Un exemple d’évolution en art enfantin

Cours Préparatoire – Les Fabrettes Notre-Dame Limite – Marseille ( Mme D.Augier)

Septembre

C’est la rentrée ! Patricia est une petite fille bien mignonne, bien timide de se retrouver dans une « grande » école. Elle dessine une maman, puis une maison… Encore la maman et la maison.

Octobre

Patricia est toujours aussi timide. Elle ne dessine qu’avec ses outils personnels. Elle n’est pas socialisée.

Novembre

Patricia se sert maintenant des stylos-feutres de la classe. Elle a rempli sa feuille… Elle devient un peu moins timide.

Novembre

Une maman, une maison, des fleurs… Mais déjà plus de couleurs.

2 décembre

Patricia s’essaie à la peinture fin novembre. Toujours sa maison, toujours sa maman, que l’on retrouve aussi régulièrement dans ses textes libres.

« Maman va aux commissions ; elle retourne à la maison. »

15 décembre

Noël ! Notre petite Patricia nage en plein rêve ! Elle dessine beaucoup de « Père Noël », elle enregistre ses contes de Noël inventés au magnétophone, elle chante… Elle s’intéresse au texte imprimé sur Noël… Peu à peu, sa timidité s’envole.

La rentrée de janvier

Le 15 décembre donc vient d'apparaître le Père Noël de Patricia qui deviendra célèbre dans la classe et qui a rendu Patricia elle-même « célèbre ». C'est la première fois qu'un dessin de Patricia retient l'attention des autres et elle va oeuvrer pour que cela dure...

A la rentrée de janvier, ses dessins aux feutres s'embellissent. Nous retrouvons une Patricia moins timide, moins effacée qu'au premier trimestre. Elle se fait des amis qui la découvrent. Son Père Noël a perdu son échelle et a gagné trois pompons à son chapeau. Il a toujours sa lanterne et sa hotte « dédoublée ».

Les encres de Chine

Surprise… Patricia s’essaie aux encres de Chine pour la première fois et non sans une certaine audace…

L’aluminium

Une nouvelle expérience, une nouvelle affirmation de soi, une nouvelle joie… Mais répétition de la maman et de la maison (nouvelle technique mais dessin déjà rencontré)

Le père Noël à la peinture

Depuis janvier, Patricia s’affirme un peu. Elle découvre ses possibilités, les étend à tous les domaines. Désormais, elle a confiance en elle et, peu à peu, c’est la lecture qui va commencer à attirer ses efforts, sa volonté de réussir. Le petit Père Noël est là avec pompons et lanternes.

Monotypes à l’encre d’imprimerie

Toujours le même thème mais toutes les techniques y passent. Voici les monotypes à l’encre d’imprimerie : quelle découverte pour Patricia, et quelle réussite ! Ses camarades la félicitent et elle s’affirme dans la classe où chacun la considère.

Autre technique de monotypes

Toujours le Père Noël aussi identique à lui-même car, s’il est inversé (lanterne à gauche), c’est à cause de la technique. Un monotype techniquement raté ? Qu’importe ! Patricia a suffisamment d’assurance maintenant pour se permettre d’innover : elle essaie de le raviver avec des stylos feutres.

Dans un coin, Patricia s'enregistre au magnétophone, longuement, et chante :

« Le Petit Père Noël
Quand il descendra du ciel
Je dormiras pas pour le voir
Parce que je l'ai jamais vu
Le père Noël.
Le Père Noël
Pour une fois qu'il m'apportait des jouets
Le soir, je me levais
Et il y avait que moi que j'avais pas de jouets...
Parce que le petit Père Noël
Il était malin
Il m'avait vue que j'étais levée
Et après il m'avait pas donné les jouets... à moi...
Et moi, je pleurais tous les jours
Et moi, je pleurais tous les jours...
Parce que personne voulait me prêter ses jouets.
Le Père Noël
Ne pouvait pas monter dessus la neige
Il ne pouvait pas monter...
Jamais... jamais...
Toujours... toujours... il glissait...
Et il ne pouvait pas donner les jouets aux petits.

L'envie, le désir, sont toujours là, tenaces. Le Père Noël accompagne les faits et gestes de l'enfant. Peut-être le groupe va-t-il réagir à cette présence constante ? Peut-être un album va-t-il naître en collaboration avec les autres enfants ? Non. Ils réagissent autrement :

« Toujours, tu fais ce Père Noël ? »
« Encore le Père Noël ? »
« Mais c'est Passé ! »

Et Patricia répond invariablement : « Et si ça me plaît... »

Au départ, les enfants ont bien senti que c'était le bonhomme Noël qui était beau en lui-même, avec son chapeau, sa hotte, son échelle, etc... Par la suite, ils trouvaient encore la technique attrayante mais ils disaient avec regret : « C'est toujours beau ce qu'elle fait mais c'est toujours le Père Noël »…

En juin pourtant, avec tous ces bouquets qu’on porte en classe, naît une histoire de fleurs : on taille., on coud des masques colorés, cernés de pétales : Patricia seule, le garnît de longs serpentins multicolores. Il est si différent que les autres la choisissent comme reine des fleurs : nouveau triomphe dans sa danse libre. Est-ce le point de départ d'une nouvelle passion ?

Mais la fin de l'année est là. On range... et Patricia retrouve son Père Noël ! Aussitôt, toute autre préoccupation est oubliée, et c'est un alu gravé sans hésitation, avec une sûreté et un équilibre qui  nous émeuvent (Couverture).

L'épanouissement de Patricia n'a pas encore atteint « les activités intellectuelles » (acquisition de la lecture, les textes libres écrits, les recherches de calculs. Tout cela est resté pauvre et Patricia va refaire une deuxième année de Cours Préparatoire. Mais elle « redouble » sans cette impression trop souvent ressentie par d’autres enfants d’être « une fin de classe », une laissée pour compte : dans les activités d'expression, malgré l'objet unique de sa préoccupation. Patricia a trouvé une raison d'être une petite fille active et heureuse.

   

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