RYTHMES

Les rythmes sont partout : dans la nature, dans les réalisations humaines, en fait dans toute vie.

Rythmes des saisons, de l'alternance jour-nuit, des heures des repas, des jours de travail, des jours de repos, des heures de travail, des heures de repos, ils influencent considérablement le comportement de l'individu enfant, adolescent ou adulte - et de la société, de façon d'autant plus insidieuse qu'ils sont subis souvent inconsciemment. Et qu'ils agissent en résonance avec ceux que l'individu a reçus de sa mère dans sa vie intra utérine : ceux que sa mère a subis pendant cette période, et ceux, internes, de la respiration, des battements du coeur, des trépidations de la marche et des déplacements, des chocs émotionnels, de la voix de celle-ci et de l'univers sonore dans lequel elle est plongée. Et aussi en résonance avec les rythmes biologiques propres à chaque individu.

Nous sommes tous des constructions rythmiques incroyablement complexes, et nous, éducateurs, savons bien que le rythme aberrant de la vie scolaire perturbe le travail et le comportement des enfants. Que notre fatigue est souvent le résultat des rythmes que nous subissons du fait d'une vie trop trépidante sur laquelle nous ne pouvons pas agir, du fait de la marche au pas cadencé imposé par notre métier, les transports, la télé, les bruits quotidiens. Et nous sommes parmi les mieux lotis ! Nous savons aussi combien dans nos relations les rythmes de chacun sont primordiaux : il est difficile de lire à plusieurs en même temps le même poème, de chanter la même chanson, d'interpréter la même partition... Et pourtant nous le demandons souvent à nos élèves, presque sans nous en rendre compte. Et certainement avec raison. L'éducation ne passe-t-elle pas par ces nécessaires confrontations rythmiques,

Tout ceci n'est pas très nouveau. Beaucoup l'ont dit avant nous. Et l'on voit fleurir sur le marché des mé­thodes d'éducation rythmique, à grand renfort de matériel très onéreux, surtout depuis qu'a été mise en évidence l'importance de cette « discipline » pour les acquisitions scolaires des enfants. Dans nos classes, des outils privilégiés comme l'imprimerie, le magnétophone, l'orga­nisation coopérative, les plans de travail, pour ne citer que les plus courants, contribuent à cette éducation non de façon arbitraire, mais en tenant compte des intérêts et des rythmes internes de chacun.

Ce disque ne veut que porter témoignage des surgissements du rythme dans les productions musicales ou poétiques de nos classes. I1 vient en complément du disque ICEM n° 6 « Musiques simples et rythmes libres» qu'il est encore possible de commander à la CEL (BP 282, 06403 Cannes Cédex), plus centré sur des « oeuvres » instrumentales. Ici l'accent est plus porté sur la voix, dont nous avons traité dans le disque ICEM n° 7 « Recherches sur la voix» (supplément à l'Art Enfantin et Créations n° 63 de septembre-octobre 1972).

Jean-Louis MANDRIN

RÉACTIONS D’ENFANTS À L’ÉCOUTE DU DISQUE I.C.E.M. N°15 « RYTHMES »

FACE 1

1. - ROUTOUTOU
- C'est un petit enfant qui fait une musique
- Ça ressemble à de la guimbarde- Non ! à de la trompette !
- On dirait qu'il pète avec ses lèvres.
- Il fait claquer sa langue.
- Ça fait comme des pas de cheval.
- On pourra le faire au magnétophone!
- Comment fait-il pour fredonner et claquer la langue en même temps?
- Ils sont deux sans doute.

2. - BATTERIE .
- C'est une batterie. C'est  une petite  batterie.
- Il tape sur plusieurs tambours en carton et sur un truc en fer:
- Le truc en fer, c'est une petite cymbale
- Il y a une grosse caisse avec  une pédale: Mais c'est pas une vraie batterie comme dans les orchestres:
- Par moment on croirait des pieds qui claquent. Des pieds chaussés avec des sabots.

3. VÉTÉRINAIRE
- Mon cousin parle comme ça
- C'est un garçon ou une fille?
- C'est bien. C'est drôle!
- C'est une chanson inventée. Elle est bien pensée !

4. FRANCAIS
- C'est drôle, Ca nous fait rire !.:.
- On dirait que le chanteur s'énerve...
- On ne comprend pas tout ce qu'il dit. On comprend «Français » !
- On dirait un vrai chanteur: - Il chante en anglais. `
- La chanson a une belle fin, toute douce.

5. SOLEIL
-
C'est bien parce que c'est doux, puis c'est fort, puis ça reprend
- Celui qui chante devrait continuer à étudier la musique.
- La musique était bien en accord avec les paroles.
- La chanson est gaie. C'est pas une chanson pour endormir. Elle est rythmée par des claquements de pied.

6. CHANSON « EN LANGUE »
- Ils étaient deux. A des moments ils riaient.
- Ils ont inventé la langue des paroles.
- Ils tapaient en chantant.
- Ça donne envie de frapper du pied et de danser:
- C'est une sorte de marche.
- On peut se mettre en rond et danser en claquant des pieds et des. mains.

FACE II

1. L'ÉCOLE
- C'est marrant! La musique est douce.
- L'école ne lui plaît pas. Il aimerait mieux être ailleurs qu'à l'école.
- On se souvient facilement de l'air.
- On se souvient aussi facilement des paroles.
- On peut l'apprendre? Elle nous fait rigoler !

2. SE GLISSER DANS TON OMBRE

- C'est un poème, comme une histoire. Il est un peu triste.
- On entend la musique de l'ariel: On dirait de la musique japonaise. Il y a aussi  un tambourin et une. cymbale.
- J'aimerais bien inventer des poèmes comme, ça ! Je les enregistrerais au magnétophone. Je ferais de la musique avec un tambour.

3. C'EST TRISTE DE QUITTER SES AMIS

- Elle est triste: C'est triste de partir.
- Elle est belle cette chanson. La musique  est triste comme les paroles
- Celle qui chante paraît triste elle aussi.

4. L'ÉCUREUIL

- Elle me plaît bien celle-ci :
- La chanson est accompagnée à la guitare : Elle est drôle.
- Elle donne envie de danser en mimant.
- Moi, j'aimerais bien avoir une guitare pour jouer des musiques comme ça !
- J'aimerais bien acheter ce disque. On peut le trouver dans un magasin ?

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