L’atelier de peinture

Lorsque, sortis des stages et des congrès, les yeux encore illuminés des riches et multiples lumières des créations enfantines, nos jeunes camarades se retrouvent face à leur réalité quotidienne, ils sont souvent déçus.

Chacun s'attendait à voir immédiatement jaillir des ateliers improvisés à la hâte et, dans l'enthousiasme, des oeuvres comparables à celles qui chaque année font éclater en gerbes de couleurs nos expositions.

Hélas, les graphismes sont pauvres, les couleurs mal harmonisées, les incidents fréquents. Alors, ils se prennent à douter, à douter d'eux-mêmes, à douter des enfants, à douter de l'honnêteté des camarades. Qu'ils se rassurent. Lorsque le sol inculte aura peu à peu acquis une fertilité profonde, lorsque le soleil du printemps, créateur de joie et de lumière, aura donné enfin à la petite graine, qui semblait morte, le désir de s'ouvrir, d'éclater, de vivre, une première fleur s'épanouira, encore toute timide et bientôt, si le jardinier reste attentif, ce sera un bouquet aux multiples nuances qui viendra le récompenser de sa patience et de ses soins délicats.

Les créations de l'enfant sont des fleurs qui ne naissent que dans un climat de confiance, de joie, de calme, que l'organisation concrète du travail doit contribuer à promouvoir, puis à entretenir.

Il est donc nécessaire que chacun fasse preuve d'imagination créatrice afin de mettre en place des ateliers parfaitement adaptés à ses conditions particulières.

Voici comment j'ai personnellement, après de nombreux tâtonnements, résolu, provisoirement, l'organisation matérielle de l'expression artistique dans ma classe de perfectionnement.

Cette organisation comporte principalement

- l'atelier peinture avec son porte-pots fixe,

- des porte-pots transportables.

L'atelier-peinture est installé au fond de la classe, derrière un bahut.

Le porte-pots peut contenir 18 pots de 21 cl., avec couvercle, qui ont 6,5 cm de diamètre et 8,5 cm de hauteur. Les encoches permettent de poser les pinceaux horizontalement, un pinceau étant placé à droite de chaque pot.

1) Prendre du contreplaqué de 8 mm.

Découper 4 planchettes de 73 cm de long et 5 cm de large.

2) Dessiner l'emplacement des encoches sur une des planchettes. Chaque encoche est carrée et ses côtés mesurent 1 cm. La distance entre 2 encoches est égale à 7 cm.

3) Fixer ensemble les 4 planchettes provisoirement, ce qui permet d'y découper les encoches en même temps (2 traits de scie et finition au ciseau).

4) Pour obtenir 18 cloisons (de 3 cm sur 7 cm) qui délimiteront l'espace pour chaque pot, prendre une planchette de contreplaqué de 8 mm, de 54 cm sur 7 cm ; tracer et découper.

5) Fixer d'abord les cloisons, sur la planchette n°1, en veillant à ce que chaque cloison se trouve sous une encoche, puis fixer la planchette n°2.

Effectuer le même travail pour les planchettes 3 et 4.

   

6) Découper une plaque de 73 cm sur 24,6 cm, et fixer dessus les 2 porte-pots, formés respectivement par les planchettes 1 et 2, et les planchettes 3 et 4, en les espaçant de 7 cm et en inversant l'emplacement des encoches.

7) Pour terminer, fixer une planchette de 24,6 cm de long et 5,8 cm de large, à chaque extrémité.

En transformant les dimensions, ce porte-pots peut être utilisé pour les émaux à froid, le vernis gras, les encres, etc. Il évite de laisser les pinceaux dans les pots. D'autre part, l'espace intérieur peut servir à ranger quelques chiffons toujours utiles, des pinceaux supplémentaires et tous les ingrédients nécessaires (eau ou white-spirit ou diluant.)

Le porte-pots transportable peut-être utilisé hors de l'atelier permanent où les enfants ne disposent pas de suffisamment de place pour peindre sur grand format.

Pour utiliser le format raisin, plusieurs solutions sont possibles ; elles dépendent des conditions de travail (espace, nombre d'enfants, crédits) dont maître et enfants sont tributaires.

On peut :

- Faire peindre à terre.

- Faire peindre verticalement, l'enfant étant debout, ce qui permet des gestes plus libres et plus amples. Dans notre classe, nous disposons d'un chevalet type maternelle qui est placé près de la table de peinture, et d'un tableau fixé dans le couloir qui convient pour les fresques collectives. Sous ce tableau, j'ai prévu un porte-pots, afin d'éviter des déplacements à travers la classe qui sont souvent source de bruit et de désordre.

Parmi tous les problèmes qui se posent, celui du rangement est l'un des plus importants. Les enfants aiment trouver un atelier propre et bien rangé, avec des outils et des matériaux prêts pour la mise en oeuvre de leur créativité. Il faudra donc que le maître fasse preuve d'esprit d'organisation afin que, chaque soir, chaque chose soit remise à sa place, et pour que cela soit possible, il faut qu'il ait, au préalable, prévu une place pour chaque chose

- Où seront rangées les peintures qui ne sont pas sèches ?

- Où seront rangées les peintures inachevées ?

- Où seront exposées les peintures achevées ?

- Où seront rangés les différents travaux autres que les peintures sur papier : plâtres, biscuits ?...

- Qui devra laver les pinceaux et les remettre en place ?

- Qui sera chargé du délayage des couleurs ?

- Qui sera chargé du rangement des peintures ?...

Lorsque l'on sait que les problèmes de l'atelier de peinture sont multipliés par ceux des nombreux ateliers divers, qui fonctionnent dans une classe Freinet afin d'ouvrir à chaque enfant la voie de la réussite et de l'épanouissement, on mesure combien chaque éducateur doit faire preuve d'imagination et de volonté. Cette volonté, d'ailleurs, il ne la trouvera que s'il est profondément persuadé de la nécessité d'offrir à l'enfant le maximum de possibilités d'expériences.

Il ne devra pas attendre de bénéficier de conditions idéales pour démarrer, car à toujours attendre, on ne démarre jamais.

Jean LE GAL

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