La porte ouverte

Connaissez-vous beaucoup de manifestations « scolaires » se déroulant dans la rue ou sur la voie publique - donc «ouvertes à tous» et gratuites ! - et présentant un travail de jeunes ayant un caractère géographique : des maquettes, des études ou un caractère mathématique : des recherches et des découvertes, ou scientifique ou historique ? Non. Nous n'en sommes pas (encore) là !

Quand nous aurons pu supprimer les examens coupe-file, fonctionnant comme le guillotine, pour les remplacer par des « brevets » ou la présentation de travaux personnels ou coopératifs, oui, peut-être, nous le verrons !! Quand nous adopterons en ce pays une philosophie différente concernant l’évaluation des études, de l’éducation et des capacités individuelles, l'école aura, alors, la possibilité de chasser hors d'elle la scolastique et de vivre en accord avec notre société et nos environnements !

En attendant, les seules possibilités actuelles pour l'école de descendre dans la rue viennent essentiellement des activités artistiques. C'est normal ! direz-vous, l’art  ayant vocation de réunir tous les langages dans celui de la sensibilité et de l’émotion... N'empêche qu'il faut encore qu'on consente - à l'école- à employer  le langage de la sensibilité, de l’émotion, de la joie, de la révolte... et à évoquer les sentiments !

Dans ce numéro, voici à nouveau des reportages sur une grande fête populaire renouvelée grâce au C.E.S. du lieu : le carnaval.

Voici aussi sur les lieux mêmes du Festival d'Avignon, mais avant lui dans le temps, le compte rendu de la Rencontre Nationale d'Expression Dramatique et le récit des spectacles qui y furent élaborés et présentés au public. Voici encore, techniques essentiellement orientées vers la relation et l'échange, les jeux du maquillage. Et voici enfin, nouvel exemple de cet accord entre nos écoles et l'environ­nement, des statues en mortier armé.

Ainsi dans nulle autre revue touchant à la vie scolaire ou pédagogique il n'est possible de mieux montrer une porte aussi grande ouverte et grande ouverte publiquement, que dans ART ENFANTIN et CRÉATIONS.

Et c'est un grand mérite ! d'autant plus grand que ce numéro n'est pas exceptionnel ! Souvenez-vous des évocations concernant un festival de la marionnette, une grande exposition dans un vrai musée, la construction d'un mur décoré, et sachez que la classe qui en est l'auteur possède maintenant une technique sûre et qu'elle a reçu « commande » de cinq ou six murs semblables qu'elle est en train d'exécuter ! D'autant plus que cette ouverture, que cette porte-là ne créent ni courant d'air, ni vide intérieur ! La classe reste au travail dans ses propres murs : le bilan d'une année d'activité artistique dans un C.M.2 est là pour le prouver. Et pas un C.M.2 spécialisé, ou donnant sur un « Bac art » : c'est un C.M.2 qui permet aussi la publication parallèle (n° 31) d'un bilan concernant la recherche en « sciences » (dans notre collection B.T.R.1).

Ah ! si l'école pouvait ainsi participer de droit et effectivement, matériellement, à toute la vie du village ou du quartier ou de la ville et s'intégrer à notre culture populaire et quotidienne, nous n'aurions plus de graves problèmes au sein de l'École Moderne - pédagogie Freinet pour démontrer que l'expression des enfants et des adolescents fait partie intégrante de notre culture, celle de tous les gens de cette époque ! Faites connaître ce numéro pour que la porte soit encore plus grande ouverte ! et faites aussi des abonnés, car nous aurons encore d'autres beaux témoignages du genre à vous offrir.

M. E. BERTRAND

(1)        B. T. R., supplément à L'ÉDUCATEUR, l'un et l'autre : 129 F à P.E.M.F., B.P. 282, 06403 Cannes cedex.

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