Les enfants d'une classe de retardés scolaires ne s'expriment jamais avec beaucoup d’expansion. Ils ne disent que l'essentiel des choses, ce qui ne veut pas dire que leur pensée intérieure ne soit pas riche et nuancée. Au contraire, très souvent le souvenir des choses vues et aimées, l’imaginaire, l'anticipation ont chez ces enfants si limités dans l’expression orale, une intensité étonnante.

Nous donnons ici un exemple de complémentarité de l’expression  par le dessin.

Pierre-Louis Laurent avait passé des vacances radieuses au bord de la mer. Il parlait souvent de cet événement mais en termes pauvres et ternes. Comprenant son impuissance à s’exprimer nous lui avons suggéré de réaliser un album illustré par lui-même.

Il en a résulté une œuvre très originale et très riche dans laquelle la ligne et les couleurs viennent apporter précision, richesse et sensibilité à la sobriété des mots.

Voici quelques pages de l’album (de format 43X30) qui a eu un réel succès auprès de camarades de Pierre-Louis et de ses parents et amis.

YERSIN

   

Pays de Mer

J'ai vu un pays
au bord de la mer :
Laiguelia.

Sur la plage
un beau voilier
qui s'appelait
« la Vague Bleue »
venait d'aborder.

Des marins
le tiraient
avec des cordes,
sur le sable.

Un scaphandrier
e
st descendu
sous l'eau.

Il a rencontré
une pieuvre
qui le regardait.

J'ai vu au marché
des poissons
des crevettes
des homards
des poissons-chats
des poissons-lune.

J'ai vu un M'sieur
qui vendait la pizza
sur la plage
de Laiguelia.

Il portait les morceaux
de pizza sur un plateau.
Les baigneurs
l'appelaient :
- Signor ! Signor !
Ils achetaient une ou deux
parts de pizza
à 70 c. pièce.

J'ai vu des baigneurs
qui se reposaient
sur le sable plus doux
que celui
du Lac Léman
chez nous.

Le soir, les pêcheurs
Partent
sur leur bateau.
Des projecteurs
éclairent la mer.
Les poissons
ont peur.
Ils ne bougent plus.
on peut même
les prendre
à la main.

Pierre-Louis Laurent
classe Yersin, Lausanne

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