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Tranches de vie, feuille à feuille...

Bouillonnement d'étincelles qui font les matins plus clairs et les instants plus courts...

Textes et dessins sortis de ces moments de faveur resteront pour redonner à chacun les émotions qui ont présidé à l'heure de leur création.

Un oiseau est-il passé dans la classe ?

Ceux qui arrivent de leur ferme lointaine en vélo, nous racontent-ils le vol des mouettes sur les étangs ou le chant des reinettes dans les fossés ? Le printemps s'annonce-t-il dans les fleurs furtives des haies ? Voici le cercle qui se resserre autour des conteurs.

Et c'est toute la poésie qui entre dans la classe. Elle se lit dans les regards brillants, dans les questions qui fusent, dans le charme des voix devenues prenantes à cause de cette charge de sensibilité qu'elles prodiguent pour la joie de tous.

Les langues se délient et tout va si vite dans les échanges spontanés de pensées que, dans son coin, la maîtresse a peine à inscrire sur son papier tout ce qui se dit et s'avoue impuissante à traduire tout ce qui se mime, tout ce qui s'exprime par l'expression et par le geste.

I1 faut pourtant savoir arrêter ce flot de vie qui bien centré au départ risquerait de s'éparpiller, de se dégrader.

Vite les stylos-billes, les stylos-feutres, le papier.

On se répartit le travail : une équipe rédige le texte, une autre dessine, et ça et là on cueille les dessins de ceux qui ont, tout en écoutant, illustré les points de la scène qui leur ont paru les plus saillants.

Les pages s'achèvent presque en même temps. Un rapide coup d'oeil pour corriger les fautes et on rassemble, l'on coud ou l'on colle et voici l'album terminé.

   

Il n'y manque que le cri des oiseaux, l'odeur mouillée de la rivière, le parfum des fleurs... Mais en fermant les yeux...

On « se le regarde » l'album. On « se le relit » et pendant une semaine, on « se l'emporte » chaque soir à la maison, de famille en famille. Puis il partira vers les correspondants et revenu, il rejoindra les autres albums de l'année. On le ressortira pour une enquête, pour un texte libre ou simplement pour le plaisir de le revoir, comme un ami.

Feuille à feuille,

tranche de vie,

ce pain là n'est jamais rassi, jamais tout mangé mais il suffit d'en tourner les pages pour en être nourri.

Mme JUGIE
Ciron (Indre)

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