Ecole de Pitoa - Cameroun . M.Lagrave

Beauté des choses

Je ne pense pas qu'il existe au monde un seul enfant qui reste indifférent à la beauté des choses qui est joie du regard et apaisement de l'âme.

Tout au bout de mon enfance, je revois une boîte à gâteaux en fer blanc, peinte en bordeaux avec un fil doré autour. Sur le couvercle, deux princesses en robe à panier souriaient à un prince charmant. Nous étions très pauvres alors à la maison. Cette boîte était tout le luxe de ma mère. Le dimanche après-midi quand ma tante et mes cousins nous rendaient visite ma mère faisait le café et sortait sa boîte à gâteaux. C'était un moment merveilleux pour moi. Peut-être est-ce l'odeur du café qui m'emportait au pays des rêves ou bien tout simplement la boîte était-elle magique. Je n'avais qu'à contempler le couvercle de la boîte et un autre monde s'ouvrait devant moi. Habituée aux manières rudes de la campagne et aux vêtements grossiers des paysans, j'entrais pourtant avec aisance dans la robe gonflée comme une voile de la princesse aux mains fines. Quelque chose en moi s'affinait, mon esprit devenait parfum et j'étais belle devant le regard ravi du prince. Je sentais confusément la différence énorme qui séparait les gens de mon entourage du raffinement de ces personnages royaux. Je me demandais d'où nous venait cette lourdeur du corps et de l'esprit et déjà je souhaitais me dégager de ma gangue originelle. Je m'imaginais qu'en contemplant longuement ce monde inconnu, il pénétrerait peu à peu en moi et mes yeux se nourrissaient de lui en ces dimanches lointains.

Odette Mourier

ancienne élève de Pont-de-Lignon (Hte Loire)

   

Télécharger ce texte en RTF

Retour au sommaire