Exposition d’art enfantin au festival d’Avignon

En 1969, quelques camarades pensent à une exposition d'art enfantin pendant le Festival d'Avignon... mais il est tard, les problèmes sont nombreux... trouver une grande salle, bien placée, penser à la garderie, exposition départementale ou nationale ?...

Cette année, de jeunes camarades relancent l'idée au mois d'avril. Nous avons l'appui de la municipalité et de la direction du festival. Une quarantaine de camarades ont travaillé... Et l'exposition se réalise. Elle a lieu à la Mairie d'Avignon qui donne sur la place de l'Horloge, coeur du Festival à un moment où l'exposition Picasso, au palais des Papes, fait beaucoup parler : on est pour ou contre.

Les journées du théâtre pour enfants organisées par les CEMEA ont lieu au même moment au théâtre municipal, voisin de la mairie.

On discute beaucoup de culture, populaire ou pas. On s'intéresse beaucoup à l'enfant, à l'éducation. La pédagogie Freinet n'a-t-elle pas sa place au Festival d'Avignon ? Le groupe réalise une expérience... Nous verrons bien...

Une centaine de dessins et tapisseries dont une quinzaine d'autres départements et de l'école Freinet sont présentés.

Il y a aussi des argiles cuites et des céramiques, très peu de sculptures. Nous avons une grande photo de Freinet et quelques photos d'enfants. Des albums, des journaux scolaires, un « livre d'or », des chartes et des tracts présentant la pédagogie Freinet sont à la disposition des visiteurs.

Un stand de vente fait connaître toute la production « Art Enfantin » de la CEL. Certains dessins sont à vendre.

L'exposition est ouverte de 16 à 21 heures.

Une vitrine du grand magasin « Les Dames de France » présente quelques oeuvres d'Art Enfantin et signale l'exposition.

La BT « Picasso » est en vente dans une galerie d'art. Elle plaît.

La presse en a parlé. Des centaines d'exemplaires sont vendus.

Nous essayons d'être présents dans la guerre des affiches qui s'est déclarée sur les murs d'Avignon.

Deux mille invitations ont été distribuées au Syndicat d'Initiative, à l'Exposition Picasso, au bureau de location du Festival.

   

L'inauguration, que nous voulons très simple, nous donne beaucoup de soucis. Tout se passe bien et nous recevons M. l'Inspecteur de la Jeunesse et des Sports, le Maire, les représentants de la FEN, du SNI, de la FOL, de l'OCCE, des artistes et de nombreux amis.

L'exposition étonne et intéresse. Elle est bien accueillie.

Le public est très divers : grande majorité de jeunes, hippies de la place de l'Horloge, enseignants et artistes, des personnes âgées, des enfants. C'est un publie d'intellectuels mais viennent aussi quelques parents et travailleurs. De nombreux étrangers...

Les visiteurs sont d'abord surpris par le sérieux de l'exposition : ils venaient voir des... « travaux enfantins », ils trouvent quelque chose qu'ils ne soupçonnaient pas.

Ils feuillettent les trop rares albums, s'arrachent poux les lire et les commenter, les journaux scolaires. Ils discutent et posent des questions, critiquent et proposent, ils sont pour ou contre, passionnés. Ils lisent les tracts, la Charte, s'informent sur la pédagogie Freinet ou sur une technique précise. Ils condamnent souvent, ou apprécient et justifient la vente de quelques dessins.

Ils achètent tout, de la carte postale à « Essai de psychologie sensible ». N'était-il pas magnifique de voir cette toute nouvelle camarade définir avec flamme la pédagogie Freinet à un groupe d'étrangers éberlués ? A la fin de la discussion elle était épuisée mais heureuse d'avoir découvert tant de choses... et elle recommençait...

Le stand CEL a vendu pour 2 400 F de matériel. Mais nos dépenses ont été importantes (malgré le prêt gratuit de la salle, des panneaux et tréteaux) et l'opération se solde par un déficit.

Le Groupe, qui s'est réuni le 6 septembre, en a tiré les conclusions suivantes :

L'expo a fait parler : elle a fait connaître la pédagogie Freinet à des estivants. Qu'en restera-t-il ?

Elle a permis aux camarades du groupe de construire en commun quelque chose qui pouvait être beau. Elle a développé les discussions et permis de voir que trop peu d'instituteurs « Ecole Moderne » osaient exposer les oeuvres de leurs élèves et que, très certainement, un trop grand nombre négligeait l'art enfantin ou en avait peur.

Il est à remarquer que les travailleurs n'ont pas vu (ou si peu) l'exposition. Le problème est posé.

Dès à présent, le Groupe prépare l'exposition 71 et vivra le XXVe Festival.

On y verra des évolutions de dessins d'enfants et des travaux de toutes sortes. Il serait souhaitable que des dessins des classes de tous les membres du groupe soient exposés.

Des documents audiovisuels pourraient être présentés, des ateliers installés, des discussions avec les enfants organisées.

Une soirée présenterait la pédagogie Freinet aux festivaliers.

On a parlé d'une belle exposition à la mairie et d'une exposition technologique mais aussi artistique dans une chapelle d'un quartier populaire...

Mais nous rêvons...

Faites une expo, vous vous demanderez peut-être « à quoi bon » ?... ... si c'est pour le groupe, le mouvement, les riches ou les pauvres ?

Mais il est si facile de ne rien faire et une exposition c'est vraiment une réalisation enthousiasmante qu'on a envie de renouveler une fois qu'on y a goûté...

G. BELLOT
C.E.G.
84 ‑ Le Pontet

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