Adieu, nos vaches !

Monsieur Noël est venu chercher les vaches de Jean avec un grand camion qui faisait au moins 10 mètres de long.

Les vaches étaient malades.

On ne sait pas pourquoi. Peut-être le foin n'était pas bon ?

Peut-être il avait des herbes-poisons cachées dans les bottes ?

Peut-être il y avait quelque chose de mauvais pour la santé des vaches dans l'écurie ?

 

Les parents de Jean soignaient bien leurs vaches. Ils les aimaient. Mais elles ne pouvaient pas guérir.

Le vétérinaire a dit :

Allez, il faut les enlever !

C’était bien triste, mais il fallait le faire, et le plus tôt possible.

Le camion est arrivé.

Il a fallu faire monter les vaches dedans.

On a mis des échelles : deux de chaque côté.

Il a fallu pousser les vaches parce qu’elles n’ont pas l’habitude de monter aux échelles.

On les battait à coups de bâtons, les pauvres !

Sinon, elles ne seraient jamais montées toutes seules et il fallait qu'elles partent vite, vite, sans quoi toutes les bêtes de la ferme devenaient aussi malades.

Les vaches ont fini par monter.

Elles sont entrées dans le long camion. Mais, la Grisette, elle ne voulait pas monter. Elle est restée la dernière en bas de l'échelle. Elle avait les yeux tristes, car elle pensait :

- Où va-t-on me mener ?

Ils sont bien capables de me faire un mauvais sort...

Moi, je veux rester dans ma ferme.

Elle regardait l'étable tristement.

Là, elle mangeait de petites citrouilles sucrées aussi bonnes qu'un gâteau, des feuilles de choux croquantes et fraîches.

C'est avec toutes ces bonnes choses qu'elle faisait du bon lait : un plein seau chaque matin et encore le soir.

Elle avait bien chaud, la nuit, couchée sur son matelas de paille toujours propre.

Elle pensait à ses petites amies les hirondelles qui se perchaient sur son râtelier et qui chantaient pour elle, une petite musique fine, douce, légère.

Parfois, elles venaient picorer des petites bêtes sur son dos ou entre ses cornes...

Elle pensait aussi à ses petits veaux qu'elle aimait tant et qu'on lui enlevait au bout de 40 à 45 jours.

- Pourquoi 40 à 45 jours ?

- Parce que c'est l'âge des veaux. Après ils deviennent des vaches. La Grisette se souvenait d'un veau tout blanc qu'elle avait eu. Quand il est né, elle a dit :

- Oh ! celui-là, d'où il sort ? Je n'ai jamais eu de veau blanc de ma vie.

 

Elle croyait peut-être que c'était un veau d'une autre vache. Mais à force de le lécher, elle l'a aimé le mieux de tous ses veaux. On le lui a enlevé quand même, le moment venu : 40 à 45 jours... Après, elle avait eu d'autres veaux, alors elle s'était consolée.

Non, la Grisette ne voulait pas partir.

Elle ne monterait pas dans le camion.

Elle se retenait de toute la force de ses jambes et elle se faisait lourde comme un plomb.

Maïs on l'a pincée avec une boucle, par les narines. On tirait avec une corde mais elle ne montait pas : tant pis pour son nez !

Elle aimait mieux avoir mal au nez et rester à la ferme.

Puis elle s'est mise à faire des sauts et c'était pas facile de la tenir.

On a détaché la Patuche pour lui tenir compagnie et lui montrer le bon exemple...

 

Mais la Grisette a fait tout un vacarme : elle a cassé une échelle... et elle s'est sauvée...

II avait bien fallu la lâcher, sinon elle aurait traîné celui qui tenait la corde de l'anneau qui lui pinçait le nez...

- Arrêtez-la ! Arrêtez-la ! Mais qui va l'arrêter ?

Elle est si forte dans sa colère qu'elle tuerait quelqu'un avec ses cornes, ses pattes, son dos ... Fallait la voir !

Elle a couru, couru, couru ... Droit devant elle, sans savoir où elle allait...

Puis, elle s'est arrêtée devant son parc et, par-dessus la haie, elle lui a dit adieu :

Elle regardait le pré à l’herbe si tendre et elle a bramé longuement :

Je te quitte ! … Adieu !

Que bonne était ton herbe !

Que tranquille était ma vie !

Que chères étaient mes compagnes ! …

 

Elle était si triste la Grisette qu’elle n’a pas vu les deux hommes qui venaient la chercher : ils se sont approchés tout doucement, ils ont saisi la corde, levé le bâton, et en route !

Elle était lasse et pleine de malheur.

Elle s’est laissée faire, la pauvre Grisette !

Et on l’a ramenée au camion.

Jean a eu un très grand chagrin de voir partir ses vaches.

Il les aimait bien.

C’étaient de bonnes vaches et qui donnaient beaucoup de lait.

Mais maintenant il est consolé.

De nouvelles vaches habitent l’étable toute refaite, toute claire, toute neuve.

Ce sont : la Lunette, la Caille, la Pâquerette, la Fleurie, la Brune, et une autre Grisette...

Jean FASSOT et ses camarades du CE
C rouy-s-Cosson
(L.-et.C)

   
 

Télécharger ce texte en RTF

Retour au sommaire