A Saint-Claude

LA RUE est à nous

Nous avons eu la chance de pouvoir exposer trois semaines à la galerie d'art « La Vouivre », du 21 juin au 14 juillet. Peintures, aluminiums, terres cuites, coffrets, soies, etc. virent ainsi défiler bon nombre d'amateurs d'art qui ne seraient peut-être pas venus à l'école.

Comment donner le coup d'envoi de cette manifestation et sortir des habituels vernissages ?Il fut prévu de condamner la rue à la circulation automobile l'après-midi du 21 et de munir les enfants de craies de couleurs, d'où le titre de l'invitation distribuée : « La rue est à nous ! ». Dalton, chanteur local de talent, attaché à l'art franc-comtois, devait se charger d'une animation musicale, et d'autres camarades proposeraient de fabriquer des marionnettes.

Malgré un violent orage en début d'après-midi, tout se passa fort bien. La rue se couvrit rapidement de soleils multicolores : il fallait bien le faire venir ! Quelques murs furent aussi décorés. I1 y avait bien sûr les enfants de ma classe, mais d'autres furent gagnés par l'envie d'essayer aussi. Les adultes, très nombreux à l'exposition, s'intéressèrent beaucoup au travail des enfants, très à l'aise, et qu'il fallut arrêter à 19 h.

La formule me semble bonne. Les rues et places des petites villes se prêtent admirablement à ce genre d'activité.

Daniel LÉGER

« j’ai dessiné une maison, un oiseau, un cuisinier. »
« Moi, j’avais fait un escargot avec une fleur à côté »
« J’avais commencé un bonhomme et je suis parti. Quand je suis revenu, Olivier lui avait fait des petites jambes bleues. »
« Une dame a fait des marionnettes avec des petites pommes de terre. »
« C’est pas toujours qu’on dessine sur la route. »

 

A Saint-Claude

La cité Chabot

La Cité Chabot, à St-Claude ! Des H.L.M. tout en hauteur comme il en pousse partout au bord des grandes villes. Avec l'Amicale du quartier, six instituteurs du Groupe jurassien de l'École Moderne décident d'accueillir, un samedi après-midi, tous les enfants qui voudront peindre. Des affiches les y invitent.

On en parle dans les classes. Les enfants sont motivés: il s'agit de cacher la grisaille des tours en décorant balcons, loggias, fenêtres...

Avec quelques parents, on anime la grande salle de quelques peintures empruntées à la maternelle voisine. Pas d'installations spéciales ! Une chance : la salle carrelée bien pratique à nettoyer. Tout semble prêt :plus de cent pots de peinture dans différents coins, il y a des réserves, des possibilités de créer d'autres teintes, du papier à volonté :grandes feuilles d'un mètre qu'on trouvera encore trop petites une fois tendues sur les murs, chiffons, éponges...

Les enfants entrent : e tous âges, de 18 mois à 16 ans, des parents, des amis les accompagnent. Chacun choisit son matériel, s'installe calmement où il veut. -Madeleine raconte :

- En arrivant, la surprise était grande et l'on avait peine à croire que ce que l'on voyait était réel, une centaine d'enfants en train de peindre sur des feuilles posées à même le sol, quelques adultes attentifs et souriants debout parmi eux, dans un murmure de ruche au travail.

   

C'est un moment de vie intense. On peint ; on discute aussi. On admire son oeuvre et celle du voisin. Parfois, le même thème : fleurs, papillons, châteaux, soleils... repris par plusieurs, s'enrichit grâce au groupe.

Des techniques nouvelles apparaissent, d'abord dues au hasard :pots renversés, ou éclaboussures, puis étudiées. Mireille fait école dans l'art de faire gicler la peinture du pinceau et fleurissent alors :feux d'artifices, orages, brouillards roses et mauves...

Des parents prennent le pinceau pour aider leurs plus petits. Aucun n'osera peindre seul, et pourtant il aurait fallu si peu, semble-t-il...

On peut aimer plus ou moins ces oeuvres mais impossible de rester indifférent à la joie du groupe.

Je pense aux sceptiques, à ceux qui doutent de la richesse de la création enfantine, à ceux qui pensent que l'enfant n'a rien à apporter, à ceux qui croient que la main de la maîtresse guide. Maintenant ils voient notre travail : préparer le matériel, nettoyer les dégâts, encourager par un simple regard parfois et toujours vibrer avec le petit créateur. Ont-ils compris que le plus important est cette atmosphère de compréhension, d'amitié, d'envie de vivre et de le montrer qui doit régner dans la classe quand on a conscience de l'importance de la création chez l'enfant ?

Pourquoi ce succès ?

- Peut-être parce que les parents, les amis sont là, attentifs, on sent une communion entre tous les pré­sents.

- Peut-être plus à cause du but à atteindre :décorer la Cité. L'enfant prend en charge son environnement : a-t-il compris qu'il peut l'influencer ?

C'est sûr on recommencera ! Petits et grands l'ont demandé.

On pourrait peindre les balcons pour de vrai ? les couloirs ? le passage de la grande salle ? les trottoirs ? les murs ? Tout est possible à l'enfant... L'adulte le freine vite. Ainsi, on avait projeté de réaliser une fresque sur le mur extérieur de l'école... Un panneau publicitaire s'y est installé !

Yolande HENRIOT

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