Le Poisson-Chat

Guidou, le chat sauvage vit dans la grande forêt sombre.

Il se promène à pas de velours.

Le danger est partout.

SSSSS ... SSSSS ... SSSSS... siffle le serpent.

GRRRRR ... GRRRRR... grogne l'oran-outang.

HOUOU ... HOUOU... hurle le loup.

Non, Guidou n'est jamais tranquille et il a besoin de tous ses yeux pour surveiller, de toutes ses oreilles pour entendre et de toutes ses jambes pour s'échapper...

Un jour... fatigué d'avoir beaucoup couru dans la forêt pour chercher un peu de nourriture, il s'assied sur une pierre pour se reposer un peu. Aïe ! Qu'est-ce que c'est ?

Une mistogrite lui, pique les jambes (c'est un petit animal qui vit sous la terre. Il sort seulement pour manger, c'est pour cela qu'il pique si fort).

Guidou a eu si mal qu'il se dépêche de grimper sur un arbre. Il est si fatigué qu'il s'endort sur une grosse branche.

Boum ! une pomme de pin lui tombe sur la tête (il dit que c'est une pomme de pin, mais c'est plutôt un fruit des colonies : un ananas ou une noix de coco ou quelque chose dans ce genre).

Il pense que c'est le petit écureuil qui lui joue un tour, (c'est plutôt une bête des arbres de la colonie, un petit singe par exemple ou une bête qui n'a pas encore un nom).

   

 

De toute façon, Guidou a peur et s'en va bien vite se reposer dans un coin plus tranquille. Pas la peine de choisir un arbre. C'est mieux de s'asseoir par terre à une bonne ombre. Il est si bien qu'il se met à rêver. (il rêve, mais pas endormi, avec des idées vraies qui s'en vont un peu partout). Pour finir il est un chat heureux et il voudrait bien que ça dure.

Mais, tout à coup, il sursaute... un serpent se balance près de lui et le mord... juste à la queue... Guidou veut se dégager. Il tire fort, fort et sa queue reste dans la gueule du serpent... entre ses dents...

« Zut ! J'ai l'air fin... Je n'ai plus de queue... ».

Ça le démoralise.

Pour finir, il est fatigué de la méchanceté du monde. Fatigué de tuer, pour les manger, les doux oiseaux et les petits animaux.

Ces idées lui trottent dans la tête devant et derrière et tout autour et un beau jour, il quitte sans bruit la grande forêt pleine de bruit.

Il arrive au bord de la mer et plouf ! il fait un plongeon.

Il a un peu de mal à nager et à se débrouiller pour manger. Et puis, il se sent seul.

Il cherche des amis. Mais les poissons fuient devant lui dès qu'ils voient le gros moustachu.

Il s'ennuie seul, la nuit.

Il tourne en rond.

Il voudrait être poisson.

Pourtant il mange de bonnes choses : des oeufs blancs de harengs, des oeufs crus de morues, des oeufs d'anguilles ronds comme des billes.

   

 

Un jour, il poursuit un petit poisson. Soudain, il aperçoit une grosse queue derrière un rocher.

- Oh ! oh ! je vais me régaler...

Il fait le tour du rocher, s'élance... et entre dans la gueule énorme du requin.

Il passe entre deux grosses dents pointues. Sa peau s'arrache et retombe à l'eau.

Gridou est devenu un chat tout nu...

Le voilà dans l'estomac du requin rempli des écailles de poissons que le requin a dévorés pour son repas. Guidou saute, tourne et retourne, danse le twist, remue tant et tant que les écailles se collent sur son dos et sur ses pattes : il est devenu un poisson-chat.

Mais comment sortir de là ?

Il étouffe. Il remonte vers la gueule du requin. Il attend. Puis il gratouille la gorge du requin qui se met à éternuer, atchoum ! Guidou est lancé au dehors. Il nage vite, vite, vite... Le voilà sauvé.

C'est merveilleux. Il est heureux. C'est une autre vie que d'être dans le ventre du requin !

A cause des écailles qu'il a sur son dos, les poissons le prennent pour un copain. Ils le veulent bien parmi eux et ils le laissent chasser et jouer avec eux. Mais quand ils s'aperçoivent qu'il a des pattes au lieu de nageoires ils sont un peu étonnés.

- Comment ça va que tu as ces longues choses qui pendent .sous ton ventre ? C'est des nageoires à part ? Ton père et ta mère étaient déjà comme ça ou ça t'est venu tout seul ?

   

 

- C'est ma race dit Guidou. Je suis un poisson-chat. C'est un genre un peu comme Roi ou Empereur... Il n'y en a guère par le monde c'est pour cela que je vaux si cher.

Les poissons sont en admiration. Ils trouvent que des pattes ce n'est pas mal du tout. Mais quand même ils lui disent :

- Mais pourquoi tes pattes t'empêchent-elles de glisser aussi vite que nous ? Tu nages toujours à la chien, nous, on fait des nages savantes qui sont très rapides et nous pouvons aller très loin voir des pays de mer et chasser.

- Oui, dit le poisson-chat, mais moi je ne dois pas aller très vite car je suis un Empereur. Allez, au lieu de tant parler, allez faire venir les petits poissons et les anguilles que je les mange car un Empereur ça doit beaucoup manger.

Les poissons s'en vont faire la chasse, rabattre le gibier et le poisson-chat n'a plus qu'à ouvrir la bouche.

Il a la plus belle vie que peut rêver un poisson-chat.

(Si on me demande si ça existe un poisson-chat, je dis :

- Allez-y voir au fond de la mer, mais il faut une lampe électrique plus forte que les plus grands phares du monde et pour vous la procurer ça ne sera pas commode).

Les élèves du C.E. de Couets-Bouguenais

(Loire-Atlantique).

 

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