L’infini

André a maintenant 14 ans. Il a commencé à s'exprimer par la poésie vers l'âge de 10-11 ans.

Son premier poème, Mathématiques et Poésie, coïncide avec la découverte de l'infini en mathématiques.

Il a toujours refusé l'école et ses exercices traditionnels.

Il fut pendant deux ans le correspondant de Gilles (Ecole Freinet). Ce fut l'occasion d'échanges de lettres et de poèmes. Il a voulu alors connaître « Papa Freinet », a lu des chapitres de L'Education du Travail, Les Dits de Mathieu, a fait des rapprochements aussi hardis que surprenants tels que Prévert et Freinet. Pour lui, Prévert changea la poésie et Freinet révolutionna l'école et la Pédagogie.

 

   

L'infini, c'est une vie, une vie qui ne finit jamais, c'est une vie qui s'écoule, une vie d'homme, d'homme puissant.

Cette vie, vous la connaissez, vous la connaîtrez, elle est belle, elle s'enfuit mais elle n'est pas finie, c'est la vie d'un homme que vous connaissez, que vous connaîtrez, un homme que vous verrez, quand vous mourrez. Vous le verrez au paradis, assis. Cet homme a une vie, une vie d'infini.

Vieillards, rassurez-vous, vous n'êtes que de jeunes hommes, ne vous pressez pas, ne pressez pas la vie, vous le connaîtrez ce mystérieux infini que vous redoutez, vous le verrez ce Dieu, ce troublant infini.

Je cherche l'infini

mais pourquoi je le cherche

du moment qu'il ne finit jamais ?

L'infini

nombre insaisissable

si grand, si grand.

Qu'est-ce que l'infini,

Peut-être Dieu et ses paraboles,

l'invisible, l'introuvable qui connaît le passé,

l'avenir, le destin, notre destinée.

Un crayon, on l'a dans les mains

c'est l'infini et c'est tout

on le cherche, on l'a.

L'infini, cette grande nature
un petit point sur la carte
et la réalité, si grande, si grande.
Que l'homme est petit devant l'immensité !
L'infini
l'homme a peur de l'infini
peur de la vie qui s'enfuit si vite, si vite
qu'il ne peut la retenir.
L'infini c'est tout, c'est rien
l'infini, mot troublant
je rêve, je rêve à l'infini, à tout, à rien.
Les jours passent, on devient vieux
la vie, est-ce une courbe de vitesse
dont l'accélération croît
jusqu'à trente ans
puis décroît encore plus vite ?
La vie fuit, fuit comme l'éclair.
Où va la vie, dans l'infini ?
Terre qui' es là,
terre qui nous supportes tous,
terre qui es notre fortune
terre que l'on retourne,
on te bouleverse avec une charrue,
tu nous donnes ta fortune.
C'est toi qui fais pousser le bon blé
qui devient notre pain de vie;
on te prend pour amie, dans quelques années on te dira au revoir
belle terre et belle vie
tu engloutis les hommes
terre, ô terre, que devient l'homme chez toi
disparaît-il dans ton royaume souterrain ?
Toi qui reçois les hommes,
dis-nous ce qu'est la vie dis-nous ce qu'est la mort.
Dis-le nous, à nous les hommes.
Nous sommes inquiets.

   

nuages

Les nuages passent lentement remplis de pluie, ils partent dans l'infini où ils arrosent la vie. Ils partent tout lentement, mystérieusement poussés par le vent.

Les gens de l'infini sont contents d'avoir la pluie qui embellit leur vie. L'eau coule dans les cheneaux, tic, tic, elle passe les tuyaux, dévale à vive allure dans les rues, des rues aux égouts, des égouts aux rivières, des rivières aux fleuves, des fleuves à la mer, de la mer à l'infini, ce mystérieux infini pour l'homme, cet homme sorti de la terre, qui cherche en vain et sans cesse les secrets de la nature, de la vie, de la mort.

hypothèse

Une planète, la terre, des herbes, des hommes, de l'eau. Au centre, un gros aimant.

L'homme ne peut s'envoler, il est aimanté. Quand il est jeune, il se tient bien droit. En vieillissant, il s'incline de plus en plus vers la terre, il est de plus en plus aimanté, il se courbe, attiré par un aimant mystérieux et, une fois mort, rentre carrément dans la terre. Il veut se sauver, il est toujours vaincu.

L'homme, cette poussière, retourne dans la terre.

une vie

Un homme à travers les âges,
à travers la vie,
à travers sa vie,
comment le reconnaît-on ?
Par les photos, par les photos si on nous le dit.
Un homme de dix ans n'a pas la même figure
qu'à quarante ou soixante.
Pourtant c'est la vie.
Ici, un enfant aux souliers cloutés
que deviendra-t-il ?
Un homme enfant est déjà un homme.
Le destin est en marche
toute la vie de l'homme se suit.
Là un instituteur au milieu de ses élèves,
un visage sévère et sérieux,
il lutte, il est seul, il défend la liberté,
il défend les enfants.
Là, un homme vieilli mais un homme heureux.
Et nous reconnaissons
celui que nous aimions
et appelions Papa Freinet.

André Ecole de St-Laurent La Conche (42) - Mme Coquard

   

André, le correspondant de Stéphane,
nous a envoyé son texte sur l'infini.
Pour lui, l'infini c'est Dieu.
« Pour moi, c'est drôle », dit Joëlle. « Voilà : il pleut, il pleut... »
La roue est lancée.
Les uns parlent, les autres préfèrent dessiner ;
chacun essaie de définir cette notion.
Cet album représente une heure de travail.

Il pleut, il pleut. Je descends un escalier... Je descends bas, bas, l'escalier ne s'arrête pas. En même temps, il tourne dans le vide et hop, une pente me reçoit... Je roule, je roule, je roule et mollement je tombe dans une matière poisseuse... Je marche dedans, sans pouvoir en décoller, sans avancer.

Joëlle

Je marche et j'arrive dans une grande salle. Il y pousse des arbres, sans arrêt, sans arrêt. Au premier pas que j'y fais, tout s'envole !

J'entends la voix lointaine du soleil : « viens vers moi, je te protégerai »... Et je monte, je monte, comme un ballon, dans l'air chaud.

Là-haut, au lieu d'une boule chaude, j'ai trouvé la terre.

Jérôme

Il me semble que je suis dans l'immense maison du ciel, et je voudrais en sortir... Et je ne peux le faire. Une voix me crie en écho : « tu ne sortiras pas... tiras pas... tiras pas. »

Francis

 

   

Je connais la danse de l'infini... Je monte dans un avion, il décolle, je passe dans le ciel, je danse sur les vagues, je fais le grand écart... Mais, curieusement, mes jambes se replient extérieurement à partir du genou et je deviens bateau, et je vogue dans l'infini.
C'est... comme un vent qui passe, qui ne finit jamais...
Parfois j'entre dans une salle. Une porte s'ouvre et se referme automatiquement. Tout-à-coup, un bruit immense retentit, se multiplie, se répercute, s'éloigne, ondule, s'affaiblit, mais, prêt de s'apaiser, renaît, enfle de nouveau, s'apaise encore... et de nouveau retentit.
Bruit infini, infini, infini...

Jean-Philippe

Je marche au soleil, sur une terre inconnue. Mon ombre me suit... Je lui dis : « laisse-moi en paix ». Je marche, je marche... de plus en plus vite... « Maudite, maudite, je vais t'écraser ». J'accélère... J'accélère ... « Je te tuerai ». Je cours, je cours... Elle court, elle court. Jamais je ne puis la quitter.

Stéphane

J’entends comme un bruit de vent... Qui siffle, qui ronfle, qui enfle, qui s'étale, qui s'étire... Prêt à mourir, il renaît et recommence, comme si un autre vent en prenait le relais.

Anne

L'infini...

De l'infini, j'entends des voix, des voix qui m'appellent... « viens, viens, Joël »... Fasciné, Je marche, je marche... La terre s'ouvre et me laisse entrer...

Je descends un long, long, très long escalier, J'aperçois, tout au fond, une lumière brillante...

Un, deux, trois, quatre, cinq escaliers, et je me dis : « cette lumière, il me faut la cueillir ! » et j'avance, j'avance. A mesure que j’avance, le trou se referme derrière moi ! Les escaliers disparaissent... Mais devant moi, d'autres escaliers se reforment. La lumière est toujours là... Jamais je ne peux la cueillir

Joël

Je monte sur un tremplin, je fonce dans l'eau, je plonge droit, je m'enfonce, sans fin... sans fin...

Eric

Ecole Freinet Vence (Mme Berteloot)

   

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