En 1970, la revue devient : Art enfantin... et créations

Pourquoi ?

« L'Art enfantin. Décidément, je ne m'habituerai jamais à voir ces deux mots posés l'un à côté de l'autre, l'un évoquant da construction, l'élaboration, la structuration, l'autre le jeu gratuit, la chute libre, le mouvement, le devenir... »

Patrick HÉTIER

Qu'est-ce donc qu'un enfant ? Un créateur ? Non. Ce mot est par trop entaché de connota­tions particulières. Nous qui voulons libérer l'expression enfantine pour libérer l'enfant, si nous voulons cinquante millions d'artistes, nous ne voulons surtout pas privilégier seulement quelques êtres d'élite.

Nous sommes et resterons à ras de terre.

Nous saurons aider l'enfant à aller au bout de lui-même. Nous saurons reconnaître et mettre en valeur tout ce que l'enfant peut faire de mieux. Illuminer ses limites.

Nous voulons seulement cinquante millions de gens plus ouverts. De gens qui auront gardé de l'enfance la possibilité, la volonté, le pouvoir, la liberté de s'expri­mer dans leurs domaines privilégiés.

Donc, pas de créateurs, pas de gens capables de faire un homme de la boue originelle.

Des gens capables d'écrire et de décrire, de dire et de chanter de jouer et de danser, de monter une mécanique.

Des gens capables de transformer et de communiquer.

Des gens capables d'intégrer des structures, de les enrichir. Car la vie, c'est cela. «Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. »

Une peinture ne sort pas de rien. Un seul homme est là. Lequel ?Savez-vous donc comment l'on peint ? Pourquoi l'on peint ?

Moi, je sais seulement qu'il faut peindre.

Une peinture n'est peut-être que la redistribution ordonnée de structures intégrées et transformées.

Par quels chemins secrets ?

Alors, me direz-vous, pourquoi cet ajout à notre titre : et créations ?

Tout simplement à cause de tout ce que vous venez de lire.

Tout simplement pour que vous sachiez que la revue est aussi ouverte à la mathématique et à la danse, aux montages et à la musique, au mime et à la cuisine, à la photographie comme à la grande question : «Pourquoi sommes-nous là ?»

L'expression libre enfantine n'a pas de domaine réservé ; il n'est pas de domaine privilégié. Elle est de plein vent ! C'est sa seule raison d'être !

Jacques CAUX (1970)

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