Comment fonctionnent dans notre C.E.S. nos ateliers d'expression de création

Janou et Edmond Lémery

Horaires

- L'an dernier dans une classe de 5e de 33 élèves, une classe de 33 élèves de 3e que j'avais en français et dessin et que mon mari, Edmond, avait en mathématique et travail manuel.
- Cette année dans deux classes de 6e de 24 élèves, une classe de 4e de 34 élèves que j'ai en français et en dessin, qu'Edmond a en mathématique et en TM sauf dans une 6e.
- Tous les deux, nous demandons chaque année que les heures de TM et dessin se suivent pour éviter d'avoir à installer et à ranger deux fois le matériel.
Nous obtenons satisfaction une fois sur deux.
- Tant que nous étions dans des classes dédoublées, tout se passait bien. Dessin et travail manuel fonctionnaient simultanément. Nous étions deux professeurs à la disposition d'une classe, pendant ces deux heures consécutives.
- La réforme Haby a tout détruit. 24 élèves à assumer. Une auto discipline difficile à installer. Des enfants mutilés dans les disciplines artistiques qui auraient besoin d'être aidés, encouragés pour dépasser leurs blocages ou leur manque d'exigence. Ces conditions sont épuisantes. C'est un compromis scandaleux !
- Dans la classe de 34 élèves, en 4e, plutôt que de nous épuiser nerveusement, nous avons choisi tous les deux d'assurer une heure supplémentaire bénévole, ce qui est indéfendable syndicalement sauf si on a décidé de ne pas attendre la retraite les bras baissés et si on constate que ce sacrifice est positif pour sa santé physique, morale et l'épanouissement des adolescents. Nous ne manquons aucune occasion de dénoncer ces conditions et de revendiquer auprès des parents, des syndicats car c'est un choix politique.

Locaux

* Une salle de classe traditionnelle sans poste d'eau.
* Un dépôt qui communique avec la salle où sont installées des tables de sciences récupérées sur lesquelles nous faisons nos tirages de pochoirs, un vieux duplicateur à encre... Ce dépôt, ce matériel très utiles ont été obtenus après des années de lutte. I1 ne faut jamais renoncer à combattre pour de meilleures conditions matérielles.

   

Matériel

Nous réclamons et obtenons chaque année des crédits modestes qui nous permettent d'acheter de quoi démarrer. Les trois classes ont une organisation coopérative et les 1 F de cotisations mensuelles servent à acheter la peinture finie, l’essence de térébenthine, etc comme à couvrir les frais de correspondance ? Nous récupérons tout ce que nous pouvons comme matériaux jetés à la cantine, dans les familles. Nous n'installons aucun atelier de luxe.

Tout ce qu'il faut à chaque atelier pour fonctionner contient dans un carton. Il y a autant de cartons que d'ateliers. Cette autonomie de matériel évite les rangements longs, difficiles, évite la pagaïe. Quand chaque groupe installe son atelier, il trouve tout dans le carton qu'il emporte. I1 lui suffit de joindre deux ou trois tables de classe. Ces cartons sont empilés dans le dépôt.

PREMIER EXEMPLE

Atelier drawing-gum : un carton qui contient
- une fiche-guide sous plastique (voir contenu : méthodologie, matériel)
- les journaux pour protéger les tables
- le papier
- le drawing-gum
- des porte-plume
- des pinceaux
- des petits pots récupérés
- des chiffons
Un responsable de l'atelier veille au rangement impeccable du carton pour éviter tout gaspillage. Quand le carton quitte le groupe, il n'y a qu'à l'empiler dans le dépôt. C'est le responsable de l'atelier qui veille au contenu à renouveler pour l'autonomie du carton.

UN AUTRE EXEMPLE

 L'atelier peinture
- C'est le seul atelier qui s'offre le luxe d'une caisse en bois, récupérée et aménagée (voir fiche).
- Comme nous n'avons pas de poste d'eau, c'est celui qui prend presque un quart d'heure de rangement. Sont à prendre, hors de la caisse : le papier, des livres de reproductions, des revues Art Enfantin, des affiches d'expositions récupérées, des BT art...

   

Matériel pour l'atelier peinture
Canson blanc
pinceaux
seau d'eau à remplir à l'étage
petits pots en verre contenant de l'eau propre
petits agitateurs ou cuillères à glace pour prendre la gouache
chiffons fins - usagés
fil à tendre et épingles à linge
I1 n'y a que les couleurs primaires fabriquer chacun ses couleurs par mélange préparer peu de peinture
proposer "un reste" à d'autres camarades qui peignent
nettoyage attentif des pinceaux ; de l'ensemble du matériel
prévoir 1/4 h de rangement

Le nombre des ateliers

Il varie avec les intérêts du moment, les classes, les incitations diverses. Parfois, c'est la période tout en couleur, parfois c'est l'étape sobre du noir... Mais il y en a toujours cinq ou six : toujours peinture, le journal, recherches et imprimerie, les graphismes, des constructions diverses, craie d'art... et des solitaires avec leurs projets tenaces qui s'assument complètement.

Valorisation des travaux

Tous les travaux sont exposés sur les murs de la classe, mis en valeur selon la nature de la production par un groupement, un collage, un simple fond de papier blanc. Les expositions sont renouvelées tous les quinze jours environ. Le journal absorbe beaucoup de recherches abouties grâce à un travail de groupe exigeant. Si une production est gardée dans sa spontanéité, c'est que le groupe l'a jugée, sans démagogie, communicable. Nous incitons chaque membre à avoir une part aidante dans le groupe auquel il appartient. Nous ne nous ménageons pas pour aider à ce dépassement.

Le fait de ne disposer que des couleurs primaires plus le noir et le blanc amène les adolescents à faire de très nombreuses expériences développant leur tâtonnement expérimental dans la créa­tion de couleurs et à se communiquer spontanément leurs recherches.

   

La peinture

« C'est un art expressif qui offre beaucoup de moyens de mise en valeur, de richesses, de couleurs. Il sait être agressif, mélancolique, suivant les goûts de son auteur. »

Catherine - 3e

RÉFLEXIONS D’ENFANTS DE 6e

« C’est bien parce que j’apprends tout seul ; je fais ce qui me plaît, ce que j’imagine … je suis concentré … j’ai tout mon temps. »

Paul

« J’apprends à inventer alors qu’en primaire on m’imposait des dessins … La peinture me produit un effet de joie. »

Danièle

« C’est gai de peindre et j’ai appris à fabriquer des nuances. »

Laurent

   

Les aquarelles

dans l'atelier de peinture « Les aquarelles nous ont permis de créer des paysages plus naturels, des peintures plus légères autant dans les détails du dessin que dans les couleurs. Ces couleurs pâles ou même un peu fades adoucissent les choses ou les paysages. Elles les rendent plus familières, plus tendres à l'oeil. »

Agnès - Juliette

Comme cet atelier nous a passionnées de longues semaines, nous avons réalisé une fiche-memento pour guider ceux qui veulent essayer.

Pour créer des couleurs pastel, on fabrique d'abord la couleur choisie : rouge, bleu, marron, vert... Puis on y mélange beaucoup d'eau afin d'obtenir sur la feuille une couleur délavée. Mais il faut éviter que l'eau imbibe le papier ; sinon, il se gondole et abîme le dessin. Pour cela, il vaut mieux utiliser un papier de bonne qualité. »

   

Les graphismes

«Dans le graphisme on part d'un trait, n'importe où et les idées viennent au bout du crayon, au fur et à mesure qu'il court. On voit naître des formes qui prennent un sens. Nous préférons les graphismes noirs car c'est plus sobre, plus net »

Éric - Jean-Louis - Jeff - Jacques

L'utilisation du trait et du point avec divers instruments (crayons à bille, stylos, feutres fins et gros, plume, crayon à papier gras...) conduit, au travers de nombreuses manipulations tâtonnées, à des réalisations de plus en plus riches. Certaines productions restent des miniatures, avec une recherche perfectionniste et sont investies, grâce au graveur électronique de l'établissement que nous utilisons, telles quelles dans l'illustration du journal ; d'autres sont au contraire agrandies et exposées.

   

Constructions en allumettes

L'atelier privilégié de Marc et qu'il poursuit chez lui comme le montrent les photos qu'il a faites.

De temps à autre, un camarade vient travailler avec lui comme manoeuvre pour couper les al­lumettes ou se laisse tenter par sa propre production qu'il réalise, guidé par Marc.

Tapisserie

Depuis le Congrès de Nantes, nous travaillons avec «le point de reprise» mais les réalisations sont lentes en raison du peu de temps dont nous disposons. Nous avons besoin d'une année complète pour une tapisserie de 4 mètres carrés.

   

La craie d'art

«La craie d'art est plus sensuelle au regard, au toucher qu'une peinture, souvent plus chaude, moins rigide.

Lorsqu'on utilise l'essence de térébenthine pour créer un fond, cela produit un effet de douceur et de rêve. Les fondus sont faciles et on peut difficilement être agressifs. »

Marie-Sophie et Nadine

   

Le métal repoussé

«Nous aimons l'aluminium car on peut dessiner des graphismes, des formes abstraites. Avec les encres iris, c'est chatoyant, irisé, flatteur. Il y a du relief. Toutes les couleurs s'harmonisent à condi­tion de ne pas les employer pures. On invente des phrases pour accompagner nos dessins. »

Dominique

   

Le polystyrène

C'est le contact avec un matériau de récupération très connu mais peu manipulé par les enfants dans la vie quotidienne par ignorance sans doute de deux techniques : découpage et collage.

La découverte de celles-ci en classe, grâce au filicoupeur de la C.E.L. et aux colles spéciales, leur permet de jouir de nombreuses expériences tâtonnées, de nombreuses manipulations.

Tout de suite, ils sentent naître dans leurs mains des formes qui sont la combinaison de leur imagination et des imperfections dues au coupage rapide du fil chauffant.

Ainsi, au début, avec les enfants de 6e renaissent les maquettes de maisons, de châteaux-forts... de cités du Moyen Âge ...

Mais elles sont vite dépassées en 5e par des re­cherches architecturales plus originales comme «la ville de l'an 2200 ».

Et elles atteignent l'ordre sculptural en 4e, 3e même avant parfois, si les manipulations ont été suffisantes !

Constructions mathématiques

Avec un triple objectif : technique, mathématique et manipulatoire

.* L'atelier permet de simples réalisations ma­nuelles

- à partir de plans pris dans des livres, des fiches du FTC ou le SBT 254 (C.E.L.), ou encore préparés à la demande par le professeur... (certains livrets mathématiques de la C.E.L. fournissent les plans de polyèdres). C'est le cas, par exemple, en 6e de la fabrication d'alidades, de gnomons, de cadrans solaires, etc.

- à partir de modèles existants qui créent une motivation : par exemple, la réalisation de panto­graphes en observant un instrument.

* L'atelier permet aussi, et c'est une fonction essentielle, la recherche mathématique, à partir de constructions déjà réalisées, mais encore pour élaborer leurs plans.

QUELQUES EXEMPLES

- Réalisation, avec des baguettes de peuplier utilisées dans la construction des modèles réduits en aéromodélisme, de polyèdres associés dans l'espace, tels que ces octaèdres (pyramides asso­ciées) qui constituent des stabiles ou des mobiles (Document (2) - 6e-5e).

- Réalisation dans l'espace à trois dimensions, avec baguettes de peuplier, d'une structure ma­thématique découverte en se ainsi matérialisée : le treillis des diviseurs du nombre 210 (chaque sommet correspond à un nombre qui divise 210 et qui divise le nombre suivant...). (1) et (3)

- Recherches libres en 6e, avec des fils tendus sur carton, travail à l'aiguille. Selon la manière choisie de tendre les fils, d'associer les points de perforation, sur des figures géométriques simples telles que droites, carrés, cercles... on obtient des «effets différents " . (4)

- Réalisation, à partir d'un pantographe, d'autres «pantographes» en barres plates de fer doux (documents non présentés ici).

Travaux de traçage, sciage à la scie à métaux, perçage à la perceuse électrique mais aussi libres recherches géométriques sur les transformations ponctuelles du plan telles que homothéties, trans­lations, symétries...

- Réalisations en bois et matière plastique de récupération, d'alidades : lunettes servant à viser et relever des angles, sur le terrain ou en astro­nomie, à partir de plans ou de photos proposés dans des ouvrages mais modifiés et adaptés, par des filles et des garçons de 6e, selon les matériaux et les outils dont ils disposent...(5)

 
   

Réflexions d'enfants de 6e sur les constructions :

« ça, change les idées. Pour inventer de nouveaux objets, il faut qu'on se creuse la tête. » Stéphane

« Ça apprend â se servir du matériel du menuisier. » Marylou

" Ici, on en profite. Chez nous on n'a jamais le moyen de le faire .Nos parents ne veulent pas. » Éléonore

« Ma main devient habile et je vais pouvoir apporter ma pyramide en histoire. » Cyril

" J'aime la machine qui découpe le polystyrène et réalise les objets décoratifs qui me plaisent. » Fabrice

   

Atelier du journal scolaire

Il a priorité sur tous les autres ateliers. On abandonne son atelier s’il y a urgence pour tirer des pochoirs, pour préparer des titres, faire une mise en page ou réaliser une illustration, procéder au tirage à la machine : le duplicateur à encre.

   

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