leurre.

Face à la pédagogie autoritaire, système pouvant être défini par le fait que les institutions internes à la classe sont décidées uniquement par le maître (et quelles que soient les techniques utilisées), des éducateurs de l'Institut Coopératif de l'Ecole Moderne relatent, dans ce document, l'expérience de leur classe et développent la conception d'une pédagogie basée sur l'autogestion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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