Brochures d'Education Nouvelle Populaire n°25

 

C.FREINET

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Le texte libre

 

 

Janvier 1947

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Le texte libre

 

Il est, dans toutes découvertes, des surprises qui étonnent les inventeurs eux-mêmes : la masse se saisit parfois d'un aspect imprévu de ces découvertes et pousse à fond dans une direction qui risque de n'être pas tout à fait celle prévue par les initiateurs.

 

Telle est l'aventure du Texte Libre, qui aurait tendance à se détacher de l'ensemble harmonieux de nos techniques pour devenir un des aspects essentiels de l'officialisation des techniques Freinet et de la CEL.

 

Nous avons garde, certes, de nous opposer à une telle montée d'une pratique dont nous redirons les avantages ; nous n'essayerons pas davantage de la codifier puisqu'elle va vers la vie, et que la vie est essentiellement mouvante, dynamique, variable selon les milieux, selon les enfants, selon les éducateurs et, que rien ne lui est plus mortel que la scolastique dont nous ne cessons de dénoncer les méfaits.

 

Nous dirons ce qu'est vraiment, ce que doit être la technique du Texte Libre si nous voulons qu'elle serve l'éducation moderne de nos enfants ; nous montrerons les dangers à éviter ; nous rappellerons ses fondements et les techniques annexes, outils, qui permettent de tirer du Texte Libre le maximum d'avantages pédagogiques.

 

L'officialisation du Texte Libre dans l'Ecole française est la première grande victoire de nos techniques. Elle est le premier, pas vars la généralisation de cette modernisation de l'Ecole dont l'urgence crève les yeux, mais qui attendait les ouvriers audacieux et décidés qui, à même leur classe, pratiquement, sont en train de faire passer dans la réalité quotidienne les rêves ancestraux des pédagogues.

 

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Un peu d'histoire

 

Le progrès, à notre époque, marche à une allure qui devrait encourager les plus sceptiques.

 

Les éducateurs - ils seront bientôt la majorité en France - qui se lancent plus ou moins timidement dans la pratique du Texte Libre et qui n'auront pas connu dans toute leur rigidité les méthodes aujourd'hui condamnées, auront bientôt: tendance à croire que le Texte Libre est si souple, si naturel, qu'il a nécessairement été connu de tous temps. Comme l'enfant qui, monté sur sa bicyclette, ne saurait imaginer un monde – pas si lointain - où la bicyclette n'existait pas.

 

Ajoutez à cela la présomption de ceux qui ne veulent recevoir de leçon de personne et qui vous diront :

 

- Euh ! le texte libre !... De Mon temps déjà !...

 

Alors, donnera un rapide historique du Texte Libre, qui fera mieux comprendre en même temps ses véritables fondements et ses buts essentiels.

 

***

 

Lorsque, en 1924, j'ai commencé dans ma petite école de Bar-sur-Loup (A.-M.), ma technique, de l'Imprimerie à l'Ecole et que j'ai eu l'idée de donner aux textes, pensés, rédigés, écrits par les enfants eux-mêmes les honneurs de l'imprimerie et de la diffusion par le journal et par les échanges, je heurtais de front une conception pédagogique, qui n'a d'ailleurs pas encore totalement disparu :

 

-Des niaiseries d'enfants me disaient les camarades de Nice à qui je montrais candidement et timidement mes premiers essais... N'avons-nous pas dans nos livres de classes des textes d'auteurs autrement littéraires et intéressants ?...

 

-Des textes d'enfants ! écrivait-on alors dans les revues... Nous savons, hélas ! ce que les enfants peuvent sortir de leur pauvre cervelle si nous ne les y aidons pas... Voyez leurs rédactions ! Et c’est sur ces pauvretés que vous voudriez baser une éducation !...

 

Il m'était facile de répondre que, justement, nous n'imprimions plus les « rédactions scolastiques », mais la vie des enfants, et que cette vie était précieuse aux éducateurs à plus d'un titre et que les enfants se passionnent pour tout ce qui se rapporte à d'autres enfants..

 

Mais vous savez ce que valent les justifications théoriques en semblables circonstances : ce ne sont qu'alibis d'original dangereux... Et un collègue me rendait mes textes d'enfants en me disant d'un air compatissant :

 

Je vous reconnais bien là… Vous ne ferez jamais rien de pratique !…

 

En juillet 1926, nous, venions de sortir le n°1 de notre collection Enfantines : Hisoire d'un petit garçon dans la montagne. C'était un petit livret sous couverture cartonnée, contenant un texte d'enfant délicieux, illustré par des dessins d'enfants, ce qui était aussi une originalité en ce temps-là, car la méthode la plus avancée à l'époque - et elle était en progrès sérieux sur la précédente - faisait dessiner des carottes ou peindre des marmites.

 

Nous avions donc sorti notre n°1 et, comme tous les parents, nous étions émerveillés de notre enfant. Nous devions nous rendre au Congrès de Tours des Instituteurs et nous tâchions de mesurer d'avance, l'accueil qui allait être fait à cette petite merveille qui venait d'éclore Faut-il porter 100 opuscules... Il n'y en, aura pas assez !… Prenons-en 200...

 

Hélas ! Pour un peu, nul ne nous demandait ce que nous avions réalisé là... C'était une lubie d'original... Quel Intérêt voulez-vous que les enfants prennent à des textes, si simples si près de la vie.. Donnons-leur du Margueritte, du Victor-Hugo ou du George Sand !...

 

Il y avait de quoi nous décourager certes !

 

Qui nous a soutenus en nous renouvelant chaque jour l'assurance que nous étions sur la bonne voie, et une voie fructueuse, qui réservait bien de réconfortantes surprises ? Les enfants !... Nous nous rendions évidemment compte 'que, là, nous étions sur le solide. Les élèves les plus rebelles à l'enseignement traditionnel à base de manuels d'adultes étaient accrochés définitivement par ces pratiques à leur mesure, par ces expressions de vie qui les replaçaient enfin dans leur milieu : les plus rebelles se mettaient à parler, puis à écrire ; les yeux brillaient, l'intelligence s'éveillait. Des possibilités infinies s'ouvraient devant nous parce que nous avions retrouvé la vie. Et chaque fois que fut faite la même épreuve des enfants, hors de tout parti-pris scolastique, ce fut le même succès radical.

 

Lorsque, dès 1925, je communiquai le premier livre de vie réalisé dans notre école à quelques instituteurs passionnés de pédagogie, je reçus des réponses enthousiasmantes

 

- Jamais, à ma grande surprise, mes élèves n'avaient écouté une lecture avec plus de profonde attention !…

 

- Ils buvaient du lait... m'écrivait un autre…

 

Et quand, dès 1928 aussi, commença notre, échange régulier d'imprimés avec l'Ecole de Trégunc, où notre vieil ami Daniel venait d'acheter l'imprimerie, quel intérêt soutenu, quel enthousiasme, que de pistes nouvelles s'ouvraient à notre pédagogie !

 

Et ainsi, peu à peu, nos textes d'enfants ont fait tache d'huile. Les instituteurs, intrigués, les ont soumis à leurs élèves. Et la révélation de l'intérêt qu'ils y portaient les a illuminés.

 

Nos Enfantines ont fait leur chemin. Les élèves s'y seraient, certes, passionnés, comme ils s'y passionnent aujourd'hui Mais les instituteurs trouvaient sans doute ces livrets trop puérils... Parlez-leur des Livres roses !... Nous devons à la vérité de dire que, au cours de ces débuts de notre publication Enfantines, nous avons été encouragés sans réserves par quelques. grands écrivains qui étaient de grands artistes : Henri Barbusse et Romain Rolland notamment. Eux n'avaient point perdu ce contact magique avec la vie et ils sentaient d'emblée cette envolée qui n'effleurait pas même les éducateurs. De temps en temps, quand il recevait un de nos numéros particulièrement réussis, Romain Rolland prenait sa plume et nous disait son enthousiasme d'artiste et son étonnement à la lecture d'oeuvres dont il sentait toute la profonde résonance.

 

Nous étions incontestablement sur la bonne voie.

 

La Gerbe est venue doubler cette campagne, méthodique en faveur de l'expression libre des enfants. Pendant des années, non sans d'épuisants sacrifices d'argent, nous avons donné des exemples, innombrables de ce que sont capables de nous off rir les enfants qui ont enfin la possibilité de s'intéresser au monde ambiant et de nous dire, sous la forme qui convient à leur tempérament - texte ou prose, poésie, chant, dessin, enquête, conte, réalisation manuelle - leurs besoins véritables sur lesquels nous pourrons alors bâtir une inébranlable pédagogie. Les pédagogues avaient essayé de rayer de la vie le babil qui fait le charme de l'enfance et sans lequel rien ne serait des acquisitions ultérieures. Nous rétablissions les voies naturelles, dont on ne s'écarte jamais sans danger.

 

Nos journaux scolaires, nos publications diverses ont porté dans tous les coins de France et à l'étranger le message ardent d'une pédagogie à la mesure de l'enfant. Chaque jour, chaque année, des centaines et des milliers d'éducateurs sont venus se joindre au noyau primitif d'illuminés dont les rêves devenaient réalité. La cause est maintenant gagnée. L'accueil unanimement favorable fait à notre collection Enfantines en est la preuve. On ne fait plus de réserves, maintenant. Certes, on peut trouver tel numéro mieux réussi que d'autres. C'est humain. Mais tous les éducateurs qui ont mis nos Enfantines entre les mains de leurs enfants nous écrivent : L'expérience est décisive. Nos enfants se passionnent pour les histoires vivantes et vécues d'autres enfants... Et ils brûlent d'écrire, eux aussi, des textes qui paraîtront dans La Gerbe et dans Enfantines.

 

Qu'on ne s'y trompe pas. La faveur dont jouit actuellement, même dans les sphères officielles, la pratique du texte libre, n'est pas un don du ciel, mais une lente et opiniâtre, conquête des éducateurs de notre grgroupe qui ont montré, par leurs réalisations, la splendeur de l'oeuvre nouvelle. On sait maintenant que l'expression de l'enfant :

 

Passionne les enfants, et non seulement les auteurs, mais les lecteurs aussi surtout s'ils peuvent eux aussi être auteurs.

 

Les ouvre affectivement et pédagogiquement à la connaissance des éléments fondamentaux de la culture.

 

Se prête donc tout particulièrement à l'exploitation pédagogique que nous recommandons.

 

Change l'atmosphère de la classe, en changeant notamment les rapports avec les éducateurs qui apprennent ainsi pratiquement à considérer en l'enfant non l'élève tel que la scolastique en avait dressé l'artificiel prototype, mais l'éminente valeur de la fleur qui va éclore et dont nous devons soigner la fructification.

 

A nous de continuer à montrer la voie pour des conquêtes encore plus profondes et plus définitives.

 

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LE TEXTE LIBRE

Sa pratique dans les divers cours de l'Ecole Primaire

Son exploitation pédagogique

 

PRÉAMBULE

 

Le texte libre doit être vraiment libre

 

Il semblera que nous émettions là une évidence superflue. C'est que la tradition scolastique est si tenace, elle a si définitivement marqué la majorité des maîtres, qu'on veut bien, si les officiels le recommandent, laisser écrire des textes libres... mais vous comprenez, il faut bien orienter, les enfants vers les sujets à examiner ou à développer... Nous n'allons pas leur laisser écrire n'importe quoi...

 

Alors, on demande aux enfants d'écrire, à l'heure dite, un texte libre. C'est-à-dire qu'au lieu de leur donner le sujet de la rédaction, on leur laisse le choix de ce sujet. Cet exercice devrait plutôt s'appeler : rédaction à sujet libre.

 

Si, à ce moment-là, l'enfant n'a pas envie d'écrire, il devra écrire tout de même ; s'il n'a pas dans la tête un sujet passionnant, il faudra qu'il le trouve.

 

On comprend bien qu'une telle technique de travail, si elle est en progrès sur la pratique traditionnelle de la rédaction imposée, n'apportera que très exceptionnellement les avantages que nous reconnaîtrons au texte libre : spontanéité, vie, liaison intime et permanente avec le milieu, expression profonde de l'enfant.

 

Un texte libre doit être vraiment libre. C'est-à-dire qu'on l'écrit lorsqu'on a quelque chose à dire, lorsqu'on éprouve le besoin d'exprimer, par la plume et le dessin, ce qui bouillonne en nous. L'enfant écrira son texte spontané sur un coin de la table le soir, sur ses genoux en écoutant parler la grand'mère qui ressuscite pour lui les histoires du temps passé, sur le cartable avant d'entrer en classe, et aussi, naturellement, pendant les heures de travail libre que nous réserverons dans notre emploi du temps.

 

Alors, nous aurons la certitude que les textes obtenus seront ceux qui ont le plus agité les enfants, qui les ont intéressés le plus profondément, ceux donc qui auront la plus éminente vertu pédagogique.

 

Je préfère, lorsqu'il n'y a pas une moisson suffisante de textes - et cela est tout à fait exceptionnel - rédiger en commun une page qui sera soit un agglomérat de nouvelles à l'intention de nos correspondants, soit des bribes de textes puisés dans les écrits antérieurs, soit un morceau nouveau créé de toutes pièces avec la collaboration de tous.

 

Mais alors diront les non initiés nous aurons rarement un choix suffisant de textes, car nos élèves n'aiment pas travailler quand on ne les oblige pas. - Et puis, ce seront toujours les mêmes qui feront les textes, ce qui n'est pas une solution.

 

Le texte libre doit être motivé

 

Ces objections sont naturelles et justes quand on considère l'Ecole traditionnelle, où l'enfant travaille le moins possible. Il faut justement que nous changions totalement et les mobiles et les conditions même de ce travail et que nous parvenions à ce résultat qui est commun dans toutes les classes travaillant à l'imprimerie : l'enfant,éprouve le besoin d'écrire, de s'exprimer, comme, étant jeune, il éprouve sans cesse le besoin de parler. Le problème pour nous ne sera plus : comment arranger notre pédagogie pour que l'enfant soit obligé, bon gré mal gré, de rédiger – mais : Comment tirer parti du besoin nouveau de travail des enfants, comment entretenir la flamme et la mobiliser pour des fins éducatives.

 

Si on néglige ces motivations, on court à de graves désillusions dans la pratique du texte libre.

 

Le texte libre enfin doit être exploité pédagogiquement mais sans dogmatisme scolastique

 

Il ne suffit pas de lire les textes libres d'une classe, d'en choisir un qui sera mis au net, qu'on lira et qu'on copiera pour passer ensuite à des activités traditionnelles sans rapports avec la flamme un instant allumée. Nous agirions alors aussi inconsidérément que le locataire qui allumerait pendant une heure son bel éclairage électrique - juste le temps d'en apprécier lies bienfaits - et qui l'éteindrait ensuite pour allumer les vieilles lampes à pétrole, sous le prétexte qu'on en a mieux l'habitude, que ces lampes resteraient inutilisées, et que la nouveauté nuit à l'intimité de la famille. On aurait jeté un éclair, qui n'est pas sans valeur, certes, mais qu'il faudrait tâcher de transformer en clarté permanente susceptible d'éclairer tout notre système édu catif.

 

Nous allons, pour les différents cours, passer en revue ces trois stades de l'évolution du Texte libre.

 

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LE TEXTE LIBRE

à l'Ecole Maternelle

et dans la classe enfantine

 

C'est naturellement à ce degré que la pratique du texte libre est la plus facile à introduire dans nos classes. L'enfant nous arrive, neuf'et confiant, habitué à l'expression libre de la famille et de la rue. Les méthodes scolastiques, même d'éducation nouvelle, nécessitaient un dressage anormal qui refoulait certains besoins essentiels et vitaux pour les asservir aux nécessités scolaires et sociales. Il en résultait tout de suite un hiatus, une coupure, dont les psychologues et les psychanalystes ont dénoncé, avant les pédagogigues, les graves dangers.

 

Nous rétablissons l'unité de la vie de l'enfant Celui-ci ne laissera Pas une partie - et la plus intime - de lui-même, à la porte de l'école - pour y revêtir une défroque qui, même embellie et modernisée, n'en sera pas moins une chape d'écolier. Nous ferons comme la maman. Nous écouterons nos bambins parler librement, en prêtant à chacun d'eux une attention sympathique. Puis, - et c'est là que commence le rôle éminent du pédagogue - nous sentirons, dans cette avalanche d'histoires, les pistes qui nous paraissent les plus fertiles pour la tâche que nous allons entreprendre.

 

Nous rédigeons ainsi un texte de deux ou trois lignes qui sera au maximum aujourd'hui, l'expression de notre classe.

 

Nous écrivons ce texte au tableau, en script si possible. Et sur ce texte, nous appuierons tous les travaux qui ont été prévus dans notre brochure : Lecture globale idéale par l'Imprimerie à l'Ecole.

 

Si nous avons pâte à polycopie, limographe et surtout imprimerie, la motivation donnera à plein et, sans exercices scolastiques, par la vie, le langage, l'écriture, la copie, le dessin et la mimique, nous accéderons bien vite aux formes supérieures d'expression.

 

Par cette technique de travail, l'enfant éprouve de très bonne heure le besoin d'écrire lui-même, et alors apparaît le premier texte libre. L'enfant muni de son crayon, qu'il ne manoeuvre encore que fort maladroitement, écrit ce qu'il a envie de dire à son maître ou à ses camarades. Cette écriture est, certes, d'un genre tout particulier, qu'il faudra nous entraîner à lire. Mais dès que nous déchiffrons la pensée de l'enfant, le charme opère. Qu'elle soit en phrases enfantines où chaque lettre prend la valeur d'un son complet ou d'une syllabe - en français correct ou en patois, ou en sténographie, - l'expression a atteint son but. Les relations nouvelles s'établissent qui donnent à l'individu ce sentiment de plénitude qui est élévation et éducation.

 

Voici quelques-uns de ces textes libres primitifs que nous allons utiliser selon notre technique habituelle.

 

L'enfant lit son texte à ses camarades. Ou bien nous le lisons nous-mêmes, en nous faisant aider par l'auteur. Aucune rigidité scolastique dans ce travail : ne laissez pas le petit enfant s’énerver, ou bredouiller devant un texte qu'il ne sait plus totalement identifier ; ne le grondez pas ; ne vous moquez jamais de lui. Au contraire, encouragez-le sans cesse, admirez ses trouvailles, interrogez-le pour faire préciser les points obscurs.

 

Ensuite procédez au vote parmi les textes lus. Là aussi, aucune raideur formaliste. A cet âge le choix par vote est plutôt symbolique. Il faut savoir ménager toutes les susceptibilités, encourager les hésitants, et s'arranger pour que chaque élève, à son tour,ait les honneurs du tableau ou de l'imprimé.

 

Le texte choisi et mis au point constituera le meilleur et le plus suggestif des sujets de lecture. Les enfants le copieront sur leur cahier et l'illustreront. Si même vous n'êtes pas équipé pour tirer de ce texte original tout le bénéfice pédagogique qu'il vous offre, vous n'en aurez pas moins introduit dans votre classe, par cette pratique du texte libre, un extraordinaire élément de vie et d'intérêt.

 

Il suffit de lire quelques-uns de nos textes délicieux que voici pour sentir tout ce que vous pouvez attendre de cette pratique.

 

Inutile de dire que si vous disposez d'une pâte à polycopie, d'un limographe ou d'une imprimerie avec caractères gros corps, alors tout votre travail de la journée pourra être animé par l'élément nouveau dont nous avons monté la valeur.

 

Naturellement cette technique est valable dans les sections enfantines et préparatoires des écoles à classe unique ou dans les classes à plusieurs cours. Il suffira d'organiser le, travail des diverses équipes en fonction des possibilités nouvelles.

 

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LE TEXTE LIBRE

aux C.P., E. et M. et Supérieur

 

C'est surtout sur ce problème que nous allons nous appesantir. Parce que là le texte libre aura à détrôner des pratiques séculaires - manuels scolaires, rédactions, devoirs, leçons, - et il ne les détrônera qu'en s'avérant mieux susceptible d'atteindre les buts normaux de l'Ecole, y compris les désirs des parents, les soucis des Inspecteurs et la réussite aux examens.

 

Rédaction libre des textes

 

Nous avons mis en garde, au début de ce travail, contre la tendance à scolastiser le texte libre, c'est-à-dire à en asservir l'inspiration et la fantaisie au rythme de la classe.

 

Demandez donc à vos élèves de rédiger, librement, lorsqu'ils le désirent, les textes qu'ils seront appelés à lire. Il se peut que, par mesure de transition, vous hésitiez à pratiquer le texte libre ainsi compris tous les matins, mais seulement le lundi, le mercredi et le vendredi par exemple, les autres jours restant soumis à la méthode traditionnelle, ou consacrés à approfondir les centres d'intérêts du texte libre par l'observation et la synthèse decrolyennes. Ce sont là des sacrifices au passé dont nous connaissons mieux que quiconque la nécessité en certaines circonstances. Nous préférons cela à la déviation qui consiste à restreindre les possibilités d'expression en corrigeant les textes libres comme on corrige les rédactions et en désignant ensuite, pour des considérations d'une pédagogie étriquée, les textes à exploiter.

 

Nous ne pouvons pas moderniser notre classe subitement, comme par la magie de la baguette. Mais que, du moins, à certaines heures, une lumière nouvelle y brille intensément qui transformera l'atmosphère de la classe et appellera l'extension nécessaire du coin que nous aurons enfoncé dans le vieil édifice condamné.

 

Nous devons aller vers la vie et le travail. Allons-y carrément, sans détour scolastique. S'il y a de la scolastique à supporter, des devoirs à faire, des leçons à apprendre, n'essayons pas de les présenter sous une fade lueur d'éducation nouvelle. Les enfants, comme nous, sont bien capables d'accepter des compromis, pourvu qu'ils sachent que ce sont des compromis.

 

Choix du texte

 

Les enfants apportent donc les textes qu'ils ont rédigés librement à la maison, au retour d'une promenade, pendant les heures de travail libre, Ils les lisent de leur mieux à toute la classe. Vous inscrivez les titres au tableau et vous faites voter pour choisir le texte.

 

A ce degré, ce vote devient déjà autrement sérieux. Mais nous formulons cependant la même recommandation que pour les classes enfantines : évitez le formalisme du vote : D'aucuns votent au bulletin secret, d'autres à la majorité absolue au premier tour, relative au second. Ne compliquez pas : tout ce qui satisfait les enfants est recommandable. L'essentiel est que, sous une forme ou sous une autre, le texte choisi soit bien celui qui exprime le plus profondément l'intérêt dominant des enfants.

 

Dans certaines écoles, la rédaction et le choix des textes se font par équipes. Les élèves de la classe sont partagés en un certain nombre d'équipes de 6 à 8 enfants. Chaque équipe prend, selon la mode scoute, un nom spécial - d'animal ou d'arbre - avec un totem ou un emblème. Chaque équipe, à tour de rôle, doit présenter son texte, qu'elle mettra au point, composera et imprimera.

 

Il y a, à cette organisation du travail par équipes, des avantages certains, surtout en cette période de transition où elle peut donner davantage l'impression d'ordre et de discipline. Nous pensons qu'il y aurait danger à en généraliser l'usage du moins au degré primaire. Nous préférons conserver l'unité-classe à laquelle nous insufflons par nos techniques une nouvelle vie, et organiser notre activité sur notre base complexe qui groupe les enfants en fonction de la tâche à accomplir : tantôt individuellement, tantôt par équipes de 2 ou 3, ou par équipes plus importantes, qui durent ce que durent les travaux. Nous demandons à nos camarades d'agir, là aussi, avec la plus grande souplesse, sans se laisser dominer par une organisation quelle qu'elle soit. L'organisation doit être au service de la vie et du travail, et non le travail et la vie dominés par l'organisation.

 

Mise au point du texte

 

Vous avez entre les mains le texte brut qui, sous sa forme la plupart du temps imparfaite, n'en exprime pas moins, au maximum, les pensées dominantes de votre classe.

 

Qu'allons-nous faire de ce texte ?

 

Les mêmes qui, au début de notre expérience ironisaient sur la valeur psychologique et la portée pédagogique du texte libre et prônaient l'éternelle fidélité à la pensée adulte imposée comme modèle et comme guide, auraient tendance à critiquer aujourd'hui notre timidité et à dire : le texte libre, la pensée et la syntaxe de l'enfant doivent être intégralement respectés, sinon il y a déformation, abus d'autorité. Copiez donc au tableau le texte choisi, sans rien y changer. Tout juste corrigez-vous des fautes d'orthographe... et encore !

 

Telle n'a jamais été notre conception du texte libre. Nous pensons, certes, que le respect de la pensée de l'enfant est, en l'occurence, une chose essentielle mais nous savons aussi qu'il ne saurait y avoir éducation sans une influence, directe ou indirecte, des enfants par les éducateurs. L'enfant n'apprend à parler sa langue maternelle que parce qu'il a autour de lui des gens qui parlent cette langue. Et il l'apprend d'autant plus parfaitement que les modèles sont parfaits.

 

Il en est de même pour l'expression écrite. L'enfant n'apprendra pas à écrire correctement s'il n'a pas en permanence sous les yeux la perfection de textes écrits ou imprimés. Nous nous garderons donc d'offrir en exemple dans nos journaux scolaires des textes qui auraient comme, seule originalité d'être évidemment écrits par les enfants, mais qui constitueraient, sous une forme éminemment suggestive, de déplorables exemples.

 

Alors, ce texte qui a été choisi librement, nous allons tous ensemble le mettre au point Pour en faire une page qui garde de la pensée enfantine tout ce qu'il y a d'unique, d'original et de profondément humain, et qui soit cependant présentée sous une forme avec une plénitude d'expression qui aident les enfants à monter dans la connaissance et le maniement de la langue.

 

Il sagit, certes, de réaliser une conjonction délicate de la technique adulte et de la libre expression enfantine ; autrement dit, il s'agit de faire du texte libre une belle page française sans rien lui faire perdre de sa fraîcheur et de sa subtile impression. Disons tout de suite que le projet serait irréalisable à l'Ecole traditionnelle, parce que l'adulte regarderait ce texte avec ses verres embués de scolastique, et que, au nom de la connaissance et de l'autorité, il saccagerait comme à plaisir tout ce qui fait la valeur du texte libre. Et l'enfant qui ne reconnaîtrait plus son texte sous le vernis dont on l'aurait affublé, se refuserait à recommencer l'expérience.

 

Seulement, par nos techniques, nous avons enseigné aux éducateurs à voir, à sentir, à appréhender les textes d'enfants avec une mentalité nouvelle, éminemment compréhensive et humble. C'est à même l'enfant, sous sa jalouse surveillance, sous sa responsabilité, que nous allons polir un texte que nous saurons ne pas déformer. Dans cette besogne de polissage, nous avons une garantie : l'habitude que nous avons donnée aux enfants de s'exprimer, de défendre un point de vue, même contre le maître,et de pouvoir s'écrier, s’ils vous voient torturer leur écrit : Ah non, ce n'est pas cela que j’ai voulu dire, ce n'est pas ainsi que les choses se sont, passées... Je préfère que vous laissiez comme j'ai mis !

 

Et, naturellement, vous respecterez cette pensée suprême de l'enfant. A choisir même entre la torture du texte pour une expression correcte et la délicieuse naïveté d'une forme grammaticalement ou syntaxiquement osée, nous opterons pour celle-ci, quitte à mettre entre guillemets, avec, même, explications et renvois, ce qui n'est pas intégralement recommandable.

 

Nous ne nous contentons donc pas de corriger les fautes d'orthographe et de français, nous vivons ensemble. Nous, pétrissons la construction française. Et cela non pas en vertu de la règle scolastique que l'enfant ne comprendrait pas toujours, mais par une motivation humaine dont on comprendra toute la valeur : Par l'échange interscolaire, nos textes sont écrits et publiés, non pour nous, habitants du village, qui sommes familiarisés avec la vie qu'expriment nos textes et qui comprenons toujours ce qui sort de notre milieu, mais pour nos correspondants éloignés qui risquent de ne pas comprendre. Et il nous arrivera, en effet, de recevoir de nos correspondants une lettre dans laquelle ils nous demanderont des renseignements sur un récit qu'ils avaient mal interprété. Alors nous sentons la nécessité d'un polissage qui éclaircisse et précise : Telle phrase est au début, mais crois-tu qu'on ne comprendrait, pas mieux si on mettait telle autre d'abord. Ce verbe exprime-t-il bien ta pensée ? Ne risque-t-il pas d'être l'objet d'un malentendu ? Que pourrait-on mettre ? Et ce nom ? Crois-tu qu'ils comprendront vraiment et que tu ne pouvais pas préciser par un adjectif ? Lequel ?... Toute cette partie est inutile. Est-ce qu'elle apporte quelque chose de nouveau au texte ? Tu y tiens, parce qu'en effet il y a là une idée qui n'est qu'à toi, et qui dans ton esprit du moins, est liée au texte... soit ! Nous nous garderons jalousement de faire violence à la paternité évidente d'un texte que nous nous contentons de porter si possible à une plus grande perfection.

 

Mais attention ! Pas de scolastique. Ne montrons pas notre autorité en nous attaquant ainsi de parti pris, à tous les écrits indifféremment. Et qu'on ne croie pas que cette mise au point en commun fasse partie d'un crédo nouveau de nos techniques. Nous nous trouverons souvent en présence de textes qui se suffiront à eux-mêmes, qui valent par la résonance qu'ils suscitent et qu'on ne saurait retoucher, comme ces vases qu'on a réussis une fois et dont nous risquons d'anéantir brusquement le charme si nous y portons la main. Il faut savoir respecter la pensée enfantine lorsque nous la sentons totale et définitive. Nous nous contenterons alors de mettre la ponctuation, de changer un mot impropre, et nous aurons un poème ou un morceau délicat dont nous sentirons toute l'éminente valeur.

 

C'est parce que nous savons que ce travail de mise au point du texte libre ne saurait être fait par l'éducateur en dehors du contrôle actif des auteurs, que nous disons toujours le danger scolastique qu'il y aurait à dire après lecture : « j'emporte vos travaux et demain nous travaillerons sur le meilleur texte ». C'est à même les enfants que nous devons opérer. Et cela suppose cette attitude nouvelle de l'éducateur qui sait supporter - mieux : rechercher - la critique ou l'opposition des enfants, qui s'est dégagé de toute cette autorité formelle d'hier pour se mettre en toute loyauté - mais avec, aussi, sa véritable autorité - au service des enfants.

 

Nous avons à peine besoin de dire quels avantages supérieurs nous vaut cette mise au point en commun du texte choisi : elle constitue le plus fructueux des exercices de composition, de grammaire et de syntaxe. Là, nous malaxons vraiment tous ensemble la langue française, nous la décortiquons pour la remonter ensuite ; nous vivons la rédaction, et sans aucune définition, sans explication théorique, nous réalisons là le plus efficace des exercices de français.

 

Je sais : l'opposition criera volontiers à l’ « influence des adultes ». Dès qu'un chef-d'oeuvre sera sorti de nos presses, on y verra l'oeuvre de l'instituteur. Pourtant notre expérience est concluante : D'une part, tous les enfants reconnaissent parfaitement leur texte. S'ils le reconnaissent, c'est que nous ne l'avons pas déformé puisqu'ils le font encore leur,chaque personnalité transparaît d'ailleurs parfaitement dans la variété des milliers de pages de nos journaux scolaires.

 

Nous dirons, d'autre part, qu'une école où les enfants ne seraient plus les auteurs de leur texte cesserait bien vite de se passionner à nos techniques, et l'instituteur lui-même serait ainsi amené à rectifier sa ligne d'activité. Nous avons vu même nos élèves protester avec vivacité contre un journal scolaire ouvertement rédigé par le Directeur de l'Ecole. Et ils écrivaient à leurs camarades : « Vous n'avez donc rien dans la cervelle... Eh bien, quoi ? vous ne savez pas écrire ? Les textes de votre maître ne nous intéressent pas. C'est votre vie, racontée par vous, que nous voulons connaître !!… »

 

Ainsi pris dans l'engrenage vivifiant de nos techniques, l'éducateur ne pourra plus dévier. Il respectera la pensée enfantine en apportant à la rédaction définitive l'appoint de ses connaissances syntaxiques et de sa technique.

 

Il suffit de feuilleter les milliers de journaux scolaires que nous recevons pour nous rendre compte que cette pratique est devenue partout une réalité et que l'ère du Texte libre marquera notre évolution pédagogique.

 

On peut, dans certains cas, du moins pour certains textes, pousser encore plus avant et plus systématiquement cette mise au point, jusqu'à en faire la plus éminente des compositions françaises.

 

Voici comment le camarade Ferlet (Isère) rend compte de ses expériences en ce domaine.

 

Enseignez-vous

la composition française ?

 

Telle est la question que nous posent des camarades auxquels nous exposons la technique du texte libre. Nous en discernons les sous-entendus : certains en posant cette question, voudraient nous amener à reconnaître que cet enseignement se fait, dans nos classes, d'une manière purement fonctionnellle, c'est-à-dire par la simple invitation faite aux enfants d'écrire des textes libres, le plus possible de textes libres ; après cet aveu, nos critiques crieraient à la facilité, à l'absence de méthode. C'est absolument inexact. Nos élèves écrivent des textes quand ils ont le désir d'en écrire, quand ils sont inspirés, quand un événement, un fait les a frappés, quand ils éprouvent le besoin spontané de clamer quelque chose qu'ils ont « sur le cœur » ; le texte produit représente quelque chose de synthétique, de global : le fait, l'événement, l'idée, le sentiment sont exprimés grâce à une connaissance des techniques, d'expression, connaissance qui n’est pas a priori parfaite, nous le savons certes, qui ne se développe pas automatiquement parce que l'enfant écrit beaucoup.

 

Beaucoup de poètes cisèlent longuement leurs vers, beaucoup d'écrivains remettent cent fois leur ouvrage sur le métier ; mais seulement pour réviser, enrichir, nuancer une expression qui a été spontanée ; ils analysent alors leurs écrits pour parvenir à une technique d'expression parfaite. C'est ce que nous faisons souvent, et de façon méthodique, avec nos élèves.

 

Nous avons déjà vu que nous analysons le texte libre, certains jours, dans le but d'acquérir un vocabulaire de plus en plus riche, dans le but de constituer dans la mémoire des groupements de mots dans lesquels l'enfant choisit en cas de besoin.

 

D'autres jours, nous analysons un texte, d'autre manière, dans un autre but. Sans violer le fond qui est sacré puisqu'il est l'expression directe de la pensée intime de l'enfant, nous montrons à celui-ci, expérimentalement, par un procédé actif, les moyens d'exprimer sa pensée d'une façon plus évocatrice, plus exacte, plus imagée, plus précise, à l'aide de phrases, de propositions, répondant aux exigences de la syntaxe, et de mots ou expressions aptes à faire comprendre les nuances de la pensée.

 

Suivant notre habitude, nous allons illustrer le procédé par un exemple « vécu ».

 

Ce matin, Jacques 10 ans ½, a apporté le texte suivant, qui a été choisi :

 

LA LIBÉRATION

 

Lundi 21 août. Les jeunes gens du village sont mobilisés pour aller chercher des armes au col de l'Arzelier. Vers dix heures du matin, j'étais chez moi quand, soudain, j'entendis des applaudissements et « la Marseillaise » éclata. Je sortis et je vis deux camions de maquisards qui entraient en triomphe dans le village. Le bruit courait que les Américains étaient à Monestier-de-Clermont, en panne d'essence. Tout le monde avait pavoisé et le drapeau tricolore flottait à chaque maison.

 

Vers une heure de l'après-midi, un camion de patriotes revenait de Pont-de-Claix en criant : « Enlevez les drapeaux, les Allemands nous suivent ! » En un clin d'oeil, le village était désert. On attendit jusqu'au soir sans voir arriver les Allemands. Au crépuscule, on entendit de formidables détonations, on vit des lueurs d'incendie sur Pont-de-Claix, et on se coucha très tourmenté.

 

Le lendemain matin, un beau soleil illuminait la campagne, mais personne n'avait le coeur en fête. Je ne déjeunai pas ce matin-là, je n'avais point d'appétit. Tout à coup, mon père entra dans la cuisine et nous dit : « On entend un bruit de tonnerre du côté de Vif , ce sont peut-être des chars d'assaut alliés ». Je sortis en hâte. Un spectacle splendide s'offrait à mes yeux : les Américains défilaient dans leurs chars d'assaut en convois ininterrompus, suivis des maquisards juchés sur des camions.

 

C'est grâce à ces hommes que nous sommes libérés de l'envahisseur et d'un gouvernement absolu ayant supprimé toutes les libertés. Ils ont risqué leur vie pour reconquérir nos libertés. Vivent les Alliés ! Vivent les Patriotes !

 

***

 

Nous allons analyser ce texte en nous plaçant aux points de vue suivants :

 

1° La justesse de l'expression, le choix des mots, les compléments des propositions ; point de vue examiné rapidement, car cet exercice est proche des exercices de vocabulaire qui font l'objet de l'activité un autre jour.

 

a) « 'entendis des applaudissements », proposition banale qui a besoin d'être complétée, enrichie ; on est arrivé à ceci : « J'entendis crépiter des applaudissements nourris ».

 

b) « La Marseillaise éclata » : renseignement insuffisant, car la Marseillaise peut être jouée ou chantée, et de manières différentes. Il faut également dire par qui elle fut jouée ou chantée ; on interroge Jacques, l'auteur du texte et on complète de la façon suivante : « La Marseillaise éclata, chantée à pleine voix par une centaine de personnes massées au centre du village, le long de la route nationale ».

 

c) Un élève remarque une répétition « vers dix heures »... « vers une heure » on met « sur les dix heures ».

 

2° Les remarques sur la construction, la structure des phrases du texte : elles sont faites par les enfants eux-mêmes qui relèvent beaucoup de phrases simples à deux propositions coordonnées (exemple), à deux propositions juxtaposées, à deux propositions, l'une subordonnée à l'autre. Ensuite, j'attire l'attention sur des phrases plus complexes qu'on analyse, dont on reconnaît la structure logique et exacte ou, au contraire, les défauts qu'il faut corriger.

 

a) On analyse la seconde phrase du texte qui se trouve avoir été enrichie un moment avant, au cours de l'exercice précédent.

 

b) Puis la phrase : « Au crépuscule on entendit de formidables détonations..., on se coucha très tourmenté » ; à son sujet, on se demande si elle ne pourrait être tournée autrement afin d'amener de la variété ; deux élèves proposent de transformer la dernière proposition en proposition exclamative « aussi se coucha-t-on très tourmenté ! »

 

Une autre proposition de même forme est présentée ; au lieu de : « Un spectacle splendide s'offrait à mes yeux », on met : « Quel spectacle splendide s'offrait à mes yeux ! » Un autre, enfin, propose une phrase interrogative pour marquer la surprise : « Je sortis, et que vis-je ? Deux camions... »

 

c) J'indique que ces petites modifications dont il ne faut pas abuser, évitent la monotonie, et fais remarquer que l'auteur du texte, a recherché une certaine variété dans le style par le style direct ; on trouve facilement dans quelles phrases.

 

d) Cela a attiré l'attention sur la phrase : « Vers une heure de l'après-midi, un camion de patriotes revenant... les Allemands nous suivent » Un élève remarque : « Le camion ne peut crier » ; en effet, aussi a-t-on cherché à modifier la phrase ; des enfants ont suggéré (on avait fait une remarque à ce sujet quelques jours auparavant) une inversion : « Vers une heure de l’après-midi, de Pont-de-Claix revenait un camion de patriotes et ceux-ci criaient... »

 

L'exactitude dans la relation de cet événement. – Je fais remarquer que c'est un événement historique et que, par suite, le narrateur est tenu de décrire exactement les faits observés ; les élèves me disent : »il faut être objectif », à la suite du souvenir d'une remarque précédente. - Objectif, oui, et en même temps, il ne faut pas oublier les explications nécessaires à la compréhension du texte Et que réclamerait un lecteur étranger.

 

a) « Le bruit courait que les Américains... » Sur quoi se fondait ce bruit Il est nécessaire de l'indiquer ; une dizaine d'enfants en ont d'ailleurs conservé le souvenir ; ils l'expriment oralement et, à la fin de la leçon, par écrit on a retenu ceci, qui a été ajouté au texte : « En effet, le matin, à sept heures environ, un résistant de Vif était venu chercher du pain au village pour ravitailler une quinzaine de soldats français parachutés au cours de la nuit, et il avait rapporté que ces parachutistes affirmaient précéder de peu l'arrivée des Américains. »

 

b) « Enlevez les drapeaux, les Allemands nous suivent. » Qu'est-ce qui permettait aux maquisards cette affirmation ? Après appel aux souvenirs, on rédige le « complément » suivant : « Ces soldats sans uniforme venaient de livrer combat pour s'emparer de Pont-de-Claix et s'ouvrir la route de Grenoble ; ils avaient failli réussir, mais l'ennemi ayant reçu des renforts de Vizille, les maquisards se repliaient et se croyaient poursuivis. »

 

c) Ne conviendrait-il pas de donner une idée de l'enthousiasme des habitants du village au passage des soldats victorieux ? Rédaction d'élève adoptée et ajoutée à la suite du passage : « ...suivis des maquisards juchés sur des camions » : « chars, camions, voitures, Jeeps se frayaient difficilement un passage entre une double haie de spectateurs qui applaudissaient, criaient, acclamaient les soldats, leur jetaient des fleurs au passage. Et midi passa sans que nul ne songe à aller manger ! Et l'après-midi s'écoula sans que personne ne songe à reprendre son travail interrompu le matin : la batteuse restait arrêtée ! On ne pensait qu'à la libération ! »

 

d) La conclusion de l'auteur arrive trop brutalement, il faudrait une transition : « Tous ces hommes ne méritaient-ils, pas ces acclamations ? Ne venaient-ils pas de nous libérer... »

 

C'est le texte ainsi complété après analyse et par recherche collective qui est porté au Journal de Vie, ce jour-là, avec, au-dessous du nom de l'auteur, la loyale mention : « Enrichi collectivement en classe ». L'exercice ainsi conduit est des plus profitables : il est de nos élèves qui, après avoir rédigé un texte d'une seule « envolée » rapide, le reprennent, en font eux-mêmes l'analyse pour correction, modification, suppressions, adjonctions, compléments. Ceux-là n'ont-ils pas contracté une excellente habitude et ne s'avèrent-ils pas de consciencieux artisans de l'expression écrite, soucieux de « bel ouvrage » ?

 

Synthése spontanée, analyse raisonnée pour reconstituer une synthèse réfléchie et enrichie, tel est le critère du procédé !

 

***

 

Voici un travail semblable réalisé par Bonnotte (Nièvre) :

 

« Georges S., 12 ans, élève capable du meilleur comme du pire, voit sa rédaction élue :

 

Pendant les vacances, j'avais fait un petit étang. Un petit garçon était venu s'amuser. Il s'est couché puis il s'est endormi et il est tombé dans l'étang. Il est sorti tout ruisselant. Sa mère est venue et me disait que c'était moi qui l'avais fait tomber. Je lui expliquais comment c'était arrivé.

 

Georges a copié son oeuvre au tableau; en a vite corrigé les fautes d'orthographe.

 

Et maintenant il faut s'expliquer : « Est-ce un étang en miniature limité par des mottes de gazon ? » On finit par comprendre que George avait creusé... on cherche le mot : Et puis il y avait une fuite. dans une conduite d'eau qui traverse le coin...

 

Un petit groupe est chargé de construire un petit paragraphe pour préciser la première phrase.

 

Maintenant la chute. Georges répond à nos questions, ce qui permet à un second groupe d'aller rédiger le second paragraphe. Enfin l'avant-dernière phrase est lourde et la rédaction se termine trop brutalement. Georges et Maxime vont arranger cela.

 

Les petits du C.E. sont chargés de nous proposer des titres.

 

Pendant que les 4 groupes sont au travail, je peux m'occuper du C.P.

 

Puis je reviens à la rédaction. On choisit le titre : « Au bord de l'eau », admettons. Les 3 paragraphes rapidement mis au point forment la rédaction définitive :

 

Pendant les vacances de Pâques, j'ai fait un petit bassin. J'avais remarqué une fuite dans la conduite d'eau qui traverse la cour, Au bout de plusieurs jours de travail, j'avais creusé un trou rectangulaire de 45 cm. de profondeur, 1 m. 50 de large et 2 m. de long

Le petit frère de Bernadette vint jouer dans la cour. Il s'amusait à lancer des pierres dans mon bassin, à faire flotter des plumes. Puis, comme il faisait chaud, il s'est couché sur le bord et s'est endormi.. En se retournant, il a roulé dans l'eau. Alors il s'est réveillé, il est sorti tout ruisselant et pleurant.

Sa mère est arrivée fort en colère. Elle m'accusait de l'avoir poussé. Je lui expliquai comment cela s'était pané. Mais elle ne voulait pas m'écouter et elle a emmené son petit garçon.

 

Ainsi, grâce à un exercice très profitable, nous avons fait, d'un texte pauvre et médiocre, un texte plus riche qui nous permettait d'en tirer un complexe d'intérêts assez nombreux.

 

Je ne me montre pas très difficile quant au style, mes élèves étant encore peu entraînés (répétition de il).

 

Boissel (Ardèche), me communique également le texte d'un élève, Maurice R., 9 ans, d'un niveau qui atteint à peine le C.E. :

 

LA VOGUE

 

Moi, Gilbert, Hélène, Denise, Janette, nous sommes allés à la vogue. Quand nous sommes arrivés, il n'y avait personne : il y avait des hommes qui jouaient aux boules. Puis des hommes sont allés chez les musiciens qui dansaient dans une salle. On leur a dit de venir, alors ils sont venus. Des jeunes filles et des jeunes garçons sont venus danser, mais même des vieilles femmes et des vieux hommes sont venus danser. Moi et Gilbert, nous avons acheté des cadeaux. Nous avons acheté des confetti ; nous avons fait manger à Denise, à Janette et à Hélène. Moi je suis allé jouer aux boules avec des garçons de Meyras. Je faisais de jolis points. Ils me disaient : « Il ne sait pas jouer ». Nous sommes partis contents de notre voyage.

 

Et voici la mise au point que notre jeune camarade a fait exécuter par ses élèves ; je le laisse expliquer.

 

« Maurice, au tableau, écrit, les phrases à mesure qu'elles sont mises au net. Incapable d'écrire correctement, il est secondé par une grande qui lui épelle les mots qu'il ne sait pas écrire. C'est une grande qui fait elle-même pas mal de fautes, mais elle est surveillée par le reste de la classe et par moi, et la peur de s'entendre interpeller par ses camarades la rend attentive. La mise au point a duré 10 min. ou 1/4 d'h. de plus que d’habitude (d'ordinaire environ 1/2 h.), mais ce n'a pas été du temps perdu à cause de la leçon d'orthographe (même Maurice vou lait que son aide intervienne le moins possible). Je lis une phrase après l'autre, quelquefois 2 quand elles peuvent se condenser. La difficulté est de faire chercher tout le monde ! J'y arrive plus ou moins bien en interpellant sur une phrase en particulier ceux qui ne voudraient pas se fatiguer.

 

1re phrase : le « moi » mal placé a été rectifié par les 4 CM. et 1 C.E. « en chœur ».

 

2e phrase : l'anomalie : « il n'y avait personne » et « il y avait des hommes qui... » a été relevée par 1 C.E. (la meilleure.). La forme « il n'y avait que » trouvée aussitôt par 1 C.M. (la meilleure). Après je suis intervenu : « des hommes qui », pas très joli ; comment s'appellent ceux qui jouent aux boules ? - Et la phrase est prête.

 

3e phrase : « chez les musiciens » ne va pas. Maurice lui-même dit : chercher – « qui dansaient » :: 1 C.E. et 1 C.M. : ce n'est pas vrai ; et on corrige. – « on leur a dit » :  il y a peu de temps que nous travaillons ainsi, mais ils savent que je fais la guerre au « on » aussi, tout le monde : « Il y a « on » ; oui, mais que mettre ? J'amorce en relisant le début : « ...chercher les musiciens, et ... ), 1 C.M. (niveau à peine moyen en français) achève par la forme définitive. – « Alors ils sont venus » : 1 CM. : ce n'est pas la peine.

 

4e phrase : « sont venus danser » répété ; le second est supprimé par tous en chœur.

 

5e phrase : 1 CM. : « Encore « moi » ; il se met toujours le 1er ».

 

6e phrase : « nous avons acheté » vient d'être dit 1 C.M. propose, avec la phrase précédente : « ous avons acheté des gâteaux et des confetti que nous avons fait manger... » Personne ne dit rien ; je fais remarquer : cela veut dire que vous avez aussi fait manger les gâteaux. Les 3 « victimes » des confetti présentes, se récrient : « Oh ! non ! » Alors tout le monde « sèche ». Je souffle, quand une phrase ne va pas, on la tourne un peu ; essayons de commencer par la fin : « nous avons fait manger... » et 1 C.M. achève.

 

7e phrase : J'allais la faire écrire sans changement quand 1 C.M. (la meilleure) dit « ou bien : « Avec les garçons... je suis » ; on commence toujours par « je » ; ça changerait un peu » Ce n'est pas tout à fait le cas pour le texte mais il est vrai que les sujets sont en général au commencement des phrases. (Comme quoi, un élève peut faire mieux que le maître).

 

8e phrase : 2 C.E. font remarquer : il fait de jolis points et les autres lui disent qu'il ne sait pas jouer ! Essai d'explication embrouillée de Maurice d'après laquelle il me semble que les garçons de Meyras se sont un peu moqués de Maurice, plus jeune, et que celui-ci a voulu se rattraper dans son, texte en parlant de jolis points. 1 C.M. (le bon copain de Maurice) : « Peut-être qu'ils auraient bien voulu en faire autant ! » Sur cette explication plus optimiste, je n'insiste pas (1 mot de morale en passant sur la jalousie de ceux de Meyras). - Les guillemets ont été proposés par un C.M. et le « tu » au lieu de « il » par un C.E. après une question de moi (Comment ont-ils dit ?)

 

9e et dernière phrase : 1 C.M. : « Ce n'est, pas un voyage ; il faut mettre « journée ».

 

De cette analyse poussée et approfondie du texte primitif, il est sorti la rédaction suivante :

 

LA « VOGUE » DE MEYRAS

 

Gilbert, Hélène, Denise, Jeannette, Yvette et moi, nous sommes allés à la vogue. Quand nous sommes arrivés, il n'y avait que quelques joueurs de boules. Puis des hommes sont allés chercher les musiciens qui jouaient dans une salle et leur ont dit de venir dehors. De jeunes filles et de jeunes garçons sont venus danser et même de vieilles femmes et de vieux hommes.

 

Gilbert et moi, nous avons acheté des gâteaux. Nous avons fait manger des confetti à Hélène, Jeannette et Denise. Avec des garçons de Meyras, je suis allé jouer aux boules. Je faisais de jolis points. Ils me disaient : « Tu ne sais pas jouer ! »

 

Et nous sommes partis contents de notre journée.

 

***

 

Si nous insistons aussi longuement sur cette méthode, conclut Ferlet, c'est, outre les raisons, que nous avons déjà indiquées précédemment, parce qu'il est indispensable de l'utiliser si l'on veut que nos élèves apprennent à rédiger convenablement et à relater exactement et correctement ce qu'ils observent, ce qu'ils sentent, ce qu'ils pensent ,ou ce qu'ils imaginent.

 

C'est aussi pour montrer une fois de plus que le texte libre peut et doit être la base d'un enseignement complet et méthodique du français : après le vocabulaire, la grammaire et l'orthographe, l'enseignement de la rédaction. Celui-ci fait l'objet d'instructions pertinentes dans les I.O. de 1938 et le procédé que nous préconisons n'est qu'une adaptation de ces instructions à notre technique du texte libre.

 

Que nos jeunes camarades relisent ces instructions et ils y trouveront les arguments qui leur permettront de justifier l'emploi du procédé que nous venons de leur montrer en action, et en particulier, celui-ci : « C'est en cherchant à se préciser que l'idée se divise, s'analyse et trouve par là-même son « expression » ; ils y trouveront cette idée éminemment juste qu'en la matière il faut aller « nécessairement du tout à la partie, c'est-à-dire de la rédaction au paragraphe et à la phrase, de la phrase à la proposition et au mot ». N'est-ce pas ce que nous faisons ? D'une synthèse spontanée qu'est le texte libre, après une analyse profonde et soignée, nous reconstituons une synthèse plus riche.

 

***

 

Voici comment Guy Dorlet, instituteur, à Arrabloy (Loiret), pratique cette mise au point du texte libre :

 

LE REVEIL DU MATIN

 

Je dormais tranquillement quand quelque chose me surprit ; c'était maman qui m'appelait pour aller à l'école. Alors, je m'essuie les, yeux. Maman me dit : « Allons, petit paresseux, lève-toi ». Je me levai et je m'habillai. Alors, je fais ma toilette à l'eau fraîche et pars pour l'école.

 

(Ce matin-là, tous les textes étaient « déficients ».)

 

Je laisse l'enfant écrire ce texte au tableau pendant que je m'occupe de mon C.P.

 

Le texte copié, les mains se lèvent pour signaler les fautes d'orthographes qui sont corrigées rapidement. Ceci fait, j'esquisse une moue : « ce n'est pas fameux, et Roland aurait pu nous donner bien d'autres détails ! »

 

Une main se lève : « M'sieu, il a oublié les guillemets. » Nous les mettons. Je demande : « Tout le monde est content de la première phrase ? »

 

Quelqu'un : - Surpris », cela ne va pas.

Moi. - Que faudrait-il mettre ?

Un autre enchaîne. - me réveilla en sursaut.

Je corrige et nous continuons.

J'interroge : « Rolland, pourquoi t'essuies-tu les yeux ?

- J'avais encore envie de dormir; je sommeillais.

- Cherchons un synonyme de sommeiller. »

Je suis forcé de leur indiquer le verbe somnoler, que tous copient sur leur ardoise.

- Que pensais-tu, Roland, en t’essuyant les yeux ?

Roland, avec un sourire. - Je serais bien resté au lit.

- Alors, dis-nous le correctement, fais une phrase pour compléter le devoir.

- Comme on est bien au lit !

Une autre voix. - Déjà le matin !

Une autre. - Qu'il est dur de se lever de si bonne heure !

(Nous en profitons pour rectifier une faute que plusieurs commettaient à cette expressien : de si bonne heure.)

Nous poursuivons : « Que fais-tu quand ta maman te fait lever ?

- Je me lève vite.

- Pourquoi ?

- Parce que j'avais peur d'être en retard.

Nous ajoutons : Je me levai vite parce que j'avais peur d'arriver en retard et je m'habillai.

Raymond, soudain. - Il a oublié de manger ! (Rires !)

- Je reprends : Tu n'as pas mangé ce matin-là ?

Rougissant, Roland reprend. - Si, au lit...

Raymond. - Il faut nous raconter cela !

Et Roland de raconter qu'il a mangé du cacao avec une tartine de pain grillé.

 

Nous écrivons cet épisode, et j'allais mettre le point final, quand Marie-Jeanne :

 

- Il n'est pas parti comme cela.

- ?

- Il a embrassé sûrement sa maman.

 

C'est fini pour la mise au net.

 

Je dormais tranquillement quand quelque chose me réveilla en sursaut ; c'était maman qui m'appelait pour aller à l'école. Je somnolais encore : « Déjà le matin ! Qu'il est dur de se lever de si bonne heure ! Comme on est bien au lit ». Alors, je m’essuyai les yeux. Maman m'apporta mon bol de cacao avec une tartine de pain rôti. Je mangeai assez vite. Quand j'eus fini, maman vint chercher mon bol vide. Je n'avais plus envie de dormir. Maman me dit : « Allons, petit paresseux, lève-toi ». je me levai vite parce que j'avais peur d'être en retard et je m'habillai. Alors, je fis ma toilette à l'eau fraîche (comme c'est froid !) et je partis à l'école après avoir dit au revoir à maman.

 

D'après ROLAND DEROUET (10 ans).

 

Je m'excuse d'avoir raccourci un peu et d’avoir supprimé des détails. Évidemment, je suis loin de la perfection, mais, j'ai une classe qui vit, qui vibre quand un sujet l'intéresse. Je dois endiguer les flots de paroles. Tout le monde veut parler ensemble. Quand je considère, que l'année dernière, ces mêmes enfants étaient absolument au-dessous de tout en français et que je les vois maintenant à la recherche d'une forme meilleure, d'un synoyme, je m'estime récompensé du mal que je me donne et cela m'encourage à persévérer. (Ils veulent écrire « Le sanglier », un conte modèles Enfantines.)

 

***

 

Le travail expliqué ci-dessus peut être fait par équipes ou collectivement, par toute la classe, en collaboration avec l'instituteur.

 

C'est la technique que nous recommandons, volontiers au degré primaire, notamment dans les classes à plusieurs cours et dans les écoles à classe unique. Le polissage en commun, cet approfondissement de la vie, créent une sorte de communauté de sentiments éminemment utile à l'amélioration de l'atmosphère de notre classe. Tous les enfants participent à cette mise au point, de sorte que, comme dit le poète de la Maman : « Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier. »

 

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L'exploitation pédagogique

du texte libre

 

 

Si même le texte libre arrêtait là son histoire, son introduction dans le circuit normal de notre école publique ne serait pas inutile. Il y apporterait un peu d'air du large en même temps qu'une orientation très nette de notre effort dans le sens des besoins fonctionnels de nos enfants. Sa pratique nous permettrait enfin de dépasser en français le règne de la théorie pour accéder à la construction vivante, à même le milieu, de notre langue.

 

Mais on comprendra bien vite que nous ne puissions pas refermer aussitôt cette porte un instant entr'ouverte et que nous tâchions au contraire d’en faire une large baie qui éclairera et renforcera tout notre comportement éducatif.

 

C'est ce que nous appelons l'exploitation pédagogique du texte libre.

 

Nous allons indiquerla progression possible de cette exploitation, progression qui est conditionnée et ralentie seulement par l'inexpérience technique des éducateurs et l'absence plus ou moins totale des outils nouveaux qui la rendraient efficace.

 

Journal scolaire manuscrit

 

On peut, certes, se contenter de faire copier le texte libre, ainsi mis au point au tableau, sur le cahier de classe ou même sur un cahier d'honneur. Il manquera à notre pratique du texte libre la motivation indispensable. L'enfant se dira : « Pourquoi écrire ? Pourquoi et pour qui raconter ? Pour ce qu'on en fait ! » Il ne sera pas poussé profondément à s'exprimer, et il se peut alors que, certains jours, vous n'ayez pas de textes libres, ou que ceux-ci soient vraiment de piètre qualité, et que vous jugiez alors que un ou deux textes libres par semaine, c'est bien suffisant.

 

Mais voici ce que nous vous recommandons : Le texte est au tableau. Vous donnez à chacun des élèves qui écrivent convenablement un joli cahier sur lequel ils copieront, en l'illustrant, le texte du jour. S'ils peuvent écrire en script, le texte en sera toujours plus lisible et mieux présenté. Tâchez de rendre les pages plus vivantes encore en les agrémentant de photos, de cartes postales et de documents divers sur votre vie.

 

Car, en fin de mois, chacun de ces cahiers constituera votre journal scolaire. Il vous suffira de mettre une couverture, avec le titre du Journal, un beau dessin ou, peut-être, une gravure.

 

Nous avons parlé de gravure.

 

Le matériel à graver et à tirer les linos est peut-être le premier matériel que vous pourrez acquérir. Pour 300 fr. vous avez la possibilité d'imprimer sur votre journal de beaux linos gravés qui lui donnent déjà un peu mieux l'allure de journal. Ou bien vous pouvez employer le pochoir pour reproduire queques dessins.

 

Vous avez donc dans votre classe, huit, dix journaux scolaires. Vous nous demandez alors à être intégrés par notre service de correspondances, dans une équipe de huit. En fin de mois, vous enverrez votre journal ainsi réalisé à 8, 10 écoles qui vous enverront, elles aussi leurs journaux, dont quelques-uns seront déjà peut-être imprimés. Vous échangerez, pour compléter, des lettres, des documents, des colis.

 

Vous aurez démarré et vous ne vous arrêterez plus.

 

A partir de ce moment-là, vous aurez la motivation idéale du texte libre. Lorsqu'il écrit un texte, l'enfant ne fait plus un devoir et, du coup en effet, il abandonne radicalement la forme scolastique. Il s'exprime vraiment parce qu'il éprouve le besoin de dire ce qui l'agite, et il le dit sous une forme toujours plus directe, plus vivante, avec recherche naturelle des pensées essentielles que vous peinez tant à faire découvrir par les leçons de français.

 

Alors vous verrez les plus timides oser, les plus paresseux partir en chasse ; on interrogera les pierres, les monuments, les paysans, les artisans, les vieux au coin du feu, et la grand'mère à son rouet. Le branle est donné : le tirage fonctionne... Vous comprendrez alors la vérité de notre affirmation qu'à l'école ainsi motivée, notre souci n’est plus de pousser les enfants, mais bien d'organiser une incroyable richesse de réalisation et d'expression qui vient battre par toutes les faces les portes imposantes de vieilles méthodes qui auront désormais vécu.

 

***

 

Ces journaux ainsi réalisés se comptent déjà par centaines en France. Dans certaines écoles on augmente encore la motivation en faisant servir ces textes pour la préparation de panneaux et d'albums.

 

Emile Brillouet, de La Vallée, Charente Maritime, nous dit :

 

Déjà l'an dernier, nous nous étions lancés dans le texte libre, et les résultats nous avaient enthousiasmés. Comme nous n’avions pas encore l’imprimerie, les élèves copiaient le texte sur leur cahier, l'auteur en copiant un exemplaire de plus sur une feuille. Cette feuille, avec le dessin le mieux réussi, était collé sur un papier fort, ce qui nous a donné, en fin d'année, une très belle collection que nous avons exposée à la fête des vacances. Joie des parents et fierté des enfants ! Les dessins naïfs des petits illustrant une ou deux phrases seulement, n'ont pas été les moins admirés. Maintenant que les élèves possèdent la technique, c'est un jeu, pour eux que le texte du matin... »

 

***

 

Même si vous n'allez pas plus loin, la pratique régulière du texte libre, ainsi motivée et complétée par le journal scolaire et les échanges, sera un grand pas vers la modernisation de votre enseignement. Vous ne vous arrêterez pas en si bon chemin.

 

D'autant plus que nous vous donnons encore, par nos diverses initiatives coopératives des possibilités de motivation du plus haut intérêt : vos élèves liront La Gerbe et pourront y collaborer, ils pourront, lorsque l'occasion se présentera, préparer des textes pour notre collection Enfantines. Vous pourrez enfin vous abonner à des journaux scolaires qui vous montreront ce que vous pourrez réaliser le jour où vous aurez les outils indispensables.

 

***

 

Des camarades nous écrivent : nous ne pouvons pratiquer le texte libre journalier à cause des exigences des horaires et des programmes ; et des examens aussi.

 

Nous pensons que c'est là une fausse conception, et retardataire, des programmes et des horaires ; et une conception qui ne répend même plus aux récentes Instructions ministérielles.

 

Le texte libre, nous l'avons montré, est tout à la fois rédaction, composition, grainmaire, étude du milieu. Ce ne sont certes pas les rubriques qui vous manquent pour l'inclure dans votre emploi du temps, qu'il ne faut pas craindre de bousculer quelque peu. Les Instructions officielles vous y invitent.

 

***

 

Et nous n'arrêterons pas encore là notre exploitation pédagogique du texte.

 

Ce texte constitue notre centre d'intérêts de la journée. Selon toutes les indications de la pédagogie moderne, nous aurons intérêt à harmoniser, au maximum, autour de ce centre d'intérêts, l'activité de notre journée de travail.

 

Toutes les indications que nous avons données dans nos diverses brochures et dans notre livre l'Ecole Moderne Française pour l'exploitation du texte libre par l’Imprimerie à l'Ecole sont évidemment entièrement valables, et nous y renvoyons nos lecteurs. Nous nous contenterons ici de les mentionner en les résumant :

 

- Chasse aux mots, c'est-à-dire vocabulaire vivant en partant du texte mis au point.

- Explications grammaticales et exercices divers avec, notamment, conjugaisons.

- Dessin et gravure de linoléum.

- Selon les possibilités du texte :

enquêtes dans le village ;

recherches d'histoire et de géographie ;

travaux manuels ;

expériences scientifiques.

 

Il ne s'agit pas de sacrifier à une nouvelle scolastique et de raccrocher au texte centre d'intérêt des observations ou des travaux qui n'y sont pas rattachables. C'est d'un véritable centre d'intérêts qu'il s'agit : tous les travaux, recherches ou études qui découlent vraiment de ce texte sont éminemment souhaitables. Si ce texte ne donne pas lieu à travaux historiques, scientifiques ou géographiques, nous ferons autre chose, quittes même à revenir momentanément à des pratiques scolastiques.

 

Ce qu'il faut rechercher, c'est que l'intérêt des enfants soit éveillé puissamment dans toutes les directions possibles et que nous poussions à fond dans toutes ces directions où nous avons senti la vie sourdre, et vibrer.

 

Nous allons donner comme exemple de ce qui peut être ainsi réalisé, l'exploitation mathématique de nos centres d'intérêts. On connaît les principaux inconvénients des pratiques habituelles pour l'enseignement du calcul : les exercices sont rarement motivés, les problèmes non rattachés à la vie. Ils ne sont point des problèmes véritables tels qu'ils se posent à l'esprit des enfants. Ils restent en conséquence des devoirs, auxquels on n'accorde que la portion minime d'attention qu'ils exigent.

 

Nous nous sommes rappelés que l'enfant non déformé par l'Ecole se pose sans cesse des problèmes et aime par dessus tout les comparaisons, les mesures, les hypothèses, les recherches délicates. La vogue permanente des jeux et devinettes nous en donne une nouvelle preuve.

 

Nous prendrons, nous, ces problèmes tels que les pose la vie ; et nous les résoudrons selon les méthodes normales de la vie.

 

Nous savons tout ce qu'a de délicat une telle technique. Aussi avons-nous réalisé, pour aider les éducateurs, des séries de fiches (documentaires et d'exercices) se rapportant aux centres d'intérêts de nos classes, et présentant des renseignements techniques ainsi que des modèles d'exercices et de problèmes facilement adaptables par les maîtres.

 

Nous donnons ci-dessous un exemple d'exploitation de texte libre pour le travail de calcul dans la classe de notre ami Sebbah (AIgérie) :

 

***

 

UN TEXTE :

 

La réunion des Scouts

 

Hier soir, nous avons fait la réunion au bo s de pins.

 

Le chef de patrouille nous a appris à chanter.

 

Puis nous avons exécuté quelques mouvements de gymnastique.

 

Le chef faisait d'autres mouvements pour nous tromper mais nous, nous devions faire attention et n'exécuter que ceux qui étaient commandés.

 

A la fin du jeu, le chef nous a dit : « Apportez les 20 fr. de la cotisation ; il y aura rénion mardi et une autre mercredi, en tenue de scout ».

 

Et il a ajouté : « Qui est-ce qui pourrait faire un beau dessin représentant une tente, des scouts assis par terre et un autre accroupi auprès d'un feu ? »

 

CHARLES ALLOUCHE (12 a. 3m.).

 

***

 

UNE FICHE DE CALCUL :

 

Chez les Scouts (18 mai1946)

 

DONNÉES

 

Montnt de l'assurance par an                                100 fr.

Montant de la cotisation par mois                 20 fr.

            Equipement disponible :

Chapeau                                                           150 fr.

Chemise                                                           135 fr.

Tricot de peau                                                 35 fr.

Pantalon                                                           150 fr.

Caleçon                                                                        40 fr.

La troupe compte 3 patrouilles de 8 scouts chacune.

 

CALCULONS :

 

1° Montant de la cotisation par an.

2° Prix total de l'équipement disponible d'un scout.

3° Dépense totale d'Allouche cette année.

4° Dépense de sa patrouille en un an.

5° Dépense de sa troupe en un an.

 

***

 

UN TEXTE :

 

Une autre histoire de Djeha

 

Une fois, Djeha dit à sa femme : « Toi tu seras au grenier et moi dans la salle à manger ; nous allons gagner de l'argent. Je vais installer une poulie et une corde au grenier. Quand je te dirai : Corde, fais-moi descendre du couscous, tu le feras descendre ».

Les camarades de Djeha vinrent. Djeha dit : « Corde, fais-moi descendre du couscous ». Aussitôt le couscous descendit.

Les deux hommes se disputèrent pour acheter la corde. L'un offrit à Djeha 50 millions ; l'autre, 100 millions.

Alors, ils allèrent à la campagne. Ils accrochèrent la corde à un arbre. Mais rien, ne descendit.

Djeha et sa femme se cachèrent dans une tombe. Les deux hommes étaient en colère.

 

CHARLEY ATLAN (10 a. 1 m.),

 

***

 

UNE FICHE DE CALCUL :

 

Le bon couscous de Djeha

 

La famille de William compte 8 personnes

Pour leur couscous, il faut :

1 kg. 500 de semoule à 75 fr. le kg. (marché noir), 1/2 quart d'luile à 140 fr. le litre (marché noir), une livre de fèves à 6 fr. le kg., 4 douzaines de têtes d'artichauts sauvages à 2 fr. 50 la douz., 1 kg. de courgettes à 6 fr., 100. gr. de beurre à 350 fr. le kg., 3 litres de petit lait à 10 fr. le litre, 1 kg. de nèfles à 25 fer, 2 kg. de charbon à 5 fr. le kg.

 

CALCULONS :

 

Le prix moyen d'un repas. (Les élèves trouveront les lignes successives de la solution. N’oublions pas les courgettes et les nèfles quand nous additionnerons.

 

***

 

UN TEXTE

 

Sortie Scouts au Mansourah.

 

Dimanche, après-midi, nous sommes partis au Mansourah. Dès notre arrivée, nous nous sommes reposés.

 

Nous avons formé les équipes. Le chef a dit : « Chaque équipe rédigera  un message en morse. Dès qu'il sera terminé, vous irez le porter au garage Citroën, place Lamoricière. »

Nous y sommes allés. Nous avons remis le message à un grand chef qui nous a dit d'aller au fort Sidi-Meid.

Au fort de Sidi-Meid, nous avons été accueillis par un autre grand chef routier qui nous a ordonné de monter sur un sapin et de casser une branche.

J’ai grimpé au sommet de l'arbre. En redescendant, j'ai failli m'éborgner avec mon poignard.

Puis nous sommes repartis au Mansourah.

 

CHARLES ALLOUCHE (12 a. 3 m.).

 

***

 

UNE FICHE DE CALCUL :

 

Sortie des Scouts au Mansourah

(22 mai 1946)

 

DONNEES :

 

Echelle de notre plan de Constantine, 1/20.000.

Longueur de tout le chemin parcouru par Ch. Allouche (sur le plan. fil

                        sur épingle                                     50 cm.

Heure de départ du local                                                13 h. 30

Heure de retour au local                                                20 h. 30

Durée totale des arrêts                                                         5 h. 30

 

CALCULONS :

 

1° Exprimons 20.000 cm. en mètres.

2° Longueur réelle du chemin parcouru (en mètres puis en kilomètres) ?

3° Durée totale de la sortie ?

4° Durée totale des trajets effectués ?

 

BABILLARDS CIRTEENS Ecole Voltaire, Constantine.

 

***

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GRAMMAIRE

 

A LA GARE

 

Hier après-midi, mon père a envoyé un télégramme pour annoncer son arrivée. Ma mère était contente.

 

Hier soir nous sommes allés à la gare pour attendre mon père. Nous avons attendu le train.

 

Le train est arrivé. Mon père n'était pas là.

 

Un soldat nous a dit que mon père viendrait certainement le lendemain à onze heures et demie.

 

13 Novembre.

BISMUTH Roland C.E. 2e A

 

***

 

1° Verbe ENVOYER au passé composé : J'ai envoyé, tu as ...

 

2° Ma mère était contente : A quel temps est le verbe ETAIT ?

 

3° Analysez : MA.

 

4° Quels sont les adjectifs possessifs du féminin singulier Faites-les suivre du nom mère. Exemple Ma mère, ta ...

 

5° Pourquoi ANNONCER est-il à l'infinitif ?

 

***

 

LES OBSEQUES DE L'AVIATEUR NAKACHE

 

Hier, après la sortie dé l'école, j'ai vu une grande foule ; deux voitures ornées de fleurs dont l'une contenant un mort.

 

En descendant la côte du lycée, J'ai vu le père de la personne qui était morte. Il avait les yeux tout rouges et gonflés à force

de pleurer.

 

Il y avait beaucoup de monde avec le pauvre père. Cette personne était morte pour sa Patrie.

 

Chez moi, j'ai raconté à ma Mère le triste enterrement que j'avais vu.

 

17 Novembre.

BITTAN Gaston C.E. 2e A.

 

***

1° Relevez les adjectifs qualificatifs du texte : Ex. : les adjectifs qualificatifs du texte sont : grande…

2° Cette personne était morte pour sa Patrie.

Mettez cette phrase au pluriel.

3° Quels sont les adjectifs démonstratifs ?

Les adjectifs...

4°. Pouvez-vous dire ce que remplace DONT ?

Supprimez-le et faites une phrase commençant par : L’une… contenait…

 

***

 

BATAILLE ET NEZ QUI SAIGNE

 

Hier un enfant m'ennuyait. Je lui ai dit : « Laisse-moi tranquille. - Je ne te laisserai pas tranquille, et si tu n'es pas content, je vais te battre. »

 

Je me suis battu. En me battant, je lui ai donné un coup de poing sur le nez. Il a saigné.

 

L’enfantse voyant saigner, m'a dit : « Arrête la bataille ». L'enfant est parti à la maison, son mouchoir au nez et sa main en l’air.

 

20 Novembre.

ZERDOUN Henri, C.E. 2e A.

 

***

 

1° A quel temps est le verbe ENNUYAIT ?

            Conjuguez-le à. toutes les personnes du même temps. Ex. :: J'ennuyais .... nous ennuyions.

2° Conjuguez le verbe SE BATTRE au passé composé EX. : Je me suis battu, nous nous sommes battus

3° Laisse-moi tranquille :: Le verbe laisse est à l’impératif. Trouvez les deux autres verbes du texte qui sont à l'impératif.

4° Pourquoi SAIGNER est-il, à l'infinitif ?

 

***

 

Vous irez plus loin encore par la suite.

 

Mais alors vous aurez dépassé le stade du texte libre pour accéder à nos techniques de l'Ecole Moderne. Vous aurez votre Coopérative qui vous aura sans doute permis d'acquérir le matériel d'imprimerie à l'Ecole ; vous aurez commencé la réalisation dans votre classe du Fichier Scolaire Coopératif qui sera sous peu un des outils essentiels de vos classes ; vous pourrez alors lancer vos élèves dans la pratique des Conférences, dans l'étude du milieu (individuellement, collectivement ou par équipes). Vous utiliserez les Fichiers autocorectifs, les Plans de Travail, le théâtre. Votre classe deviendra la ruche où l'ordre et la discipline, et le travail apparents, sont dépassés par les normes profondes de la vie triomphante.

 

La technique du Texte Libre ne ne saurait se suffire à elle-même. Elle n'est qu'une étape, immédiatement possible dans toutes les écoles françaises, aujourd'hui officiellement admise et recommandée vers les techniques Freinet dont des milliers d'Ecoles à travers la France peuvent vous dire les vertus.

 

Nous souhaitons qu’en fermant cette brochure vous sentiez votre esprit, s'ouvrir au vent nouveau de l'Ecole Moderne Française.

 

15-12-1946.                                                      C. FREINET.

 

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