CATHERINE

... Elle n'a peint que ses préoccupations du moment...(où l'Art Enfantin est autre chose qu'un jeu esthétique qui fait bavarder quelques adultes atteints de « puérolatrie »...) (Voir page 32.)

Le bébé est né le 13 septembre. Catherine est à la maison avec son père et son frère. Elle ne mange pas au restaurant scolaire. Elle ne parle pas du bébé.

Le 17 septembre

Elle habite dans une cité de HLM. L'an passé, dans la classe des petits (2 à 4 ans): elle a 4 ans à la rentrée, elle a donc un an de plus que les autres. Elle est repliée sur elle-même, puis peu à peu elle s'ouvre, s'exprime beaucoup par la peinture et la danse mais peu par le langage. Elle n'a de relations qu'avec moi, presque exclusivement non verbales, regards, caresses, interpellation, interpénétration de l'espace, elle vit dans mon sillage.

La maman dit qu'elle parle beaucoup à la maison mais « bébé », elle ne salit plus sa culotte dès le deuxième trimestre. II s'installe entre nous deux une relation très instinctive, d'abord confiance réciproque, mais pas encore confiance en elle : les bonshommes sont toujours sans bras (voir Genèse de l'Homme, Méthode naturelle de dessin, C. Freinet, Delachaux-Niestlé), elle est toujours en dehors du groupe-classe. Sa maman attend un bébé.

 

Le 20 septembre

Le bébé est rentré à la maison. Bonhomme (est-ce le bébé ? Calme ? Joie tranquille ?)

.

Le  17 septembre, à la rentrée, nous nous retrouvons dans la classe des grands (5 à 6 ans). Le bébé est né le 13 septembre : Catherine peint comme l’an passé, le format s’agrandit, le bonhomme (est-ce le bébé ?) prend de l’importance, occupe l’espace. Le bébé est au centre de ses préoccupations. Elle l’attend à la maison le 17 septembre, alors qu’il est encore à l’hôpital. Elle le voit pour la première fois le 20 septembre lorsqu’il rentre à la maison (premier et dernier bébé couché).

Les 26 et 27 septembre

La maman est à la maison avec le bébé

Elle le peint encore les 27 septembre, 5 octobre, heureuse. Puis le 4 novembre la maman reprend son travail. Ce n'est plus un bébé, mais une maman ou Catherine elle-même qui est peinte : barbouillée, hachée, agressive. Toutes les peintures de ce moment sont représentées ici, elle n'a peint que ses préoccupations du moment. Peu à peu elle accepte  la nouvelle situation.

Les 4 et 5 octobre

Catherine est joyeuse, peint peu, dessine beaucoup : en recherche d’un schéma corporel

Le 4 novembre

Problèmes familiaux ; les visages sont barbouillés, les peintures bâclées, le sujet est tout petit, noyé.

J’ai réalisé toute l’évolution des peintures de Catherine durant l’années scolaire. Elle sera exposée au congrès de Clermont-Ferrand (Pâques 76)

Jacqueline GUICHON

 

   
Les pages 17 à 24 réservées à la littérature des adolescents ne sont servies qu'aux abonnés ayant souscrit au Supplément

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