Ecole Saint-Marc (I.-et-L.)

Echange de savoir et d'amitié

Pour la première fois, quinze nouveaux camarades participants aux circuits de dessins du Val de Loire ont eu leurs oeuvres accrochées dans les salles d'exposition de Niort.

La joie se lit sur les visages des nouveaux promus, de ceux qui ont pu se détacher de leurs obligations et venir au congrès « se » voir exposés. Je ne sais si vous êtes de ceux-là, mais pour l'avoir ressentie, je connais leur émotion : on va, inquiet, dès l'ouverture, on passe d'abord, rapide, devant tout ce qui n'est pas de soi... on cherche, anxieux, on commence, bien sûr, par trouver que... évidemment... ceux qu'on a envoyés ne valent pas ceux qui sont accrochés… et puis ah ! si ! en voilà un !... Oh ! c'est vrai qu'il était beau !... je ne m'étais pas trompée. J'avais bien senti que « ma » Josette m'avait offert, ce jour-là, une fleur rare ! Je savais bien qu'elle serait cueillie et placée dans le bouquet des réussites communes ! Et alors, le coeur s'emplit d'un grand plaisir qui a besoin de s'écouler... et l'on va trouver une amie proche, une camarade de passage pour dire, en mots que l'on voudrait simples, mais qui éclatent malgré soi – Tiens ! celui-ci, il est de chez-moi !

Et dans ce « chez-moi » il y a l'amour de « sa » classe, la fierté de « son » travail, le bonheur de « ses » réussites, l'attachement à tous ces petits coeurs qui vous sont confiés.

A Niort, Denise est une nouvelle élue. Elle me rattrape et, tout naturellement parce qu'elle est bonne, a des paroles qui me touchent : « Tu sais, je suis venue, à beaucoup de congrès (une dizaine). Jevoyais bien les peintures... je les regardais avec une sorte d'envie mais aussi avec angoisse... jamais je n'arriverais à faire aussi beau !.. Si « mes Paons » sont à l'Hôtel de Ville, « mes glaçons » dans la salle des conférences et les autres dans les chevalets, c'est grâce à notre circuit... Il me fallait des explications précises, des conseils matériels, des encouragements précieux... tu nous les as donnés... ».

N'est-ce pas aussi une récompense pour moi, ces quinze nouvelles écoles artistes, mûries dans notre groupe, auxquelles s'ajoutent les sept qui avaient eu les honneurs à Caen ? Depuis Mars déjà j'étais remplie de satisfaction car les envois avaient été d'une si belle qualité que je savourais d'avance ce succès comme un fruit de nos efforts à tous.

Maintenant, que pensent les enfants ? Les maîtres se chargent de transmettre avec une fidélité touchante les réflexions de leurs petits dans le cahier de roulement qui accompagne chaque circuit. Ils sont tous si pleins d'enthousiasme, ces cahiers, qu'il faudrait les citer en entier et je n'en puis ici donner que de courts extraits.

   

Essayons de trouver les raisons du succès de ces circuits près des enfants. D'abord la joie de voir d'autres peintures que les leurs :

« L'arrivée très attendue des dessins des petits camarades a déchaîné des explosions de joie à Toury »

« Grande joie lorsque le carton, très vite identifié arrive à Arpheuilles ».

L'appréciation suit l'exposition :

«  Sur le très beau dessin de Bernadette de St-Rémy ils ont poussé des « oh ! » et des « ah ! » et des « que c'est joli », sans intervention de ma part bien entendu. Je trouve ça très réconfortant, qu'ils aient un instinct assez sûr pour apprécier ce qui est beau, personnel, original » nous dit Laurence Poueymarie.

Et quand la qualité n'est pas aussi aveuglante la discussion s'engage qui forme le jugement :

« L'intérêt de cette présentation de dessins c'est que les enfants y découvrent mieux que dans les leurs ce qui est bien, ce qui est mal. A force de trouver que chez les autres, les lignes horizontales font trop raide, ils finiront par ne plus en faire eux-mêmes. J'ai déjà eu des résultats en ce sens... ».

Paulette Bry

Les petits nous apportent leur spontanéité et leur fantaisie merveilleuses :

« Contre toute attente mes grands aiment les dessins des petits de trois ans. Je croyais qu'ils riraient et afficheraient des airs supérieurs, pas du tout ! Ils ont été d'abord étonnés, chez nous on ne va à l'école qu'à 5 ans et on gribouille, on ne dessine pas comme les petits de Renée Cherpeau ! ».

L. Poueymarie


Ecole de Blois (I.-et-L.)
   

Ecole de Tours - A.France C.E.

Et chez les petits d'une maternelle, les grands apportent leur soin, leurs détails de fonds brodés :

« Les enfants ont été émerveillés : « des comme ça » ! ils n'en ont jamais envoyés ! Ce circuit a appris beaucoup à mes petits. Ils ont spontanément remarqué les enrichissements de l'arbre de Clocheville, de la maison d’Arpheuilles. Ils ont attaché beaucoup d'importance aux fonds brodés, aux soleils qui rient et ont des yeux, aux écorces... Et avec toutes ces remarques, les voilà repartis avec ardeur ! ».

A.M. Courcol de Chartres

« La critique devient plus intéressante, plus précise. Nous avons pratiquement aboli le « c'est bien, c'est mal » des débuts pour entrer dans les détails ».

Chez Danielle Proust de Rochecorbon.

L'arrivée du carton est pour tout le monde, une émulation : « Ils admirent la finition des dessins : c'est drôlement bien, les nôtres sont moins beaux, il faut qu'on s'applique. De là une fièvre de création », nous dit D. de Wer de Toury.

J'ai essayé de donner des conseils aux enfants derrière le dessin et aux maîtres dans le cahier, voyons les appréciations :

« Comme les petits étaient heureux de ce mot écrit pour eux par « la maîtresse de dessin » on lui en refera ! Des plus beaux encore ».

Chez M. Ruiz.

« Ils sont très sensibles à vos encouragements ».

E. Tavenne

« Le dessin prend une suprême valeur depuis qu'ils connaissent le circuit. Ainsi ma femme de ménage est malade : on va lui envoyer un dessin a dit Pascal. Je trouve cela merveilleux ».

René Cherpeau, Tours

   

La confiance en soi naît : « J'éprouve la joie de découvrir des possibilités insoupçonnées chez certains enfants, une plus grande confiance naît entre nous, nous partagerons la même joie, joie de l'effort et joie de la réussite ».

Madame Glory de Fondettes

J'ai trouvé au départ des petits projets qui restaient à l'état d'embryon. C'est dans ces commencements que j'ai essayé de voir le germe fragile. Il fallait encourager tout détail original trouver un coin à cultiver, une plantule à soigner, à faire grandir et embellir.

- Tes arbres sont beaux, Nathalie, mais tes fleurs trop petites et si pâles... Si tu les grossissais ?

- C'est bien ! mais attention ne laisse pas couler ta peinture, égoutte ton pinceau, veille à être plus soigneux.

- Surtout ne bâcle pas pour finir, attends à demain, d'autres idées viendront qui te permettront d'achever en beauté, car ton soleil et ta fillette étaient joliment dessinés !

Jje trouve dans Van Gogh, à la fois notre raison de travailler et notre ardeur :

« 'ai depuis longtemps été touché de ce que les artistes japonais ont pratiqué très souvent l'échange entre eux. Cela prouve bien qu'ils s'aimaient et se tenaient, et qu'il régnait une certaine harmonie entre eux, qu'ils vivaient justement dans une sorte de vie fraternelle, naturellement, et non pas dans les intrigues. Plus nous leur ressemblerons sous cet aspect-à, mieux l'on s'en trouvera ».

Et voilà probablement le secret ! Nous retrouvons dans ces lignes une des idées-lés de Freinet, une de celles qui ouvrent les portes : l'échange.

Avez-vous senti votre gorge se serrer au moment de l'arrivée du colis dans « L'Ecole Buissonnière » ? Avez-vous revécu comme moi le moment émouvant et exaltant de l'ouverture des lettres et des paquets dans votre classe ?... Quand pendant la projection du film dans la salle de café de mon village, les enfants se sont retournés, ravis et heureux de la ressemblance de ce moment... « c'est comme nous, Madame, c'est comme nous ! » ce fut pour moi, la certitude d'être solidaire de notre Ecole Moderne, d'être liée à elle par un attachement grandi dans les échanges et l'amitié.

JEANNE VRILLON


Ecole de Tours - Clocheville C.E.

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